LA MALAISIE

En provenance de Thaïlande, nous n’avons réellement prévu d’escales en Malaisie que dans deux endroits, mais quels endroits : Kuala Lumpur et les îles Perhentian. Nous avons également fait une brève halte dans le petit village côtier de Kuala Besut, principal point de départ vers les Perhentian…

Kuala Lumpur en bref…

Kuala Besut : la porte d’entrée vers les Perhentian

Les Îles Perhentian : le petit archipel idyllique

Malaisie : infos pratiques



La capitale : Kuala Lumpur

La capitale malaisienne n’aurait dû constituer pour nous qu’un simple transit entre la Thaïlande et les îles Perhentian. Pourtant, nous avions fait de Kuala Lumpur une étape incontournable de notre périple en Asie du Sud-Est. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous avions dégoté une adresse incroyable, celle d’une suite magnifique à un tarif défiant toute concurrence !

La vue depuis la terrasse située au 51e étage
La vue depuis la terrasse située au 51e étage

Il s’agit en fait d’un groupe immobilier qui loue, à bas prix, des suites et appartements de standing au sein d’un vaste immeuble. Ce dernier est idéalement situé, en plein cœur de Kuala Lumpur, pile en face des fameuses tours Petronas.

Son principal attrait ? Un rooftop de fou, avec une piscine à débordement d’où la vue sur la ville est imprenable.

Même par temps gris et avec une grue juste devant, ce rooftop est incroyable.

Pour nous qui avons moins de vingt-quatre heures à passer à Kuala Lumpur, le choix est vite fait, entre visiter la ville dans une chaleur suffocante pendant deux-trois heures, ou passer la fin de l’après-midi et la soirée à piquer des têtes dans cette piscine de rêve.

Depuis la terrasse de notre rooftop de luxe, la vue sur la ville est incroyable, avec en arrière-plan le soleil couchant qui se déchaîne.

Alors bien sûr, on a tendance à pester un peu contre ces maudites grues qui tentent de nous boucher la vue sur les fameuses tours Petronas.

Mais finalement, ce lieu est tellement incroyable que malgré tous leurs efforts, les deux grues ne parviendront pas à nous gâcher le plaisir de nous trouver dans un endroit pareil.

Si j’osais, je mentionnerais quand même un « inconvénient » de cette tour : la vue est telle depuis la grande baie vitrée de notre chambre qu’il est difficile de fermer l’œil, ce dernier étant plus attiré durant toute la nuit par la vue sur la ville éclairée qui s’étend aux pieds de notre lit, que par l’envie de dormir !

Le lendemain matin avant de partir, nous comprenons comment Kuala Lumpur a fait pour se moderniser autant : elle a rasé ses quartiers modestes les uns après les autres pour que les promoteurs les remplacent par des tours. Aux pieds de celle dans laquelle nous nous trouvons survit pourtant l’un de ces quartiers. Mais pour combien de temps encore ?…


Kuala Besut

Ce petit port de 16.000 habitants constitue le principal point de départ vers les Perhentian, et il est donc surtout fréquenté par les voyageurs de passage qui se rendent dans le petit archipel voisin.

Même si elle n’est pas spécialement propre, la plage située face aux Perhentian permet d’aller se rafraîchir.

L’avantage de passer une nuit à Kuala Besut, c’est qu’on peut acheter les tickets de bateau pour les Perhentian la veille. Ainsi, on est sûr d’avoir une place dans le premier bateau du lendemain matin.

Car en effet, s’il n’est pas difficile de se procurer des billets (il suffit pour cela de se rendre sur la jetée d’où partent quotidiennement de nombreux bateaux), les premiers départs du matin sont souvent complets.

La foudre s'abat sur l'océan (au fond)
Au fond, la foudre s’abat sur l’océan

Les îles Perhentian

Les îles Perhentian sont situées en Mer de Chine méridionale, à vingt kilomètres des côtes malaisiennes.

Elles sont composées de deux îles principales qui reçoivent les touristes, et d’une poignée d’îlots inhabités.

Presque entièrement recouvertes d’une forêt tropicale, elles sont délimitées soit par des plages de sable blanc bordées de cocotiers, soit par de gros rochers polis par le temps, rappelant (un peu) ceux des Seychelles.

La mer turquoise et translucide héberge une grande diversité d’habitants : poissons-clowns à gogo, poissons-anges, bénitiers, tortues marines, requins de récifs et tant d’autres, qui évoluent tous au milieu de coraux multicolores.

Un requin pointe noire juvénile

Le petit archipel faisant partie d’un parc marin, la pêche y est interdite afin de préserver cette faune plutôt riche.

Grâce à leur beauté, ces îles constituent une destination touristique de premier choix. Les hébergements, aux tarifs le plus souvent très accessibles, sont tous situés sur les deux îles principales : Perhentian Besar (qui signifie la « grande ») et Perhentian Kecil (qui signifie la « petite »). Quant aux habitants, ils vivent dans l’unique village de l’archipel, situé sur la côte est de Perhentian Kecil.

Ce décor idyllique étant posé, que peut-on faire aux Perhentian ? En gros, trois choses : du farniente de plage en plage, une visite du village de pêcheurs, et admirer les fonds marins, en snorkeling ou en plongée.


Plage et farniente

C’est le menu de base d’un séjour aux Perhentian ! Les plages les plus fréquentées sont celles situées aux pieds des hôtels, même si ce n’est pas non plus la grande foule.

En marchant un peu, on peut trouver des plages très peu fréquentées.

Aux Perhentian, les plages sont toutes dominées par la forêt tropicale.

Sur Perhentian Besar (la grande), il existe d’ailleurs un court sentier de randonnée qui traverse la forêt : le trajet dure une quinzaine de minutes.

Certes, ce n’est pas la forêt vierge dans toute sa splendeur, mais tous les sens sont aux aguets quand même : les cris d’animaux, oiseaux et autres, sont omniprésents surtout au petit matin, et on y croise régulièrement des varans, des singes, des chauves-souris, voire parfois des serpents.

A noter que les varans (1,50 mètre de long, queue comprise) sont totalement inoffensifs tant qu’on ne les provoque pas.

Au bout de la balade, les quelques plages qui se succèdent récompensent les marcheurs.


Le village de pêcheurs

Situé sur Perhentian Kecil (la petite), ce village est peu fréquenté par les touristes.

Sa principale curiosité est sa jolie mosquée blanche, en partie construite sur pilotis.

Les touristes, hommes et femmes, peuvent s’y rendre en veillant à porter une tenue correcte (pas de maillot de bain…).

Sur les plages du village, les bateaux de pêcheurs sont omniprésents, la pêche étant ici l’activité principale des habitants.


Snorkeling et plongée

Plus encore que les plages, les fonds marins constituent certainement la principale attraction des Perhentian.

Le spot de snorkeling à ne pas rater : Turtle Point !

Ce site incontournable est situé sur la côte ouest de Perhantian Besar (la grande).

Sur cet excellent spot, il faut ouvrir les yeux dès les premiers mètres passés sous l’eau. Car au bord de la plage, de nombreux requins juvéniles pointe noire se baladent aux milieu des baigneurs, lesquels ne les voient d’ailleurs pas, la plupart du temps !

Du haut des soixante centimètres de long qu’ils atteignent péniblement, ces petits squales ont déjà une attitude de prédateurs très belle à observer sous l’eau, même s’ils sont inoffensifs pour les humains.

Puis il faut nager au-delà de la digue, où se situe un herbier à quatre ou cinq mètres de profondeur environ.

Car c’est là que viennent brouter les tortues, en toute quiétude malgré la présence de snorkelers.

L’inconvénient du site, c’est qu’on n’y est pas tout seul ! Il y a notamment des bateaux qui déversent chacun, à tour de rôle, une dizaine de passagers asiatiques. Ces derniers ne sachant pas nager, ils sont tous harnachés d’un gilet de sauvetage bien flashy.

Ce qui présente à l’inverse un avantage : ils sont bloqués à la surface par leur gilet et ne peuvent pas descendre au fond en apnée, où l’on se retrouve donc tout seul avec les tortues. Un pur bonheur.

Ainsi, on peut enchaîner les apnées en toute tranquillité et approcher ces gracieux reptiles marins de près, voire de très près, sans jamais les perturber.

Le seul impératif, c’est de ne pas les toucher car de toute évidence, les tortues n’aiment pas ça : elles se dégagent assez brusquement dès qu’un nageur pose la main sur elles. Ce qui n’est hélas pas si rare…

Toutes les cinq à dix minutes, elles remontent brièvement à la surface pendant une poignée de secondes, afin de prendre une bonne bouffée d’air.

Les rayons du soleil n’étant quasiment plus filtrés par l’eau au fur et à mesure que les tortues approchent de la surface, c’est le moment où leur carapace s’illumine en retrouvant toutes ses couleurs naturelles.

Apparemment, elles viennent se nourrir là tous les jours. Nous avons été deux fois sur ce superbe spot, et nous avons rencontré deux tortues à chaque fois.

Passer trois quarts-d’heure à une heure avec elles dans l’eau tiède est une expérience fabuleuse pour qui aime les animaux et la mer. Même si de leur côté, les tortues nous auront royalement ignorés de bout en bout !

D’un point de vue purement pratique, pour se rendre sur ce spot en bateau, il faut bien préciser au chauffeur « Turtle Point » et non pas « Turtle Beach », qui est une plage située plus au nord et qui n’a rien à voir…


Les autres spots de snorkeling

On peut faire du snorkeling à peu près partout aux Perhentian même si aux abords des plages, on trouve pas mal de coraux morts.

Car si le petit archipel se trouve au beau milieu d’une zone protégée, la mentalité de quelques habitants et le comportement de certains touristes tardent à évoluer !

Il n’est pas rare de voir l’ancre des bateaux racler le fond et donc les coraux, ou encore les touristes les détruire à coups de palmes.

Il faut donc s’attendre à trouver des zones de coraux morts en alternance avec de superbes patates de corail, quand on fait du snorkeling aux Perhentian.

Un couple de seiches

Un poisson-coffre
Un bénitier

Parmi les nombreux spots de snorkeling de ces îles, on peut noter celui de Shark Point, où il est souvent possible d’approcher des requins pointe noire adultes nager entre les coraux et la surface, parfois à seulement deux ou trois mètres de profondeur. Il est également possible d’y plonger avec bouteille (voir ci-dessous).

Sites de snorkeling : voir nos infos pratiques en fin d’article.


On trouve des spots de plongée tout autour des îles Perhentian. Nous en avons testé quatre, dont celui considéré par beaucoup comme étant le plus beau de l’archipel : Tokong Laut. Globalement, ils nous ont tous semblé assez poissonneux.


Pour nous, cette plongée s’avère moyenne, ce qui peut s’expliquer par le temps maussade ce jour-là, et donc le manque de lumière et de couleurs qui va avec. De plus, c’est la seule plongée où nous n’apercevons pas la moindre tortue. Le poisson que nous croisons le plus souvent est le poisson-clown. A noter aussi quelques idoles maures et une grosse raie pastenague.


Ce spot est fréquenté par quelques requins pointe noire adultes, d’où son nom, bien qu’on ne puisse pas être sûr d’en voir à chaque fois.

Plongée à Shark Point

Dès le début de la plongée, nous avons la chance d’en apercevoir un. Il fait un aller-retour sous nos yeux mais un peu trop loin de nous – à une dizaine de mètres – pour que nous puissions bien l’observer. Nous n’en verrons pas d’autres.

Un requin pointe noire passe furtivement au loin

Ce joli spot nous offre néanmoins plein d’autres poissons.

Une raie pastenague à pois bleus à l’abri des coraux
Un platax

Ce spot est situé en face de Turtle Point. Malgré des conditions à nouveau défavorables (peu de lumière et de couleurs), nous nous régalons : une tortue posée sur les coraux, un banc de sept ou huit perroquets à bosse gros et massifs, un requin-nourrice juvénile posé sur le fond et roupillant tranquillement à l’abri d’un rocher…

Poissons perroquets à bosse


Encore une fois, le manque de lumière et de couleurs (également dû en partie à la profondeur cette fois-ci) ne nous permet pas de savourer ce spot comme il le mérite. Néanmoins, nous sentons bien tout son potentiel car la plongée est vraiment belle quand même.

Poisson-ballon étoilé

Sur ce site très poissonneux, on rencontre un peu de tout : gros poissons porc-épics, murènes, tortues vertes, poissons-anges, poissons-papillons, balistes… Un régal !

Le spot de Shark Point, pendant le briefing qui précède la plongée
Plongée sur Tokong Laut: le briefing qui précède la plongée

Quel club de plongée ? Voir nos infos pratiques ci-dessous.

KUALA LUMPUR

Le Victoria Home Platinum Suites est un grand immeuble idéalement situé, en plein cœur de Kuala Lumpur, pile en face des fameuses tours Petronas. Ses appartements de standing se louent à un tarif abordable.

Pour réserver, on peut passer par les principales centrales de réservations :

Booking (Victoria Home)

Agoda (Victoria Home)

→ Prix (selon les centrales) : à partir de 114 euros l’appartement pour quatre à six personnes, à partir de 40 euros la chambre pour deux. A nos dates en plein mois de juillet, nous avons payé 124 euros pour quatre :

Notre appartement entièrement équipé était situé au 43e étage. Sa superficie s’élevait approximativement à une centaine de mètres carrés.

→ Équipements : la piscine à débordement sur la terrasse du 51e étage domine la ville, et est accessible sans supplément : elle est incluse dans le prix, de même qu’une salle de sport.

→ A proximité :

  • Métro à 5 minutes à pied (station Bukit Nanas)
  • Centre commercial avec une vaste galerie marchande
  • Restaurants
  • Banques
  • Les tours Petronas sont à 15 minutes à pied.

Voilà, vous savez tout sur ce lieu rare : y’a plus qu’à…


KUALA BESUT


OU LOGER ?

Rumah Hentian Ayah : petite maison d’hôtes qui ne paye pas de mine mais très correcte, avec un personnel discret mais serviable.

La vue depuis la chambre

L’embarcadère des ferrys pour les Perhentian est à cinq minutes à pied. Également à proximité : plage, centre-ville, port de pêche, restaurants et petits commerces.

Il y a quatre chambres (de 3 à 4 personnes) avec lits superposés. Elles sont petites mais correctes, et climatisées.

Prix : 20 à 27 euros par nuit et par chambre.


LES ÎLES PERHENTIAN


PERHENTIAN : COMMENT Y ALLER ?

Dépourvues d’aéroport, les Perhentian sont accessibles en bateau, tant mieux pour la planète ! Le principal port de départ pour les Perhentian est la petite ville de Kuala Besut, située sur la côte, à 20 kilomètres des îles.

Plusieurs bateaux font le trajet quotidiennement : on achète les billets sur l’embarcadère et on prend le prochain bateau. A noter qu’à bord, chaque passager doit donner le nom de son hôtel, pour que le chauffeur puisse organiser sa tournée en arrivant dans les îles.

Attention : il arrive que les bateaux soient pleins (notamment les premiers départs du matin, qui permettent de profiter pleinement de la première journée aux Perhentian) : il faut alors attendre le bateau suivant. On peut donc acheter le billet soit la veille si l’on passe la nuit à Kuala Besut, soit tôt le matin avant le premier départ, soit en réservant ici, soit enfin à l’aéroport de Kota Bharu.

L’aéroport le plus proche de Kuala Besut est celui de Kota Bharu, à 56 kilomètres de là. Le trajet se fait soit en taxi (durée : 1h00 – Prix : 25 à 30 euros), soit en bus (durée : 1h15 – Prix : 8 euros).

Enfin, on peut faire le trajet Kuala Lumpur – Kuala Besut en bus (durée : 9h00 – Prix : 10 à 13 euros – Distance : 530 km)


QUAND Y ALLER ?

La période idéale court de janvier à mai (idéalement février). Précipitations mensuelles min/max : 50/120 mm.

C’est correct de juin à septembre. Précipitations mensuelles min/max : 130/160 mm.

La période à éviter, extrêmement pluvieuse, va d’octobre à décembre. Précipitations mensuelles min/max : 220/470 mm.

La température est chaude toute l’année, entre 29° (novembre à janvier) et 32° (avril à août).

Enfin, la température de la mer est agréable toute l’année : 27° à 30° !

Voir le climat détaillé des îles Perhentian


SE DÉPLACER

Il n’y a aucune route aux Perhentian, le seul moyen de transport est donc le bateau-taxi. En effet, la végétation tropicale qui recouvre les îles empêche d’en faire le tour à pied. On trouve facilement des bateaux-taxis à peu près partout. Il existe des pratiques tarifaires que tout le monde respecte, donc les prix sont rarement négociables (selon le trajet, entre 5 et 25 Ringgit, soit entre 1 et 5 euros environ).


SNORKELING

Pour trouver les bons spots de snorkeling, on peut s’adresser aux clubs de plongée qui organisent des tours de snorkeling.

Pomacentrus au-dessus d'un platier de corail aux îles Perhentian (Malaisie)

On peut également rejoindre ces sites en bateau-taxi : les chauffeurs connaissent les bons coins et sont de bon conseil. Il est possible de louer le matériel de snorkeling sur place, même si en termes de qualité il est préférable d’avoir son propre matériel.

Le poisson-clown est omniprésent aux Perhentian

On peut mettre la tête sous l’eau avec un masque à peu près n’importe où autour des îles Perhentian, mais voici les meilleurs spots de snorkeling que nous avons trouvés (et le premier est carrément incontournable) :

1 – Turtle Point : il est situé à l’ouest de Perhentian Besar. Bon à savoir : quand on demande à un chauffeur de bateau-taxi de s’y rendre, il ne faut pas confondre avec Turtle Beach qui est une simple plage, située plus au nord, et qui n’a rien à voir.

