La civilisation Maya, qui connut son apogée entre 300 et 900, nous a laissé en héritage de fabuleuses cités. Nous en avons visité cinq, de tailles et de prestiges différents.
Sommaire
Chichen Itza
Chichen Itza est une vaste cité maya qui fut habitée à partir du VIIIe siècle et qui compta jusqu’à 50.000 habitants. Aujourd’hui, sa structure la plus emblématique, mondialement connue, est la pyramide de Kukulcan, le Dieu serpent à plumes en l’honneur duquel elle fut érigée. On l’appelle également El Castillo.

Du haut de ses trente mètres, cette pyramide à l’allure élégante est incroyablement bien conservée. Sa conception adresse quelques clins d’oeil aux scientifiques puisque ses quatre façades sont orientées face aux quatre points cardinaux, et que chacun de ses quatre escaliers (un par façade) compte environ 90 marches pour un nombre total de… 365 ! Soit autant de marches sur la pyramide que de jours dans l’année…

De plus, elle possède plusieurs particularités étonnantes qui ont contribué à l’élever au rang d’édifice mythique. Par exemple, si l’on se positionne face à l’escalier central et qu’on tape dans ses mains, un écho ressemblant au cri du quetzal (l’oiseau sacré des Mayas) surgit du sommet de la pyramide à chaque « applaudissement ». L’expérience est bluffante.

Plus fort encore : lors des solstices, le soleil en se couchant projette sur les escaliers de la pyramide une ombre ressemblant à un serpent qui semble onduler lentement au fur et à mesure que le soleil décline. Il s’agit bien sûr du Dieu serpent à plumes.

Mais ce site archéologique ne se résume pas à cette pyramide, aussi incroyable soit-elle. S’étirant sur 300 hectares, il comporte d’autres petites merveilles, telles que le temple des guerriers et ses soi-disant « mille » colonnes (il y en a en réalité environ 200).



Contrairement à la grande pyramide de Kukulcan, le temple des guerriers et ses « mille » colonnes n’ont pas traversé les siècles intacts. Les plafonds se sont effondrés au fil du temps, et la nature a repris en partie possession des lieux, ce qui donne un côté sauvage au site.

Un autre lieu emblématique de Chichen Itza est son grand terrain du jeu de balle. Les joueurs devaient faire circuler une sorte de balle en caoutchouc puis l’envoyer à travers un anneau situé à quelques mètres de hauteur.


La légende (ainsi que certains sites internet) affirment que le perdant était sacrifié à l’issue du jeu. Mais en l’absence de la moindre preuve en ce sens, la majorité des chercheurs considère aujourd’hui que ce jeu constituait plutôt un rite de fertilité agricole sans sacrifice. Le site officiel de Chichen Itza ne fait d’ailleurs aucune mention de tels sacrifices dans sa page consacrée à ce jeu, consultable ici.
En revanche, les Tzompantli ne prêtent, eux, à aucune confusion : il s’agit de pans de murs sculptés, représentant des crânes humains empalés sur des piquets ! Cette violente pratique maya, elle, a bien existé. L’un de ces tzompantli se trouve à proximité de la pyramide de Kukulcan.


Enfin, terminons avec l’élément qui a permis aux Mayas de fonder leurs cités : l’eau ! Car toutes les villes mayas étaient bâties à proximité d’un ou plusieurs cénotes, ces gouffres remplis d’eau qui leur permettaient de vivre car ils constituaient la seule source d’eau de la région.

Dans la culture Maya, ces puits géants, qui étaient donc vitaux pour eux, représentaient également l’inframonde, c’est-à-dire un monde sacré où reposaient les morts. Ils faisaient donc des offrandes en jetant dans les cénotes des objets précieux (or, quartz, coquillages, bois…) puis en y pratiquant plus tard des sacrifices humains (guerriers, enfants, jeunes filles).
En effet, les fouilles des dernières années ont permis de découvrir au fond de certains cénotes à la fois des objets précieux et des ossements humains


Infos pratiques – Chichen Itza
- Le prix : 614 pesos (33 euros)
- Horaires : de 8h00 à 17h00, attention : dernière entrée à 16h00
- Le bon plan : Chichen Itza étant un site touristique sur-fréquenté, le bon plan consiste à arriver non pas dès l’ouverture (8h00), mais 20 à 30 minutes avant. Nous sommes arrivés à 7h40, il y avait deux guichets comportant chacun une file de 8 à 10 personnes seulement, soit 15 à 20 personnes devant nous. Quand les guichets ont ouvert à 8h00, il y avait déjà 100 à 150 personnes qui faisaient la queue derrière nous.
- Billets coupe-file : vous pouvez les réserver sur le site officiel chichenitza.com

