L’Albanie à vélo

Récit détaillé de ce voyage en immersion dans l’Albanie profonde…


  1. Premiers pas en Albanie
  2. Croisière sur la rivière Drin
  3. Les petites tours Eiffel bleues
  4. La capitale : Tirana
  5. L’incroyable hospitalité albanaise
  6. Un pays sale
  7. La dernière rivière sauvage d’Europe : la Vjosa
  8. Përmet et le vieux pont ottoman
  9. Le coin du cycliste
  10. Infos pratiques


Chaque fois que j’arrive dans un nouveau pays, la première chose que je fais consiste à apprendre à dire bonjour, merci et au revoir dans la langue locale. Je me suis rendu compte avec le temps que le s’il-te-plaît était souvent superflu car dans de nombreux pays, on ne l’utilise pas, ou que peu. Pour moi, ça fait un mot de moins à apprendre et c’est toujours ça de gagné.

En Albanie, non seulement il me faut apprendre ce nouveau vocabulaire mais en plus, il s’agit de mots à coucher dehors, difficiles à retenir : mirmengjesi, faleminderit et mirupovshim (respectivement bonjour, merci et au revoir selon Google Trad).

Ma première mosquée albanaise

Le premier albanais que je croise est à vélo. En le doublant, je le gratifie donc du mirmengjesi qui convient mais au lieu de me répondre, il me regarde avec des yeux ronds. Même chose avec mon second albanais, qui d’ailleurs est une albanaise. Je commence à douter vaguement de ce bonjour-mirmengjesi mais je ne m’attarde pas trop dessus car l’urgence du moment consiste à trouver un spot de bivouac. Je roule sur une ligne droite de plusieurs kilomètres et la route est bordée par des barrières des deux côtés. Derrière elles, le terrain ne se prête pas au bivouac et de toute façon, il y a régulièrement des maisons et des fermes dispersées un peu partout autour de la route. Impossible pour moi de poser discrètement la tente ici, à la vue de tous.

Pendant ce temps, le ciel se couvre de plus en plus, accélérant la tombée de la nuit. Heureusement, je finis par trouver un petit chemin montant, accessible depuis la route. Je m’y engouffre en poussant mon vélo jusqu’en haut. Là, je surplombe la vallée, au fond de laquelle sont éparpillées quelques fermes, villages et mosquées. Le paysage est cerné par les montagnes.

Ce spot de bivouac est assez basique mais sans trop savoir pourquoi, je m’y sens bien. Pourtant, pendant la nuit qui s’ensuit, je suis d’abord réveillé par le bruit de la pluie sur la tente, puis par les appels lointains du muezzin à la prière. Au petit matin, alors que je dors enfin comme un bienheureux, c’est le chant des oiseaux qui prend la relève de la pluie et du muezzin pour achever de rendre ma nuit entièrement blanche. Qu’importe, comme toujours quand je dors dans la nature, je suis heureux d’être là et de vivre ces moments dont je profite à fond, car je sais bien qu’ils vont passer trop vite.

Premier bivouac en Albanie

Le café chaud me sort vaguement de ma torpeur matinale et le petit déjeuner me remplit la panse, qui n’attendait que ça. Puis mon petit rituel quotidien se poursuit : démonter la tente, ranger toutes mes affaires dans les sacoches et attacher ces dernières sur le vélo. Tous les jours, entre le moment où j’ouvre un œil et celui où je donne le premier coup de pédale, il s’écoule au minimum deux heures si je suis en forme, et jusqu’à trois si le réveil est difficile. Aujourd’hui, c’est plutôt trois.

La mosquée de Fierza

Mon premier albanais du jour, c’est-à-dire le troisième que je rencontre depuis mon arrivée dans le pays hier, ne semble pas comprendre lui non plus mes salutations du matin, que je lui exprime encore et toujours via le fameux mirmengjesi de la veille. Aussi, quand je passe un peu plus tard à la hauteur d’un petit bar dans ma première grosse montée du jour, je m’y arrête pour poser la question qui me titille depuis hier : comment dit-on vraiment bonjour en albanais ?

Je peux échanger avec le patron du bar car, fait plutôt rare dans les montagnes albanaises, il connaît quelques mots de la langue de Shakespeare. Mais bizarrement, il a du mal à me traduire bonjour en albanais. En guise de réponse, il ânonne sans conviction un pershendetia dont la difficile prononciation me glace les oreilles : l’albanais ne comporterait-il donc aucun mot simple ? Pour nous aider, un client attablé juste à côté de nous devant son café fumant nous suggère un rugueux nietnyetta, qui n’est pas plus doux mais qui a au moins le mérite de répondre à cette dernière question : non, l’albanais ne comporte décidément aucun mot simple.

En tout cas, mes deux interlocuteurs sympas ne sont donc pas d’accord sur le mot qui convient pour saluer quelqu’un, et je trouve quand même dingue de ne pas savoir dire bonjour dans sa propre langue. Bref, le patron finit par valider le nietnyetta de son client. J’apprends qu’on peut aussi utiliser le diminutif nyetta mais que c’est un mot local, employé uniquement ici, dans le nord du pays. Adjugé, c’est ainsi que je dirai bonjour aux albanais, désormais, du moins tant que je serai dans le nord. Lorsque je descendrai vers le sud, il sera toujours temps d’apprendre un nouveau mot de vingt-cinq lettres pour dire bonjour en albanais.

La rivière Drin

Une poignée de kilomètres plus loin, j’expérimente ce nouveau mot, nyetta, pour saluer le premier venu. C’est un septuagénaire qui est en train de remplir des bidons de dix litres à une petite source d’eau, laquelle s’écoule de la montagne dont elle jaillit via un vieux tuyau sale.

Un remplisseur de bidons à la source

Le nyetta passe comme une lettre à la poste mais ce qui m’intéresse subitement, avant de remplir mes gourdes, c’est de savoir si cette eau douteuse est potable. Le monsieur m’assure que oui, tout en continuant à remplir ses gros bidons qu’il vendra plus tard, en ville. Modérément attiré par la perspective d’avoir la courante toute la journée à cause de cette eau suspecte, j’hésite à remplir mes bidons. Mais comme ils sont vides et que j’ai soif, je suis bien obligé de faire confiance à cet inconnu, qui détient sans le savoir l’avenir imminent de mes intestins.


Dans le coin, les vues plongeantes sur la rivière Drin valent le détour malgré le mauvais temps. Ce petit cours d’eau s’écoule lentement aux pieds des montagnes, entre lesquelles il fait serpenter sa couleur vert-émeraude.

La rivière Drin

Je continue à pédaler pendant un bon moment dans le sens de la montée, jusqu’à ce que je commence à ressentir un début de défaillance physique. Rien à voir avec l’eau que je viens de boire, c’est juste une petite baisse de tension, comme j’en ai régulièrement depuis l’adolescence. Le problème aujourd’hui, c’est que je suis tout seul dans la montagne et que pour l’instant, je dois faire pas mal d’efforts puisque ça monte en permanence. Et ma destination du jour, le minuscule village de Koman, est encore loin. Dans ces cas-là, habituellement je me repose un peu mais ici, ce n’est pas possible. Alors je fais une courte pause et je mange une poignée de biscuits pour reprendre quelques forces. Puis je remonte sur le vélo en ralentissant le rythme et par chance, cela correspond à peu près au moment où les descentes commencent à succéder aux montées.