Turtle Point est un spot de snorkeling incontournable…
… où l’on peut approcher les tortues de très près.

Attention : le spot de snorkeling est situé quelques mètres à l’extérieur des zones de baignades, en plein dans la zone de passage des bateaux qui vont et viennent à la plage.

Les pilotes y sont habitués et font donc très attention, mais les snorkelers doivent aussi être vigilants et lever la tête chaque fois qu’ils entendent un bateau arriver.

Une tortue et son remora à Turtle Point

2 – Shark Point : il est situé au sud-ouest de Perhentian Besar. On y croise régulièrement des requins pointe noire qui nagent entre les coraux et la surface, parfois à deux ou trois mètres de profondeur à peine. Le site de plongée est situé juste à côté, à une profondeur à peine plus importante (10 mètres).

3 – Tanjung Batu Lochek : il est situé à la pointe sud-ouest de Perhentian Besar, à proximité de Shark Point. Le site est incroyablement poissonneux, avec notamment des centaines de poissons-demoiselles au-dessus des coraux, dans à peine un à deux mètres de profondeur. On dirait un aquarium, à tel point que je soupçonne le site de faire régulièrement l’objet de nourrissage…

Les eaux miraculeuses de Tanjung Batu Lochek

Ce spot est accessible à pied depuis les hôtels de la côte ouest (Suhaila Palace, Coral View etc.), ou en bateau-taxi. Il est posé au milieu d’une superbe anse où la mer reflète la couleur vert-émeraude de la forêt-vierge qui la surplombe. La plage est cernée par de jolis rochers que la mer et le temps ont poli. Le spot est visible depuis la rive car il y a un petit ponton flottant, qu’on peut rejoindre en quelques coups de palmes.


CLUBS DE PLONGÉE

Perhentian Dive Center : club situé au sud-ouest de Perhentian Besar. Le club est sérieux, le matériel récent, le personnel compétent et accueillant, et les plongées se font dans les règles de sécurité.

Prix – Le tarif (équipement compris) est dégressif : de 95 Ringgit la plongée unique (environ 20 euros) à 75 Ringgit par plongée (environ 16 euros) pour 10 plongées et plus.

Universal Diver : club sérieux situé à l’ouest de Perhentian Besar, matériel récent, personnel compétent, plongées dans les règles de sécurité.

Prix – Le tarif (équipement compris) est similaire à celui du Perhentian Dive Center : de 95 Ringgit la plongée unique (environ 20 euros) à 75 Ringgit par plongée (environ 16 euros) pour 10 plongées et plus.

Et plouf !

OU DORMIR ?

Suhaila Palace – Comme tous les hôtels ici, le Suhaila Palace a les pieds dans l’eau. Les chambres sont propres et confortables. Surtout, l’accueil y est exceptionnel, de la part de sa patronne (surnommée Mister President) et son adjointe (Atom) : nous y avions réservé 7 nuits mais des travaux bruyants dans l’hôtel mitoyen à notre chambre nous ont empêchés de dormir. L’hôtel étant complet, Mister President a accepté sans sourciller d’annuler nos 5 dernières nuitées sans frais, et nous a carrément recommandé un autre hôtel voisin.

A noter que les 2 chambres pour quatre personnes sont au rez-de-chaussée et ne comportent pas de fenêtres. Les 8 chambres pour deux sont à l’étage avec une grande terrasse commune et une belle vue sur la mer. L’hôtel est situé juste à côté d’un club de plongée (Universal Diver).

Prix : à partir de 35 euros par nuit la chambre pour deux personnes.

New Cocohut Chalet

Chalets tout confort posés sur une jolie plage. Très bon accueil. Grand restaurant qui surplombe la mer.

Prix : il varie selon la saison (basse / haute / et en juillet août : super haute !)

Le tarif minimal (= chalets « Deluxe ») par nuitée pour un chalet de deux personnes est de 180 Ringgit (environ 39 euros) en basse saison, et de 330 Ringgit (72 euros environ) en « super haute » saison.

La vue depuis le balcon d’un chalet « Deluxe » (= de base)

Les chalets situés sur la plage ainsi que ceux qui surplombent la mer sont plus chers (430 Ringgit/94 euros environ en « super haute » saison).


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Lire l’article sur la Thaïlande


LA THAÏLANDE

La Thaïlande est la première partie de notre périple en famille en Asie-du Sud-Est, juste avant la Malaisie et Singapour.

Une capitale trépidante, une rivière mythique, un peuple souriant, des temples et des bouddhas partout, des cascades paradisiaques, et des animaux côtoyés de très près, voici en quelques mots le sommaire d’un séjour inoubliable en Thaïlande…

Il manque juste à notre programme ce pourquoi tant de touristes viennent dans ce pays : les îles paradisiaques de la mer d’Andaman ! Pourtant, elles nous font bien rêver nous aussi, mais nous sommes en juillet et en cette saison, le temps y est mauvais paraît-il. D’où l’idée de terminer notre périple asiatique en descendant jusqu’en Malaisie : là-bas, nous trouverons bien notre bonheur insulaire…

En attendant, voici notre programme thaïlandais, étape par étape :

Ou alors ci-dessous, le compte-rendu complet de toutes ces étapes.



Bangkok, première ville touristique du monde

Selon le dernier classement des villes les plus visitées du monde, Bangkok se situe à… la première place ! Devant Londres (2e) et Paris (3e), excusez du peu. Et s’il est évident que certains quartiers de la ville ne présentent pas spécialement d’intérêt, d’autres sites en revanche constituent de pures merveilles et justifient un tel classement.

Petit tour d’horizon de tout ce que nous avons pu voir à Bangkok en moins de quarante-huit heures.


LE WAT PHO

Ce magnifique temple bouddhiste est l’un des plus anciens du pays.

En pénétrant dans son enceinte, il est important de se rappeler qu’avant d’être un site qui se visite, c’est surtout un lieu de culte et de méditation très fréquenté par les bouddhistes. Ainsi, une tenue correcte et un comportement respectueux sont exigés.

Le temple est composé de plusieurs bâtiments à l’architecture dépaysante pour les occidentaux que nous sommes, abondamment décorés de mosaïques multicolores.

A l’intérieur des bâtiments, les bouddhas sont omniprésents et rivalisent de sérénité.

Le plus grand et le plus impressionnant d’entre eux, c’est Bouddha couché, représenté sur son lit de mort juste avant d’atteindre le Parinirvāṇa (la fin de l’existence physique pour qui a atteint l’éveil).

Ce magnifique bouddha est entièrement recouvert de feuilles d’or.

La salle qui l’accueille, bien que très grande, semble trop exiguë pour cette statue qui en impose : 46 mètres de long sur 15 de haut.

Et que dire de ses pieds, qui sont au moins aussi beaux que tout le reste : incrustés de nacre, ils représentent les 108 actions qui ont permis à Bouddha d’atteindre la perfection.

Détail de la plante du pied

Un peu plus loin se trouve le sanctuaire principal : l’Ubosot. A l’intérieur, on retrouve Bouddha, mais assis cette fois. C’est en dessous de cette statue toute en or et en cristal que sont conservées les cendres du célèbre roi Rama Ier (1737-1809).

A noter enfin que dans l’enceinte du Wat Pho, on trouve également une école de médecine et de massages traditionnels, qui fut créée pour assurer la transmission des savoirs ancestraux.

Aujourd’hui, elle assure la formation des étudiants venus du monde entier. Les visiteurs peuvent d’ailleurs se faire masser dans les règles de l’art, même si l’attente peut parfois être un peu longue… Le site officiel :  école de médecine et de massages traditionnels,


WAT ARUN : LE TEMPLE DE L’AUBE

Bien que bouddhiste, c’est à un dieu hindou, Aruna, que le temple doit son nom : Aruna symbolise l’aurore, et le Wat Arun voit chaque matin la première lumière du jour éclairer sa superbe façade…

Ce temple est devenu au fil du temps le symbole de Bangkok, on le retrouve d’ailleurs souvent en photo sur la couverture des magazines.

De près, on constate que c’est une infinité de petites mosaïques colorées qui constituent ce gigantesque ensemble.

Si l’escalier du prang central est très abrupt (le prang étant une tour typique de style khmer, en général richement sculptée), c’est pour évoquer la grande difficulté qui existe à atteindre les niveaux supérieurs de l’existence, selon les préceptes bouddhistes.

Une partie seulement des escaliers du prang central (72 mètres de haut) est ouverte au public, ce qui est suffisant pour avoir une jolie vue sur Bangkok quand le temps s’y prête… ce qui n’était pas le cas le jour de notre visite !


LE WAT PHRA KAEO

Tous les bangkokiens que nous rencontrons nous le disent : parmi toutes les merveilles de leur ville, le summum, c’est le Wat Phra Kaeo.

Il est situé à l’intérieur du domaine royal, lequel est lui-même cerné par une muraille blanche crénelée longue de deux kilomètres.

L’origine du site date de la fin du 18e siècle, lorsque le roi Rama Ier fonda officiellement Bangkok pour en faire la nouvelle capitale du pays. Il décida d’y construire un temple qui devait surpasser ceux des capitales précédentes, Ayutthaya et Thonburi.

Ce temple, ou plus précisément cette enceinte sacrée, c’est le Wat Phra Kaeo : il comprend notamment un ubosot (bâtiment principal d’un temple) abritant le fameux Bouddha d’Émeraude, ainsi qu’un ensemble comportant divers édifices, stèles et autres statues de toute beauté.

Photographier le Bouddha d’Émeraude est interdit, mais vous pouvez le voir ici.

A noter que le Bouddha d’Émeraude… est en jade !

L’architecture raffinée des différents édifices est embellie par le remarquable travail de décorations à base de feuilles d’or, de porcelaine, de céramiques, ou encore d’incrustations de nacre… Certains bâtiments sont carrément recouverts d’une pluie de dorures.

Le Phra Mondop est une magnifique bibliothèque. Elle renferme notamment de vieux livres en feuilles de palmier contenant des textes bouddhiques anciens. Ces pièces rares et fragiles sont précieusement conservées à l’intérieur.

On ne peut admirer cet incroyable bâtiment que de l’extérieur, ses salles étant fermées au public.

Le Prasat Phra Thep Bidon est le Panthéon Royal. Il contient des statues grandeur nature de tous les rois de la dynastie Chakri, laquelle est toujours au pouvoir.

Il se caractérise par la dominante bleue des innombrables céramiques qui le décorent.

Le Prasat Phra Thep Bidon

Le site comprend également plusieurs chedis dorés (constructions bouddhistes en forme de tours coniques).

Au pied de l’un d’entre eux, de jolies créatures mythologiques multicolores semblent s’amuser.

Pour résumer, le Wat Phra Kaeo permet d’en prendre plein les yeux. La richesse des décorations, l’explosion des couleurs et le raffinement de l’architecture font de ce site un pur joyau.

Ce site somptueux est incontournable à Bangkok.


CHINATOWN

Nombreuses sont les grandes villes à travers le monde qui possèdent un quartier chinois, mais celui de Bangkok est l’un des plus grands.

Lorsqu’on pénètre dans ce quartier, on est frappé par la frénésie qui l’anime et qui met nos sens en éveil : ça grouille de voitures et de piétons, les gaz d’échappements se mêlent aux parfums de la cuisine de rue, les tuks-tuks pétaradent haut et fort, les innombrables enseignes éclaboussent les rues de toutes leurs couleurs…

Il est très agréable et dépaysant de se balader dans le dédale de ruelles qui sont tantôt bordées de magasins, tantôt dédiées au marché.

Dans ce quartier réputé pour sa gastronomie, la rue présente toujours de quoi se nourrir et se régaler.

Si l’on manque de temps pour visiter Chinatown, alors il faut privilégier la tombée de la nuit. Car c’est le moment où les rues se transforment en un restaurant géant, pendant que toutes les enseignes multicolores s’illuminent d’un seul coup.


AYUTTHAYA : LA « CITÉ SCINTILLANTE »

Fondée en 1350, Ayutthaya, surnommée la « Cité Scintillante », fut la capitale du royaume de Siam pendant quatre siècles. Elle fut l’une des villes d’Asie du Sud-Est les plus prospères de son époque, et figura même parmi les plus grandes villes du monde au 18e siècle.

Bien que son nom d’origine sanskrite signifie « qui ne peut être conquis », elle finit bel et bien par être pillée puis détruite par le voisin birman en 1767. Ensuite, la cité tomba en ruines petit à petit.

Wat Phanan Choeng

Aujourd’hui, les vestiges de ses dizaines de temples témoignent de sa grandeur passée. Ce sont eux qui valent à la ville d’être classée au patrimoine de l’humanité par l’Unesco, et qui font de la Cité Scintillante une étape incontournable de la Thaïlande.

Ayutthaya est traversée par plusieurs cours d’eau, sur lesquels c’est un vrai régal de se déplacer pour découvrir les nombreux temples qui embellissent les rives.

Ceux qui veulent découvrir des temples n’ont que l’embarras du choix à Ayutthaya.

Mais avant de vous montrer ceux que nous avons visités, une toute petite leçon d’architecture bouddhiste s’impose :


LES INCONTOURNABLES

Voici une liste, évidemment subjective, de quelques-uns des plus beaux temples d’Ayutthaya, à ne rater sous aucun prétexte.

Wat Phanan Choeng

Construit en 1324.

Bien qu’il soit très prisé des touristes, il ne faut pas passer à côté de ce temple.

Bouddha, bouddhiste et chat

Car son principal joyau, c’est l’immense Bouddha doré qu’il abrite (19 mètres de haut). Particulièrement vénéré des bouddhistes, il est enserré dans une salle presque trop petite pour lui, et richement décorée. L’ensemble est somptueux.


Wat Phra Si Sanphet

Proche du palais royal d’Ayutthaya, il servait de temple royal. C’est l’un des temples les plus importants d’Ayutthaya. Ses vestiges sont situés dans une zone arborée, ce qui rend la visite particulièrement agréable, notamment par temps chaud.

Il est situé sur le même site qu’un autre temple très intéressant mais plus récent (voir plus bas) : Wiharn Phra Mongkon Bophit.


Wat Chai Watthanaram

Construit en 1630.

Situé sur la rive du fleuve Chao Phraya, ce célèbre temple est l’un des plus réputés d’Ayutthaya.

Le roi Prasat Thong le fit ériger en hommage à sa mère. Aujourd’hui, ce temple est plutôt bien conservé.

Le meilleur moyen pour s’y rendre est le bateau, et le moment idéal pour le découvrir est le soir au coucher du soleil.

S’il ne fallait voir qu’un seul temple à Ayutthaya, ce serait peut-être bien celui-là…


LES AUTRES TEMPLES A VOIR

Wat Phutthaisawan

Construit en 1353.

En arrivant par la rivière, ce sont quatre statues étonnantes qui accueillent les visiteurs.

Ce qui attire l’œil d’emblée, c’est ce prang tout blanc qui domine les lieux.

A ses pieds, une armée de bouddhas veille paisiblement sur le site.


Wat Phu Khao Thong

Construit en 1395.

Le nom de ce temple signifie la montagne dorée. Peu fréquenté, il est assez différent de la plupart des temples de la région, que ce soit par sa couleur ou son architecture.

En haut des escaliers qui permettent de monter dessus, la vue sur les rizières environnantes vaut le coup d’œil.


Wat Lokayasutharam

La visite de ce site est rapide. En effet, outre un grand bouddha couché (environ 40 mètres de long sur 8 mètres de haut), il subsiste simplement un prang qui domine quelques ruines.

Ce bouddha est parfois drapé d’orange, mais pas le jour de notre visite.


Wat Mahathat

La date précise de sa construction n’est pas connue avec certitude, mais il daterait de la fin du 14e siècle.

Ce temple est l’un des plus visités de la région. C’est ici que l’on trouve notamment la fameuse tête de Bouddha enserrée dans les racines d’un banian.

Lorsque les birmans détruisirent une bonne partie d’Ayutthaya au 18e siècle, ils décapitèrent avec acharnement presque tous les bouddhas de Wat Mahathat. Selon la légende, l’une des têtes coupées roula jusqu’à un banian qui la recueillit dans ses racines. Aujourd’hui sacrée, elle est vénérée par les bouddhistes.

Pour le reste, bien qu’une bonne partie du temple soit en ruines, il est intéressant à découvrir.


Wiharn Phra Mongkon Bophit

Situé juste à côté de Wat Phra Si Sanphet (voir plus haut), on peut faire d’une pierre deux coups : ils sont si proches qu’il est presque impossible de visiter l’un sans visiter l’autre !

Au fond : Wihan Phra Mongkhon Bophit - Au premier plan : Wat Phra Si Sanphet

Le Wihan Phra Mongkhon Bophit est notamment réputé pour abriter un superbe bouddha doré, haut d’une dizaine de mètres.


Wat Yai Chai Mongkol 

Construit en 1357.

Ce vaste temple est l’un des plus anciens de Thaïlande.

Outre de beaux alignements de bouddhas drapés d’orange, ce temple est réputé notamment pour son grand chedi, que l’on peut voir de très loin : il commémore une grande victoire d’Ayutthaya sur l’envahisseur birman, en 1592.

Ce temple est très fréquenté, et nombreux sont les fidèles qui s’y pressent pour venir prier.


LE LONG DU MAE KLONG

Le Mae Klong est un fleuve qui se jette dans le golfe de Thaïlande à Samut Prakan, à 80 kilomètres au sud-est de Bangkok.

Le port de Samut Prakan

De toute évidence, cette petite ville de 50.000 habitants est orientée vers la pêche. Pourtant, de nombreux chalutiers sont bloqués à quai, certains dans un état de décrépitude avancée.