- Bon à savoir : avant de descendre de voiture (ou avant de quitter votre hôtel si vous arrivez en bus ou en collectivo), assurez-vous de n’avoir sur vous rien de tout ce qui figure sur la longue liste des interdits, au risque d’être refoulé/e/s. En effet, il est interdit d’entrer sur le site de Chichen Itza avec de quoi manger ou boire, ainsi qu’avec une balle ou un ballon, une valise, un liquide quelconque, un chien, un instrument de musique, ou encore un paquet de cigarettes ! Mais ce n’est pas tout : vous êtes âgé/e ou mal portant/e ? Votre siège pliable est interdit lui aussi, tant pis pour vous. Vous êtes photographe ou vidéaste amateur ? Alors vous avez l’interdiction d’amener votre drone (bon ça, ça peut se comprendre) mais également un trépied, ou même un simple stabilisateur d’image ! Comble de l’absurde, vous n’avez même pas le droit non plus d’entrer avec le micro de votre caméra, ni avec une Go Pro mais je vous rassure, les smartphones, qui pourtant assurent chacune de ces fonctions interdites, sont eux autorisés ! Comprenne qui pourra…

- L’Unesco a classé la cité Maya de Chichen Itza au patrimoine de l’humanité : Unesco Chichen Itza
- Plan du site (source : Inah)

Uxmal
Pendant longtemps, la région d’Uxmal (qui se prononce « Ouchmal ») compta très peu d’habitants pour une raison simple : les cénotes étaient beaucoup plus rares dans cette partie du Yucatan qu’ailleurs, et cette pénurie d’eau rendait la région difficilement habitable. La cité d’Uxmal fut ainsi peuplée sur une période courte, essentiellement aux IXe et Xe siècles.
Le bâtiment principal de ce merveilleux site est la pyramide du Devin. On l’appelle aussi pyramide de la Diseuse de bonne aventure, ou encore pyramide du Magicien ! Et la magie, c’est justement ce qui opère quand on admire ce superbe édifice haut de 40 mètres, avec bien moins de touristes qu’à Chichen Itza.

Elle a une forme originale et inhabituelle puisque sa base est ovale, plutôt que carrée ou rectangulaire comme pour la majorité des pyramides mayas. La cité est considérée comme l’un des plus beaux exemples de l’architecture Puuc.

Il s’agit d’un temple dont les cinq phases de constructions successives se sont superposées les unes aux autres au fil du temps.

Parmi les autres édifices majeurs du site, le quadrilatère des nonnes est long de 81 mètres et large de 54. Les spécialistes n’ont pas encore tranché entre les différentes hypothèses de ce à quoi il était dédié.



Un peu plus loin, le palais du gouverneur est considéré comme un chef-d’oeuvre architectural, caractérisé notamment par un grand raffinement. Sa centaine de mètres de long est décorée par près de 20.000 petits éléments sculptés (personnages, masques etc.)

En contrebas du palais est érigée la grande pyramide à neuf degrés, richement décorée, et dont trois des quatre façades restent enfouies dans la végétation.


Et comme toujours sur les sites archéologiques mayas, on trouve un peu partout des iguanes qui se réchauffent sur les vieilles pierres chargées d’histoire…
Infos pratiques – Uxmal
- Le prix : 441 pesos (23 euros)
- Horaires : de 8h00 à 17h00, attention : dernière entrée à 16h00
- Uxmal est beaucoup moins assailli par les touristes que Chichen Itza, toutefois là aussi, plus on arrive tôt sur site, moins il est fréquenté et plus il est agréable à visiter.
- Amis photographes : trépieds, stabilisateurs et Go Pro sont interdits…
- Le site d’Uxmal est classé au patrimoine de l’humanité par l’Unesco : Uxmal Unesco

- Plan du site (source Inah)

Calakmul
Ce chapitre consacré à la magnifique cité maya de Calakmul est extrait de notre article plus large Dormir dans la jungle et visiter la cité maya de Calakmul. En plus du site archéologique de Calakmul, cet article évoque la jungle qui l’entoure. Elle a été classée réserve de biosphère par l’Unesco, que ce soit pour sa végétation ou pour les animaux qu’elle héberge.
Pour commencer, il faut savoir que toute cette zone est située au milieu de la partie la plus isolée de tout le Yucatan. C’est l’empire de la jungle, et c’est donc là que se situe Calakmul.
C’est cet isolement qui explique pourquoi cette superbe cité Maya est si peu visitée. Pourtant, ses deux grandes pyramides qui dominent la jungle laissent un souvenir impérissable à tous ceux qui sont montés à leur sommet…
Pour vous donner une idée, quand nous sommes arrivés sur place le matin, il n’y avait que trois voitures garées sur le parking ! A titre de comparaison, il y a deux millions de visiteurs annuels à Chichen Itza ! Nous avons donc eu cette superbe cité maya de Calakmul quasiment rien que pour nous. Un incroyable privilège.

