Pyrénées : le tour des lacs du Néouvielle

Les confinements et couvre-feux successifs ont pour effet de décupler le besoin d’évasion de bien des gens. C’est pourquoi, avec deux amis, nous avons décidé de fêter le premier déconfinement par un trek en montagne.

Mais quel parcours choisir ? En faisant la recherche sur le web des « plus belles randos des Pyrénées », celle qui revient toujours, c’est le tour des lacs du Néouvielle. C’est donc celle que nous choisissons : quitte à se déconfiner, autant en prendre plein les yeux.

Elle existe sous différents formats : un, deux ou trois jours.



En fin d’article, vous trouverez la description de l’itinéraire.


Le samedi 13 juin 2020 au petit matin, après avoir passé la nuit dans un excellent gite/chambres d’hôtes à Saint-Lary-Soulan, le Chant des Marmites, nous garons la voiture vingt kilomètres plus loin, sur le parking du lac d’Oredon (1849 m).

Lac d’Oredon vu depuis son parking

Ce sera le point de départ de notre trek.

Le début du parcours permet de rentrer très vite dans le vif du sujet : le sentier monte en permanence en pleine forêt, ce qui nous réveille d’autant plus que nos sacs sont assez lourds : 17, 20 et 24 kg !

Au cours de cette portion qui dure environ trois quarts-d’heure, on est cerné par une jolie végétation, à travers laquelle on peut parfois admirer les sommets qui nous font face au loin.

Cette première ascension, qui nous mène au col d’Estoudou (2260 m), représente 400 mètres de dénivelé positif. Là, nous sommes récompensés par une jolie vue sur les montagnes, malgré un temps très mitigé qui nous poursuivra tout le week-end.

Dommage pour mes photos, qui s’en ressentiront quasiment de la première à la dernière. Du coup, les couleurs étant ternes voire grises, je fais aussi quelques images en noir et blanc…

A partir de là, on descend tranquillement, d’abord dans une zone de prairies, où l’on croise quelques moutons…

… puis à travers une jolie forêt, en longeant parfois une cascade. On arrive alors au lac de l’Oule (1819 m).

Le lac de l’Oule

On pousse jusqu’à la berge puis on contourne ce grand lac par la gauche avant de lui tourner le dos pour attaquer une montée.

C’est là que nous croisons un troupeau de brebis qui redescend au son des cloches, avec bergers et chiens : la montagne avec sa vie quotidienne et authentique.

Nous en profitons pour faire une pause et admirer le paysage, d’autant plus que c’est le moment choisi par le soleil pour nous rappeler que finalement, il existe ! Son apparition éclair fait du bien au moral de mon appareil photo.

La montée, pas spécialement difficile, se poursuit jusqu’aux lacs de Bastan, tantôt à travers la forêt, tantôt à flanc de montagne, puis à découvert à l’approche des lacs : le lac inférieur (2141 m) puis le lac du milieu (2215 m).

Juste après les avoir dépassés, on arrive au refuge de Bastan (2230 m), terminus de cette première étape.

Pour nous, l’arrivée se fait dans la grisaille et sous une pluie fine. Nous ne le savons pas encore mais cette eau ne va quasiment pas s’arrêter de tomber du ciel pendant une bonne douzaine d’heures.

Le refuge de Bastan


Elle nous contraindra à nous enfermer à l’intérieur du refuge pour manger un morceau, le comble après deux mois de confinement : nous qui rêvions de pique-niquer en plein air sur les rives du lac pour l’après-covid, c’est raté.

En ce 13 juin, le refuge n’est pas encore ouvert ou du moins, il est simplement accessible aux visiteurs de passage mais n’est pas encore tenu par ses gérants habituels. Il n’est donc pas chauffé etc. On peut juste y manger ce qu’on a apporté, y dormir, s’y abriter, sans oublier qu’il faut le nettoyer en partant pour laisser la place propre aux randonneurs suivants.