La rivière Drin

Par ici, de nombreux engins de chantiers cassent littéralement la montagne pour élargir l’étroite route actuelle et la sécuriser. Tout en roulant, je passe à la hauteur d’une équipe d’ouvriers qui se dirigent vers le seul petit resto du coin, car c’est l’heure de leur pause déjeuner. L’un d’entre eux, qui s’avèrera être le rigolo de la bande, m’offre un coup à boire. Ne sachant pas dire non, je dis oui.

L’un de ses collègues ne travaille ici que temporairement car il vit en France, à Lille. Il fait donc office de traducteur. Quand je demande si je peux faire un selfie avec toute l’équipe, le seul qui refuse se propose en contrepartie de prendre la photo du groupe. Une fois l’image dans la boîte, je ne me souviens plus comment on dit merci. Le rigolo me vient en aide et me souffle un mot qui me permet de remercier le photographe, mais qui déclenche aussitôt l’hilarité générale : le lillois m’explique entre deux gloussements que le mot soufflé par le « rigolo » signifie non pas merci, mais dégage ! Bien sûr, la blague est plutôt drôle mais je m’empresse quand même de présenter mes excuses sincères au photographe. Il les accepte avec un sourire minimaliste puis s’éclipse. Je ne le reverrai plus.

Le soir, j’arrive à Koman. Du haut de ses deux cents habitants, le village est bien plus petit que je ne l’imaginais. Je passe la nuit dans un petit hôtel sympa mais miteux, en dormant dans mon sac à viande car les draps ont l’air sale : je ne suis visiblement pas le premier à dormir dedans, et sans doute pas le dernier non plus…

Si je suis venu à Koman, c’est parce que c’est paraît-il l’un des plus beaux coins d’Albanie. Pour la plupart des voyageurs qui viennent jusqu’ici, le but consiste à prendre un bateau sur la rivière Drin jusqu’au village de Fierza, afin d’admirer des paysages qui ont la réputation de ressembler à ceux des fjords norvégiens. Puis il faut ensuite se rendre par la route une cinquantaine de kilomètres plus loin, à Valbona, où la nature est censée offrir là aussi des paysages enchanteurs.

Départ de la croisière sur la Drin River

En haute saison, il y a plusieurs bateaux quotidiens qui circulent sur la rivière Drin pour relier les minuscules villages de Koman et Fierza. Mais nous sommes en basse saison et à cette époque de l’année, il n’y a qu’un seul aller – retour par jour.

Croisière sur la rivière Drin

Il ne s’agit d’ailleurs pas réellement d’une croisière, contrairement aux bateaux qui circulent l’été : l’hiver, il s’agit plutôt d’une petite navette fluviale qui transporte non pas les touristes (je suis le seul à bord) mais les habitants.

Kula, un passager albanais, va débarquer

Elle les dépose au fil des méandres de la rivière, en accostant sur la rive au beau milieu de nulle part et des rochers, dans des endroits où il n’y a pas la moindre maison. Le coin est aussi joli que reculé.

Le temps est couvert et durant les deux heures et demie de traversée, je me précipite sur mon appareil photo dès que le soleil réussit à transpercer les nuages, ce qui est assez rare dans l’ensemble.

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Jelosh, le barreur du bateau

Mais lorsque sa lumière nous gratifie de sa présence, elle permet d’admirer l’étonnante couleur verte de l’eau, dans laquelle plongent les hautes montagnes karstiques.

La rivière Drin

Cette petite croisière est régulièrement élue par différents médias du monde entier, généralistes ou spécialisés dans le voyage, comme l’une des plus belles d’Europe. Et l’avantage par rapport à celles des fjords norvégiens, c’est qu’ici, il n’y a pas foule.

Deux heures et demie après avoir appareillé, le petit bateau accoste à Fierza. Il me reste une cinquantaine de kilomètres de vélo jusqu’à l’étape suivante, Valbona.

Mais encore une fois, c’est devenu une habitude depuis le début de mon périple, la météo s’annonce abominable sur mon itinéraire : on attend des chutes de neige en soirée à Valbona, puis pendant au moins trois jours sans discontinuer, avec des températures de moins neuf degrés !

Les pluies abondantes m’en ont bien fait baver pendant une quinzaine de jours entre l’Italie et, surtout, la Bosnie-Herzégovine, à tel point qu’ici, la perspective de ne pas arriver à Valbona avant la tombée de la neige m’effraie un peu, je dois bien l’avouer : il est déjà quatorze heures et j’ai une cinquantaine de kilomètre à parcourir avec beaucoup de dénivelé. C’est un peu trop : si je me retrouve à rouler sur les chemins pierreux difficiles qui m’attendent et que mon téléphone-GPS me lâche à cause de l’humidité (comme évoqué dans l’article la Bosnie-Herzégovine à vélo), je risque de passer un sale quart-d’heure avec des températures aussi froides pendant plusieurs jours, à chercher désespérément mon chemin enfoui sous la neige.

Les environs de Fierza

Pour la troisième fois depuis le début du périple, je me résous donc à modifier mon itinéraire : mais cette fois-ci, je vais carrément faire demi-tour, tant pis pour les beautés de Valbona que je ne verrai donc pas.

Dans l’immédiat, l’urgence consiste à manger un morceau. Puis je digèrerai tranquillement cet après-midi en me baladant à Fierza. Et ce soir, je bivouaquerai non loin du bateau, histoire d’être sur place tôt demain matin quand il appareillera, à sept heures.

Le bateau du retour amarré à Fierza, au petit matin


Après une énième nuit pluvieuse, je me lève avant le soleil pour ne pas rater le bateau puiqu’il n’y en a qu’un seul par jour. Le temps maussade de bout en bout de la traversée ne me permettra pas d’admirer à nouveau la sublime rivière Drin qui, du coup, tire plus aujourd’hui sur le gris que le vert. Heureusement que j’ai pu en profiter un peu hier, entre deux nuages.

De retour à Koman, je roule jusqu’à un petit restaurant qui a l’air fermé, en espérant qu’il pourra quand même me proposer un petit quelque chose à me mettre sous la dent car comme toujours, je suis affamé. Je passe la tête par une porte dérobée et entrouverte située à l’arrière du bâtiment. A l’intérieur, une dame travaille dans la réserve. Elle me confirme que son resto est fermé et qu’il n’ouvrira que dans quelques jours, pour Pâques, qui correspond chaque année à l’arrivée des premiers touristes. Je la remercie quand même et retourne à mon vélo. Là, en entendant son pas léger approcher dans mon dos, je me retourne : elle me fait face, un grand sourire aux lèvres et une part de gâteau entre les mains, qu’elle m’offre généreusement ! Elle l’a sorti du four une heure plus tôt, il est encore tiède et il me remplit de bien-être.

Une albanaise adorable m’offre une part de gâteau

Car l’Albanie, en plus de la beauté folle de ses paysages naturels, possède une deuxième caractéristique qui crève les yeux du premier voyageur venu : l’incroyable sens de l’hospitalité de ses habitants.

