L’Italie est la première étape du voyage à vélo que j’ai effectué en 2025 entre la France et la Grèce.
Les étapes suivantes sont la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, l’Albanie, la Grèce… et la Turquie !
Sommaire
France : le départ
Le jour J rêvé depuis des années est enfin arrivé. J’ai posé ma petite tente, mon duvet et mes sacoches en vrac sur le trottoir, tout autour de mon vélo qui s’apprête à les transporter pendant les prochains mois.
Avec ma petite femme, nous sommes à Villefranche, à la sortie de Nice, et dans quelques minutes, nous nous dirons au revoir. La revoyure en question est espérée dans plus ou moins quatre mois, c’est-à-dire quand mon vélo, lentement propulsé par mes mollets plus tout jeunes, m’aura fait traverser les redoutables montagnes des Balkans.
Ces trente-sept kilos de bagages sont à peine chargés sur mon vélo, lequel en affiche lui-même dix-sept sur la balance, qu’il est l’heure de faire un bisou à ma moitié ; le dernier avant longtemps.
Mes premiers coups de pédales ne sont pas évidents pour maîtriser ce vélo lourd de 54 kilos, parmi la floppée de voitures qui me doublent en continu. Et ils m’éloignent lentement de ma petite femme : au fil des mètres qui défilent sous mes roues, je la vois rétrécir dans mon rétro, jusqu’à ce qu’elle en disparaisse complètement. A cet instant précis, je la sais triste et je le deviens donc à mon tour.

En essayant de me concentrer sur mon pédalage pour ne pas trop y penser, je rencontre une anomalie : mon appli GPS pour vélos a décidé d’ignorer ma destination finale et orientale, la Grèce, pour m’envoyer sans prévenir plein ouest, c’est-à-dire à l’exact opposé de là où je vais !
Je décide malgré tout de lui faire confiance car il est paramétré pour choisir les itinéraires optimaux pour les vélos, à savoir les routes à faible trafic, où l’on croise peu de voitures.
Il me fait ainsi traverser Nice rapidement puis il m’emmène sur les hauteurs de la ville, au prix de gros efforts pour hisser tout là-haut mon enclume à deux roues.
Mon voyage de plusieurs mois a commencé depuis à peine une heure, et je n’ai donc parcouru qu’une poignée des milliers de kilomètres qui m’attendent, que je suis déjà exténué ! Le soleil d’hiver me chauffe comme si c’était l’été, il fait ruisseler la sueur sur mon crâne dégarni et il commence déjà à vider mes jambes de leurs quelques forces . J’avais rêvé meilleurs débuts.

C’est à ce moment-là que je fais ma première rencontre providentielle du long voyage qui commence. Ce ne sera pas la dernière…
Un habitant du coin qui passe par là, sans doute compatissant en me voyant cracher mes poumons dans les pentes sadiques qui dominent sa ville, me demande où je vais, si lourdement chargé. « En Grèce », que je lui réponds fièrement, tout en dégoulinant.
Sans doute saisi par un léger doute quant à mes capacités à emmener ce lourd vélo aussi loin, il enchaîne en me demandant d’où je viens. « De Villefranche« , lui réponds-je tout penaud. Car en effet, c’est juste à côté de l’endroit où nous sommes, et à l’opposé de la direction d’Athènes, où je vais. C’est sûr, il me prend pour un fou.
Je lui montre alors l’itinéraire sur mon GPS vélo, qui m’envoie vers la grande corniche, à 500 mètres d’altitude, sur les hauteurs de Nice, moi qui suis parti du niveau de la mer. Toujours aussi compatissant, il me conseille vivement de prendre la prochaine à droite, dans quelques centaines de mètres, car elle me fera légèrement redescendre jusqu’à la moyenne corniche. Il faut toujours écouter les locaux, je cause donc une infidélité a mon GPS.
Cette toute première rencontre du périple me dispense donc de terminer mon interminable ascension vers la grande corniche. Ça m’apprendra aussi à mieux préparer mes itinéraires, la prochaine fois…

A partir de là, regonflé à bloc comme un pneu de vélo grâce à ce passant, j’enfile enfin les kilomètres comme des perles, malgré un dénivelé en montagnes russes. Quand ça ne monte pas ça descend, et inversement. Contrairement au vocabulaire de la Belgique, celui de la région est amputé du mot « plat ».