En effet, la Thaïlande n’ayant pas toujours respecté certains règlements internationaux, elle est aujourd’hui sanctionnée par quelques restrictions en matière de pêche dans le golfe de Thaïlande.

Toujours est-il que l’on croise de nombreux habitants sur de petites embarcations, qui viennent prélever péniblement de quoi nourrir leur famille. En effet, les poissons qu’ils  réussissent à sortir de leurs filets sont aussi rares que petits.

Régulièrement, un varan ou deux passent par là, longeant la coque des bateaux à quai, à la recherche d’un peu de nourriture, sous l’œil imperturbable des pêcheurs.


Le temple

A quelques encablures du port, un temple bouddhiste est situé au bord de l’eau lui aussi. Sa jolie façade ornée de têtes d’éléphants change un peu des temples habituels.

Aux abords, quelques moines bouddhistes s’affairent, au milieu d’une multitude de chiens qui ont trouvé refuge ici.

J’essaie de discuter avec l’un des moines mais il ne parle que le thaï. Qu’importe. Il sourit beaucoup et quand je lui montre le temple, il va aussitôt en chercher les clés pour m’ouvrir les portes. C’est ainsi que je me retrouve avec un temple pour moi tout seul !

Pas un seul touriste aux alentours, juste ce moine souriant et moi. C’est un vrai privilège qu’il m’offre là. Il semble aussi heureux de m’accueillir ici que je le suis de pouvoir profiter de ce joli temple vide, ce qui me change des temples plus ou moins fréquentés d’Ayutthaya.


Mae Klong Railway Market

Si ce marché est si atypique, c’est parce que, comme son nom l’indique, il est situé sur une voie de chemin de fer… en activité ! Tous les jours, le train en provenance ou à destination de Bangkok traverse ce marché.

Il arrive au ralenti et au fur et à mesure qu’il avance, les commerçants remballent leurs marchandises les uns après les autres. Au dernier moment, ils plient leur étal et dès que le train est passé, ils remettent tout en place.

Nous nous sommes rendus à ce marché un soir mais nous n’avons pas pu assister au spectacle puisque le train était sagement garé, en attendant l’horaire de départ du lendemain…


LE MARCHÉ FLOTTANT DE DAMNOEN SADUAK

C’est l’un des marchés flottants les plus connus de toute la région du grand Bangkok, et le seul du coin à être ouvert tous les jours. Pourtant, les habitants y font rarement leurs emplettes, laissant ce soin aux touristes pour lesquels on « adapte » les prix ! Mais le spectacle vaut malgré tout le coup d’œil.

Il existe deux façons de visiter ce marché : soit à pied en admirant le spectacle du marché flottant depuis les ponts qui enjambent la rivière, soit en barque pour être au cœur de l’action. Nous avions choisi la première solution mais, nous étant fait conduire sur place par un Thaïlandais qui ne parlait pas un traître mot d’anglais, il nous a déposés hors de la ville, à une sorte de terminal pour barques. Nous nous sommes donc trouvés plus ou moins contraints d’en prendre une. Ce que nous n’avons finalement pas regretté…

Car en effet, naviguer sur ces canaux dans la lumière douce du petit matin fut un enchantement.

Ce marché étant considéré comme un nid à touristes, l’idéal consiste à s’y rendre assez tôt le matin. Car après 9h30, les cars venus de Bangkok débarquent leurs nombreux visiteurs. Le marché n’a alors plus grand-chose d’authentique alors qu’en arrivant tôt, on ne croise quasiment aucun touriste.

Ici, on fait son marché de barque à barque : il suffit de se déplacer sur l’eau et de regarder ce qu’il y a dans la barque du voisin, puis de faire son choix parmi les produits qu’il/elle propose.

L’heure totalement indue à laquelle nous nous sommes levés pour arriver tôt a au moins le mérite de ne nous faire croiser quasiment que des locaux. Sans touristes, le dépaysement est total dans ce marché aquatique et atypique !

Si l’essentiel du marché se passe donc sur les barques, il y a quand même de nombreuses boutiques de souvenirs ainsi que des restaurants tout le long des quais, ce qui montre bien le potentiel touristique du site…


KANCHANABURI : LE PONT DE LA RIVIÈRE KWAÏ ET LES ÉLÉPHANTS !

Kanchanaburi et ses 50.000 habitants sont posés sur la rivière Kwaï (ou plus précisément au confluent des rivières Kwaï Yai et Kwaï Noi).

Un bateau-restaurant remonte la rivière Kwaï à Kanchanaburi

La ville est assez animée, notamment sur la longue avenue bordée de restaurants qui mène au fameux pont de la rivière Kwaï.

Le pont est évidemment le site le plus connu de la petite ville. Mais non loin de là, un autre site permet de passer un superbe moment : Elephants’ World, un parc en pleine nature où le visiteur côtoie des éléphants et s’occupe d’eux pendant un ou plusieurs jours.


Le pont de la rivière Kwaï

Pendant la seconde guerre mondiale, le Japon entreprend la construction d’une ligne de chemin de fer entre la Thaïlande et la Birmanie. Il y affecte quelques dizaines de milliers de travailleurs asiatiques et de prisonniers de guerre. Leur mortalité est élevée à cause des conditions parfois inhumaines dans lesquelles ils sont traités ainsi que des maladies tropicales. D’où le surnom de « train de la mort » que porte aujourd’hui le train circulant sur cette ligne.

Le pont originel fut construit en bois mais un autre pont, métallique celui-là, surplombe les flots à proximité.

Bombardé puis restauré dès la fin de la guerre, c’est celui qui enjambe aujourd’hui encore la fameuse rivière Kwaï Yai.

A part son importance historique, on ne peut pas vraiment dire qu’aujourd’hui ce pont présente un très grand intérêt.

A noter qu’à Kanchanaburi, un cimetière allié de la seconde guerre mondiale est réservé aux prisonniers qui ont laissé leur vie dans la construction de ce pont.


Elephants’ World

 

Il existe différentes structures en Thaïlande, qui accueillent les visiteurs pour leur faire approcher des éléphants. Nombre d’entre elles sont réputées exploiter ces animaux. Elephants’ World a la réputation inverse.

Alors bien sûr, il est difficile de se faire une idée objective sur la façon dont ces organisations traitent les animaux quand, comme moi, on est assis derrière son ordi en France pour réserver.

Je me suis donc fié aux nombreux avis et commentaires trouvés sur le web. Et Elephants’ World semble à peu près faire l’unanimité en matière de traitement respectueux des animaux, c’est pourquoi nous l’avons choisi… Et nous n’avons pas été déçus !

 
La rivière Kwaï
 

Le principe est le suivant : Elephants’ World recueille des éléphants qui ont été exploités et parfois maltraités. Ils sont alors soignés et bichonnés par cette organisation, jusqu’à ce qu’ils se refassent une santé.

Les visiteurs participent activement à ce projet en s’occupant des éléphants durant toute une journée (ou plus, ou moins, selon la formule choisie : voir les infos pratiques en fin d’article). Récit d’une journée mémorable…

La journée commence dans un vaste bâtiment en bois qui semble perdu en pleine nature. C’est là qu’a lieu le briefing pour expliquer aux visiteurs la journée qui les attend.

Elephants’ world : l’espace d’accueil

 

D’un côté, le bâtiment domine la rivière Kwaï, où les visiteurs passeront une partie de la journée à laver les éléphants tout en se baignant avec eux.

 

De l’autre côté, on aperçoit déjà les premiers pachydermes.

 

Sitôt le briefing terminé commence le nourrissage. Les éléphants sont déjà en place et nous attendent pour le festin.

 

Ils n’ont en effet pas de temps à perdre puisqu’ils engloutissent jusqu’à… 200 kilos de nourriture par jour !


On leur distribue alors des dizaines de fruits et légumes, qu’ils attrapent par la trompe avec une grande habileté, avant de se baffrer goulûment : bananes, potimarrons, pastèques, papayes, pommes de terre, ananas, tout y passe !


On les accompagne ensuite à la rivière.

 

Là, pendant qu’ils s’amusent, on prépare dans une grande marmite (un mètre de diamètre) le repas des plus vieux éléphants, ceux qui n’ont plus de dents.

La bouillie pour les éléphants les plus vieux

La recette ? Du riz avec des fruits et des vitamines.

Puis on rejoint le grand bâtiment en bois où a eu lieu le briefing du matin, pour manger à notre tour (et le repas est bon, soit dit en passant).

C’est l’après-midi qu’arrive le moment que tout le monde attend : la baignade avec les éléphants dans la mythique rivière Kwaï !


Mais auparavant, il faut les laver. On les enduit donc de boue comme on peut.

Heureusement, les encadrants sont là pour parfaire le travail car tout seuls, on n’arriverait pas à enduire une telle surface !

Le bain de boue

Puis on les emmène à la rivière où, de toute évidence, ils s’amusent comme des fous.

 


Pour de tels animaux, c’est le balai-brosse qui fait office de gant de toilette ! Et pendant qu’on les gratouille, ils aspergent tout le monde autour d’eux avec leur trompe !

La température de la rivière est délicieuse, le moment est magique.

Franche rigolade avec les éléphants

C’est sur cette activité toilette/baignade, qui dure un bon moment, que se termine la journée.

Les visites chez Elephants’ World durent, au choix, une demi-journée à quatre semaines mais dans tous les cas, on repart un grand sourire aux lèvres.


Loger dans un hôtel flottant sur la rivière Kwaï

Un petit mot sur le logement à Kanchanaburi. Quitte à dormir quelque part dans cette ville, autant choisir un endroit mythique : la rivière Kwaï !

Les hôtels flottants y sont assez nombreux, souvent pas spécialement chers, et la quiétude des lieux vaut vraiment le coup.

Nous avons passé deux nuits au VN Guesthouse (voir les infos pratiques en fin d’article) dans un cadre très délassant, mais il y a pas mal d’autres hôtels similaires sur les berges de la rivière. On n’a donc que l’embarras du choix.

La salle de restaurant du VN Guesthouse

A noter que depuis Kanchanaburi, on peut aussi rallier le parc national d’Erawan et ses fameuses chutes, situés à 70 kilomètres de là.


LES CHUTES D’EAU : SAI YOK NOI ET LE PARC NATIONAL D’ERAWAN

Les chutes d’Erawan étant assez fréquentées, le bon plan consiste à y arriver dès l’ouverture (8h00), avant le débarquement de tous les visiteurs basés à Kanchanaburi. Il y a alors peu de monde et c’est le meilleur moment pour en profiter.

Idéalement, il faut donc passer la nuit à proximité, c’est pourquoi la veille de notre visite des cascades, nous avons pris le « train de la mort » pour aller dormir à Nam Tok, non loin d’Erawan. Et là, nous avons découvert par hasard qu’il y avait également de très belles cascades.

Sai Yok Noi Waterfall

Le parc national de Sai Yok, très arboré, est situé en pleine nature.

Il est relativement peu fréquenté car même s’il y a un peu de monde par endroits, on peut profiter quand même des cascades sans promiscuité, dans un cadre naturel idyllique.

On peut aller et venir dans les petites grottes situées derrière les rideaux d’eau.

Il fait chaud, l’eau est rafraîchissante et la verdure cerne le site.

Cet avant-goût des fameuses cascades d’Erawan est une excellente étape.


Le parc et les chutes d’Erawan

Les chutes d’Erawan dégoulinent sur sept niveaux. Il est possible (et délicieux) de se baigner dans chaque piscine naturelle entre deux chutes.

On les atteint en marchant dans la forêt, sur un terrain qui monte souvent mais où un sentier et parfois des escaliers sont aménagés, ce qui rend la balade assez facile. Elle est d’autant plus agréable qu’elle est régulièrement ponctuée des fameuses cascades.

La première, Lai Kun Rang, est accessible très rapidement. Si on y arrive tôt le matin, elle est déserte et on s’y baigne absolument seul.

Plus tard dans la journée, elle est d’autant plus prise d’assaut par les touristes qu’elle est accessible en quelques minutes de marche seulement, contrairement à celles des niveaux supérieurs qui nécessitent de marcher plus longtemps. Voici la même chute, quelques heures plus tard :

Entre deux baignades dans les cascades, la balade dans la forêt est très agréable.

La troisième cascade, Pha Nam Tok, est l’une des plus hautes.

Parfois, quelques offrandes abandonnées au milieu de nulle part ponctuent l’itinéraire dans la forêt.

Au cinquième niveau, Buar Mai Long est l’une des cascades les plus agréables pour se baigner. Mais du coup, elle devient vite aussi l’une des plus fréquentées.

Les cascades sont tellement paradisiaques qu’on a presque tendance à négliger la balade dans la forêt, pourtant elle aussi très agréable.

La cascade du sixième niveau, Dong Pruk Sa, est peut-être la plus sauvage car elle est difficilement accessible.

Mais la plus agréable est sans doute celle du septième et dernier niveau, Phu Pha Erawan : ceux qui entament la balade tôt le matin sans s’arrêter à aucune cascade y arrivent les premiers, et peuvent donc la savourer tout seuls.

Mais très vite dans la matinée, elle devient assez fréquentée, ce qui n’enlève pourtant rien à cette sensation de petit paradis tropical qu’elle laisse à tous ceux qui s’y baignent. La température de l’eau, dans cette chaleur ambiante, est tout simplement délicieuse…

Une fois terminée la journée de détente dans les cascades et la forêt d’Erawan, on peut faire un petit détour par le barrage de Srinakarin, situé non loin de là.

L’ouvrage, qui permet de réguler les rivières et de produire de l’énergie hydroélectrique, est assez impressionnant. On peut se balader à son sommet, d’où la vue dégagée en direction de la Birmanie voisine vaut le coup d’œil.



INFOS PRATIQUES


La monnaie thaïlandaise est le Bath (THB). Les conversions indiquées ci-dessous en euros tiennent compte du taux de change de décembre 2019 (1 euro = 34 THB environ).


BANGKOK


Se déplacer à Bangkok

Se rendre d’un point à l’autre de la mégapole trépidante et saturée peut relever du parcours du combattant.

Pour y remédier, voici le site idéal : transitbangkok.com. Il répertorie toutes les lignes de tous les moyens de transports de la ville, propose des cartes et calcule même les itinéraires d’un point à l’autre, en combinant les différents moyens de transports existants (métro + bateau par exemple, etc.)

Le tuk-tuk

Totalement dépaysant, c’est l’un des symboles de la Thaïlande ! Au rayons des avantages, ses petites dimensions lui permettent de se faufiler entre les voitures à l’arrêt, ce qui en fait un moyen de transport plutôt rapide. Côté inconvénients, les gaz d’échappements et le vacarme ambiants font fonctionner nos narines et nos oreilles à plein régime ! Mais malgré tout, ce moyen de transport emblématique du pays fait partie des incontournables. A noter que par temps de pluie, la chaussée est glissante et il vaut mieux préférer un autre moyen de déplacement.

A savoir : afin d’éviter toute mauvaise surprise, il faut négocier le prix avant le départ.

Le taxi

Il est à la fois plus lent que le tuk-tuk mais aussi plus confortable, et surtout moins cher ! Comme le tuk-tuk, on en trouve partout, il faut juste privilégier les taxis-meters (c’est-à-dire dotés d’un compteur) et veiller à ce que le chauffeur le mette bien en marche au départ.

Le bateau : Chao Phraya Express

Il s’agit de navettes fluviales sillonnant la Chao Phraya, la fameuse rivière qui serpente à travers Bangkok. C’est un moyen de transport simple, rapide, agréable et dépaysant, qui est idéal pour circuler dans la capitale, loin du bitume saturé. C’est sans doute le meilleur moyen de se déplacer pour se rendre à certains monuments comme le Wat Arun ou le Grand Palais, l’arrivée par le fleuve constituant un point de vue différent et intéressant.

Prix : 15 THB par trajet pour la ligne orange (0,50 euro environ), qui dessert les principaux sites touristiques (et 13 à 32 THB pour les deux autres lignes, la verte et la jaune, pour des trajets plus longs). On achète généralement les billets à bord (possible également sur le quai, au guichet).

Le métro

Il existe deux types de métros : le métro aérien BTS (Bangkok Transit System) et le métro souterrain MRT (Mass Rapide Transit). Bien qu’ils soient connectés entre eux par quelques stations de correspondances, ils appartiennent à deux réseaux différents, ce qui signifie qu’on doit acheter des tickets de métro spécifiques à chaque réseau. Les tickets communs aux deux réseaux n’en sont pour l’instant qu’au stade de l’étude…

→ Prix : 15 à 50 THB (env. 0,50 à 1,50 euro) selon la longueur du trajet

→ Horaires : de 6h00 à minuit 

→ Fréquence : toutes les 5 minutes maximum aux heures de pointe (6h00-9h00 et 16h30-19h30), et toutes les 10 minutes maximum le reste du temps.

Le bus

Les bus urbains de Bangkok ont essentiellement deux caractéristiques : d’une part, ils ne coûtent presque rien (7 à 20 THB par trajet, soit 0,20 à 0,60 euro environ) mais d’autre part, les trajets sont plutôt longs à cause de la circulation très dense dans laquelle ils s’enlisent bien souvent, malgré l’existence de quelques files de bus. A éviter si l’on est pressé.

A pied

La ville est évidemment bien trop grande pour être parcourue à la seule force des mollets ! Marcher fait néanmoins partie du quotidien, et cela permet de s’imprégner de l’ambiance unique de la ville. A noter que pour traverser certaines artères très fréquentées, il faut obligatoirement emprunter les fameux Fly Over, des ponts enjambant la chaussée et qui font office de passages pour piétons.