A ce stade du récit, je dois apporter une précision (extraite de l’article : la Bosnie-Herzégovine à vélo, l’une des étapes précédentes de ce long voyage) : l’un des objectifs de mon périple, c’était de faire des rencontres. Ayant lu beaucoup de témoignages de voyageurs à vélo selon lesquels ils étaient parfois l’objet d’une grande attention et d’une grande générosité de la part des habitants des Balkans, j’espérais avant mon départ que je connaîtrais le même accueil qu’eux. Et je me disais que si c’était le cas, il faudrait que je puisse remercier ces habitants pour leur hospitalité, mais je ne savais pas comment faire : impossible d’emporter sur mon vélo des bouquets de fleurs où des bouteilles de vin à offrir, comme on le fait lorsqu’on va passer la soirée chez des amis.

J’avais alors pensé à un symbole de la France mondialement connu : la tour Eiffel. J’ai donc acheté sur Internet quelques dizaines de petites tour Eiffel bleues en porte-clés. Pourquoi bleues ? Je n’en sais rien, toujours est-il qu’elles ne sont pas bien lourdes et ne prennent aucune place sur mon vélo. En d’autres termes, le petit cadeau idéal.

Aussi, quand cette dame me donne cette part de gâteau, je m’empresse de lui offrir en retour une petite tour Eiffel bleue, et c’est à grands coups de faleminderit mutuels (merci) entrecoupés de grands éclats de rire que nous nous quittons.

En m’éloignant de Koman, je laisse définitivement derrière moi les paysages de Valbona qui me faisaient pourtant rêver, après avoir lu tant de descriptions féériques de ce site réputé. Je vais donc tourner le dos aux chutes de neige quotidiennes qui vont blanchir ces paysages septentrionaux, pour descendre vers la capitale Tirana. Je voulais à tout prix éviter cette ville plutôt grande pour coller à l’esprit de mon périple, résolument orienté vers la nature, mais le temps est si mauvais à Valbona que je n’ai pas vraiment le choix. Et comme il faut toujours voir le verre à moitié plein, je vais essayer de profiter quand même de mon nouvel itinéraire, qui passe à moitié par la côte et à moitié par les montagnes.

Quelques dizaines de kilomètres plus loin, je m’arrête dans une minuscule épicerie pour acheter de quoi remplir mon estomac. Le patron m’accueille tièdement, ce qui fait figure d’exception chez ce peuple si hospitalier. Mais dès que je déroule mon vocabulaire habituel dans sa propre langue (bonjour, merci et au revoir en albanais), il se déride aussitôt. Et au moment de partir, il m’offre carrément un café, puis une petite bouteille d’eau pour la route. Chassez le naturel, il revient au galop.

A peine remonté sur ma selle, je dois déjà en redescendre, interpellé par un habitant au bord de la route. Il s’appelle Emiliano et parle couramment le français car il vit au Luxembourg.

Emiliano

Il est en train de refaire le mur de clôture de la maison de ses parents avec son père et deux voisins. Il me demande d’emblée si je veux boire quelque chose mais sans attendre ma réponse, il part en courant dans sa maison. Il en ressort trente secondes plus tard pour m’offrir trois canettes : une bière, un coca et une boisson aux fraises.

Incroyables albanais : à ce rythme-là, je serai bientôt en rupture de petites tours Eiffel bleues…

Quand on traverse l’Albanie, il y a une curiosité que l’on remarque très vite : la multitude de petits bunkers qui sont éparpillés un peu partout dans le paysage. Le plus souvent en pleine nature, notamment dans les montagnes car elles représentent 80% du pays, mais aussi dans les villes et les villages. Ils ont été construits dans les années 1970-1980, pendant la dictature qui, à l’époque, avait fait du pays l’équivalent ou presque de ce qu’est la Corée du Nord aujourd’hui : l’un des pays les plus fermés du monde.

La folie paranoïaque du dictateur d’alors, Enver Hoxha, le conduisit à ordonner la construction de quelque 600.000 bunkers à des fins défensives, ce qui est colossal pour un si petit pays. Évidemment, ils n’ont jamais vraiment servi.

L’un des 600.000 petits bunkers albanais qui jalonnent le paysage


Je poursuis ma route qui passe désormais en partie par la côte. Le littoral albanais a beau être plutôt joli, je ne raffole pas vraiment du bétonnage en règle dont les villes côtières sont victimes. Une multitude d’immeubles y ont été construits sans aucune harmonie, ce qui donne l’impression de stations balnéaires à l’architecture complètement désordonnée.

Le tourisme se développant très vite dans la région, le seul objectif consiste à pouvoir accueillir un maximum d’estivants dans ces villes qui ont définitivement perdu tout charme. Je peux comprendre cette course à l’essor économique, en espérant qu’au moins il profitera aux habitants, mais je trouve cette précipitation regrettable.

La plage à Durrës

En poursuivant ma route vers Tirana, je parviens enfin à me procurer quelques Leks, la monnaie albanaise, ainsi qu’une carte SIM pour pouvoir communiquer normalement avec ma famille restée en France.

L’arrivée dans la capitale albanaise très animée constitue un petit choc pour moi, après avoir passé un bon mois bien au calme en pleine nature, au fil des pays traversés.

Immeuble avec la forme de la tête de Skanderbeg, héros national qui a résisté à l’Empire Ottoman

Après avoir loué une petite chambre chez l’habitante, je file manger un morceau dans un resto, la gastronomie n’étant pas la partie que je déteste le plus dans les voyages. Ma curiosité culinaire me fait pousser la porte d’un attrayant petit restaurant, spécialisé dans la cuisine typique albanaise. La carte que me tend le serveur n’étant traduite dans aucune langue, je n’y comprends rien, c’est pourquoi je lui demande de choisir le repas pour moi, avec pour seule consigne de me dégoter les plats albanais les plus traditionnels possible. Il choisit donc à ma place et je valide sans vraiment savoir ce qui m’attend, mais je lui fais confiance. C’est ainsi que je me retrouve un quart d’heure plus tard avec une banale salade verte accompagnée de tomates, concombre, œuf dur, jambon et mayonnaise en entrée, puis un steak – frites désespérément classique en guise de plat ! Si ça c’est la cuisine typique albanaise, alors en France j’ai souvent mangé albanais sans le savoir !

La Grande Mosquée de Tirana, ou mosquée de Namazgâh

En guise de digestion, une petite marche de quinze minutes à destination de la fameuse mosquée de Namazgâh ne me fait pas de mal. Située dans un quartier animé, elle est assez imposante. Avec ses quatre minarets, c’est le plus bel édifice religieux que je vois depuis le début du périple, à égalité avec l’église Saint-Jovan-Vladimir de Bar et ses grands dômes tout dorés, que j’ai vue au Monténégro.

Après un jour de repos mais aussi de pluie à Tirana, il est temps de repartir. La sortie de la capitale n’est pas facile. A l’heure où les gens vont tous au travail, je me retrouve à rouler au milieu d’une fourmilière de voitures et de bus pendant un long moment avant de pouvoir enfin sortir de la ville. Les files sont parfois si étroites qu’il n’y a pas de place pour rouler à deux de front, y compris pour un vélo. Je dois donc régulièrement m’imposer pour pouvoir passer même si évidemment, je m’incline humblement chaque fois qu’une voiture ou un bus force plus que moi : pour eux, ce n’est pas la priorité qui compte, c’est la solidité du véhicule. Mais globalement, cette cohabitation déséquilibrée entre ces grosses machines de ferraille et mon petit vélo vulnérable se passe bien, la plupart des conducteurs étant très respectueux, et une petite minorité seulement étant excitée et visiblement pressée d’aller travailler. Ces gens stressés, je les laisse filer car contrairement à eux, je suis zen et j’ai tout mon temps.