Monaco
Je traverse la Principauté, après m’être perdu un bon moment dans les petites ruelles escarpées du centre-ville. En effet, à l’entrée de Monaco, je n’ai pas vu qu’il fallait prendre à gauche et mon cerveau, aveuglé par la feignantise, a préféré me diriger à tort vers la droite, où une délicieuse descente s’offrait à mes jambes fatiguées. Le temps de réaliser mon erreur, je suis déjà en bas. Or, qui dit descente dit que pour retrouver la bonne route, à un moment où à un autre, il va bien falloir que je remonte…..
Une demi-heure plus tard, après m’être enfin extirpé de ce piège monégasque, je peux enfin reprendre la direction de l’Italie.

Tout au long de la route, le littoral azuréen fait plonger ses collines verdoyantes dans la mer profondément bleue. Ces vues qui se succèdent expliquent pourquoi cet itinéraire côtier est si prisé des cyclo-voyageurs de passage même si, en cette fin d’hiver, je suis tout seul à pédaler dans le coin.
L’Italie
La frontière italienne franchie, j’arrive dans l’un des bastions du cyclisme italien dont les transalpins sont si fiers : San Remo. Mon itinéraire passe par le fameux tunnel de Capo Nero, long de 1700 mètres. Il est réservé aux cyclistes (ainsi qu’aux piétons) et constitue un véritable hommage à l’un des Cinq Monuments du cyclisme mondial : la course mythique Milan – San Remo (les quatre autres Monuments sont Paris – Roubaix, Liège – Bastogne – Liège, le Tour des Flandres et, encore en Italie, le Tour de Lombardie).
Mais lorsque mon appli GPS vélo m’emmène à l’entrée de ce tunnel, il n’y a rien. J’ai beau chercher partout en roulant un peu tout autour, aucun tunnel à l’horizon.
C’est alors que je fais la deuxième rencontre providentielle du périple : c’est un géomètre italien, cette fois-ci. Ne me tenant pas rigueur de le soustraire à son travail, bien au contraire, il m’indique patiemment l’entrée recherchée. Elle est située en contrebas, à plusieurs centaines de mètres d’ici, après une petite descente agréable (ce qui est un pléonasme : pour un cycliste, une descente est toujours agréable).
En effet, avec le géomètre italien, nous nous trouvons à flanc de colline, à la verticale du tunnel. Nous ne pouvons donc pas le voir puisqu’il est situé sous nos pieds ! Mon appli montre juste que je me situe bien sur le tracé du tunnel mais sans mentionner cette différence d’altitude : je me trouve en réalité dix ou vingt mètres au-dessus de lui. Son entrée est située quelques centaines de mètres plus loin, en contrebas.

La Méditerranée
Cette petite mésaventure me sera souvent utile pour la suite du périple, dans des circonstances similaires où deux routes semblant se croiser selon Komoot, seront en réalité situées à des hauteurs différentes, l’une passant par dessus l’autre ou par dessous, sans aucune jonction entre les deux…

En fin de journée, alors que le soleil décline et que la nuit tombe, je n’ai toujours pas trouvé d’endroit où poser ma tente.

En effet, le littoral est bétonné partout et, pour moi qui aime bien bivouaquer discrètement, aussi bien pour ne pas déranger les habitants que pour ma tranquillité personnelle, la première nuit du périple s’annonce déjà compliquée, faute d’endroit où dormir.
Et c’est au moment où je commence à envisager de chercher un petit hôtel que je dégote enfin, dans la pénombre, un petit coin non bétonné. Sur un talus, une minuscule zone de buissons sépare la ville de la mer.
Les vaguelettes viennent se briser sur de grands rochers horizontaux qui, contrairement à la route que j’ai arpentée toute la journée, sont plats : l’endroit parfait où poser ma tente, malgré la noirceur de la nuit qui a maintenant fini de tomber.

