
On a beau être fan de contrées lointaines, on n’a pas forcément besoin de courir à l’autre bout du monde pour en prendre plein les yeux.
Pour les amoureux de la nature, les Pyrénées offrent la possibilité de faire des randonnées de tous niveaux dans un cadre superbe.
EXPÉDITION SUR LE TOIT DES PYRÉNÉES
A 3.404 mètres d’altitude et situé côté espagnol, le Pic d’Aneto est le point culminant de la chaîne. Nous en avons fait l’ascension, laquelle est accessible aux néophytes, pourvu qu’ils soient dotés d’une bonne condition physique et accompagnés d’un guide.
Nous avons choisi la version longue afin de profiter au maximum de la montagne : le premier jour, nous ferons la rando du Port de Venasque. On part des hospices de France (1350 mètres d’altitude), on monte jusqu’au Port de Venasque (2460 mètres) qui marque la frontière avec l’Espagne, et on redescend sur le refuge de la Rencluse (2140 mètres). En extrapolant un peu, disons que ce refuge est le « camp de base » de l’Aneto, dont nous partirons à l’assaut le deuxième jour.
Jour 1 : le Port de Venasque et le refuge de la Rencluse
La rando n’est ni trop longue, ni trop difficile, et elle vaut vraiment le coup d’œil. On commence par monter en douceur pendant deux ou trois heures au milieu des pentes vertes et fleuries, et sous un soleil intense et un magnifique ciel bleu.

De superbes paysages se succèdent au fil de la montée jusqu’à notre première halte : le refuge de Venasque. D’un côté, on a une vue sur la vallée d’où nous venons.
De l’autre côté se trouve le lac sur les rives duquel le refuge est posé.
Ce lieu marque, en tout cas ce jour-là, une frontière flagrante : on passe subitement d’un temps beau et chaud avec des paysages très verts, à des nuages, du froid, de la neige et un lac glacé. Aux abords du refuge se trouve une congère de plus de deux mètres de haut, qui a été creusée à coups de pelle.
Le casse-croûte nous fait un bien fou dans ce froid qui nous tombe dessus. Nous reprenons notre marche en traversant des paysages beaucoup plus marqués par l’altitude : plaques de neige glacée, vent hostile… Nous terminons ainsi notre montée en passant le Port de Venasque (une simple brèche hyper ventée dans la montagne), avant de redescendre côté espagnol dans des paysages différents mais tout aussi beaux.

Le soir au refuge, nous fêtons notre première étape mais sans excès, afin de pouvoir venir à bout de la deuxième le lendemain…
Jour 2 : l’ascension du Pic d’Aneto
Normalement, le départ se fait vers 6h00 mais pour nous, le temps est tel (pluie continue et visibilité quasi-nulle) que notre guide nous propose de partir un peu plus tard. Ce sont les aléas de la montagne.
Une heure après, bien qu’il fasse toujours un temps à ne pas mettre un randonneur dehors, nous décidons de partir quand même. Nous passons ainsi deux heures sous une bruine incessante, à escalader des rochers pas spécialement hauts (30, 40, 50 centimètres), mais qui nous cassent déjà un peu les pattes. Puis d’un seul coup, la pluie cesse et le soleil apparaît enfin. Nous nous retrouvons à la limite supérieure des nuages.
Après deux heures passées dans la nasse à crapahuter et transpirer sous la pluie, nous commençons enfin à apercevoir les paysages qui nous entourent.
Pendant sept heures, nous montons sans cesse. Après la pluie et les rochers glissants des deux premières heures, nous poursuivons inlassablement notre ascension. A l’approche du glacier, nous chaussons les crampons qui s’avèrent indispensables. En contrebas, la vue sur la mer de nuages, d’où émergent par-ci par-là quelques sommets, fait son petit effet.
Par moments, nous devons traverser les flancs gelés de la montagne, en marchant sur les traces que d’autres ont laissées dans la neige glacée. En aval, une pente vertigineuse. Le guide nous convainc de faire très attention : ça glisse tellement qu’en cas de chute, si on n’arrive pas à planter le piolet dans le sol pour se retenir, on se retrouve 500 mètres plus bas, tout pelé et cabossé. Du moins dans le meilleur des cas…
Le sommet
Lorsque nous arrivons enfin à proximité du sommet, il ne nous reste plus qu’une difficulté, mais pas la moindre : le fameux Pas de Mahomet. C’est une arête rocheuse étroite, disons d’une cinquantaine de centimètres de large environ, cernée de part et d’autre par le vide.

Les vingt ou trente mètres de long de ce passage doivent se faire en cordée afin de limiter les risques. Le degré de difficulté est assez faible, sauf quand on est sujet au vertige, ce qui est mon cas. Mais la vue du sommet, situé à quelques mètres de nous seulement, nous donne des ailes, et il n’est donc pas question de ralentir : ce n’est qu’un mauvais moment à passer…

La vue à 360° constitue notre récompense, et nous pouvons d’autant mieux la savourer que nous sommes absolument seuls là-haut : nous sommes partis un peu plus tard que prévu ce matin à cause du temps et par conséquent, tous ceux qui se sont lancés avant nous sont déjà sur le chemin du retour. Nous nous sentons donc privilégiés d’être tout seuls là-haut, sur le toit des Pyrénées.

Au total, nous aurons mis onze heures aller-retour pour cette ascension, qui restera gravée dans nos souvenirs de débutants comme une véritable expédition de haute montagne !
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