A la sortie de la ville, je longe une artère importante, elle aussi très fréquentée. Au total, il me faut une bonne vingtaine de kilomètres pour m’extraire enfin de ce trafic dense.


C’est à ce moment-là que, apercevant les montagnes enneigées au loin, je m’arrête sur le bord de la route pour faire quelques images. Une vieille Mercedes des années 80, qui roule encore mais péniblement, passe à ma hauteur. Elle est si vieille qu’elle a autant de mal que moi à grimper les côtes. Comme tous les albanais que je croise ou presque, son conducteur m’adresse un petit salut amical de la main. Mais lui s’arrête quelques mètres derrière moi, descend de sa voiture et avec un large sourire, m’offre une canette de boisson énergisante ! Je le remercie chaleureusement, il s’excuse de ne pas pouvoir discuter car il est pressé, il remonte vite dans sa Merco déglinguée et redémarre aussitôt. Même pressé, il a pris le temps de s’arrêter pour m’offrir ce qu’il avait sous la main. L’hospitalité albanaise dans toute sa splendeur.

La scène s’est déroulée si vite et cette générosité soudaine m’a tellement pris de court que je n’ai même pas eu le temps de penser à lui offrir une petite tour Eiffel bleue. Je m’en veux un peu. Pas grave, je me rattraperai sur le prochain albanais venu…

Les montagnes enneigées en toile de fond

Un peu plus tard, en début d’après-midi, alors que je traverse un village, un habitant m’interpelle sur le bord de la route. Il se trouve qu’il parle français car c’est un ancien migrant qui a passé cinq ans en France, dont deux en centre de rétention ! Après quoi il a préféré rentrer ici, dans son pays. Avec un tel vécu carcéral, il n’a ramené que des mauvais souvenirs de l’Hexagone. A l’exception d’un, mais pas le moindre : il a emporté dans ses bagages une française qu’il a ensuite épousée, et qui vit désormais ici, avec lui.

Je leur explique que je suis tombé sous le charme de ce pays magnifique et de ses habitants si généreux. Échaudé par les longs mois qu’il a passés en rétention au pays des droits de l’Homme, il se méfie quand même un peu de moi et me rétorque que les français n’aiment pas les albanais car selon lui, nous les prenons tous pour des voleurs et des délinquants ! Je lui réponds que ce n’est pas mon cas, au contraire je suis sous le charme de ce peuple si accueillant. J’ajoute que, si les français mettent selon lui tous les albanais dans le même sac, alors il est en train de faire la même chose avec nous les français : il décrète que tous les français détestent les albanais, ce qui n’est évidemment pas vrai. Ce n’est notamment pas mon cas, de plus, n’a-t-il pas épousé une française qui aime donc un albanais ? Ça a le mérite de le faire sourire. Sa méfiance initiale s’effondre et il devient alors aussi hospitalier que tout bon albanais qui se respecte, en m’offrant rapidement un coup de gnôle ! Il s’agit d’une eau-de-vie de raisin qu’il a faite lui-même selon une méthode traditionnelle locale, sans alambic me dit-il. Je m’attends alors au pire, à savoir un bon vieux digeo qui va bien m’arracher la gorge. Mais à ma grande surprise, son breuvage maison, clair et limpide, s’avère avoir du nez ainsi qu’un vrai goût de fruit, avec une teneur en alcool maîtrisée. Un petit délice. Décidément, ces albanais sont pleins de ressources.

Ainsi revigoré, je reprends la route sans faire trop de zigzags. En fin d’après-midi, je décide d’acheter quelques fruits, en version non liquide ceux-là, d’une part pour reprendre forces et vitamines, et d’autre part pour m’hydrater un peu car mes stocks d’eau sont critiques. Je m’arrête sur le bord de la route, dans une petite cahute qui déborde de fruits et légumes. Contrairement à ceux qui sont étalés dans les rayons de nos supermarchés, ceux-là n’ont pas été récoltés encore verts, afin de finir leur maturation au fond des cales du cargo qui les emmène en France. Ils ont été cultivés dans les champs du coin et n’ont été cueillis qu’une fois entièrement mûrs.

Je choisis deux oranges et au moment de les payer, le commerçant me fait comprendre qu’il me les offre ! C’est très gentil bien sûr mais un peu gênant car c’est quand même son gagne-pain. De plus, je peux bien m’offrir deux malheureuses oranges, a fortiori au prix dérisoire qui est le leur ici.

J’insiste donc un peu pour lui payer son dû mais cela fait perdre son sourire au gars, qui se lève et se met à me crier quelques mots incompréhensibles. Puis il termine sa tirade en exhibant de nouveau ses dents blanches dans un grand sourire éclatant, en me faisant bien comprendre que ces deux oranges sont offertes : ce n’est pas négociable. Devant une telle gentillesse, et cherchant à éviter tout incident diplomatique avec l’Albanie, je m’incline à grands coups de faleminderit (merci).

Encore un albanais au sens de l’hospitalité démesuré

Mes efforts sincères pour prononcer ce mot compliqué le font rire, puis il me crie « méllè, méllè » en me montrant un cageot de pommes rouges. Je comprends vite qu’il veut m’en offrir une, en plus des deux oranges mais je ne peux quand même pas décemment me servir moi-même. Devant mon hésitation, il se lève, tâte quelques pommes puis m’en donne une. Je le remercie en long, en large et en travers puis je lui demande de patienter un court instant, le temps d’aller chercher à mon vélo une petite tour Eiffel couleur Schtroumph.

Et alors que je fouille dans mes sacoches, il déboule avec une deuxième pomme, verte celle-là ! J’arrive enfin à extirper de tout mon bazar le petit symbole de l’Hexagone et le lui offre. Comme toujours quand je donne ce petit bout de France à quelqu’un, nous rions, nous nous remercions et nous nous quittons, le cœur léger.

Collecte de fruits offerts !

Sans doute ne suis-je qu’un grand sensible, ou bien un naïf, ou plus sûrement les deux à la fois, toujours est-il que cette hospitalité albanaise exacerbée, dont je bénéficie désormais plusieurs fois par jour, me touche profondément. Elle me fait plaisir, elle m’émeut, elle me rend heureux. Et en plus, côté pratique, elle me nourrit et m’abreuve ! Ces rencontres quotidiennes, qui sont simples mais assez intenses, me permettent de fraterniser avec de parfait.e.s inconnu.e.s. Ce sentiment improbable est plutôt déstabilisant, mais c’est bien pour vivre ce genre de moments que je fais ce voyage.

Et comme si les magnifiques paysages albanais traversés quotidiennement ne suffisaient pas, le bivouac du soir achève de rendre cette journée parfaite. Je plante ma tente juste au-dessus d’un joli lac bleu, dans un cadre naturel reposant.

Ce petit lac est cerné par les collines sauf à ma droite, où s’offre à moi une vue plongeante sur la vallée, les villages, la mer au fond et le coucher du soleil.

Épuisé par tant de beauté, humaine et naturelle, je me couche. Rideau.

S’il y a des gens avec qui le courant passe vraiment bien depuis le début de ce voyage, ce sont les bergers.