Ma première journée s’achève ainsi. Je suis déçu de n’avoir parcouru que 67 kilomètres, mais les 1.000 mètres de dénivelé positif que j’ai grimpés avec mon vélo si lourd m’aident à sombrer rapidement dans un sommeil à découper au couteau.
Le clapotis des vagues toute la nuit, le cri des mouettes au petit matin puis le petit déjeuner à dix mètres de la mer : la deuxième journée du périple commence de manière plus agréable que la première, avec ses corniches. Mais une fois le séant posé sur la selle, le dénivelé du littoral italien me ramène vite à la réalité : ici aussi ça monte.
Plus tard dans la journée, je tourne à gauche. Insignifiant ? Pas tant que ça car cette fois-ci, cette bifurcation d’apparence anodine qui m’emmène vers le nord, me fait tourner le dos à la mer pour un bon moment : je ne reverrai la Grande Bleue que dans une dizaine de jours.

Les montagnes du nord
En attendant, je vais occuper mes trois prochaines journées à franchir des montagnes. Des vraies cette fois-ci. En d’autres termes, la grande corniche niçoise que j’ai trouvée si difficile à grimper hier, n’était en réalité qu’une gentille mise en bouche. Ça promet…

D’ailleurs, mon vélo chargé est si lourd que je me questionne déjà sur ma capacité à franchir tous ces cols en pédalant : ne me serais-je pas surestimé ?

En cette fin d’hiver, je me retrouve donc à transpirer malgré le froid, car l’effort à produire pour grimper là-haut est intense.
La chance ayant choisi son camp, à savoir pas le mien, je me retrouve en prime avec un gros vent glacial de face. Parfois, je ne le sens pas trop car je suis à l’abri de la montagne. Mais dès que je passe de l’autre côté du versant, il me souffle lâchement en pleine poire.
Au fil de la montée, je me rends compte qu’au-dessus de ma tête, le sommet est constellé d’éoliennes. Ce n’est donc pas une vue de l’esprit, la zone est bien connue pour être venteuse.

Ces conditions difficiles seront néanmoins une bonne leçon pour moi : je fais du vélo tout au long de l’année et plutôt en mode sportif mais là, dans ces montagnes sur lesquelles Éole passe son temps à vider ses poumons, j’apprends la patience. Je découvre qu’on peut aussi rouler autrement que comme un forcené. Je prends ainsi le temps d’avancer seconde après seconde, minute après minute : chaque mètre gagné demande sa dose d’effort, chaque mètre gagné se mérite.
Dans ces conditions de montagnes exigeantes, je pense régulièrement à la Grèce, ma destination finale : comment est-il possible d’aller si loin en avançant si lentement ?
Le temps passe quand même et mon vélo avance malgré tout. Pas vite, mais il avance. Je prends du plaisir à admirer le paysage qui, comme toujours en montagne, vaut le coup d’œil.

Et puis je me vois progresser sur mon GPS, ce qui est motivant. Outre l’itinéraire, il dessine sommairement les montagnes et m’indique, par un petit point rouge qui me représente, le niveau où je me situe dans la pente : d’abord en bas, puis au milieu et enfin, félicité suprême, tout en haut.
Visualiser sur mon écran de téléphone ce minuscule point écarlate, c’est-à-dire moi, au sommet de ces colosses alpins qui se succèdent, quel plaisir ! Quel bonheur, quelle satisfaction ! C’est difficile à décrire et un peu gênant à avouer mais dans ces moments-là, je me sentirais presque invincible.

Je ne reste jamais bien longtemps au sommet car le vent y souffle en général très fort, puis je dévale ma récompense : la descente.
Ce rythme montagnard sera le mien pendant trois jours, au cours desquels je progresserai quotidiennement de 77 kilomètres en moyenne, pour un peu plus de 900 mètres de dénivelé positif chaque fois.
Pour un cycliste sportif averti, ce n’est pas le Pérou mais pour un girondin qui ne pédale habituellement que dans sa région désespérément plate, cette moyenne n’est pas mauvaise, a fortiori avec un vélo aussi chargé. A ce rythme-là, tout le chocolat que j’ai ingurgité pendant trois mois va bien finir par fondre, et ma bedaine avec…
Le périple continue et une petite routine s’installe déjà. Le soir, je pose ma tente entre deux villages de montagne. Je dors dans la nature et je prends le temps de savourer ces moments. Au petit matin, je retrouve ma tente verte toute blanchie. Le givre qui la recouvre et les températures matinales sont de saison : entre -1° et +1° la plupart du temps.