Quelques généralités sur les temples

→ Il faut éviter de pointer les pieds vers Bouddha, car c’est considéré comme un manque de respect (même si en pratique, il suffit de jeter un œil vers les pieds des touristes pour se rendre que peu d’entre eux le savent…)

→ Une tenue correcte en adéquation avec ces sites sacrés est généralement exigée.

→ Toujours prendre de l’eau avec soi car on n’en trouve pas forcément partout et avec la chaleur fréquente à Bangkok, ce n’est pas du luxe !


Le Wat Pho et le Wat Arun

L’accès à tous les temples du pays est gratuit pour les thaïlandais. Voici le tarif d’entrée pour les visiteurs étrangers.

Wat Pho : depuis le 1er janvier 2019, le tarif d’entrée a doublé, passant de 100 à 200 THB par personne (3 à 6 euros environ).

Pour s’y rendre en bateau (pavillon orange) : descendre à l’arrêt Tha Thien n°8.

La traversée en bateau du Wat Arun au Wat Pho : 4 THB (0,12 euro environ)

Wat Arun : 50 THB par personne (1,50 euro environ).

A noter qu’on peut admirer le temple depuis l’autre rive, à la terrasse de l’un des nombreux bars/restaurant qui lui font face, idéalement au coucher du soleil : Resto Sala ArunResto Rattanakosin


Le Wat Phra Kaeo

→ Attention : le Wat Phra Kaeo ferme dès 15h30, il faut donc prévoir d’arriver suffisamment tôt (ouverture : 8h30).

→ S’y rendre en bateau (pavillon orange) : descendre à l’arrêt Tha Chang Pier

→ Le prix : 500 THB par personne (15 euros environ). Le billet donne donc accès au Wat Phra Kaeo ainsi qu’au Grand Palais, mais aussi au musée de la Monnaie et du Trésor Royal, et au musée des textiles de la reine Sirikit.

→ Tenue correcte exigée : on ne peut entrer en short ou en tongs. Sinon, il est possible de louer un sarong.

→ Il est interdit de photographier le Bouddha d’Émeraude.

→ L’arnaque : le grand classique, c’est le chauffeur de tuk-tuk qui vous dit que le site du Grand Palais, qui comprend le Wat Phra Kaeo, est fermé. Le but est de vous proposer de vous emmener visiter d’autres sites, mais de finir par vous rabattre vers des magasins où il perçoit une commission sur tous vos achats.

Le site officiel du Grand Palais : www.royalgrandpalace


Où loger ?

  • We Bangkok at Ratchaprarop

Il s’agit d’un appart’hôtel situé dans le centre de Bangkok  (quartier de Ratchathewi), à dix minutes à pied de la première station de métro aérien (= Sanam Pao). Piscine en terrasse (fermée quand il pleut). Nombreux petits restaurants et petits commerces à proximité, sur une artère animée.

Prix : à partir de 1000 THB (30 euros) la chambre pour deux, et 1600 THB (48 euros) l’appartement pour 4.

  • Resort M-BTS Chong Nonsi

Il est situé en plein cœur de bangkok (quartier de Bang Rak), aux pieds du métro aérien (station du même nom : Chong Nonsi) et à 15-20 minutes à pied du Chao Phraya Express, le « bateau-taxi » qui sillonne la rivière traversant Bangkok, la Chao Phraya.

Hôtel pas authentique du tout mais tout confort, plutôt design, ultra propre, avec une jolie piscine idéale pour se rafraîchir après une journée de visites dans la moiteur ambiante de Bangkok.

Prix : 550 THB (16 euros) la chambre pour deux en juillet 2019. Il semble que le prix ait considérablement augmenté depuis juillet 2019, étant désormais plus en conformité avec le standing de l’hôtel.

A noter qu’en levant les yeux depuis la piscine, on a une vue étonnante sur la plus haute tour de Thaïlande, la King Power Mahanakhon (314 m) et son fameux SkyWalk : il s’agit d’un sol transparent littéralement suspendu au-dessus du vide, sur lequel on peut marcher, s’allonger, se rouler…

Cette activité insolite est très prisée, notamment en fin d’après-midi où la file d’attente s’allonge pour accéder au SkyWalk. A noter que le sommet de la tour offre aussi une vue à 360° sur Bangkok.


AYUTTHAYA


Comment s’y rendre depuis Bangkok ?

Ayutthaya est située à 80 kilomètres au nord de Bangkok.

Le moyen de transport le moins cher est le train : en fait, il est quasi-gratuit puisque le prix d’un aller simple en 3e classe est de 15 THB (0,50 euro). Le confort est certes basique mais correct : sièges en bois et absence de clim, et contact avec la population garanti !

Le prix est de 66 THB (2 euros environ) en 1e classe et 35 THB (1 euro environ) en 2nde classe.

Le trajet est censé durer 1h20 mais les trains prennent facilement une demi-heure de retard, parfois plus…

On prend le train depuis la gare Hua Lamphong de Bangkok (accessible notamment par le MRT, le métro souterrain).

Également, de nombreux bus partent pour Ayutthaya depuis la gare routière de Mo Chit, ainsi que des mini-vans. Le prix tourne autour d’une dizaine d’euros.

Enfin, le taxi reste une option sensiblement plus chère mais facile à organiser : il suffit pour cela de négocier le prix avant de monter dans la voiture.

Le site officiel pour réserver : Thaïland Railway


Où loger ?

Le Oyo 356 PU Guesthouse est situé à un kilomètre de Wat Mahathat, l’un des principaux temples d’Ayutthaya.

→ Prix : à partir de 500 THB la chambre double (15 euros environ).

L’hôtel propose différents tours pour visiter les temples, dont un tour en bateau de 2h00 (qui peut déborder) pour 200 THB par personne (6 euros environ) et qui se termine par la visite du magnifique temple Wat Chai Watthanaram sous les rayons du soleil couchant.


LE MARCHÉ FLOTTANT DE DAMNOEN SADUAK


Où loger ?

Le Tonnum Resort est situé à une vingtaine de minutes en voiture du marché flottant. Il constitue une excellente solution pour arriver tôt le matin au marché flottant, avant l’arrivée en bus des nombreux touristes en provenance de Bangkok (à 1h30 de route de là environ).

Les chambres disposent de café, thé et eau ainsi que d’un frigo.

Le gérant nous a réservé un accueil exceptionnel, nous emmenant même gratuitement dans sa voiture passer la soirée dans un petit marché nocturne très vivant et vide de touristes (juste à côté du Mae Klong Railway Market), situé à quinze minutes de route de l’hôtel.

→ Prix : à partir de 33 euros la chambre double et 39 euros la chambre pour quatre.


Marché flottant : l’arnaque à éviter

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, voici la mésaventure que nous avons vécue et qu’il faut éviter.

Quand on se rend sur place en taxi ou avec un chauffeur privé, on s’expose à ce qu’il nous emmène, non pas au cœur du marché comme on le lui a demandé, mais à quelques encablures de là, à un terminal de barques situé sur le canal, à l’écart du marché flottant.

A cet endroit, situé en plein dans la gueule du loup (!), les différents tours proposés atteignent des prix exorbitants : 3000, 4000, 5000 Baths (90 à 150 euros environ !), le prix variant en fonction de la durée (une heure, deux heures…) et du contenu (visites de temples incluses ou pas, par exemple)

Le tour en barque traverse le cœur du marché un peu trop vite et s’attarde beaucoup plus longuement dans les nombreux magasins de souvenirs qui jalonnent les rives. Le but est de faire acheter des souvenirs au touriste, le chauffeur qui l’a conduit là étant rémunéré à la commission.

Ne sachant pas du tout où nous étions et disposant d’un timing serré, nous n’avons pas pu prendre le temps de nous débrouiller autrement, d’autant plus que notre chauffeur ne parlait pas (semble-t-il…) l’anglais. Nous avons donc juste négocié à la baisse le tarif du tour en barque (2000 THB, soit quelques 60 euros quand même).

En ce qui nous concerne, bien que gardant en mémoire un arrière-goût d’arnaque de cette petite escapade fluviale, il faut reconnaître que ce marché, ou du moins le peu que nous en avons vu, nous a beaucoup plu malgré tout.

D’après les infos que nous avons eues beaucoup plus tard, la balade en barque au cœur du marché nous serait revenue à 600 THB à quatre au lieu de 2000…


Street food nocturne le long du Mae Klong

Le fameux Mae Klong Railway Market dispose de quelques étals qui continuent à accueillir le client le soir.

On y trouve également une zone animée où de nombreux stands permettent de s’attabler dans la rue pour manger. Nous nous y sommes franchement régalés à cinq pour un total de 260 THB (7 euros environ).


KANCHANABURI ET LA RIVIÈRE KWAÏ


Quitte à dormir à Kanchanaburi, autant choisir un lieu mythique : la rivière Kwaï ! Différents hôtels flottants sont posés dessus. Parmi eux, le VN Guesthouse bénéficie d’un superbe emplacement et respire la sérénité. Il n’y a rien de plus délassant que de prendre un verre ou un repas sur la terrasse du restaurant qui surplombe la rivière.

La restauration est bonne, le plat est à partir de 80 THB (2 euros environ).

Les chambres sont minimalistes mais propres et correctes.

→ Prix : à partir de 400 THB la chambre double (12 euros).

A noter que depuis Kanchanaburi, on peut aussi rallier le parc national d’Erawan et ses fameuses chutes, situés à 70 kilomètres de là, qui font ici l’objet d’un article à part.


Leur devise : « Chez Elephants’ World, nous travaillons pour les éléphants, au lieu que ce soit eux qui travaillent pour nous »

Différentes organisations permettent d’approcher les éléphants en Thaïlande, mais toutes ne respectent pas forcément ces animaux. Par exemple, il est souvent possible de monter à dos d’éléphant, ce qui est néfaste pour l’animal car leur dos est finalement comme celui des humains : fragile.

En effet, s’ils peuvent porter 500 kilos avec leur trompe, le maximum raisonnable pour leur dos est d’une centaine de kilos seulement. Les harnacher d’une lourde chaise métallique, pour transporter en général deux touristes à la fois, est donc beaucoup trop lourd pour eux : il faut bannir cette pratique.

Elephants’ World ne fait donc pas partie de ces organisations-là. Elle agit pour la protection de l’environnement et assure les soins quotidiens d’une trentaine d’éléphants, en visant uniquement le bien-être des pachydermes.

Les « éco-voyageurs » passent leur temps sur place, qui varie selon la formule choisie, à s’occuper de ces animaux : préparation de leur pitance, nourrissage, toilette, et le clou du spectacle, un bain avec eux dans la rivière Kwaï.

Avant le covid, il existait également des formules longues (une à quatre semaines en pension complète). Elles reviendront peut-être…

    • 1/2 journée : 1800 THB (à partir de 12 ans, soit 45 euros environ) et 1300 THB (moins de 12 ans, 33 euros)

    • 1 jour : 2500 THB (à partir de 12 ans, soit 63 euros environ) et 1800 THB (moins de 12 ans, 45 euros)

    • 2 jours/1 nuit : 4900 THB (à partir de 12 ans, soit 123 euros environ) et 3500 THB (moins de 12 ans, 88 euros), avec balade en forêt, randonnée en montagne, observation des oiseaux…

Le prix comprend l’aller-retour depuis Kanchanaburi : l’association vient chercher les visiteurs à leur hôtel, puis les y ramène.

N’hésitez pas à vous y connecter : Elephants’ World.

Le site est complet, tout y est : le programme détaillé des différentes formules, des infos générales instructives sur le monde des éléphants, et même la fiche individuelle de chaque animal qui vit là (par exemple, Saiyok est né en 2018, et Tangmo en 1950 !)

Contact : info@elephantsworld.org (= pour toute demande, sauf pour réserver : pour ça, il faut passer par leur site).

ElephantsWorld
90 Moo 4, Ban Nong Hoi,
Amphoe Mueang, Tambon Wang Dong,
Kanchanaburi 71190, Thailand

 


LES CHUTES D’EAU : ERAWAN ET SAI YOK NOI


Où loger ?

Le Plaifon & Tonnaw House est une maison d’hôtes où l’accueil est tout simplement excellent.

Elle est située à Sai Yok, à 45 minutes en voiture du parc national et des chutes d’Erawan, et à 10 minutes à pied des jolies chutes de Sai Yok.

→ Prix : à partir de 370 THB la chambre double (11 euros environ) et 570 THB la chambre pour 4 (17 euros).



Malaisie : lire l’article


UNE DESTINATION HORS DES SENTIERS BATTUS ? LE CAP-VERT…

Le Cap Vert est un petit archipel volcanique, composé de dix îles isolées au milieu de l’Océan Atlantique. A la croisée des routes maritimes entre trois continents, l’Afrique, l’Amérique et l’Europe, son nom reste lié à l’histoire de l’esclavage.

(Google Maps)

Mais aujourd’hui, ce petit morceau d’Afrique aux accents créoles a beaucoup à offrir aux voyageurs en mal de dépaysement et d’escapades hors des sentiers battus.

Nous avons visité trois de ces dix jolis cailloux qui émergent de l’océan : Maio l’île sauvage et authentique, Fogo l’île volcanique et Santiago l’île cosmopolite.

(Google Maps)


Voici donc notre carnet de voyage détaillé, qui comprend toutes nos infos pratiques à la fin.

Maio : la petite île sauvage et authentique

 Fogo : l’île-volcan

 Santiago : l’île cosmopolite

 Street Art au Cap-Vert !

 Toutes nos infos pratiques


MAIO : LA PETITE ÎLE SAUVAGE ET AUTHENTIQUE

Pour effectuer le trajet entre les îles voisines de Santiago où nous avons atterri depuis la France, et Maio, la première étape de notre voyage, il existe deux moyens : l’avion et le bateau. Afin d’éviter une éventuelle annulation du bateau en cas de mer trop forte, mais aussi pour gagner un peu de temps, nous avons choisi de prendre l’avion : le vol dure en effet quinze petites minutes, alors que la traversée en bateau prend trois heures. Notre séjour ne durant que quinze jours, cette petite demi-journée gagnée n’est pas négligeable.

Les maisons colorées de Vila de Maio

Notre première journée sur l’île ne nous permettra pas d’apercevoir le soleil. Il faut dire que nous sommes mi-août, ce qui correspond au tout début de la saison des pluies, qu’on devrait d’ailleurs plutôt appeler la saison des nuages. Car cette période de pluies n’a rien à voir avec ce qui se passe dans d’autres régions du monde, comme l’Asie du Sud-Est par exemple où la mousson est parfois dévastatrice. Ici, les habitants n’ont pas vu tomber une goutte d’eau depuis un an, à quelques jours près, et pour eux c’est un drame. C’est pourquoi le sol est si sec et la végétation si pauvre.

Du coup, les fruits et légumes sont rares, et le cheptel souffre à un tel point que certains éleveurs sont parfois obligés d’abattre quelques bêtes. Ironie du sort, en France, nous sortons d’un hiver abominable avec près de cinq mois de grisaille incessante et de pluies fréquentes, notamment dans certaines régions. Déréglé, notre climat ?…

La plage qui borde le village de Vila de Maio

Nous allons rester une semaine sur Maio. Nous sommes logés au Stella Maris Village, une petite résidence située à l’extrémité de Vila. Une piscine commune, juchée sur le rebord d’une petite falaise, domine la Grande Bleue.

Le crépuscule sur Stella Maris Village

Cette falaise n’est donc pas bien haute mais elle permet d’avoir une vue agréable sur les alentours.

Depuis cette résidence, il suffit de dix petites minutes de marche pour traverser le village et rejoindre la plage.


La plage et les pêcheurs

Nous n’avons pas choisi l’île de Maio que pour son côté calme, sauvage et authentique. Il s’agit aussi pour Victor et Arthur, nos deux fils, de passer leur niveau 1 de plongée dans les jolies eaux du Cap Vert, réputées poissonneuses mais relativement épargnées par les plongeurs. Du moins pour le moment…

Dès le premier jour, nous partons donc à la rencontre de Bernard, qui tient le club AAA Maio Plongée, afin de planifier les cinq plongées nécessaires à la formation en vue du diplôme (normalement il en faut six, mais exceptionnellement Victor et Arthur n’en feront que cinq chacun car ils ont déjà une bonne petite expérience de plongée avec une dizaine de baptêmes à leur actif chacun).

Les sites de plongée sont accessibles en bateau mais pour rejoindre ce dernier, il faut passer la barre. Les vagues sont en effet plus ou moins fortes et, si elles sont clémentes pour la première sortie en snorkeling, passer la barre sera un peu plus sportif pour les plongées suivantes avec les bouteilles sur le dos. Une expérience  très sympa néanmoins.

Pour la première sortie snorkeling, les vagues sont clémentes…

La semaine de plongée avec Bernard se déroulera à merveille, dans des eaux cap-verdiennes étonnamment poissonneuses.

Le matin de la dernière plongée, en observant la mer afin de passer la barre sans encombre, nous apercevrons même un banc de dauphins traverser la baie au loin. Un moment toujours magique…

En une semaine, la plage de Vila, où est situé le club de plongée, est l’endroit le plus animé que nous verrons sur toute l’île. A longueur de journée, les bateaux de pêche reviennent chargés de poissons plus ou moins gros.

Retour de pêche

Ici, tous les pêcheurs ont un sens aigu de la solidarité, car ils ne peuvent sortir tout seuls leur bateau de l’eau, a fortiori lorsqu’il est ballotté par des vagues parfois puissantes.

Ainsi, tout au long de la journée, chaque fois qu’un bateau rentre, les pêcheurs présents sur la plage accourent pour l’aider à tirer son bateau et le poser un peu plus haut sur le sable, à l’abri de la mer.

La présence de ces bateaux de pêche colorés sur la plage est une constante que nous rencontrerons un peu partout au Cap Vert.