Ghezim, un berger, au milieu de ses brebis

J’en croise beaucoup sur mes petites routes de campagne et depuis mon vélo, j’en aperçois régulièrement au loin qui sont tout seuls dans leur champ, immobiles et impassibles face à leurs brebis. Chaque fois que j’observe cette scène récurrente, je me demande ce qu’ils peuvent bien ressentir en étant aussi isolés à longueur de journée, littéralement figés sur place à attendre que le temps passe, tout en fixant leur bétail sans broncher. J’imagine que chaque seconde qui s’écoule doit leur paraître une éternité mais je n’en sais trop rien, finalement. Peut-être au contraire savourent-ils cette quiétude au milieu de la nature qui les entoure. Et si c’était ça, la vraie vie ?…

Paolo fait redescendre son troupeau de la montagne

Alors évidemment, quand je déboule à proximité d’eux, ils sautent sur l’occasion inespérée que je représente de briser un peu leur solitude, autant que cela brise la mienne, d’ailleurs.

Discussion pastorale en vue…

Les échanges que j’ai avec ces bergers s’avèrent toujours très chaleureux. On discute comme on peut, ne parlant aucune langue commune, si ce n’est la seule langue universelle qui semble exister : le foot ! Ces bergers sont nombreux à me réciter fièrement et sans erreur des noms de joueurs français, qu’ils connaissent par cœur. Les pâtres les plus anciens me parlent de Platini et de ses coéquipiers géniaux des années 1980, avec une mémoire impressionnante : Rocheteau, Giresse, Tigana, Amoros… Tandis que les plus jeunes évoquent plutôt Mbappé, et que la génération intermédiaire m’envoie du Zidane avec nostalgie.

Un berger avec qui je partagerai de grands éclats de rire

C’est assez bluffant de voir à quel point les plus grands sportifs sont susceptibles de marquer des générations entières pendant plusieurs décennies, jusque dans les coins les plus reculés de la planète, comme ici au cœur des montagnes albanaises. Me retrouver confronté à cette universalité brute et originelle du sport, sans ses dérives actuelles, me fait du bien.

Les bergers m’accueillent toujours à bras ouverts…

Bref, avec les bergers, je me sens toujours bien. On rigole ensemble, on se serre la paluche, certains me prennent dans leurs bras au moment de se dire au revoir, comme si on se connaissait depuis toujours alors qu’on vient tout juste de se rencontrer. Mais dans tous les cas, une chose est sûre : ces gens-là sont aussi spontanés que sincères avec moi, et c’est cette authenticité que j’aime chez eux.

Et puis à la fin, nous finissons toujours par retourner chacun à notre solitude, eux au milieu de leur troupeau et moi sur mon vélo. Le chemin continue.

Avec Ghezim


A propos de chemin, il y a une chose qui saute aux yeux quand on arrive en Albanie : la saleté le long des routes. Le sol est souvent jonché d’ordures que les automobilistes jettent par la fenêtre depuis des années.

Aucun nettoyage ne semble avoir lieu et les déchets s’accumulent donc par terre, y compris dans les endroits les plus natures qui soient.

Cette situation aberrante existe aussi dans les autres pays des Balkans que j’ai traversés, mais dans une moindre mesure. L’Albanie est le gros coup de cœur de mon périple mais je dois bien avouer que la saleté des routes est le gros point noir de ce si beau pays.

Amas exceptionnel d’ordures

Heureusement, la nature albanaise reste globalement somptueuse et tout au long de ma traversée du pays à la force des mollets, je trouve régulièrement des spots de bivouac enchanteurs, perdus en pleine nature dans des endroits où rien ne traîne par terre.

Le bivouac quotidien


Un jour, alors que je me dirige vers la Vjosa (qui se prononce « Viossa »), je m’arrête dans une petite station-service en bord de route pour faire le plein, mais d’eau. Je demande au patron si je peux remplir mes bidons mais c’est la voix de sa femme, juste au-dessus de nos têtes, qui me répond. Il m’invite à la rejoindre à l’étage pour me servir en eau. Mais sitôt arrivé là-haut, elle sort deux minuscules bouteilles de vingt-cinq centilitres du frigo contenant les boissons fraîches pour les clients, alors que je pensais juste remplir mes bidons au robinet des toilettes. Elle m’indique que ce n’est pas possible car selon elle, l’eau du robinet n’est pas bonne ici.

Je me dis que je trouverai de l’eau plus loin mais je décide de lui acheter quand même une petite bouteille car avec son mari, il se sont montrés sympas. Je prends quelques leks et lui demande le prix mais au lieu de me répondre, elle se sert carrément en attrapant quelques pièces dans ma main. Pas les petites pièces jaunes mais les grosses pièces blanches ! Au moment où elle s’apprête à les déposer dans la caisse, je lui demande de me les montrer car cela m’intrigue. Elle refuse ! J’insiste mais elle persiste dans son refus. La scène dure un peu avant qu’elle ne finisse par me les montrer enfin. Il s’avère qu’elle m’a pris cent cinquante leks, soit environ un euro cinquante pour un petit quart de litre d’eau seulement, ce qui ne doit pas être bien loin de l’eau la plus chère du monde, alors qu’elle ne provient quand même pas du fin fond du Sahara. Je lui demande de me rendre mes pièces car il est évident qu’elle abuse mais elle refuse et me contre-propose la micro-bouteille à un euro, ce que je refuse à mon tour. Elle descend alors royalement son prix à soixante centimes, soit une chute du cours de l’eau de 60% en dix secondes ! Je range la bouteille dans son frigo et lui demande une dernière fois mes pièces, qu’elle finit enfin par me rendre. Je la quitte d’un mirupovshim froidement poli (au revoir) puis je redescends.

Le pompiste me tend mes lunettes de soleil, que j’avais oubliées

Alors bien sûr, cela ne m’aurait pas ruiné de payer un euro cinquante pour trois gouttes d’eau, mais c’est le fait qu’elle m’ait pris à ce point pour un pigeon qui m’a dissuadé de le faire.

A peine redescendu, je vois que son mari est en train de lui parler. La discussion est assez vive et par les temps qui courent, je commence à craindre qu’elle ne lui raconte des mensonges sur ce qui vient réellement de se passer là-haut entre elle et moi. Mais quand je le vois la gronder comme une gosse qui vient de faire une bêtise, je comprends qu’elle lui a dit la vérité et qu’il n’est pas d’accord avec sa façon d’accueillir les voyageurs. C’est qu’on ne rigole pas avec le sens de l’accueil dans ce pays. Avec un air dépité et un sourire désolé, il m’emmène jusqu’à un robinet situé entre deux pompes à essence et m’invite à y remplir mes gourdes, ce que je m’empresse de faire. Je le remercie chaleureusement avant de reprendre ma route.

Cette anecdote n’est pas anodine car j’ai dû rencontrer là la seule albanaise dénuée de tout sens de l’hospitalité. L’exception qui confirme la règle, en quelque sorte. Son mari, par contre, s’est montré irréprochable, comme tous les albanais que je rencontre depuis que je sillonne ce beau pays. Il faut quand même préciser que cette dame avait raison sur un point : l’eau de ce robinet n’est vraiment pas bonne. C’est même la plus mauvaise que j’aie jamais bue : une infection ! Pas nocive, heureusement, mais immonde. C’est sûr, je change cette eau à la première occasion.

Pour ce soir, j’avais prévu de me trouver une petite auberge dans le village touristique de Tepelenë, surtout pour avoir la possibilité de prendre une bonne douche.