Au fil des jours et des nuits qui passent, je commence à prendre toute la mesure d’un tel périple : je pédale à longueur de journée et en même temps je médite puisque, voyageant seul, je n’ai rien d’autre à faire, à part regarder le paysage qui globalement est beau.

De temps en temps, je passe quand même une nuit dans un petit hôtel, le moins cher que je dégote car peu m’importe son niveau d’inconfort, pourvu qu’il soit doté d’une douche : c’est la seule chose qui m’intéresse. Le but n’est pas de passer enfin une nuit dans un lit confortable ou sous un toit étanche (ce que ma tente n’est pas toujours complètement quand il pleut). C’est plutôt de chasser cette effluve qui m’accompagne parfois, après plusieurs nuits passées sous la tente sans jamais voir le moindre bout de savon.

Bon, j’exagère un peu car ma chance, c’est qu’on est encore en hiver, qu’il fait froid et que je transpire donc assez peu. Je réfléchirai plus tard à une organisation plus hygiénique, quand je dégoulinerai sous l’écrasant soleil grec à l’approche de l’été…
L’un des objectifs de ce voyage, c’est de faire des rencontres. Ce n’est pas en Italie que je pense en faire le plus mais quand même, je croise déjà des gens très sympas. A commencer par la grande confrérie des cyclistes.
Parmi eux, Levy, qui en est à sa troisième crevaison consécutive ! Il a déjà utilisé ses deux chambres à air de secours et n’a plus rien pour réparer. Je lui donne une rustine dont il m’est si reconnaissant qu’il me propose de m’héberger chez lui, sa maison étant située plus loin sur ma route. J’hésite un peu mais je finis par décliner sa proposition, préférant rouler encore quelques heures.

Sur ces petites routes de montagnes qui ne cessent de grimper, si certains cyclistes m’ignorent royalement, d’autres me crient régulièrement leur admiration relative à coups de « grande, grande« , en me doublant néanmoins à la vitesse de l’éclair, sur leurs vélos de course vides qui pèsent à peine 7 kilos.
L’un d’entre eux me hurlera carrément un « grandissimooo« , en me souriant à s’en décrocher la mâchoire et en brandissant son poing en guise d’encouragement.
Moi, grandissimo ? Juste parce que je grimpe avec tout ce farda ? Bof. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils sont sans doute bien meilleurs cyclistes que moi et que par conséquent, si j’arrive à faire tout ça, ils y parviendraient eux aussi sans problème. Mais ces encouragements sont toujours agréables à recevoir, et je me contente donc de leur répondre à chaque fois par un grand sourire agrémenté d’un simple « grazie mile » (mille merci).
Mais je rencontre aussi des gens qui n’ont pas de vélo sous les fesses. Leur préoccupation principale consiste invariablement à savoir d’où je viens, et où je vais. Échangeant en anglais, je leur réponds « Greece« . Est-ce mon accent ? Je ne sais pas mais cette réponse fait systématiquement apparaître sur leur visage une impassibilité trahissant leur incompréhension. Je précise alors « Albania, Greece… » et là, leur réaction est toujours la même : leurs yeux s’arrondissent subitement d’étonnement, puis leurs questions fusent à propos d’un tel périple, qui semble les impressionner. Je n’ose imaginer ce qu’ils pourraient bien penser si, comme tant d’autres voyageurs à vélo, j’avais la chance et le temps de pouvoir faire un tour du monde…

Quand ce sont des cyclistes qui m’arrêtent pour discuter, ils me posent eux aussi cette question et ma réponse ne varie pas : je vais toujours en Grèce (Albanie, Grèce). Mais contrairement aux non-cyclistes, ils ne sont ni étonnés, ni impressionnés : quand on fait du vélo, on sait pertinemment que couvrir de longues distances en pédalant est beaucoup moins difficile que ne le croient la plupart des gens.
Avant de terminer ma traversée des montagnes italiennes, j’atteins le sommet d’une colline d’où la vue panoramique donne sur une immense chaîne de montagnes au loin. Vues d’ici, elles sont blanches des pieds à la tête. Ce sont les Alpes et elles sont majestueuses.