Parfois, les pêcheurs ramènent de superbes prises. Plutôt que de transporter le poisson à la main dans un lieu adéquat, ils le découpent alors sur la plage.

Espadon-voilier

Mais tous les soirs pendant notre séjour, c’est également sur cette plage qu’a lieu le tournoi de foot annuel de Maio : les habitants des différents villages de toute l’île se donnent rendez-vous ici en fin de journée pour s’affronter, y compris quelques équipes féminines.

Joueurs et joueuses sont encouragés par quelques centaines de spectateurs, ce qui n’est pas rien sur une petite île qui compte à peine 8000 habitants.

La plage fait ainsi office de stade : le sable remplace la pelouse, et les bateaux multicolores des pêcheurs servent de sièges et de gradins. La fête se déroule dans une ambiance bon enfant, au son de la musique que crachent de puissantes enceintes, et au milieu des odeurs de poisson grillé.

Pendant ce temps, les jeunes ainsi que les très rares touristes barbotent dans une mer qui peut s’avérer parfois dangereuse, du moins si l’on est imprudent.

Les vagues peuvent être fortes, mais c’est surtout des courants qu’il faut se méfier.

Bon, il suffit juste de faire un peu attention pour pouvoir se baigner en toute tranquillité, y compris au cœur des tubes que les vagues forment en permanence.


La « capitale » : Vila de Maio et ses habitants

Lors de notre semaine à Maio, pas un seul jour nous ne manquerons de nous rendre sur cette plage. Pourtant, aussi agréable soit-elle, il y a heureusement d’autres lieux à découvrir sur l’île. A commencer par sa principale bourgade : Vila de Maio.

A Maio comme un peu partout au Cap Vert, les maisons ont un point commun avec les bateaux de pêche : elles sont gaies et colorées.

Surplombant la mer, le petit fort San José et ses vieux canons rappellent qu’il y a deux à trois cents ans, il était vital de lutter contre les pirates qui naviguaient dans les parages.

Changement d’époque, changement de déco ! Aujourd’hui, certaines maisons sont taguées par des artistes (voir le récapitulatif en fin d’article).

Vila compte à peine 3.000 habitants et quand on se balade dans ses ruelles, on a vite l’impression que tout le monde connaît tout le monde.

C’est pourquoi nous saluons, en portugais qui est la langue locale, chaque habitant que nous croisons. En retour, il est rarissime qu’ils ne nous gratifient pas d’un grand sourire.

Ils semblent ne jamais vraiment faire attention à nous mais dès que nous les saluons et que nous essayons d’engager la discussion, ils nous répondent systématiquement avec une grande gentillesse. Pour moi qui adore discuter avec les gens que je rencontre en voyage, puis les prendre en photo lorsqu’ils sont d’accord, cette île est un pur régal.

Un matin, en me baladant dans les ruelles colorées, je salue un monsieur qui prend tranquillement le frais à sa fenêtre. Il me répond en anglais et engage aussitôt la discussion. Il s’appelle Mario et me raconte fièrement qu’il a visité de nombreux pays lointains comme la Suède, la Russie ou encore le Canada. Aujourd’hui à la retraite, il a exercé toute sa carrière en tant que marin au long cours, ce qui l’a mené aux quatre coins du globe. Ce baroudeur Cap-Verdien est sympa et ouvert, et je me régalerai à discuter avec lui presque tous les jours, puisque je le croiserai régulièrement dans les ruelles de Vila.

Mario, marin au long cours retraité

Le lendemain de cette rencontre, au détour d’une autre ruelle, je me fais ferrer par un pêcheur, Manuel : il a vu mon appareil photo et me demande de faire une image de lui. Aussitôt dit, aussitôt fait.

Manuel

Jovial et théâtral, il ose quelques pas de danse avec le fruit de sa pêche posé en équilibre instable sur sa tête, manquant de tout faire tomber par terre à plusieurs reprises. Puis il exhibe fièrement devant mon objectif les superbes dorades qu’il a pêchées, et qui n’ont pas grand-chose à voir avec celles de vingt centimètres de long de nos supermarchés…

Puis Manuel s’en va comme il est arrivé, tranquillement et en chantonnant, sa cuvette de dorades plus ou moins bien calée sur la tête…

Je m’en vais donc moi aussi et, au fil des ruelles et des rencontres, j’immortalise les lieux et les gens.

Isandra et son œil malicieux
Kalao


Branco

Quand je tire le portrait aux habitants, le meilleur moment est toujours celui où je leur montre les images réalisées. Et avec Sandra, Kalao et Branco, comme toujours, les commentaires fusent et les éclats de rire aussi. Isandra me donne son adresse mail pour que je lui envoie les trois photos, ce que je ferai effectivement une fois rentré en France.


La ponte des tortues

Le Cap Vert fait partie de ces sites dans le monde où chaque année, les tortues viennent pondre leurs œufs. Et cet endroit n’est pas le moindre puisque, bien qu’étant minuscule, ce pays est le troisième site le plus important de tout l’Atlantique où vient pondre ce placide reptile.

Pour assister à ce spectacle nocturne, nous nous adressons à la Fondation de Maio pour la Biodiversité, dont l’un des rôles consiste à favoriser la protection des tortues marines.

C’est donc Dennis, un jeune membre de la fondation, qui nous emmène à la tombée de la nuit sur une plage de l’île habituellement fréquentée par les tortues. Un couple de français rencontré à Vila est venu ici il y a trois jours : ils ont pu observer six tortues en train de pondre ! Nous sommes donc plein d’espoir, d’autant que le créneau semble assez long : la sortie va durer quatre heures.

Et pourtant, nous allons passer un très long moment sans apercevoir la moindre tortue à l’horizon, bien que nous scrutions inlassablement la mer dans la pénombre. Le seul spectacle dont nous gratifie la nature est celui de la voûte étoilée qui brille au-dessus de nos têtes.

Pour patienter, Dennis nous donne plein d’infos sur les tortues. Par exemple, il nous explique que l’une des caractéristiques les plus surprenantes de cet animal est sa faculté à venir pondre systématiquement ses œufs sur la plage sur laquelle il est né, malgré les milliers de kilomètres qu’il a parcourus entre-temps dans les océans. A croire que la tortue a inventé le GPS bien avant l’homme…

Après quasiment trois heures d’attente, un membre de la fondation nous fait un signal lumineux avec sa frontale rouge à au moins deux cents mètres de nous : cela signifie qu’il a repéré une tortue qui s’apprête à pondre.

Pourquoi une lumière rouge ? Tout simplement parce que si une tortue aperçoit une lumière blanche, elle fait immédiatement demi-tour. La lumière rouge, elle, ne la perturbe pas.

Lorsque nous arrivons à hauteur de la tortue, elle a déjà commencé son travail. Le contraste est étonnant entre ce gros animal pataud et la façon extrêmement délicate dont il creuse  : la tortue récolte le sable avec une grande précision, dans le creux de sa nageoire qu’elle utilise exactement comme si c’était une pelle !

N.B. Qui dit lumière rouge dit photos rouges, donc photos bizarres, c’est pourquoi je les présente ici en noir et blanc. Rien à voir donc avec des photos d’art en noir et blanc, c’est juste une question pratique !

Un membre de la Fondation Maio Biodiversité observe une tortue en train de creuser

Dès que la tortue semble avoir terminé son trou, un membre de la fondation y dépose un sac plastique grand ouvert. C’est donc à l’intérieur de ce sac, et non pas directement dans le sable, que la tortue va pondre.

Le but consiste à récolter les œufs (60 à 80 en moyenne par ponte) afin de les mettre ensuite dans ce qu’on appelle une nurserie : il s’agit d’un autre trou dans le sable mais creusé par les membres de la fondation. Ce trou-là sera donc protégé, lui, des prédateurs naturels (crabes, rats, chiens errants, voire oiseaux etc.) mais aussi des négligences des humains.

Le but de cette nurserie consiste à placer les œufs dans les meilleures conditions pour que les futurs bébés tortues soient aussi nombreux que possible à naître puis survivre.

Pour l’instant, nous devons toujours rester derrière la tortue afin de ne pas la déranger : pendant la ponte en effet, la lumière, même rouge, ne doit surtout pas éclairer l’animal de face pour ne pas le perturber. Nous verrons donc sa tête plus tard…

Quand la ponte se termine, les membres de la fondation se dépêchent de mesurer la longueur de la carapace. Verdict : 90 centimètres quand même, sans tenir compte de la tête !

Ensuite, ils récoltent rapidement le sac contenant les œufs car la future maman, guidée par son instinct, a déjà commencé à ensabler le trou ! Elle ne sait pas qu’il est vide, mais nous la regardons le reboucher quand même jusqu’au bout car il est évidemment important de la laisser faire son travail instinctivement, du début à la fin. Les œufs seront comptés plus tard.

A ce moment, nous pouvons enfin passer de l’autre côté de la carapace afin de voir à quoi ressemble notre animal.

Reboucher ce trou vide semble lui demander un effort considérable. Nous sommes à quelques centimètres d’elle et nous percevons parfaitement son souffle d’effort. Une fois son devoir accompli, elle regagne enfin la mer, de manière assez rapide d’ailleurs au vu de ses mensurations et de ses origines aquatiques.

Retour à la mer

Une fois qu’elle a disparu dans son élément naturel, c’est l’heure du comptage des œufs, lesquels ressemblent comme deux gouttes d’eau à des balles de ping-pong, mais en plus visqueux. Et il s’avère que notre amie n’a pas chômé : elle a expulsé 101 œufs en tout !

Bilan de la ponte : 101 œufs !


Les plages désertes et les dunes sauvages

Maio étant également réputée pour ses plages désertes et ses dunes sauvages, nous décidons d’aller voir à quoi ressemblent ces paysages typiques de l’île. Pour cela, il faut nous rendre à Morinho, un petit village situé au nord-ouest de Maio. Nous pensions y aller en quad mais, n’ayant pas cru bon prendre nos permis de conduire en quittant la France, nous en sommes quittes pour faire appel à un taxi.

C’est ainsi que nous faisons la connaissance de Neal, un jeune cap-verdien qui nous emmène dans son combi rouge-écarlate au pied des dunes.

De là, nous allons en avoir pour une quinzaine de minutes à crapahuter à travers les dunes. Les montées et les descentes se succèdent donc pendant que le soleil brille… par son absence.

Au bout de cette petite marche nous attend une jolie plage, sauvage et entièrement déserte.

Autour de l’unique bateau de pêche qui la décore, quelques restes de poissons ont été abandonnés mais pas n’importe lesquels : il s’agit de deux requins juvéniles. Et ce qui tranche avec les pratiques des pêcheurs de bien d’autres pays, c’est qu’ici ils jettent les ailerons du requin, et mangent à peu près tout le reste. Alors qu’ailleurs, c’est justement pour leurs ailerons et le prix élevé auquel ils sont vendus, que les requins sont sur-pêchés. Dans ces cas-là, ils sont d’ailleurs souvent rejetés encore vivants à l’eau où ils agonisent. La pratique cap-verdienne nous rassure donc : ici, les pêcheurs n’ont prélevé que ce qu’ils ont mangé.

Après une petite baignade seuls au monde dans l’eau tiède, nous quittons cette plage pour aller retrouver Neal. Il nous attend au pied des dunes avec sa femme et leur fillette Nilsa, qui l’ont rejoint.

La petite Nilsa et ses parents

Le soir, nous les croiserons dans une petite paillote posée sur la plage de Vila : c’est dans ce petit resto agréable qu’ils dépenseront en famille une partie des escudos gagnés l’après-midi avec nous. Quant à nous, ce sera notre dernière soirée sur l’île de Maio, dont nous garderons un superbe souvenir.

L’île de Santiago vue depuis celle de Maio


FOGO : L’ÎLE-VOLCAN

Du haut de ses 2.829 mètres d’altitude, le Pico do Fogo (« Pic de Feu ») est le point culminant du Cap Vert, dont il est également le seul volcan encore actif.

Grafiti (Sao Filipe)

Notre séjour sur Fogo va se dérouler en deux temps : nous allons d’abord passer trois jours en quelque sorte sur une autre planète, c’est-à-dire dans les paysages irréels de la caldeira, avant de terminer par une visite de Sao Filipe, la principale ville de l’île.

Grafiti (Sao Filipe)


Habiter dans un volcan actif !

Ce qui fait la réputation du Pico do Fogo, c’est qu’il s’agit de l’un des rares volcans actifs dans le monde à être habité (et même le seul, si l’on en croit les gens d’ici).

→ L’éruption de 2014

A l’intérieur de cette caldeira de neuf kilomètres de diamètre, dans laquelle les cratères ont poussé comme des champignons au fil du temps et des éruptions, habitaient environ un millier de personnes jusqu’au 23 novembre 2014.

Ce jour-là, le volcan entra en éruption. La lave se répandit alors dans une bonne partie de la caldeira au cours des jours et des semaines suivantes, engloutissant lentement mais sûrement toutes les habitations qui se trouvaient sur son passage. Même s’il n’y eut aucune victime à déplorer, car la population avait pu être évacuée à temps, les quelques hameaux qui étaient posés là furent quasiment rayés de la carte.

Le Pico do Fogo entre deux éruptions : celle dévastatrice de 2014, et la prochaine…

Mais reprenons depuis le début. Pour rejoindre ce cratère depuis la ville de Sao Filipe, il faut prendre un aluguer (petit taxi collectif). Son horaire quotidien ne coïncidant pas avec celui de l’atterrissage de notre avion, c’est en taxi « privé » que nous devons gagner le site. Il nous a été réservé par José, qui tient une pension située au cœur de la caldeira et aux pieds du Grand Pico, le cratère principal. Nous partageons ce taxi avec Leïla, une voyageuse marocaine avec qui nous allons très vite sympathiser et passer les trois prochains jours.

Il faut d’abord rouler pendant une heure sur une route qui serpente en permanence, pour monter de Sao Filipe, située au niveau de la mer, à la caldeira juchée à environ 2.000 mètres d’altitude. Là, on pénètre dans le vaste cratère par une route pavée en mauvais état.

Mais très vite, juste après être entrés dans la caldeira, cette route est coupée par une coulée de lave de trois ou quatre mètres de haut. On doit donc emprunter une piste secondaire de contournement, qui a été façonnée dans les semaines qui ont suivi l’éruption.

L’arrivée dans la caldeira vue depuis le Grand Pico : en blanc, la route coupée par la lave ; en gris, la piste de contournement

Le paysage est à la fois lunaire et hypnotisant, à tel point que nous ne voyons pas passer les trois-quarts-d’heure de piste nécessaires pour rallier le village. Le site s’appelle Chã das Caldeiras. En théorie, c’est le nom de la caldeira mais en pratique, c’est ainsi qu’on dénomme le village et plus précisément les hameaux construits (ou plutôt reconstruits) au fond de la caldeira.

En arrivant à la pension Pensao Casa José Doce, où nous allons avoir la chance de passer trois jours et trois nuits inoubliables, nous sommes accueillis par Carole. Française, c’est aussi la femme de José, le propriétaire cap-verdien des lieux.

Pour les matériaux de construction et de décoration de la pension, il n’a pas fallu aller chercher bien loin : on a utilisé notamment les roches volcaniques et les morceaux de lave durcie, dont la couleur varie en fonction de la date d’éruption.

Pensao Casa José Doce : la pension est située aux pieds du volcan

En 2014, José a eu beaucoup de chance : sur les 22 pensions qui garnissaient alors le cratère, la sienne fut l’une des deux seules à ne pas être ensevelie sous la lave. Cette dernière s’est en effet arrêtée à une dizaine de mètres de ses murs.

En 2014, la lave (au premier plan) s’est arrêtée à dix mètres de la pension de José (le bâtiment gris à gauche)

José nous explique que pendant les deux mois et demi qu’a duré l’éruption de 2014, les habitants s’étaient trouvés contraints de vivre temporairement à Sao Filipe et ne pouvaient pas retourner dans le cratère. Ils épluchaient alors les images satellites via internet pour essayer de voir si leur habitation était engloutie ou pas. L’attente et surtout l’impuissance qu’ils ressentaient face aux éléments déchaînés leur étaient insupportables.

Parfois, la lave s’arrêtait à quelques mètres d’une maison et n’avançait plus. Les gens croyaient alors que leur habitation était sauvée. Mais quelques jours plus tard, elle reprenait inexorablement sa marche en avant et avalait tout sur son passage.

Par ici, le paysage de désolation est total. Pourtant après l’éruption, les habitants de ce site irréel, armés d’un courage hors-normes, ont décidé de revenir y vivre et donc de tout reconstruire. Mais sans aucune aide, car les pouvoirs publics considèrent qu’en cas de nouvelle éruption…

José nous explique alors le sentiment qui l’habite : il est né ici, il a grandi ici, il a toujours vécu ici, et il n’est donc pas question pour lui d’être déraciné. Et ici, tout le monde pense comme lui. Alors ces habitants, que les forces de la nature ont expulsés de chez eux, ont décidé de tout reconstruire, alors qu’ils avaient tout perdu. Et à force de patience, de persévérance et de travail acharné, ils ont fini par réussir leur pari insensé. Tout seuls, sans aide.

José

José est intarissable quand il nous raconte l’histoire de son village, qui est aussi la sienne. Il poursuit donc et nous explique que l’église aussi a été submergée par la coulée de lave. Voici tout ce qu’il en reste.

Au premier plan, l’église engloutie ; à gauche, le sommet de son fronton

Depuis, une petite église adventiste a été reconstruite sur la lave, aux pieds des remparts de la caldeira.

Un peu plus loin, la coopérative de vin a subi le même sort que l’église.