Après un assez long moment passé contraints et forcés dans le refuge, nous profitons d’une courte fenêtre de 10 minutes d’accalmie de la météo pour aller vite planter nos tentes, entre le lac du milieu et une lacquette voisine.

Entre deux nappes de brume et dès que la pluie ralentit, la jolie couleur vert-émeraude de la lacquette ressort vaguement de la grisaille ambiante.

Si le temps n’est pas à la hauteur de nos espérances, le lieu, lui, nous emballe. Ce qui n’est pas bien difficile d’ailleurs, après deux mois passés confinés comme tout le monde à la maison.

L’un des objectifs de notre trek, c’est notre repas du soir, que dis-je, notre festin ! Le but étant de passer un bon moment entre amis, nous n’avons pas hésité à trimbaler dans nos sacs un menu festif plutôt que des sandwiches : du punch, du saucisson, des piments de Padrón à faire revenir dans de l’huile d’olive avec un peu d’ail, un kilo d’entrecôtes arrosé par un Saint-Émillion Grand Cru, et j’en passe…

Nous avons donc un réchaud mais idéalement, Julien, cuistot du groupe pour l’occasion, préférerait faire griller la viande au barbecue. Il s’est ainsi permis le luxe de transporter là-haut une petite grille qu’il a achetée spécialement pour l’occasion…

Petite parenthèse : d’après nos informations, le feu dans le parc du Néouvielle serait à la fois interdit mais toléré :

  • Interdit, pour éviter d’une part les incendies (même si autour de nous, la pluie a tout détrempé), et d’autre part les dégradations du sol.

  • Toléré, à la condition qu’on nettoie tout sans laisser de traces et sans rien abîmer.

Nous allons donc préparer un foyer non pas sur l’herbe mais juste à côté, afin de ne pas détériorer le sol. Même si, un peu partout autour des lacs de Bastan, les stigmates de nombreux foyers, que personne n’a jamais nettoyés et qui ont détruit l’herbe, jonchent le sol. La preuve en image…

Alors que la bruine persiste à nous tomber dessus à peu près tout l’après-midi, nous partons marcher une heure ou deux, à la fois pour admirer le paysage et pour trouver du bois mort (attention, nous avons vu des gens qui dépouillaient des arbres vivants de leurs branches, ce qui est doublement absurde : non seulement on détériore la végétation dans une réserve où elle doit être préservée mais en plus, le bois vert, et bien ça ne brûle pas !).

La pluie du soir qui succède à celle de l’après-midi ne nous permet pas de manger à découvert. Nous improvisons donc un plan B, à savoir intégrer un minuscule abri ouvert situé non loin du refuge.

On y tient péniblement à trois mais il présente l’avantage de nous abriter tout en étant quand même à l’air libre, car il a tout un côté ouvert, face au paysage. C’est donc mieux que de manger enfermés à l’intérieur du refuge.

Les piments de Padrón

Le froid tombe alors, décuplé par la forte humidité ambiante.

Juju enchaîne avec ses entrecôtes qui, dégustées là-haut face à ce paysage, prennent une saveur encore meilleure.

Après une dizaine d’heures passées sous la pluie, nos chaussures de rando censées être étanches sont imbibées, et tout ce qu’il y a à l’intérieur aussi ! La température s’installe autour de 0° et on se réchauffe les pieds tout fripés comme on peut, en même temps qu’on chambre notre grand cru, un poil trop frais.

Nous passons quatre ou cinq heures là, à nous régaler au cœur des montagnes. A 23 heures, direction les tentes : une grosse journée de marche nous attend demain.


Au petit matin, le temps est meilleur qu’hier, ce qui fait enfin passer les paysages du gris à la couleur.