La plaine du Pô
C’est à partir de là que mon itinéraire décide enfin de s’aplanir. Normal, j’arrive dans la plaine du Pô. Le Pô, c’est ce fleuve qui serpente dans le nord de l’Italie et qui, en imbibant les sols, les rend extrêmement fertiles. Son importance est telle qu’il génère, directement ou indirectement, quasiment la moitié des emplois du pays.
Sur plusieurs centaines de kilomètres, je traverse donc désormais une infinité de champs cultivés. Les tracteurs et les machines agricoles en tout genre sont partout, les fermes aussi. D’innombrables oiseaux parsèment les champs, trop heureux de pouvoir picorer tous ces vers qui sortent imprudemment la tête de la terre fraîchement labourée.

De même, il y a des lièvres partout, je n’en ai jamais vu autant. Dans les forêts, dans les champs. En général, ils s’enfuient à mon approche. Parfois, quand ils sont plus loin, ils se roulent par terre et se sautent dessus, comme des lionceaux.
Le soir, en pleine nature, je cuisine au réchaud devant ma tente, face au soleil qui se couche. Et dire que dans certains hôtels et restaurants, plus la vue est belle, plus les prix augmentent. Face à la tente, elle est toujours gratuite.

J’aperçois également beaucoup de lièvres. Je n’en ai même jamais vu autant. Dans les forêts, dans les champs… Certains s’amusent comme des lionceaux : ils se sautent dessus, se roulent par terre…
Pour un amoureux naïf de la nature comme moi, même si ce spectacle est sans doute basique, je lui trouve un petit côté enchanteur et je ne m’en lasse pas. Idem pour les couchers du soleil que j’admire tous les soirs, en cuisinant au réchaud devant ma tente.

Et dire que dans certains hôtels et restaurants, plus la vue est belle, plus les prix augmentent ! Face à la tente, elle est toujours gratuite.

Un matin, je me réveille péniblement sur un spot de bivouac que j’avais trouvé in extremis la veille au soir, juste avant que la nuit ne lui tombe dessus. Situé entre une grosse rivière et des champs labourés à perte de vue, le sol n’était horizontal nulle part. N’ayant pas d’autre choix vu l’heure tardive, j’avais quand même fini par poser ma petite maison de toile sur ce terrain pentu. Ce n’est jamais très agréable pour dormir car je passe alors la nuit à rouler vers le bas, pour finir immanquablement par m’écraser contre les parois humides de la tente. Mais au fil du temps, j’ai fini par trouver mes repères dans ce genre de situations : je cale mes grosses chaussures de rando sous mon petit matelas afin de compenser la pente : c’est aussi simple qu’efficace.
Ce matin-là donc, c’est à moitié endormi que je me lève et, en mettant mon nez gelé dehors, un gros bruissement de feuilles me sort brusquement de ma torpeur. C’est un lièvre qui a eu peur en m’entendant sortir et qui s’enfuit en courant. C’est-à-dire très vite, puisque c’est un lièvre. Il a dormi là paisiblement, à quelques mètres de moi.


Je n’ai même pas le temps de me dire que la journée commence bien qu’en jetant un œil par-dessus le talus qui protège ma tente du vent froid, je découvre les champs noyés dans la brume matinale, d’où seule la cime des arbres émerge. Très vite, en passant à son tour par-dessus ce brouillard posé au fond des champs, le soleil rougeâtre enflamme les couleurs du paysage.


C’est pour vivre ce genre de moments et voir ce genre d’endroits que je fais ce voyage.



Les jours qui suivent s’écoulent paisiblement, dans la monotonie des paysages agricoles de cette plaine du Pô qui, à force, deviendrait presque insipide.