Quand José m’expliquait qu’il avait vu le vin brûler, j’avais du mal à imaginer la scène. Mais quand je me retrouve face aux vestiges du désastre, je comprends subitement beaucoup mieux ce qui s’est passé ici.

Une cuve de vin a été emportée par la lave

Quant au chai, il n’en reste plus grand-chose non plus.

L’intérieur du chai a été entièrement dévasté par la lave, du sol au plafond

En 2014, très peu de médias occidentaux ont parlé de cette éruption et de ses conséquences sur les habitants. Un silence incompréhensible pour nous après avoir vu ce champ de ruines, mais aussi pour certains vulcanologues, qui ont parlé de « l’éruption oubliée ».

Si cette histoire nous paraît édifiante, une telle adversité n’a pourtant pas aigri les gens d’ici, car ils considèrent comme normal d’avoir tout reconstruit.

D’ailleurs, cette reconstruction s’est faite dans la plus pure tradition locale. On peut voir notamment un certain nombre de maisons typiques, de forme circulaire, construites avec les pierres recrachées par le volcan, ce dernier ayant d’ailleurs inspiré la forme des toits.

Chã das Caldeiras : maison traditionnelle

Aujourd’hui, la vie normale a repris son cours, même si la spécificité de ce lieu unique rend le quotidien compliqué, comme nous l’explique Carole. Par exemple, il n’y a pas d’eau courante : il faut se faire livrer l’eau par camion et remplir des réservoirs grâce auxquels on peut quant même prendre une douche.

Il n’y a pas d’électricité non plus, ou à peine : quelques panneaux solaires permettent simplement de chauffer l’eau de la douche, ou encore de recharger les batteries des appareils photos des voyageurs de passage. Mais le soir venu, on s’éclaire uniquement à la bougie.

Également, pour s’approvisionner en quoi que ce soit, il faut sortir du cratère pour aller faire les courses à Sao Filipe, c’est-à-dire non pas au petit supermarché du coin comme chez nous, mais à trois ou quatre heures d’ici aller-retour.

Et puis les habitants ont su s’adapter. Ils savent par exemple que, contre toute attente, leur terre volcanique est d’une étonnante fertilité pour leurs plantes, leurs légumes et leurs arbres fruitiers. Car cela peut paraître étonnant mais tout pousse ici, et plutôt bien.

Un grenadier aux pieds du volcan

Grenades, coings, figues, mangues, pommes de terre, haricots etc : fruits et légumes s’épanouissent totalement ici. Mais aussi le café, ou encore le raisin bien sûr, puisque la spécialité du volcan, c’est le Manecom, ce fameux vin local.

Notre premier soir se profile dans ce lieu incroyable. Ce n’est pas encore tout à fait l’heure d’aller se coucher pour le soleil, néanmoins en descendant, il plonge rapidement tout l’intérieur de la caldeira à l’ombre de ses hauts remparts. Quelques habitants profitent des dernières lueurs du jour pour jouer au foot dans la poussière volcanique, juste à côté de la dernière coulée de lave.

Pour nous, après cette journée de récits et de visites qui s’est avérée assez forte émotionnellement, il est temps d’aller nous coucher, d’autant plus que demain à l’aube, nous ferons l’ascension du Grand Pico, réputée sportive. Néanmoins, je ne résiste pas à l’envie d’aller immortaliser les lieux de nuit avant d’aller me coucher.

Les remparts de la caldeira


→ L’ascension du Grand Pico et la descente par le Petit Pico

Pour que tout soit clair, commençons par un bref descriptif des lieux :

  • La caldeira : elle ressemble à un vaste cratère volcanique mais n’en est pas un. Lors d’une méga-éruption il y a quelques dizaines de millénaires, la chambre magmatique située sous le volcan, en se vidant, a provoqué un effondrement gigantesque : c’est ainsi qu’est née la caldeira. Son diamètre est de neuf kilomètres. C’est au fond de cette vaste dépression circulaire que se répand la lave à chaque éruption, et c’est donc aussi là que vivent les habitants de Chã das Caldeiras. L’intérieur de la caldeira est jalonné de nombreux cratères, dont le Grand Pico et le Petit Pico.
  • Le Grand Pico : c’est le fameux cône volcanique dont le sommet atteint les 2.829 mètres d’altitude, point culminant du Cap-Vert. Les éruptions ont eu lieu à son sommet jusqu’en 1769.
  • Le Petit Pico : petit cratère situé sur l’un des flancs du Grand Pico, c’est par lui qu’a eu lieu l’éruption dévastatrice de 2014.
  • Les autres cratères : les éruptions postérieures à celle de 1769 se sont produites depuis les flancs du Grand Pico, formant un certain nombre de cratères de tailles relativement modestes.
En route pour le sommet

L’ascension du Grand Pico

L’ascension classique du Grand Pico dure en moyenne six à sept heures. Une fois-là-haut, on redescend par l’autre côté, ce qui permet de découvrir le Petit Pico, lequel vaut vraiment le détour. Pour avoir un guide, il suffit de demander la veille à José.

Le départ se fait en théorie à 6h00 du matin, en pratique pour nous à 6h20 ! C’est-à-dire dans la pénombre. Notre guide s’appelle Dony et c’est lui aussi un habitant de la caldeira, un vrai de vrai, comme José. Il est toujours de bonne humeur et rit beaucoup, ce qui est très agréable. Enfin, Leïla, rencontrée la veille dans la voiture qui nous a emmenés ici depuis Sao Filipe, vient compléter notre équipée.

Nous partons donc à six et après vingt minutes d’une marche plutôt facile car ça monte peu jusque-là, le soleil levant réchauffe subitement les couleurs de la caldeira derrière nous.

Quant au volcan, il nous fait face et il est majestueux. Les quelques randonneurs que nous apercevons loin devant nous sur les pentes du volcan sont loin d’être arrivés en haut et pourtant, ils nous paraissent déjà minuscules. Cela nous fait vite comprendre que le sommet est beaucoup plus éloigné qu’il n’en a l’air. Et le soleil a beau être encore assez bas, il commence déjà à chauffer.

Notre petite équipe à l’assaut du volcan

Nous laissons derrière nous les derniers pieds de vigne qui servent à fabriquer le fameux Manecom, parfois surnommé « vin de lave ». Ce qui signifie que pour la récolte, les villageois-viticulteurs ont quand même une bonne petite trotte à faire pour venir vendanger jusqu’ici.

Quelques pieds de vignes au milieu des cratères

Puis nous entrons dans le vif du sujet, puisque nous nous retrouvons dans la foulée au beau milieu de paysages lunaires à n’en plus finir.

Le soleil de plomb qui nous tombe dessus nous oblige à faire quelques pauses, au cours desquelles nous essayons de ne pas dilapider notre stock d’eau.

Nous apercevons en contrebas quelques cratères qui ont tous été à l’origine d’éruptions de plus ou moins grande importance depuis le 18e siècle. Derrière eux, les remparts marquent les limites de la caldeira et au-delà, une mer de nuages s’étend à perte de vue au-dessus de l’océan.

Après quatre heures de montée, c’est enfin l’arrivée au sommet. 2.928 mètres d’altitude : ici, nous sommes géographiquement au point culminant du pays, mais ce volcan marque sans doute aussi le point culminant de notre voyage du point de vue des paysages et des émotions.

Nous avions prévenu Dony avant le départ que nous souhaitions prendre notre temps afin de faire à la fois des pauses-photos et des « pauses-repos ». Très à l’écoute, il a parfaitement su s’adapter à notre rythme.

Nous faisons une longue pause sur la petite arête sommitale qui nous offre deux vues différentes. D’un côté, le cratère du Grand Pico.

L’intérieur du cratère du Grand Pico

Le cratère

De l’autre côté, la vue sur la caldeira et son contenu : habitations, cratères, coulées de lave…

La caldeira

Dony nous propose alors de descendre au fond du cratère. Leïla, Marie et moi ne sommes pas très chauds et préférons rester là à admirer le paysage, contrairement à Victor et Arthur qui n’ont pas vraiment l’air fatigués. Dony les emmène donc quelques centaines de mètres plus bas, dans un décor grandiose.

Dony, Victor et Arthur : descente au fond du cratère

– La descente par le Petit Pico

Une fois terminée leur escapade dans les entrailles du volcan, nous commençons le retour tous ensemble en suivant la ligne de crête du cratère. Puis nous descendons dans les rochers pendant quelques dizaines de minutes avant de découvrir la surprise du chef : la descente de la pente du volcan en courant dans la cendre !

En réalité, ce n’est pas exactement de la cendre. C’est de la pouzzolane, c’est-à-dire une multitude de toutes petites roches volcaniques (plus ou moins de la taille d’un ongle) ultra-légères. On s’enfonce dedans comme dans du sable. Courir là-dedans en descente, avec une vue imprenable sur la caldeira, provoque des sensations grisantes.

Descente vers le Petit Pico, au fond de la caldeira

Lorsque nous observons le Petit Pico au départ de cette descente mémorable, il nous paraît tout proche. A tel point que nous avons l’impression que nous l’aurons rejoint en deux petites minutes. Il nous en faudra en réalité vingt, en courant pourtant de bout en bout.

L’arrivée au Petit Pico

Ce cratère porte bien son nom car il est tout petit comparé à son grand frère, duquel nous venons. Et pourtant, c’est bien ce Petit Pico qui a tout dévasté en contrebas en 2014-2015.

Dépôts de soufre autour du Petit Pico

Notre journée de trek touche à sa fin et nous profitons des derniers paysages.

Un peu plus bas, nous effectuons nos retrouvailles avec la végétation. Nous mourons de chaud et les raisins que nous fait goûter Dony, cueillis sur les pieds de vignes qui nous entourent, sont un pur délice. Certains sont mûrs et juteux, d’autres sont plus vieux et desséchés, mais tous nous font un bien fou.

Au niveau de ces premières vignes, les anciennes coulées de lave prennent des formes tourmentées.

Peu avant d’arriver à la pension, nous jetons un dernier œil au monstre assoupi (du moins pour le moment) que nous avons mis une bonne partie de la journée à gravir puis descendre.

Au total, nous aurons mis huit heures, au lieu des six à sept heures que mettent en moyenne les autres randonneurs. De retour chez José, nous nous précipitons sur les boissons fraîches du frigo avant de prendre la direction de la douche. Puis je pars compléter ma moisson d’images avant le repas régénérant du soir.

En l’absence d’électricité dans la pension, il faut s’éclairer le soir à la bougie. Et la conséquence géniale, c’est que ça donne une ambiance extrêmement chaleureuse aux repas pris en communauté avec les autres voyageurs. A chacun des trois dîners que nous aurons pris là-bas, nous aurons passé des moments particulièrement conviviaux avec toutes les personnes rencontrées. Même Arthur, du haut de ses douze ans, nous fera part de cette ambiance particulière qu’il aura nettement ressentie et appréciée.

Nous passons notre dernière nuit dans ce site magique et le lendemain, je profite de la lumière dorée du petit matin pour faire mes dernières images juste avant de partir.

Un figuier prospère en terre volcanique

L’ombre du volcan plane sur la caldeira

José préparant le pain du petit déjeuner

Puis vient l’heure de quitter non seulement ce lieu unique, mais aussi Carole, José et Dony grâce à qui nous venons de vivre des moments inoubliables. Nous les remercions chaleureusement puis, comme à l’aller, nous devons à nouveau prendre un taxi privé puisque nous sommes dimanche et que ce jour-là, il n’y a pas d’aluguer. Direction la principale ville de Fogo : São Filipe.


PICO DO FOGO : trois petites minutes pour revivre en vidéo le témoignage de José, ainsi que les paysages irréels de ce volcan bien éveillé…


São Filipe

Du haut de ses 8.000 habitants, São Filipe est la principale ville de Fogo. Elle est surtout connue pour ses fameuses « sobrados », ces vastes maisons où vivaient les portugais à l’époque coloniale.

Ici comme un peu partout au Cap Vert, les rues sont pleines de couleurs.

Alors que nous nous baladons dans ces agréables ruelles en nous dirigeant vers la mer, c’est par hasard que nous tombons sur le jardin du Presidio. Si nous ne lui trouvons rien d’exceptionnel, il présente quand même le double avantage de surplomber une belle plage de sable noir, et d’offrir une vue sur l’île de Brava, située 25 kilomètres plus loin.

La plage volcanique de Sao Filipe fait face à l’île de Brava

Nous décidons d’aller faire un tour sur cette plage. En chemin, en longeant plus ou moins la mer, nous apercevons une petite église colorée.

L’élise Notre-Dame de la Conception

Un peu plus loin, nous dénichons le long escalier qui va nous faire descendre jusqu’à cette fameuse plage de sable noir, laquelle ne peut nier ses origines volcaniques.

Il paraît qu’ici, la baignade est très dangereuse à cause des forts courants. On nous a même prévenus que chaque année, on déplorait des noyades. Et en effet, malgré la forte chaleur et une grosse envie d’aller se rafraîchir dans l’eau, la plage et la mer sont désertes.

Juchée sur la falaise, São Filipe contemple l’océan

Nous terminons la journée dans un hôtel qui comporte une piscine. Il est un peu cher par rapport à la moyenne ici, mais nous avions prévu de nous délasser un peu après les trois jours magnifiques mais fatigants passés à crapahuter dans la caldeira et sur les flancs du Pico do Fogo.

La piscine de l’hôtel Casas do Sol

Le lendemain, nous prendrons un avion pour l’île de Santiago, deux jours avant celui du retour pour la France. Nous aurions préféré visiter une autre île que celle-là mais nous prévoyons toujours une petite marge de sécurité quand nous sommes sur des îles, en cas d’impondérable : s’il y a un contre-temps quelconque qui a pour conséquence l’annulation des vols inter-îles, alors nous ne serons pas touchés et nous ne raterons pas l’avion du retour pour la France car nous serons déjà sur Santiago.


PICO DO FOGO : des images de l’éruption de 2014 (1 mn)


SANTIAGO : L’ÎLE COSMOPOLITE

Cette île est à la fois la plus grande et la plus peuplée de l’archipel. Nous allons rapidement visiter deux des endroits les plus réputés de toute l’île : les jolies villes de Cidade Velha et Tarrafal.

Cidade Velha, l’ancienne capitale du pays

Cidade Velha est située à une petite demi-heure en voiture de l’aéroport de Praia. Nous y débarquons en fin d’après-midi, juste au moment où la lumière du soleil couchant est la plus belle.

La plage de Cidade Velha

Nous passons la soirée sur une jolie plage bordée de quelques restaurants, particulièrement agréable et très fréquentée par les gens du coin.

En 2009, Cidade Velha fut le premier site du pays à être inscrit par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité.

C’est loin d’être la première impression que dégage aujourd’hui la ville vue depuis sa jolie plage, mais Cidade Velha fut pendant longtemps un carrefour maritime important dans la traite négrière entre l’Afrique et l’Amérique.

Et justement, une fois la nuit tombée, nous passons devant le fameux pilhourino (pilori) : c’est à lui qu’étaient attachés les esclaves récalcitrants pour y être torturés en public, souvent à mort. En le voyant, nous ne savons pas encore ce qu’il représente et ce n’est qu’a posteriori que nous apprendrons son histoire ! Après coup donc, nous trouverons saisissant le contraste qui existe entre l’apparence totalement anodine de ce petit poteau, et toute l’horreur qu’il symbolise.

Nous n’aurons pas le temps d’en voir plus dans cette ville chargée d’histoire qui vaut vraiment le détour. Car le lendemain matin, nous devons annuler la visite que nous avions prévue de la ville : je me suis en effet un peu emmêlé les pinceaux dans nos horaires et nous nous retrouvons à devoir partir précipitamment pour notre étape suivante…

En quittant la ville, nous passons devant les restes du vaste bâtiment dans lequel étaient entassés les esclaves avant leur départ pour l’Amérique, dans des bateaux où les conditions étaient inhumaines.


Tarrafal, la cité balnéaire du nord-ouest

C’est à Tarrafal, située à près de deux heures de voiture de la capitale, que nous allons passer nos deux derniers jours au Cap Vert.

Une ruelle de Tarrafal

Nous nous posons dans un petit hôtel en pleine ville, le Tarrafal’s Meeting Point. Il est situé à cent mètres d’un marché multicolore, et à cinq minutes de marche d’une jolie plage bordée de cocotiers.

La plage de Tarrafal, bien que située en ville, est très agréable

Le site est abrité donc la mer est calme et en l’absence de vagues, nous pouvons faire du snorkeling tranquillement dans les rochers situés à l’extrémité de la plage. Sans être exceptionnel, l’endroit est plutôt joli et assez poissonneux dès le bord.

La fin de notre séjour sera un peu gâchée par une petite mésaventure : le deuxième jour au réveil, Victor approche les 41° de fièvre ! Nous le soignons avec notre trousse de médicaments de voyage, et notamment avec un antibiotique à spectre large qui nous a parfois rendu de fiers services par le passé, lorsque nous étions à l’autre bout du monde dans des endroits plus ou moins isolés. Depuis, nous ne nous en séparons plus lors de nos périples. Tout rentrera dans l’ordre pour lui après un petit séjour à l’hôpital.

Conclusion : concernant Santiago, nous n’avons pu que la survoler car cette île regorge de lieux à découvrir et de randos à faire. Ce sera peut-être pour un prochain voyage dans ce pays qui nous aura enchantés de bout en bout…


STREET ART AU CAP VERT

Avant de passer aux infos pratiques, un petit mot sur une constante que nous avons trouvée dans toutes les villes du Cap Vert où nous sommes allés : la présence de graffitis artistiques apposés sur les murs de nombreuses habitations. En voici un petit florilège.