Calakmul est une cité Maya qui connut son apogée vers 650. Très puissante à l’époque, elle compta jusqu’à 50.000 habitants.

Aujourd’hui, outre son histoire bien sûr, ce qui rend cette cité magique pour les profanes dont nous faisons partie, c’est que la jungle a repris possession des lieux au fil des siècles. Ce qui donne un peu des airs d’Indiana Jones à cette cité perdue.

Seule une vingtaine des 6.000 structures qui sont éparpillées dans la jungle ont été nettoyées et sont accessibles, malgré les arbres qui ont colonisé ces vieilles pierres.


Le cadre naturel de ce site historique est donc impressionnant.
L’un des principaux intérêts pour le visiteur qui arpente Calakmul, c’est que contrairement aux sites mayas plus connus et beaucoup plus fréquentés tels que Chichen Itza ou Uxmal, il peut monter en haut des pyramides ici.
Et comme toujours sur les pyramides précolombiennes, la montée est abrupte.

La première pyramide sur l’itinéraire est la structure I. Elle mesure 50 mètres de haut et fait face au principal joyau du site : la deuxième pyramide ou structure II.

Alors que nous escaladons la première pyramide, nous entendons au loin des cris d’animaux non identifiables dont le niveau sonore est incroyablement élevé.
Nous nous demandons ce que ça peut bien être et pensons à un félin, mais ce n’est qu’en arrivant à la deuxième pyramide que nous comprenons : ces cris proviennent d’un groupe de singes hurleurs. A l’évidence, ils n’ont pas été affublés d’un tel nom pour rien !

Pour bien comprendre à quel point le hurlement de cet animal impressionne celui qui l’entend, il faut savoir que dans tout le règne animal, le singe hurleur fait partie des trois animaux dont le cri est le plus puissant. Avec 140 décibels, il se situe même devant le cerf qui brame et le lion qui rugit (110 à 120 décibels « seulement ») et quasiment au même niveau… qu’un avion de ligne qui décolle paraît-il (140 à 170 décibels) ! Il faut l’entendre pour le croire. Vraiment impressionnant.
Pour se défouler les cordes vocales, l’arbre que ces sept ou huit singes ont choisi est situé aux pieds de l’un des plus importants temples-pyramides du monde Maya. C’est la magie de la jungle : pour nous, cette rencontre animale dans ce haut-lieu historique sera mémorable.

Nous quittons nos amis primates, visuellement mais pas auditivement, pour entreprendre la montée de cette fameuse pyramide dont la base carrée mesure 120 mètres de côté ! Du sommet, on aperçoit au loin la première pyramide, celle que nous avons escaladée quelques minutes plus tôt, enfouie dans la jungle qui s’étend à l’infini.

La vue est impressionnante depuis la cime de ce joyau qui émerge de la végétation.
A bien y réfléchir, le paysage n’a pas dû beaucoup changer depuis l’époque des Mayas. Tant mieux.

C’est l’heure de partir.
Plus bas, les singes continuent à s’époumoner…
Infos pratiques – Calakmul
- Le prix : 344 pesos (19 euros). La spécificité de Calakmul, c’est qu’on paye en trois fois ! Ne soyez donc pas étonnés. Voici comment le prix total d’accès au site se décompose (tarifs 2023) :

1 – A la sortie du petit village de Conhuas, il faut s’acquitter d’un droit d’entrée correspondant à l’entretien de la route (104 pesos par personne).
2 – 20 km plus loin, on paye l’entrée dans la réserve de biosphère (150 pesos par personne).
3 – Et à l’arrivée (40 km de plus), on paye l’accès au site archéologique maya (90 pesos par personne).
- Horaires : de 8h00 à 17h00, attention : dernière entrée à 15h30
- On peut visiter Calakmul en une journée même si l’on vient de loin (par exemple Campeche ou Chetumal), mais le mieux est de passer la nuit à proximité du site archéologique pour avoir tout le temps de le visiter le lendemain et en profiter à fond. C’est ce que nous avons fait, en dormant la veille dans la jungle. Si cela vous intéresse, vous pouvez lire notre article Dormir dans la jungle et visiter la cité Maya de Calakmul
- La cité maya est classée au patrimoine mondial de l’Unesco
- Plan du site (source Inah)

Tulum
L’ancienne cité maya de Tulum n’est plus à présenter : c’est le fameux site maya qui surplombe la mer des Caraïbes.