L’Adriatique
A l’approche de l’Adriatique, ils varient enfin un peu. Je retrouve la Grande Bleue qui, en huit jours, a changé de couleur : elle est désormais toute grise ! Il faut dire qu’ici, il pleut comme vache qui pisse. Il n’y a ni un rayon de soleil, ni un coin de ciel bleu. Ce dernier est désespérément gris et se vide sur les voyageurs de passage.
Je suis donc détrempé puisque la pluie incessante transperce mes vêtements. J’ai pourtant investi un peu d’argent dans ces fringues très techniques, pour être sûr de pouvoir rouler justement sous la pluie sans me mouiller, mais non : mes espoirs de rester au sec sont douchés par la première averse un peu persistante. Je me suis fait avoir par le type qui m’a vendu ces vêtements soi-disant imperméables, autant qu’un électeur écoutant les promesses d’un politique.
Pour ma dernière nuit au pays de la dolce vita, sous ma tente que j’ai posée dans une forêt quelque part entre Trieste et la frontière slovène, l’humidité ambiante est devenue aussi forte que sous les tropiques. Avec la chaleur en moins et le froid en plus. Toutes mes affaires se retrouvent mouillées, y compris à l’intérieur de mes sacoches, que j’ai eu l’imprudence de laisser ouvertes toute la nuit : l’humidité s’est installée à l’intérieur et a tout détrempé. C’est comme ça qu’on se forge sa propre expérience : désormais, je fermerai mes sacoches tous les soirs sous la tente.

Tout-à-l’heure, j’arriverai, en Slovénie…
Le coin du cycliste
La cohabitation vélos – voitures en Italie
Contrairement à leur réputation, les automobilistes que j’ai croisés en Italie ont toujours fait attention à moi en tant que cycliste. En douze jour passés à rouler dans le pays, pas une seule fois ils ne m’ont mis en danger : ni en ville, ni dans les montagnes, ni à la campagne.
Le réseau cyclable italien
Moins développé qu’en France, il est toutefois correct, du moins d’après ce que j’ai pu voir en Italie du nord, mais j’ai parfois eu du mal à trouver des voies cyclables sur les grands axes.

En ville, les pistes cyclables sont souvent désagréables car aménagées sur les trottoirs. Elles comportent régulièrement des bosses et des trous, et beaucoup m’ont paru vieillissantes et peu entretenues. Sans compter les piétons…

Les routes Eurovélo
Les principales routes cyclables italiennes, du moins les trois plus connues, sont les véloroutes européennes : carte Eurovélo en Italie.
- Le pays est traversé du nord au sud par l’EV5 (Via Roma – Francigena, 3.250 km) et l’EV7 (véloroute du soleil, 7.650 km)
- Il est traversé d’ouest en est par l’EV8 (véloroute de la Méditerranée, 7.350 km).
- Une quatrième véloroute, l’EV9 (Baltique – Adriatique, 2.050 km) ne passe en Italie que sur quelques kilomètres, dans le nord-est du pays.
Le site internet incontournable : Bicitalia
Ce site recense un grand nombre d’informations sur le vélo en Italie.
Notamment, il comporte une carte détaillée de toutes les pistes cyclables qui sillonnent le pays :
Carte des pistes cyclables en Italie.
Elle date de 2022 et ne recense donc pas les dernières voies cyclables mais elle est très pratique malgré tout.
S’approvisionner en eau
Il est très simple de remplir ses gourdes en Italie si l’on ne veut pas acheter d’eau en bouteille :
- Les villes ainsi qu’à peu près tous les villages comportent des fontaines d’eau potable. Dans les villages, elles sont souvent situées autour de l’église ou autour de la place centrale du village (mairie etc.)
- Il y a des points d’eau dans tous les cimetières, lesquels sont omniprésents dans le pays.
- On trouve parfois des fontaines sur le bord des routes, notamment en montagne.
A noter que, contrairement à d’autres pays, je n’ai trouvé aucun robinet ni aucune fontaine fermée l’hiver à cause du gel, dans le nord de l’Italie.
Les étapes suivantes :
Italie : encore quelques images…


















































































































































































































































































































































































































































































































































































