Mais en chemin, la nature autour de moi est trop tentante, elle semble me tendre les bras pour m’accueillir une nuit supplémentaire.

Alors tant pis pour la douche, elle attendra bien vingt-quatre heures de plus : ce soir j’en profite, je dors encore dehors, je m’y sens tellement chez moi. Mon hôtel pour cette nuit, ce sera la nature.

La rivière Vjosa

Je décide donc de contourner Tepelenë plutôt que de m’y arrêter. Pourtant, le village perché sur les hauteurs jouit d’une belle vue sur la vallée et les montagnes. Mais surtout, il comporte plusieurs sites d’intérêt, notamment la forteresse du célèbre Ali Pacha, ou encore les vestiges du camp dans lequel étaient internés les prisonniers politiques pendant la sombre période communiste. Beaucoup n’en sont jamais revenus.

Le village a donc beau avoir quelques attraits touristiques, la perspective de passer une nouvelle nuit dans la nature sublime de la région m’attire nettement plus que celle de dormir sous un toit au milieu des quatre mille habitants du coin. C’est dingue cette attirance croissante pour la nature au fil du voyage : j’ai de plus en plus l’impression de m’ensauvager…

Le pont suspendu de Tepelenë

Pour quitter cette cité dans laquelle je suis à peine entré, je dois traverser un pont, pittoresque mais d’un autre temps, suspendu au-dessus de la rivière Vjosa. Ce joli cours d’eau a la réputation d’être la dernière rivière sauvage d’Europe, hors Russie occidentale.

Le vieux pont rouillé m’inspire une confiance modérée mais après tout, s’il est là et qu’il est ouvert, c’est bien pour qu’on passe dessus. Alors allons-y.

J’y engage mon vélo et comme le tablier est en légère descente, mon bolide à deux roues prend tout de suite un peu de vitesse. Je dévale ainsi la passerelle, en prenant soin de slalomer entre les quelques lattes de bois qui ont plus ou moins été fixées au sol pour boucher les trous de certaines planches cassées…

Un peu plus loin, alors que je commence à chercher un spot de bivouac autour de moi, j’arrive à un croisement où je me retrouve nez-à-nez avec un sexagénaire local. Il me lance, en italien et dans un grand sourire : « Ciao ragazzo » (« salut garçon »). Je lui demande s’il est « ragazzo italiano », il me répond que non, il est « ragazzo albanese ». Je me présente alors comme un « ragazzo francese » pour clore cette discussion dans la langue de Dante, et il me répond avec les seuls mots qu’il connaît dans celle de Molière : « merci beaucoup » puis « je t’aime » !

Avec le ragazzo albanese

Un peu plus loin, alors que le soleil décline tranquillement en enrobant les paysages de sa lumière dorée du soir, je trouve un petit chemin tout cabossé qui descend à travers les champs. Je l’emprunte et j’ai de la chance, il termine sa course sur les berges de la Vjosa : le spot de bivouac idéal.

Mon spot de bivouac, sur les berges de la rivière Vjosa

Je pose ma tente au milieu des cailloux, face aux montagnes et à la rivière. Son cours tumultueux serpente à travers les gros rochers blancs et polis qui jalonnent son cours. Ici, la nature est sauvage, vivante, exaltée et devant ce spectacle naturel, j’ai l’impression de le devenir à mon tour.

Bivouac sur les berges de la Vjosa

Comme toujours quand je bivouaque, je suis aux première loges pour voir le soleil descendre et rougir pendant que je mange.

Ma petite tente face à la Vjosa

Quand je passe la nuit en pleine nature et que le petit matin arrive, nous nous levons souvent en même temps, le soleil et moi. L’un qui brille de mille feux et l’autre tout vaseux.


En quittant ce spot de bivouac sur la rivière, je réalise que la fin de mon séjour en Albanie est proche. Trop proche. Je la quitterai sans doute demain. D’ici là, il faut que j’en profite encore au maximum, aussi, je décide de transiter par le village de Përmet : ces derniers jours, plusieurs albanais m’ont conseillé d’aller y faire un tour. Avec ses huit mille habitants, il est situé sur cette fameuse rivière Vjosa.

La Vjosa

Lorsque j’arrive à Permët, je dois commencer par traverser un vieux pont rouillé en totalité, dont la solidité n’est pas la première chose qui saute aux yeux.

L’arrivée à Përmet

Malgré ça, je trouve qu’il a de la gueule avec toutes ces fleurs qui poussent juste à côté, cette rivière verte qui coule en dessous, et ces sommets encore enneigés en arrière-plan. On dirait un pont d’un autre temps, ou un pont du bout du monde. Ou plutôt les deux à la fois.

Mais je le trouve plutôt photogénique avec les montagnes au loin, aussi je prends le temps de l’immortaliser avant de m’engager dessus tout en poussant mon vélo.

Le vieux pont rouillé de Përmet

Je n’ai pas compté le nombre de jours depuis lesquels je ne me suis pas douché. Cela en fait trois ou quatre, je crois. Aussi, je décide d’arrêter là les frais et de prendre une petite chambre d’hôtel, la moins chère du village. C’est non pas son confort qui m’attire, mais juste la douche dont elle est dotée, car elle me permettra de remédier à ce petit déficit d’hygiène. Ce ne sera pas du luxe.

Quand je passe la porte d’entrée du petit hôtel, j’adresse le fameux pershendetia (bonjour) au patron, qui est assis au fond de la salle de restaurant. Il me répond comme un perroquet puis, sans un mot supplémentaire ni le moindre sourire mais avec une générosité typiquement albanaise, il me montre la bouteille de raki qui m’attend patiemment sur le comptoir, juste à côté de moi. Il me fait signe de me servir dans l’un des verres disposés un poil plus loin. C’est à peine le milieu de la matinée car j’ai très peu roulé aujourd’hui, ce n’est donc pas vraiment l’heure d’engloutir un verre d’alcool fort, mais puis-je décemment lui dire non ? Non. Car c’est important de respecter les coutumes locales. Je remplis donc deux verres sans trop me faire prier et je file m’asseoir avec lui tout au fond, à la fois pour lui prendre une chambre et pour trinquer.

Sa femme nous rejoint et me demande d’où je viens. De France. De France ? Mais c’est juste à côté de l’Allemagne, ça, où travaille justement leur fils aîné, me répondent-ils en chœur. Le papa, entre deux gorgées de raki, appelle aussitôt son rejeton en visio et à peine le fiston a-t-il décroché que son père me jette le téléphone entre les mains sans explication !

Un peu surpris, je dégaine comme je peux un guten morgen (bonjour dans la langue de Goethe) tout droit sorti de mes vieux souvenirs de lycée et me voilà donc, sans trop savoir comment, en train de discuter en anglais avec un inconnu albanais qui se trouve en Allemagne. Au bout de cinq minutes, après m’avoir donné quelques conseils sur les sites à visiter autour de Përmet, il s’excuse très poliment de devoir raccrocher mais c’est l’heure pour lui d’aller travailler. Je prends congé du fils, le papa et moi achevons notre verre de raki et la maman me montre ma chambre. Parfois, la vie est simple.

Je passe l’après-midi à me balader un peu dans Përmet. Le midi comme le soir, je déguste des plats typiques albanais dans un petit restaurant que j’ai déniché par hasard et par chance, délicieux et vraiment bon marché. Les deux fois, le patron m’offre son dessert fait maison. Et oui, c’est ça l’Albanie.