Vila (Maio)

Vila (Maio)

Vila (Maio)

Sao Filipe (Fogo)

Sao Filipe (Fogo)

Sao Filipe (Fogo)

Tarrafal (Santiago)

« L’éducation est une arme puissante pour changer le monde. » Nelson Mandela

« Les enfants sont les fleurs de notre lutte et la raison de notre combat. » Amilcar Cabral, héros de l’indépendance du Cap-Vert assassiné par la police politique portugaise, quelques mois avant l’indépendance…

Merci à Rosie et Marie pour la traduction 😉


LE CAP-VERT D’ÎLE EN ÎLE (Maio, Fogo, Santiago) : la vidéo (4 mn)


Nous avons pris deux vols aller-retour inter-îles avec Binter, qui a changé de nom en mars 2020 pour devenir Transportes Interilhas de Cabo Verde (TICV). 

  • Praia (Santiago) – Vila (Maio) : 68 euros par personne.
  • Praia (Santiago) – São Filipe (Fogo) : 92 euros par personne.

Attention : ces vols sont proposés sur le web par de nombreux sites marchands plus ou moins connus (Travelgenio etc.). La lecture de forums de voyageurs nous avait dissuadés de passer par certains d’entre eux, qui semblent bien être à bannir pour avoir floué de nombreux voyageurs. Nous sommes donc passés directement par la compagnie cap-verdienne qui assurait ces vols jusqu’en 2020, Binter.


Depuis qu’elle est devenue TICV en 2020, le site internet de réservation de vols de cette nouvelle compagnie a lui aussi été accusé d’avoir floué bon nombre de voyageurs. Nous avons donc supprimé sur ce blog le lien vers ce site (qui s’avère d’ailleurs introuvable aujourd’hui, en 2023).

Pour effectuer les vols inter-îles de l’archipel, il faut donc désormais passer par Best Fly Cabo Verde (mais il n’est pas toujours possible de réserver en direct…). Nous n’avons pas testé cette compagnie mais elle semble désormais être la seule en activité pour ce type de vols courts d’une île cap-verdienne à l’autre…

L’aéroport de Praia


Depuis août 2019, il n’existe plus qu’une seule compagnie de ferries : CV Interilhas. Néanmoins, il convient d’être prudent car les nouveaux horaires ne sont communiqués que mois par mois, et les horaires sont régulièrement modifiés, parfois même d’un jour sur l’autre !


En juillet – août, c’est la basse saison pour les touristes mais c’est la haute saison pour les Cap-Verdiens expatriés qui sont de retour au pays. Il est ainsi fréquent que les touristes n’ayant pas réservé de billet d’avion ou de bateau restent coincés sur une île plusieurs jours avant de pouvoir en partir. Sur cette période, il est donc fortement conseillé de réserver un billet à l’avance pour éviter toute déconvenue.


Stella Maris Village : appartement pour 4 personnes dans une résidence bien placée à Vila. Belle vue, piscine qui domine la mer, logement propre etc. Que du bonheur.

En l’absence de Maryse la propriétaire, c’est Detlev, un allemand, qui est venu nous accueillir à l’aéroport et nous emmener à l’appartement après nous avoir fait une petite visitée guidée de Vila de Maio. Nous avons eu un excellent contact avec lui. Pour nous, pour une semaine sur place, le transport a été gratuit (à l’arrivée et au départ).

Le bon plan : dans un premier temps, nous avions réservé sur Booking pour 614 euros les 7 nuits mais, voyant quelques minutes plus tard le même appartement (chez Maryse) sur Airbnb pour 454 euros aux mêmes dates, nous avons annulé sans frais sur Booking pour réserver dans la foulée sur Airbnb. Conclusion : il faut bien faire la tournée des popotes avant de réserver… Stella Maris Village.

La piscine du Stella Maris Village


  • Tasuef, chez Natalia (à Vila) : notre cantine ! Destiné uniquement à ceux qui aiment la cuisine locale façon familiale. Ce petit resto est situé juste à côté de la principale église de Vila, dans un container aux couleurs jamaïcaines ! Il dispose d’une petite terrasse ombragée mais est fermé le dimanche.

Le prix : +/- 5 euros (500 à 550 cve) pour un plat principal et une boisson : poulet ou poisson frais à peine sorti de l’eau puis grillé ; accompagnement : frites et/ou riz et /ou légumes. Pour la Cachupa (spécialité cap-verdienne : ragoût à base de haricots noirs et de maïs, accompagné selon les variantes de poisson, viande, légumes etc.), il est préférable de la commander à Natalia le matin même. Enfin, petite précision : nous n’avons rencontré aucun problème de tourista alors que nous y avons mangé presque tous les jours.

Natalia et Dulce

  • Bar Tropikal (à Vila) : c’est une petite paillote posée sur la plage de Vila. Les pizzas sont un peu étouffe-chrétien mais elles sont correctes. Le prix : +/- 8 à 9 euros pour un plat (pizza, tartare etc.) et une boisson. Bar Tropikal.
  • Big Game (à Vila) : resto italien sur l’avenue qui longe la plage. Le prix : +/- 4 à 7 euros environ la pizza (500 à 800 cve). Activités : le Big Game propose toutes sortes d’activités (pêche au gros etc.) Big Game.
  • Strella (à Vila) : resto situé juste à côté du fort San José, en bord de mer. Tout le monde le connaît car il bénéficie du wifi gratuit, ce qui explique qu’il y ait toujours quelques personnes qui pianotent sur leur téléphone à quelques mètres du resto ! Le prix : +/- 8 euros pour un plat (poisson grillé ou viande, avec riz et légumes variés) et une boisson.
  • A Caminhada (à Morro) : ce resto est donc situé à l’entrée de Morro, petit village à quelques kilomètres au nord de Vila et de l’aéroport. Difficile d’affirmer que c’est le meilleur resto de toute l’île car nous ne les avons pas tous testés, mais ce resto-là est une excellente adresse. La dorade coryphène  est une pure tuerie. Les propriétaires, un couple de belges Bernard et Valérie (et non pas Catherine comme indiqué dans le Petit Fûté) sont des amoureux de l’Afrique. Ils ont confié la gestion du restaurant à l’accueillante Louisette. Cette cap-verdienne travaille avec une jeune serveuse, Lucie, qui a eu son heure de gloire dans la chanson au Cap Vert grâce à une émission télé populaire. Bernard et Valérie font également la location de chambres et d’appartements, et organisent de nombreuses activités : randonnées etc. Une super adresse. Leur site internet : A Caminhada.
    Le prix :  je n’ai relevé que celui de la dorade Coryphène, dont le rapport qualité-prix est exceptionnel : environ 6 euros (700 cve) accompagnée de frites faites maison (et non pas surgelées comme un peu partout ailleurs), de riz et de légumes.

Il y a deux petites épiceries pour faire les courses, à proximité du Stella Maris Village (en descendant vers la plage de Vila) : Mini Mercado Kulor Kafé, tenue par des français, et une autre située non loin, en face de la voyante Casa Benfica.


On peut découvrir l’île en quad. La circulation automobile étant quasi-inexistante sur Maio, le quad peut s’avérer très agréable pour visiter l’île. Nous nous sommes adressés à Marco Pompeo (tél : 928.60.85). On peut également le joindre par l’intermédiaire du gardien du Stella Maris Village.

Le prix : 40 euros la journée de quad (4.400 cve), possibilité de forfaits de deux ou trois jours, mais pas à la demi-journée. Prévoir son permis de conduire, contrairement à nous ! On peut louer sans, mais la Police contrôle souvent paraît-il…


Benvindo (tél : 995.97.13) : ce chauffeur de taxi répond à toutes les demandes d’excursions sur l’île. On peut également le joindre par l’intermédiaire du gardien du Stella Maris Village.

Benvindo et son outil de travail


Le club : AAA Maio Plongée. Posé sur la jolie plage de Vila, il est tenu par un couple de français, Bernard et Catherine, avec qui le courant est très bien passé pour nous. Nous avons tout planifié avec Catherine par mails, quelques semaines avant notre séjour à Maio. Une fois sur place, c’est Bernard qui s’est extrêmement bien occupé de nos deux ados pour leur faire passer leur diplôme de niveau 1. La formation nous a semblé de qualité.

Les coordonnéesAAA Maio PlongéeTél. : +238 951 81 02. Mail : maio.plongee@capvert-plongee.com. Adresse : Bitxe Rotxa, Cidade do Porto Ingles, Ilha do Maio, Cabo Verde.

Les prix : 65 euros le baptême, 36 à 40 euros la plongée (le tarif est dégressif en fonction du nombre de plongées), 430 euros le passage du diplôme de niveau 1 (+ coût de la licence) qui comprend 6 plongées, la théorie, le matériel etc.

AAA Maio Plongée


Pour assister à la ponte des tortues, nous nous sommes adressés à la fondation de Maio pour la biodiversité (leur site internet est en cours de construction mais je poste quand même le lien pour quand il sera prêt ; en attendant : info@fmb-maio.org). Animée par des volontaires, elle œuvre pour la protection de l’environnement sur l’île, la sauvegarde des espèces, le développement durable, le bien-être des communautés etc.

La sortie nocturne se déroule de 20 heures à minuit. On se rend sur le site de la ponte en 4×4. On roule pendant huit kilomètres sur une route depuis Vila, avant de bifurquer sur un petit chemin qui aboutit à la plage des tortues. De là, il ne reste plus qu’à marcher quelques centaines de mètres sous les étoiles.

Notre venue mi-août correspondait à peu près à la fin de la période de ponte, mais il y a des sorties à faire sur d’autres thèmes tout au long de l’année.

Le prix : 50 euros environ pour quatre personnes (5500 cve).

Un volontaire de la fondation aide une tortue à creuser à la lumière rouge des frontales


  • Hébergement

Pensao Casa José Doce : la pension de José est située dans la caldeira, aux pieds des cratères actifs, et au beau milieu des coulées de laves qui ont dévasté le village en 2014. L’endroit est à la fois l’un des plus fascinants et l’un des plus dépaysants qui soient. La pension est propre, et l’accueil de José et Carole est très bon. On peut réserver à l’avance sur quelques-unes des centrales de réservation web : Airbnb, Tripadvisor

Les coordonnées – Page Facebook : Pensao Casa José Doce. Mail : pensao.jose.carole@hotmail.com – Tél : +238 952 70 93.

Remarque : comme évoqué dans l’article ci-dessus, les conditions de vie au fond de ce site irréel sont elles aussi dépaysantes, notamment parce qu’il n’y a ni électricité, ni eau courante. Même si quelques panneaux solaires et réservoirs d’eau permettent de bénéficier du minimum nécessaire pour le quotidien. Si on n’est pas trop accro au confort et si on ne rechigne pas à utiliser ponctuellement une bougie à la place d’un interrupteur pour s’éclairer, alors on trouvera ce site tout simplement enchanteur.

Le prix : à partir de 23 euros par nuit la chambre pour deux personnes, petit déjeuner compris. Il faut en principe ajouter le prix du repas, soit 9 euros chez José (1.000 cve), car les possibilités de manger ailleurs dans la caldeira existent mais sont rares. A noter : le règlement se fait en espèces, dont il faut s’être muni avant le séjour dans la caldeira car dans cette dernière, on ne peut pas s’en procurer.

Pensao Casa José Doce


  • L’ascension du volcan

Trouver un guide : il suffit de demander à José la veille de la rando (si vous n’êtes pas logé/e/s chez lui, il faut demander dans le village : on trouve rapidement un contact). Le prix : 18 euros environ par personne (2000 cve) à partir de quatre (jusqu’à trois personnes, un tarif forfaitaire de 54 euros en tout (6000 cve) est appliqué, mais on peut en général s’arranger sur place avec d’autres voyageurs pour compléter le groupe).

Durée de l’ascension : 6 à 7 heures en moyenne – Distance : 15 km environ – Dénivelé : 1000 mètres positifs et 1000 mètres négatifs environ – Altitude max : 2.928 mètres (en réalité, on ne monte pas tout à fait jusque là, on passe quelques mètres en dessous). Le guide : demandez Dony ! Tous les guides avaient l’air sympa mais le nôtre, Dony, s’est montré vraiment top ! En plus, il se débrouille en français.

– Bon à savoir : lors de la descente, on court dans la pouzzolane et de nombreux petits morceaux de roches volcaniques pénètrent alors dans les chaussures. Abrasifs avec les frottements, ils provoquent de nombreuses petites brûlures désagréables, a fortiori avec toute cette poussière. Il faut donc prévoir des chaussettes montantes et idéalement, rentrer le pantalon dedans. Pas très seyant certes, mais tellement plus indolore…

Le début de l’ascension du Grand Pico, au petit matin et au milieu des cratères


  • Se rendre à Chã das Caldeiras depuis São Filipe

Il y a deux possibilités : l’aluguer (petit taxi collectif très bon marché) et le taxi privé. Nous avons dû prendre ce dernier à deux reprises : à l’aller parce que l’aluguer quotidien était déjà parti quand notre avion a atterri, et au retour parce qu’il n’y a pas d’aluguer le dimanche ! Le prix du taxi privé : 60 à 65 euros environ (7000 cve), à partager entre les voyageurs.


  • Se rendre à Fogo en avion depuis Santiago

Juste un mot sur le petit « plus » : dans l’avion en provenance de Santiago, il faut essayer d’avoir une place sur la droite de l’appareil (et sur la gauche au retour) car en arrivant au niveau de l’île, la vue sur le volcan au loin qui émerge des nuages en dominant la mer vaut le détour.


  • Hébergement

Casas do Sol : cet hôtel est situé sur la falaise qui domine l’océan, en face de l’île de Brava, à quelques minutes du centre-ville en voiture ou vingt minutes à pied. Agréable piscine face à la mer. Le prix : 63 euros environ le petit appartement pour quatre personnes (7000 cve) petit déjeuner inclus.

La piscine de Casas do Sol, face à la petite île de Brava

Zebras Corner (hôtel) : nous y avons juste mangé, pas dormi. A titre indicatif, voici le prix de la chambre : 80 euros environ pour deux personnes (9.000 cve). Il faut dire que le cadre est superbe puisqu’il s’agit d’une sobrado (ancienne maison de maître à l’époque coloniale) comportant aussi une petite piscine. Toutefois, les avis des voyageurs sont très contrastés sur le net : Zebras Corner.


  • Restauration

Zebras Corner (restaurant) : cet hôtel de charme fait donc aussi restaurant, mais pour des prix nettement plus en rapport avec ce qui se pratique au Cap Vert, que les prix de l’hôtel. Le cadre est très agréable, le personnel plutôt accueillant dans l’ensemble, et la nourriture très correcte. Les prix : 4 à 6 euros la pizza.

Le Zebras Corner : hôtel et restaurant


  • Hébergements

> Morabeza Kriol Hostel (à Praia) : réservé depuis la France, nous nous sommes retrouvés une fois sur place non pas à l’hôtel lui-même mais dans une petite annexe située à une centaine de mètres. Le motif : il y avait une pénurie d’eau courante sur toute l’île de Santiago, et on nous donnait le choix entre cette annexe où les douches étaient alimentées en eau par des réservoirs, et l’hôtel principal où il n’y avait soi-disant plus d’eau. Résultat, nous avons eu droit à une petite chambre plus que basique, qui comportait quelques dizaines de petites fourmis mortes dans les deux lits du haut. Douches communes (mais individuelles), personnel sympa, environnement bruyant. N.B. Le personnel est resté jusqu’à 2h00 du matin pour nous accueillir après notre arrivée tardive depuis la France.

Le prix : 27 euros environ la petite chambre pour quatre personnes (3.000 cve) petit déjeuner non inclus.

*****

> Por do Sol (à Cidade Velha) : excellent hôtel dans l’ancienne capitale du pays, chargée d’histoire. Avec une superbe piscine qui domine l’océan et un excellent accueil, cet établissement vaut largement son prix. Une excellente adresse : Por do Sol.

Le prix : 32-33 euros environ la chambre double (3.590 cve) petit déjeuner non inclus.

Por do Sol

*****

> Tarrafal’s Meeting Point (à Tarrafal) : encore une excellente adresse. Ce petit hôtel style auberge de jeunesse est propre, dispose de chambres avec ou sans sanitaires, d’une machine à laver et d’une cuisine commune. Il est très bien situé dans le centre-ville mais sans être bruyant, à deux pas d’un petit marché local et à cinq minutes de marche d’une jolie plage. Possibilité de réserver (à l’avance) une navette depuis l’aéroport.

Surtout, la propriétaire, Kaida, s’est montré d’une gentillesse exceptionnelle avec nous, faisant pendant deux bonnes heures plusieurs allées et venues à l’hôpital avec sa voiture personnelle pour nous y emmener avec notre fils et ses (presque) 41° de fièvre, ou aller chercher un docteur, puis ramener tout le monde, le tout en sacrifiant une bonne partie de son après-midi. Sans compter l’aide qu’elle nous a apportée en jouant l’interprète avec le corps médical. A en juger par les notes des autres internautes sur les sites de réservations en ligne, nous ne sommes pas les seuls à avoir gardé un excellent souvenir de cet établissement et de la gentillesse de Kaida. Tarrafal’s Meeting Point (Booking)

Le prix : nous avons réglé 20 euros environ par chambre double et par nuit, avec sanitaires communs (2.220 cve) petit déjeuner non compris. Les prix démarrent à 16 euros la chambre pour deux personnes.

Coordonnées : rua dos Correios (si on vient en taxi, bien préciser : entre CV Telecom e Farmácia Tarrafal) à Tarrafal. Tél : +238 931 67 63.


  • Restauration

Restaurant Buzio (à Tarrafal) : il semble être très réputé à Tarrafal. Cuisine locale mais il y a aussi des plats « internationaux » (pizzas…). Très bon accueil. Musique d’ambiance tous les soirs jouée par des artistes locaux. En un mot : incontournable.

