
Disons-le tout de suite : se déplacer en bus au Nica, c’est carrément un voyage dans le voyage ! Récit d’une expérience haute en couleurs qui vaut le détour…
Pour nous, le premier contact avec les mythiques bus latino-américains commence dans une petite gare routière aux abords de Managua, la capitale. Là, nous montons dans un bus multicolore où nous nous préparons à passer six heures en direction de San Carlos.

Des bus archi-bondés
Heureusement que nous avons acheté des places assises car dès le départ, le bus se remplit très vite, et les passagers sont littéralement compressés.

Rien à voir avec ce que l’on connaît en France dans les transports en commun aux heures de pointe. Il arrive parfois chez nous qu’un bus, un tram ou un métro soit bondé mais ici, l’usage veut que lorsqu’un bus est rempli à ras-bord, on continue quand même à faire monter le plus de passagers possible ! On y fait ainsi entrer deux fois plus de monde (au mètre carré) que dans le plus bondé des métros parisiens aux heures de pointe. Il faut vraiment le voir pour le croire.

Les passagers sont entassés, collés, comprimés, écrasés, c’est franchement impressionnant. D’autant plus que personne ne dit rien. Tout le monde a l’air de trouver ça normal. Et pourtant, le voyage dure plusieurs heures !


D’ailleurs, descendre du bus demande un effort considérable. Car il faut se frayer un passage à travers cette marée humaine tellement bien imbriquée qu’elle ne forme plus qu’un seul bloc indissociable.
Évidemment, toutes les places assises sont occupées et comme il n’y a pas le moindre centimètre carré vide dans l’allée centrale bondée, les personnes debout s’appuient sur celles assises. Dont nous.

Ainsi, pendant que nous roulons, j’explique à ma femme que c’est bien la première fois que je me retrouve avec trois dames littéralement collées à moi : la mienne à ma gauche, et deux inconnues ! La première des deux est assise sur mes genoux, tandis que ma joue droite est plaquée contre la poitrine de la deuxième ! Et je vous assure que je n’exagère rien.
C’est elle qui s’est mise là, contrainte par la foule autour d’elle mais j’ai beau pencher et tourner la tête, je n’y échappe pas ! Du coup, nous rigolons tous les quatre de cette situation burlesque. Cela dure quand même un bon moment voire même, de mon point de vue, une éternité… Au moins, en cas d’accident, je n’aurai pas besoin de casque…
Bref, pour prendre une photo, il me faut attendre que le bus soit moins bondé : ce n’est que lorsqu’une partie des passagers sont descendus que j’ai enfin la possibilité de bouger mon bras pour accéder à ma GoPro, dans la poche de mon pantalon.
En effet, je ne pouvais pas y accéder plus tôt sans que ma main ne palpe mes voisins, ce que j’ai préféré éviter… Mais pour la photo, c’est un peu trop tard, car l’allée s’est en partie vidée et du coup, elle est beaucoup moins impressionnante que quelques minutes plus tôt.

Un trajet à la carte
L’aller durera six heures et le retour… huit ! Pourtant, le trajet est exactement le même. Car en effet, si le fonctionnement est globalement le même qu’en France (le bus s’arrête à chaque arrêt), il comporte là-bas une petite particularité : on ajoute un arrêt chaque fois qu’une personne au bord de la route fait signe au chauffeur de s’arrêter. C’est-à-dire parfois tous les vingt ou trente mètres à peine : dans ces cas-là, c’est le bus qui va aux passagers, et non pas les passagers qui vont au bus en marchant 20 misérables mètres pour monter tous au même endroit.

Ainsi, le premier arrêt du bus lors du retour est situé cinq mètres après la sortie de la gare routière (je n’exagère pas, le bus venait à peine de démarrer), pour faire monter déjà une première passagère.

Elle a sans doute eu la flemme de marcher quelques mètres de plus pour monter au même endroit que tout le monde. Incroyable.
Mais ce n’est pas fini, car le bus s’arrête une dizaine de mètres plus loin pour en faire monter une autre, puis encore dix mètres plus loin pour en faire monter une troisième. Et comme il s’arrête à chaque fois au milieu de la rue étroite, et que les passagers prennent tout leur temps pour monter, un petit embouteillage se crée rapidement. Mais ici, c’est normal.
Ce principe des arrêts à répétition se vérifie pendant huit heures jusqu’au terminus, à Managua, c’est-à-dire après des dizaines et des dizaines d’arrêts improvisés. Au total, on aura rarement roulé plus d’un quart d’heure d’affilée pendant ces huit heures. Surréaliste.

Mais ce n’est pas tout : notre chauffeur s’arrête régulièrement à de petits stands de plats à emporter situés au bord de la route à chaque fois qu’il a un petit creux. Et apparemment, il a un petit creux tout le temps puisqu’il s’arrête en permanence !
Inutile de préciser qu’il n’y a pas de clim dans ces bus. Tant mieux pour la planète mais tant pis pour les passagers ! La chaleur, aggravée par la promiscuité, est suffocante à l’intérieur. Chacun dégouline et comme tout le monde est collé à tout le monde, inutile de vous faire un dessin.
Dans un tel contexte, nos sens sont forcément en éveil, parmi lesquels l’odorat n’est pas le moins sollicité… Mais heureusement, les bus roulent régulièrement vitres et portes ouvertes dans ce pays, et cette ventilation fait un bien fou à tout le monde.

Au cours de ce voyage haut en couleurs, des dizaines de vendeurs ambulants montent dans le bus tout au long du trajet pour vendre leurs petits plats, certes délicieux mais frits et gras à souhait.
Pour traverser le bus archi-bondé afin de proposer ces plats à tous les passagers, ces vendeurs provoquent une cohue indescriptible : ils doivent se contorsionner, se coller aux passagers, les bousculer, et même parfois leur monter à moitié dessus pour pouvoir passer…
Une aubaine pour notre chauffeur, qui taxe la plupart des vendeurs passant à proximité de lui : trois chips par-ci, un Coca par-là…

En conclusion, il faut savoir que si ce mode de transport très local permet de voyager de manière particulièrement économique, c’est aussi et surtout une façon de découvrir le pays en immersion totale parmi sa population. Ce qui équivaut finalement à bien des musées…
Un vrai voyage dans le voyage, je vous dis…

La conduite au Nicaragua, en trois images…



- Résumé vidéo : immersion au Nicaragua, en 2 mn…