Nous ne le savons pas encore mais ce temps ne va pas durer…

La dernière chose à faire pour nous avant de partir consiste à nettoyer notre feu de la veille. Mais là, surprise : des personnes nous ont succédé dans la nuit en rallumant un feu dans « notre » foyer. Cela ne nous pose évidemment aucun problème, en revanche, ces gens ont visiblement massacré des arbres vivants pour en utiliser les branches qui, trop vertes, n’ont évidemment pas brûlé et gisent maintenant dans les cendres, à peine consumées.

Nous trouvons également dans le feu des canettes à moitié carbonisées qu’ils ont abandonnées là, et à côté desquelles gisent quelques cadavres de bouteilles en verre vides. Les pierres sont encore brûlantes et une grosse bûche fumante continue à se consumer péniblement. Nous décidons de tout nettoyer quand même. Nous laissons seulement les cadavres des bouteilles en verre qu’ils ont jetées dans un coin de l’abri (il n’y a pas de poubelles, chacun doit redescendre ses ordures et notre dos n’envisage pas d’ajouter le moindre gramme supplémentaire aux vingt et quelques kilos que pèsent déjà nos sacs). En espérant que ces personnes reviendront ramasser leurs ordures…

Nous quittons les lieux pour rejoindre le lac supérieur de Bastan (2280 m), dont les eaux sont étonnamment colorées malgré la grisaille ambiante.

Le lac supérieur de Bastan

Nous traversons alors divers paysages, tantôt de rocaille, tantôt de prairies, tantôt de lacquettes…

Il suffit de suivre le sentier, ponctué de quelques cairns.

On atteint ensuite le joli lac de Bastanet (2247 m).

Arrivée sur les berges du lac de Bastanet

Le soleil, qui nous a pourtant tellement gâtés pendant les deux mois du confinement, n’est toujours pas au rendez-vous ce week-end.

Le lac de Bastanet

Nous contournons le lac.

Le lac de Bastanet

Un peu plus loin, on arrive à une petite construction en pierre, un mazet, situé aux pieds des montagnes.

Le mazet

C’est un peu plus loin que les difficultés commencent, car la montée qui s’ensuit est à la fois longue et raide.

A l’approche du col, on traverse quelques plaques de neige, dont la blancheur est striée par de drôles de teintes rosées. Elles proviennent d’une algue minuscule tout droit venue de la préhistoire, et qui a survécu jusqu’à aujourd’hui. Plus il fait chaud, plus elle s’épanouit : autant dire qu’en ces temps de réchauffement climatique, elle se régale… Surnommée le « sang des glaciers », cette algue… verte (mais si mais si) contient un pigment rouge qui lui donne cette teinte particulière.

Il ne faut pas la confondre avec le sable du Sahara que les vents d’altitude transportent régulièrement jusque ici, et qui laisse des traces plutôt marron-orangées sur les plaques de neige.

Après une assez longue marche, on arrive enfin au lac d’Aumar (2192 m).

Le lac d’Aumar

Le lac d’Aumar est assez fréquenté car il est accessible en voiture. On y croise donc pas mal de monde : des promeneurs, des familles, des pêcheurs…

Puis c’est la descente finale à travers une jolie forêt parsemée de lacquettes et de cours d’eau.

La sortie de la forêt se confond avec l’entrée du parking du lac d’Oredon, où la voiture que nous avons laissée la veille nous attend sagement…


Le parking du lac d’Oredon (1849 m) constitue le point de départ du trek, mais il y a en réalité deux points de départs possibles :

  • Pour faire la boucle dans le sens des aiguilles d’une montre (option 1), il faut partir depuis le fond du parking, où l’on ne peut pas rater le début du chemin.
  • Pour faire le tour en sens inverse (option 2, celle que nous avons choisie et qui est décrite ici), le départ est un peu moins visible : il débute juste à côté de grands panneaux d’informations, eux-mêmes situés à l’entrée du parking :

Le début de la rando est marqué par une montée plutôt raide dans la forêt. Au bout de 45 minutes environ et après 400 mètres de dénivelé positif, on atteint le col d’Estoudou (2260 m).

