Pour nous, le premier contact avec les mythiques bus latino-américains commence dans une petite gare routière aux abords de Managua, la capitale. Là, nous montons dans un bus multicolore où nous nous préparons à passer six heures en direction de San Carlos.
Des bus archi-bondés
Heureusement que nous avons acheté des places assises car dès le départ, les passagers sont compressés. Toutes les places assises sont évidemment occupées, et il n’y a pas le moindre centimètre carré vide dans l’allée centrale bondée. Les personnes debout s’appuient sur celles assises, dont nous.
J’explique ainsi à Marie que c’est bien la première fois de ma vie que je me retrouve avec trois femmes collées à moi : la mienne à ma gauche, et deux inconnues à ma droite. L’une d’elles est plus ou moins assise sur mes genoux, tandis que ma joue droite est plaquée contre la forte poitrine de la deuxième. Des instants forcément mémorables.
L’usage veut que lorsqu’un bus nicaraguayen est rempli à ras-bord, on continue à faire monter le plus de passagers possible. On y fait ainsi rentrer deux fois plus de monde que dans le plus bondé des métros parisiens aux heures de pointe. Il faut vraiment le voir pour le croire.
Un trajet à la carte
L’aller durera six heures et le retour, pourtant sur le même trajet… huit heures. En effet, si le fonctionnement est globalement le même qu’en France (le bus s’arrête à chaque arrêt), il comporte là-bas une petite particularité : on ajoute un arrêt chaque fois qu’une personne au bord de la route fait signe au chauffeur de s’arrêter, c’est-à-dire parfois tous les vingt ou trente mètres.
Ainsi, le premier arrêt du bus lors du retour était situé cinq mètres après la sortie de la gare routière, pour faire monter déjà une première passagère : elle avait sans doute eu la flemme de marcher quelques mètres de plus.
Puis il s’est arrêté une dizaine de mètres plus loin pour en faire monter une autre, puis encore dix mètres plus loin pour en faire monter une troisième. Les gens ne se regroupent pas pour aller au bus, c’est le bus qui vient à eux, parfois tous les dix mètres.
Ce principe s’est vérifié pendant huit heures jusqu’à l’arrivée à Managua, c’est-à-dire après des dizaines et des dizaines d’arrêts improvisés. On a rarement roulé plus d’un quart d’heure d’affilée. Surréaliste.
Mais ce n’est pas tout : notre chauffeur s’est aussi arrêté à de petits stands de plats à emporter situés au bord de la route à chaque fois qu’il avait faim. Et comme il était en surcharge pondérale, il s’est arrêté un paquet de fois.
Également, des dizaines de vendeurs ambulants sont montés dans le bus tout au long du trajet pour vendre leurs petits plats, certes délicieux mais frits et gras à souhait. Pour traverser le bus afin de proposer leurs plats à l’ensemble des passagers, c’était la cohue totale. Notre chauffeur, qui était aussi sympa que gourmand, en a taxé plus d’un.
Bref, si ce mode de transport très local permet de voyager de manière économique, c’est aussi et surtout une façon de découvrir le pays en immersion totale parmi sa population, ce qui vaut bien des musées.
- Résumé vidéo : immersion au Nicaragua, en 2 mn…