Le lendemain matin, je prends la direction d’un site dont tout le monde m’a parlé à Përmet : un vieux pont ottoman situé à une quinzaine de kilomètres. Pour y aller, je dois longer la Vjosa, qui est décidément une belle rivière sauvage que je ne me lasse pas d’admirer. Tantôt verte, tantôt bleue, elle est toisée par des montagnes dont les pentes sont fleuries et les cimes enneigées. Ma route est déserte et c’est tellement grisant de se sentir si seul au monde, tout en roulant tranquillement dans ce décor majestueux.

Le paysage de bord de route

J’arrive assez vite au fameux pont ottoman, le pont de Katiut. Il s’agit d’une vieille arche en pierres relativement bien conservée, construite par les ottomans au XVIIe siècle.

Le vieux pont ottoman de Katiut

Enjambant la rivière Lengarica, il est cerné par les montagnes, dont les plus proches sont transpercées par de petites grottes. L’endroit est pittoresque.

Mais ce joli site très nature est surtout connu pour ses sources thermales aux vertus thérapeutiques réputées. Les gens viennent se délasser et se soigner ici depuis l’Antiquité.

Une petite cascade aux pieds du pont ottoman

Pour rejoindre le principal bassin thermal, il suffit de traverser le pont puis de marcher une cinquantaine de mètres. La température de l’eau est de trente degrés y compris quand il neige, voire plus selon la saison.

Le principal bassin thermal, à proximité de Permët et Bënjë

En se délassant dans cette eau délicieusement tiède, on a une vue imprenable sur le pont d’un côté et les montagnes enneigées de l’autre.

La vue depuis le pont

Le site n’est pas très grand mais le bel écrin naturel dans lequel il est posé le rend particulièrement attrayant. Nous ne sommes que début avril mais il commence déjà à y avoir un peu de monde. L’été, le site, victime de son succès, est paraît-il pris d’assaut.

Le pont de Katiut dans son cadre naturel

Moi qui avais hésité ce matin à faire le petit détour nécessaire pour venir jusqu’ici, je ne regrette vraiment pas d’avoir pédalé ces quelques kilomètres supplémentaires malgré les montées. A bien y réfléchir, c’est l’un des endroits que j’aime le plus depuis le début de mon périple.

La route du pont de Katiut

Je reprends mon chemin sur une petite route où presque aucune voiture ne passe. Seul avec mon vélo, je traverse des paysages où les arbres en pleine floraison font face aux dernières neiges qui habillent encore le sommet des montagnes. Plus pour très longtemps.

Mon itinéraire rejoignant rapidement le cours de la Vjosa, je continue à en prendre plein les yeux.

La Vjosa aux pieds des montagnes

A chaque méandre de la rivière, les paysages changent. Son cours serpente au milieu de forêts plus ou moins denses, continue sa course dans des prairies fleuries puis irrigue quelques champs cultivés, toujours aux pieds des montagnes majestueuses.

La Vjosa

Rouler à vélo dans de tels paysages procure un sentiment de liberté très fort, bien plus que je ne l’aurais imaginé. Mais les plus belles choses ont une fin et à l’approche de la Grèce, je vois le cours de la Vjosa s’éloigner petit à petit.

Une heure ou deux après avoir quitté cette rivière si sauvage, j’atteins la frontière albano-grecque. En un mois passé dans les Balkans, c’est ma sixième et dernière frontière, mais c’est la première que je traverse sans qu’il pleuve ! Sans doute un dernier clin d’œil de ce pays si attachant que je quitte, et qui tient absolument à m’éblouir jusqu’à la dernière seconde. Il n’a pourtant pas besoin de ça puisque je suis totalement conquis depuis longtemps.

A l’heure du bilan, je dois bien dire que l’Albanie m’a profondément marqué. Je me sens même un peu sous le choc de quitter ce pays où la nature est si belle, et dont le peuple est si attachant, si généreux. Mais maintenant je vais entrer en Grèce, où j’espère bien avoir encore de nombreuses occasions de savourer pleinement ce périple qui, pour l’instant, dépasse largement toutes les attentes que j’avais placées en lui avant mon départ, il y a plus d’un mois.

Mirupovshim Shqipëria (au revoir l’Albanie)

Quand j’arrive au poste frontière, le douanier me fait passer avant une famille d’albanais, qui attend pourtant depuis un moment déjà l’autorisation d’entrer en Grèce. Les formalités prennent en effet plus de temps pour les citoyens non membres de l’Union Européenne. Gêné de leur passer ainsi devant, je leur dis tout le bien que je pense de leur pays, pour lequel j’ai eu un énorme coup de cœur au cours des onze jours que je viens d’y passer. Chacun d’entre eux me répond par un sourire à s’en décrocher la mâchoire. Quelques minutes plus tard, côté grec, ils me doubleront en voiture dans une côte que mon vélo et moi peinons à monter, avec un petit coup de klaxon pour m’encourager.

Il faut maintenant que j’apprenne les mots de base dans ce nouveau pays : ici, pershendetya se dit kalimera, faleminderit se dit efkaristo et mirupovshim se dit antio (respectivement bonjour, merci et au revoir).


La Trans Dinarica est un itinéraire cycliste qui relie les pays des Balkans occidentaux en traversant une superbe chaîne de montagnes, les Alpes Dinariques. Ce parcours a été conçu pour permettre aux cyclo-voyageurs qui s’aventurent par là de découvrir tout le patrimoine local : naturel, culturel, gastronomique…

La Trans Dinarica en Croatie

Cet itinéraire passe par des villages, des forêts, des montagnes, ou encore par la mer. Il alterne entre routes bitumées très peu fréquentées et chemins de terre en pleine nature. Il traverse des parcs nationaux et des sites classés au patrimoine de l’humanité par l’Unesco.

Bivouac sur le parcours de la Trans Dinarica

Tout au long du parcours, on découvre l’hospitalité des habitants des Balkans ainsi que les paysages à couper le souffle de cette superbe région méconnue, en plein cœur de l’Europe. Bref, quand on roule sur la Trans Dinarica, on en prend plein les yeux et on se sent une âme d’aventurier !

Sur la Trans Dinarica, sous la pluie (Bosnie-Herzégovine)


La carte suivante montre sommairement le parcours de la Trans Dinarica (copie d’écran extraite du site Trans Dinarica).

En cliquant pays par pays, ce site propose également de nombreux itinéraires alternatifs : rejoindre le parcours depuis les grandes villes, faire des détours pour aller visiter des sites intéressants à proximité, etc.

A titre d’exemple, c’est l’un de ces détours que j’ai utilisé pour traverser l’île de Pag, qui s’est avérée l’un des plus beaux endroits visités lors de ma « Trans Europa » !

Le lien : Trans Dinarica


La distance totale de la Trans Dinarica approche les 6.000 kilomètres, et son dénivelé positif les… 100.000 mètres !

Les pays traversés sont la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, l’Albanie, la Macédoine du Nord, le Kosovo et la Serbie.

La Trans Dinarica passe par la rivière Drin (Albanie)

Pour se procurer le parcours précis ainsi que sa trace GPS, ce que j’ai fait, il suffit donc de se connecter au site officiel : Trans Dinarica.