On traverse alors un espace dégagé avec vue sur les montagnes, puis on descend à travers une forêt parsemée de quelques cascades. On arrive alors au lac de l’Oule (1819 m). A noter que le lac de l’Oule est situé plus bas que le point de départ (le parking du lac d’Orédon).

Une fois sur la berge, plusieurs panneaux d’information permettent de s’orienter au besoin.

On contourne ce grand lac par la gauche en remontant vers le nord. Au bout d’une dizaine de minutes, on arrive à l’extrémité du lac, barrée par un pont à côté duquel coule une cascade. A quelques mètres de là, il faut prendre le sentier qui monte vers la gauche, où quelques panneaux qu’on ne peut pas rater permettent de s’orienter. D’après eux, il reste 1h45 de marche jusqu’au refuge et aux lacs de Bastan.

Il suffit alors de suivre le sentier en pente plutôt douce, d’abord à travers la forêt, puis à flanc de montagne, jusqu’aux lacs de Bastan : le lac inférieur (2141 m) puis le lac du milieu (2215 m). Ce dernier est surplombé un peu plus loin par le refuge de Bastan (2230 m), terminus de cette première étape.


Le départ de cette deuxième étape se fait par le sentier qui part du refuge en direction du lac supérieur de Bastan (2280 m), qu’on longe brièvement avant de le dépasser.

De là, il faut guetter la jonction avec une sente qui part sur la gauche. Il faut être vigilant car elle ne saute pas aux yeux.

Une fois sur le sentier, il suffit de le suivre en se repérant aux quelques cairns qui le parsèment.

Après avoir traversé des paysages variés, on descend en direction du joli lac de Bastanet (2247 m).

Le lac de Bastanet

On le contourne alors par la gauche, puis il faut monter un petit raidillon (c’est le sentier montant qu’on aperçoit à gauche du lac sur la photo ci-dessus).

Après une marche relativement facile, on arrive à une petite construction en pierre, un mazet, située aux pieds des montagnes.

Le mazet

De là, on descend en longeant un petit cours d’eau, le ruisseau de Port Bielh, en direction d’une autre construction, en métal celle-là (au pied de la montagne à droite ci-dessous).

Elle est située non loin et en contrebas du mazet en pierre. Il faut traverser le cours d’eau juste avant de l’atteindre et rejoindre la sente qui continue de l’autre côté du ruisseau.

Ci-dessus : la construction en métal vue d’en-dessous pour ceux qui, comme nous, l’ont dépassée au lieu de bifurquer à son niveau pour franchir le cours d’eau !

On monte ensuite en direction du lac de Gourguet (2218 m), qu’il faut longer par la gauche sans quitter le sentier. On arrive alors à une bifurcation pas forcément évidente à trouver : il ne faut pas prendre à droite en direction du col de Barèges, mais poursuivre sur la partie du sentier qui part légèrement à gauche. La montée n’est pas facile et on peut devoir traverser quelques plaques de neige, comme c’était le cas pour nous en plein mois de juin.

De là-haut, le sentier descend un peu et rejoint un ruisseau sur la droite qu’il faut traverser. Le sentier continue, en montant, en direction du col d’Aumar (2374 m).

Arrivée au col d’Aumar

A partir de là, le chemin est à nouveau très bien balisé en direction du lac d’Aumar (2192 m). Globalement facile, la descente comporte juste quelques passages un peu raides.

On contourne par la gauche une partie de ce lac (superbe mais très fréquenté car accessible en voiture), en direction du lac d’Aubert (2148 m). On n’en frôle que l’extrémité gauche, à proximité d’un parking, pour suivre le chemin qui descend à travers une jolie forêt parsemée de lacquettes et de cours d’eau.

Le lac d’Aubert

Au bout, on rejoint l’arrivée : le parking du lac d’Oredon.