La cité était fortifiée (Tulum signifie « clôture » en maya) et située sur le point le plus haut de la côte. Cela lui permettait de contrôler les routes commerciales maritimes tout en étant imprenable.
Le bâtiment le plus emblématique du site est le Castillo.

Le deuxième édifice qui surplombe la mer des Caraïbes, plus petit qu’el Castillo, est le temple du dieu du vent (ou temple du dieu descendant).



La maison du cénote était située au-dessus d’un cénote qui permettait aux Mayas de s’approvisionner en eau douce.



Et aujourd’hui, le site de Tulum continue à faire le bonheur des archéologues.

Infos pratiques – Tulum
- Le prix : 90 pesos (moins de 5 euros). Il faut également prévoir le prix du stationnement si vous êtes en voiture : c’est 100 pesos de plus (5 euros).
- Horaires : de 8h00 à 17h00, attention : dernière entrée à 15h30
- Le bon plan : arriver dès l’ouverture. Non seulement la foule, importante à Tulum, n’est pas encore arrivée mais en plus, le soleil tape un peu moins fort que le reste de la journée.
- Bon à savoir : il est interdit de se restaurer dans l’enceinte du site. Du coup, il n’y a aucun stand pour acheter à boire ou à manger, il faut donc prévoir de l’eau avant d’entrer car il peut faire très chaud, vraiment…
- Le conseil aux photographes : si vous voulez faire, comme tout le monde, la fameuse photo des deux bâtiments qui dominent la mer des Caraïbes (le Castillo et/ou le temple du dieu descendant), alors venez l’après-midi. Car le matin, ce point de vue emblématique du site est à contre-jour. J’ai dû revenir l’après-midi pour photographier la mer des Caraïbes et le ciel sous leur manteau bleu (le matin à contre-jour, ils étaient gris), démonstration en images :


- Plan du site (source : Inah)


Muyil
Pour terminer cet article sur les cités mayas, voici un aperçu du site archéologique de Muyil, quelques kilomètres au sud de Tulum.
Ce court chapitre est extrait de notre article plus complet Sian Ka’an, réserve de biosphère qui aborde, outre la cité maya de Muyil, la somptueuse réserve naturelle de Sian Ka’an ainsi que la baignade inoubliable dans les canaux mayas (l’un de nos meilleurs souvenirs de tout notre périple dans le Yucatan).
A première vue, le site archéologique de Muyil n’est pas spécialement impressionnant comparé à ceux de Chichen Itza, Uxmal ou Calakmul.

Il n’empêche que ce site noyé dans la nature, où les visiteurs ne se bousculent pas, est extrêmement agréable à visiter.




Habité très tôt par les Mayas (de l’an – 300 à l’an 900 environ), la position stratégique du site permettait à ses habitants de contrôler une route commerciale maritime importante.
Aujourd’hui, sa principale attraction archéologique est sa pyramide à degrés, dite El Castillo. C’est aussi sa plus haute structure (17 mètres).


Cerné par la jungle, le site de Muyil est également bordé par une superbe lagune, que l’on peut traverser en bateau pour aller se baigner dans les anciens canaux mayas (voir ci-dessous).

Infos pratiques – Muyil
- Le prix : 70 pesos (moins de 4 euros)
- Le plan du site
Photo ci-dessous : en haut à gauche, le site archéologique ; à droite : la lagune de Muyil ; et au milieu, la jungle.

- Se restaurer
Juste en face de l’entrée du site archéologique, de l’autre côté de la route 307, il y a un excellent petit resto typique.


La cuisine est bonne, l’hygiène aussi, les prix sont corrects, la famille qui tient le resto est accueillante et la petite terrasse intérieure est particulièrement agréable !
Donc si vous avez un creux en quittant le site archéologique, n’hésitez pas à vous arrêter là…

- Si vous voulez profiter de la visite du site archéologique de Muyil (laquelle est assez rapide vu les dimensions réduites du site) pour traverser la lagune de Muyil et sa mangrove en bateau, puis faire une baignade inoubliable dans les canaux mayas de la réserve de biosphère, vous pouvez vous reporter à notre article Sian Ka’an, réserve de biosphère
Les autres étapes de notre road trip dans le Yucatan :

nices!! 86Bacalar, la lagune aux sept couleurs
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Thanks 🙂
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