Bien sûr, ce n’est pas gratuit mais ce n’est pas très cher non plus et surtout, cela vaut tellement le coup : si, comme moi, vous êtes un.e cycliste amoureux.se de la nature, alors le rapport qualité-prix de ces packs est carrément exceptionnel. On traverse des endroits tellement natures, isolés et sauvages sans jamais se perdre que ça vaut largement la peine, selon moi, de s’offrir ces packs.

A l’inverse, l’itinéraire de la Trans Dinarica traverse peu de villes. Aussi, si vous êtes attiré.e par les grandes métropoles, ces packs ne vous conviendront peut-être pas : privilégiez alors plutôt les itinéraires Eurovélo (lire plus bas), qui seront beaucoup plus adaptés à vos goûts citadins (capitales, monuments, musées, hébergements etc).

Pour résumer, la Trans Dinarica a plutôt tendance à fuir les zones touristiques et notamment la côte Adriatique, avec ses stations balnéaires souvent prises d’assaut, pour s’enfoncer dans les montagnes beaucoup moins fréquentées. Contrairement à Eurovélo, qui ne dévie à peu près jamais des itinéraires touristiques.

On peut se procurer le pack de la Trans Dinarica pour les huit pays à un tarif à mon avis avantageux (à partir de 90 euros), ou bien choisir un pack par pays (de 8 à 23 euros selon le pays). Le lien : se procurer le pack de navigation de la Trans Dinarica.

L’itinéraire de la Trans Dinarica (Croatie)

Remarque : au cas où vous vous posiez la question, aucun lien de ce blog n’est sponsorisé. Je ne perçois donc aucune commission, que vous cliquiez ou non !

Le long de la Trans Dinarica

En préparant votre périple à vélo, si vous vous interrogez sur la Trans Dinarica, n’hésitez pas à me poser vos questions dans la rubrique « commentaires » (votre @dresse mail ne sera pas publiée, contrairement à votre question qui le sera avec un léger décalage, généralement de quelques heures) : c’est avec plaisir que j’essaierai d’y répondre 🙂


Beaucoup plus connus que la Trans Dinarica encore confidentielle, les itinéraires Eurovélo ont fait leurs preuves depuis longtemps. Au nombre de dix-sept à ce jour, ils sillonnent l’Europe du Cap Nord à Malte, et de l’Irlande occidentale aux confins de l’Orient.

L’esprit est de constituer un réseau cohérent de grands itinéraires cyclables européens, en connectant les capitales et les grandes villes du continent. Le patrimoine naturel et culturel est mis en valeur tout en favorisant le tourisme durable.

Le réseau Eurovélo

Enfin, la sécurité des usagers est toujours prise en compte. Ainsi, les routes doivent être balisées et continues. Elles doivent également éviter les routes à fort trafic. Elles combinent donc pistes cyclables et routes secondaires, voire chemins balisés.

Le principal inconvénient, c’est que peu de ces routes Eurovélo sont totalement terminées.

Je suis attentivement l’évolution de certaines d’entre elles depuis cinq ans et pourtant, rien n’a bougé : elles en sont toujours au même stade (en général l’un des trois stades en rouge sur le tableau suivant) selon le site Eurovélo lui-même. Aucune évolution en cinq ans !

Percevoir les fonds européens, c’est bien, mais les utiliser pour procéder aux aménagements promis, ce serait mieux !

Les différents stades de développement des routes Eurovélo

J’enfonce un peu le clou : Eurovélo existe depuis 1995 mais trente ans plus tard (au 27 octobre 2025), une seule route est entièrement terminée ! Il s’agit de l’Eurovélo 19 : la route cyclable de la Meuse (1.050 km). Et cinq autres sont (enfin) à un état d’avancement supérieur à 90% :

Une seule route terminée en vingt ans, et cinq autres qui ne sont plus très loin de l’être, sur dix-sept routes en tout (les n° 16 et 18 n’existant pas encore), ce n’est quand même pas énorme. Bien sûr, il ne faut pas non plus cracher dans la soupe : ces dix-sept routes ont au moins le mérite d’exister, et Eurovélo reste un superbe projet pour les voyageurs à vélo.


Pour les cyclistes qui recherchent une sécurité optimale sur la route, l’Albanie est un petit paradis. En effet, les automobilistes sont si respectueux des cyclistes qu’ils les doublent systématiquement en roulant sur la voie de gauche, y compris quand une voiture arrive en face d’eux ! J’ai pu le constater dès que j’ai passé la frontière depuis le Monténégro, puis quotidiennement pendant les onze jours que j’ai passés en Albanie.

A plusieurs reprises, j’ai carrément eu peur pour ces automobilistes car ils me doublaient sur la file de gauche alors qu’une voiture arrivait en face. Mais ceux qui arrivaient en face justement, fonctionnent de la même manière et ce sont donc eux qui se poussaient sur l’extrême bord de la route, parfois au ras du fossé, pour laisser passer la voiture en train de me doubler. Parfois ils se frôlaient, parfois ils devaient piler tous les deux pour ne pas se rentrer dedans, mais toujours ils passaient vraiment au large de moi, tout à gauche, donc.

Dans les pays que j’avais traversés précédemment (un peu en Italie et au Monténégro mais surtout en Croatie, et plus encore en Bosnie-Herzégovine), les voitures attendaient brièvement derrière moi lorsqu’une voiture arrivait en face, avant de me doubler. En Albanie, c’est différent : ils ne ralentissent pas, ils n’attendent pas derrière les cyclistes, ils passent, avec une grande marge de sécurité puisqu’ils doublent toujours sur la file de gauche et si quelqu’un arrive en face, c’est lui qui se pousse !

Je ne me suis donc absolument jamais senti en danger sur les routes albanaises. Le seul bémol concerne la capitale, Tirana où, comme indiqué dans l’article, quelques automobilistes pressés d’aller travailler à l’heure de pointe ont parfois un peu forcé le passage, mais sans jamais que je ne me sente vraiment en danger. Il me suffisait de les laisser passer dans les bouchons tiranais.

Petite queue de poisson à Tirana

En conclusion, les seules fois où j’ai eu peur sur les routes albanaises, c’était pour les automobilistes eux-mêmes, lorsqu’ils étaient à deux doigts de se percuter parce que l’un d’eux me doublait trop largement. Et pour tout dire, c’est anecdotique mais je me sentais tellement en sécurité que c’est dans ce pays que j’ai définitivement enlevé mon casque.


J’ai dormi au Ramis Hotel & Outdoor Sports Center. C’est l’un des hôtels les moins chers de Përmet, il est propre, le confort est correct, les propriétaires sont accueillants et le petit déjeuner est copieux.

En plus de la partie hôtelière, l’établissement propose diverses activités, notamment la location de vélos et surtout, des sorties rafting sur la magnifique Vjosa. C’est l’un des fils des propriétaires qui assure l’encadrement de ces activités.

Pour d’autres possibilités d’hébergement : voir tous les hôtels de Përmet.


La Vjosa est un petit paradis naturel dans lequel de nombreuses activités sont possibles : le rafting est la plus prisée, mais on peut également descendre la rivière en bouée, faire des randonnées, du vélo (y compris électrique), du quad, de l’équitation

Pour réserver ces activités, il y a plusieurs possibilités :

  • Demander des infos à votre hôtel, qui vous guidera ou, dans certains cas, qui vous proposera lui-même ses propres activités.

  • Réserver des activités clé en main, via des plateformes connues : GetYourGuide par exemple, propose une gamme d’activités très variée.


La Vjosa






Les étapes suivantes :