> Les prix : ils tournent autour de 5 euros pour la plupart des plats (400 à 600 cve). Par exemple : le hamburger accompagné de frites et de légumes = à peine 4 euros (400 cve). Excellent rapport qualité-prix.

> Coordonnées : Rua Macaco Raiz Do Chao, 7110 Tarrafal. Restaurant Buzio.


Pour plus d’infos, voici les autres articles liés à notre voyage au Cap-Vert :

 Maio : la petite île sauvage et authentique

 Fogo : l’île-volcan

 Santiago : l’île cosmopolite

Street Art au Cap-Vert !

 Notre carnet de voyage complet, qui reprend de manière détaillée l’ensemble de notre périple (chaque étape ainsi que les infos pratiques)


LE CAP-VERT D’ÎLE EN ÎLE (Maio, Fogo, Santiago) : la vidéo (4 mn)


D’autres articles…


MARRAKECH, LA VILLE ROUGE

Cette petite escapade au Maroc a pour but de faire découvrir la « ville rouge » à nos fils. Marrakech doit ce joli surnom aux tons ocres et rougeâtres qu’arborent un grand nombre de ses maisons et bâtiments.

Nous allons visiter trois des principaux quartiers de la ville :

  • la Médina, c’est-à-dire la vieille ville nichée à l’intérieur des remparts, où nous allons passer l’essentiel de notre temps ;
  • le Guéliz, pour découvrir notamment le fameux jardin Majorelle ;
  • la Palmeraie, juste pour voir : située un peu à l’écart, c’est le quartier des milliardaires, dont les villas de luxe ont remplacé peu à peu les palmiers…

→ Les infos pratiques sont en fin d’article


LA MÉDINA

Il s’agit du quartier historique, celui où bat le cœur de la ville et où il fait si bon se balader pour s’imprégner de son atmosphère unique. Ce quartier est classé par l’Unesco au patrimoine de l’humanité, classement qui inclut divers sites incontournables pour qui visite la ville : les remparts, la mosquée Koutoubia, la fameuse place Jemaa-el-Fna, le palais Bahia ou encore les somptueux tombeaux saadiens.

Déambuler dans la Médina

Avant de passer tous ces sites en revue, comment ne pas évoquer l’atmosphère si particulière qu’on ressent lorsqu’on flâne dans cette vieille ville.

Un peu partout, l’architecture raffinée apporte un témoignage de ce que fût l’histoire de la ville, laquelle a subi diverses influences (Omeyyades, Almoravides…).

La mosquée de la Kasbah

C’est en s’enfonçant dans les entrailles de la Médina et en se perdant dans ses ruelles labyrinthiques qu’on s’imprègne le mieux de l’âme de la ville.

A chaque coin de rue, au fond de chaque derb (passage parfois étroit) se succèdent les scènes de la vie quotidienne dans cet écrin de murs rougeâtres.


Les remparts

La Médina est cernée par de jolis remparts régulièrement renforcés par des tours, le tout construit en pisé, c’est-à-dire avec de la terre argileuse pour matériau de base.

On pourrait ainsi penser que ces fortifications sont fragiles mais à tort, puisqu’elles ont fièrement traversé les siècles : près d’un millénaire en tout. Aujourd’hui, il suffit juste de quelques réparations ponctuelles pour permettre à la solidité de l’ensemble de perdurer.

D’une longueur totale de dix-neuf kilomètres, ces remparts sont percés par vingt-deux portes, lesquelles permettent d’accéder à la ville et d’en sortir. Certaines ethnies qui venaient commercer à Marrakech avaient d’ailleurs une porte qui leur était réservée.

Bab Agnaou, l’une des portes les plus décorées des remparts de Marrakech

Aujourd’hui, c’est en début et en fin de journée qu’il faut admirer les remparts, car c’est à ces moments-là qu’ils sont embellis par la lumière chaude du lever et du coucher du soleil.

A la fin du marché, les marchands rangent leurs affaires pendant que les plus démunis cherchent de quoi se nourrir


La Koutoubia

Cette mosquée, visible depuis de nombreux endroits de la ville, en est devenue au fil du temps le monument emblématique.

Ce chef-d’œuvre de l’art hispano-mauresque a d’ailleurs servi de modèle à la fameuse Giralda de Séville entre autres. Les proportions de son minaret, cinq fois plus haut que large, sont considérées comme parfaites.

Elle est située face à une artère qui mène en quelques minutes de marche à la place Jemaa-el-Fna, l’autre emblème de Marrakech.


La place Jemaa-el-Fna

En arabe, son nom signifie « place des trépassés », en référence à l’époque où les sultans y faisaient exécuter certaines sentences en public, et exposaient les têtes de leurs victimes.

Aujourd’hui, cette place est devenue le centre névralgique de la ville. C’est une sorte de théâtre géant en plein air, où les vendeurs ambulants et les artistes de rues jouent un spectacle permanent : musiciens traditionnels, charmeurs de serpents, montreurs de singes, tout le monde est là, à l’affût du client.

Si la place est à peu près vide en début de journée, sa physionomie change totalement dès la fin d’après-midi, grâce à la foule qui la prend d’assaut afin d’assister (et participer) au spectacle.

Les innombrables gargotes s’animent alors en enfumant la place avec leurs grillades. Les rabatteurs, qui semblent parler toutes les langues du monde, rivalisent d’aisance verbale pour s’arracher les clients.

Malgré des hordes de touristes, cette place, avec son ambiance unique, s’avère totalement dépaysante.


Les souks

La place constitue également l’un des principaux accès aux fameux souks marrakchis.

Il s’agit de marchés orientaux traditionnels qui contribuent depuis des siècles à la réputation de la ville.

Tous les secteurs d’activité y sont représentés : vêtements, épices, cuir, bijoux, tapis, babouches etc. Bref, rien de ce qui peut se vendre n’a été oublié.

Les bonimenteurs sont en chasse permanente du client, avec un refrain qui revient sans cesse dans le but de le faire pénétrer à l’intérieur du commerce, où on ne le lâchera plus : « venez, juste pour voir », ou encore « l’entrée est gratuite ».

Ici, nous sommes aussi au royaume du marchandage : une fois qu’on a déniché l’article convoité, il ne reste plus qu’à lui fixer un prix. La négociation avec le vendeur commence alors, où le but consiste certes à faire baisser sensiblement le tarif qu’il a initialement proposé, mais sans jamais perdre de vue que le produit a nécessité une certaine quantité de travail qui ne mérite pas non plus d’être bradée.


Le palais de la Bahia

Il fût construit au 19ème siècle pour la maîtresse préférée du sultan, d’où son nom qui signifie « Palais de la Belle« .

A cette époque, ce chef-d’œuvre architectural était le plus luxueux palais de tout le pays. Il est vaste, richement décoré, et ses jardins sont dotés d’une végétation luxuriante.

Lors de notre venue, les lieux sont noirs de monde, ce qui nous gâche un peu la visite. Mais surtout, pour une raison que nous ignorons, l’accès à la fameuse cour n’est exceptionnellement pas possible. Pas de photo donc ici, mais voici quand même à quoi elle ressemble : palais de la Bahia (lien Google).

Tant pis pour nous, nous allons nous rattraper en découvrant les somptueux tombeaux Saâdiens…


Les tombeaux Saâdiens

Le passage par lequel on y accède est si étroit qu’on a du mal à y croiser d’autres piétons.

Situés dans d’agréables jardins verdoyants, ces vestiges sont esthétiquement magnifiques. Il s’agit des sépultures des rois Saâdiens, qui régnèrent aux 16ème et 17ème siècles. Avec leurs épouses, ils sont une centaine à reposer là, dans la cour ainsi que dans diverses salles.

Quelques décennies après leur règne, l’un de leurs successeurs, le sultan Moulay Ismaïl, décida de détruire purement et simplement tout vestige de la grandeur passée de cette dynastie saâdienne.

Il n’osa toutefois pas pousser sa radicalité jusqu’à profaner les sépultures de ses prédécesseurs, c’est pourquoi il les épargna, se contentant d’en faire murer les accès.

La richesse et le raffinement de ce lieu de sépultures en font l’un des sites incontournables à visiter dans « la ville rouge ».


LE JARDIN MAJORELLE

Alors là, il ne s’agit plus vraiment d’un endroit typique ou authentique de Marrakech. Et pourtant, la luxuriance de ce jardin, dans lequel il est si agréable de se balader, dégage une impression de petit paradis de fraîcheur.

Situé  en centre-ville mais à l’extérieur de la Médina et à l’extrémité du quartier Guéliz, ce jardin appartenait au peintre français du 20ème siècle Jacques Majorelle.

Pendant près d’un demi-siècle, il le développa en l’enrichissant d’une multitude de plantes en provenance des cinq continents, de sorte à en faire un véritable havre de paix au beau milieu du tumulte marrakchi quotidien.

Après sa mort, le jardin fût laissé à l’abandon, avant d’être acheté et restauré par Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé.

L’ancien atelier de Jacques Majorelle, transformé plus tard en maison art-déco d’influence mauresque…

Ils avaient constitué tous les deux une superbe collection privée rendant un bel hommage à la culture berbère. Aujourd’hui transformée en un petit bijou de musée, cette collection est abritée par la villa de styles mauresque et art-déco érigée au milieu du jardin : outils, bijoux, parures, tenues traditionnelles berbères, rien ne manque pour donner à chaque visiteur une irrépressible envie de partir à la rencontre de ce peuple nord-africain.

Depuis qu’il est ouvert au public, ce magnifique jardin et son musée berbère sont devenus l’un des sites touristiques les plus visités de tout le Maroc.


LA PALMERAIE

Ce quartier situé à l’écart du reste de la ville n’en est absolument pas représentatif et n’a pas vraiment d’intérêt.

Pendant longtemps, la Palmeraie était si bien irriguée qu’elle était d’une luxuriance étonnante au vu de sa proximité avec le désert. Mais ce petit paradis, où s’épanouissaient jusque-là tant de palmiers et d’arbres fruitiers, se mit à dépérir à cause de la décrépitude du système d’irrigation, combinée à la sécheresse ainsi qu’à l’appétit démesuré des promoteurs immobiliers.

Aujourd’hui, seuls quelques palmiers survivent péniblement, coincés entre les propriétés de milliardaires telles que l’émir du Qatar, les grands capitaines d’industrie ou les vedettes du showbiz.


Marrakech : la vidéo (3 mn)


INFOS PRATIQUES


Les sites à visiter

Le jardin Majorelle – Prix d’entrée : 70 Dh (6 euros environ) pour le jardin seul – 100 Dh (9 euros environ) pour le jardin + le musée berbère – 180 Dh (16 euros environ) pour le jardin + le musée berbère + le musée Yves Saint-Laurent. Entièrement gratuit pour les moins de 12 ans.

Horaires d’ouverture : 8h00 – 18h00 (17h30 du 1er octobre au 30 avril). Mois de Ramadan : 9h00 – 17h00.

LE BON PLAN : le jardin Majorelle est l’un des sites les plus visités de tout le pays, et les témoignages de visiteurs qui ont regretté l’excès de foule sont nombreux. Pourtant, il y a un moment dans la journée où l’affluence est faible : le matin, entre 8h00 et 9h00. Nous l’avons testé, nous étions pratiquement seuls jusqu’à l’arrivée des premiers cars de touristes à 9h00 tapantes.

  

→ Les tombeaux Saâdiens – Prix d’entrée : 10 Dh (environ 1 euro) et 3 Dh (30 centimes ! ) pour les moins de 12 ans.

Horaires d’ouverture : 8h00 – 16h45

  

Le palais de la Bahia – Prix d’entrée : 10 Dh (environ un euro), gratuit pour les moins de 12 ans.

Horaires d’ouverture : 9h00 – 17h00


Se déplacer à Marrakech : le taxi

Il existe deux types de taxis : les grands et les petits taxis. Les premiers font des courses interurbaines, les seconds ne sont autorisés à circuler qu’en ville.

Le prix dépend certes du trajet mais pour des déplacements d’une demi-heure à une heure en ville, nous avons payé systématiquement 100 Dh (9 euros environ).

Les chauffeurs profitent du trajet pour essayer de vendre des excursions diverses et variées. Ça peut paraître usant mais ce fonctionnement fait bien partie des us et coutumes du pays. Nous avons rencontré deux chauffeurs qui n’ont rien essayé de nous vendre et qui se sont montrés extrêmement agréables, ouverts et bienveillants de bout en bout. Ils ont accepté que nous diffusions leurs coordonnées professionnelles (circuits touristiques et excursions au départ de Marrakech) :

Riad : 00.212.669.83.38.15  •  Khalid : 00.212.667.35.35.74 – 00.212.661.79.26.96


D’où peut-on photographier la place Jemaa-el-Fna ?

Bien sûr, il y a de belles images à faire sur la place elle-même, au milieu de tous ceux qui la fréquentent.

Mais il y a aussi les vues d’ensemble : divers cafés bordent la place, tous dotés d’un ou plusieurs étages avec des terrasses qui offrent une vue imprenable sur le site. J’ai pris mes photos depuis le Grand Balcon Café Glacier, qui offre l’avantage d’être situé à l’angle et qui offre donc une vue sur les deux artères qui bordent la place.

La boisson est évidemment obligatoire quand on monte en terrasse, à laquelle l’accès n’est possible qu’une fois la consommation payée.


Où loger ?

Idéalement, dans un riad sympa en plein Marrakech ! Pour notre part, nous avons exceptionnellement rompu avec nos habitudes, lesquelles consistent à aller dormir chez l’habitant et de préférence dans des endroits plutôt reculés.

L’Iberostar de Marrakech

Cette fois-ci, pour diverses raisons personnelles, nous nous sommes finalement offert une semaine à la cool dans… un hôtel club ! L’Iberostar de Marrakech en l’occurrence. A l’opposé de nos standards mais même s’il ne correspond pas à nos critères habituels, force est de constater qu’il nous a permis de nous reposer dans un confort des plus inhabituels pour nous en voyage : piscine, repas franchement excellents etc, le tout dans un joli cadre il faut bien l’avouer.

Iberostar hôtel Marrakech

J’en profite pour souligner l’excellence du personnel, local pour l’essentiel : sympa, souriant, agréable, serviable, vraiment le top.

Au niveau activités, le client n’a que l’embarras du choix : piscine donc mais aussi tennis, ping-pong, pétanque, foot, water-polo, trapèze (en une heure, on apprend à faire le cochon pendu à dix mètres de haut, et à se faire rattraper en plein vol dans cette position par le prof qui est sur le trapèze de derrière !), mais aussi hammam, massages, boîte de nuit…

Hammam et massages :

  

En formule « all inclusive », on peut aussi notamment se désaltérer à longueur de journée. Au niveau des repas, les mets locaux (couscous, tajines, agneau) sont une tuerie.

Le prix : à partir de 196 euros la chambre double petit déj inclus (208 euros en all inclusive). En passant par une agence qui a réservé les vols secs et l’hôtel séparément, le prix de la chambre double par nuit nous est revenu à 139 euros en all inclusive.


Quelques sites utiles

Office National marocain du tourisme

Infos tourisme Maroc


A lire aussi :

Indonésie : les merveilles de Java, Flores et Komodo

Coup de cœur : le Nicaragua


INDONÉSIE : LES MERVEILLES DE JAVA, FLORES ET KOMODO

Comment peut-on savoir laquelle des 17.000 îles de l’archipel indonésien il faut visiter ? Comme tous ceux qui vont là-bas, nous nous sommes posé la question. Puis nous avons tranché en choisissant les îles de Java, Flores et Komodo, avec un final à Bali.

POURQUOI CE CHOIX ?

Nous avons lu trois guides et nous avons épluché les blogs et les forums sur le web afin d’établir une liste des plus beaux sites indonésiens. Puis nous avons regardé dans quelle zone ces merveilles étaient les plus « concentrées ». Verdict : sur Java ! Ça tombe bien, cette île se trouve également être la moins chère pour les billets d’avion (nous sommes quatre quand même).

Quant à Flores, notre but est double en y allant. D’une part, sortir des sentiers battus. Cette île s’y prête bien car elle est assez reculée : les touristes se contentent généralement de visiter Bali voire Java et Lombok, mais poussent rarement plus loin. D’autre part, Flores est réputée entre autres pour le sublime parc marin de Komodo qui la borde à l’ouest.

Enfin, nous prévoyons de passer deux jours sur Bali en fin de séjour pour parer aux impondérables, afin de ne pas rater notre avion du retour pour la France : ce sera l’occasion de jeter un œil sur « l’île des Dieux », certes réputée mais sur-fréquentée paraît-il en juillet.


Les étapes de notre périple :

Les temples de Borobudur et Prambanan (Java-centre)

Les volcans actifs : le Bromo (Java-centre) et le Kawah Ijen (Java-est)

La plantation Margo Utomo (Java-est)

Une croisière de rêve d’île en île, les dragons de Komodo et les villages de pêcheurs isolés (Parc marin de Komodo)

L’île de Flores (qui borde le parc de Komodo)

L’îlot paradisiaque de Kanawa (Parc marin de Komodo)

Bali, l’île des Dieux, une petite déception

Toutes nos infos pratiques (qui se trouvent également à la fin du carnet de voyage détaillé ci-dessous).


LES MERVEILLES DE JAVA


LES TEMPLES : BOROBUDUR ET PRAMBANAN

Sitôt sortis de l’aéroport de Yogya (prononcer Djodja), les chauffeurs de taxis, officiels ou pas, nous tombent dessus. Nous en choisissons un qui a l’air sympa et contrairement à bien des pays, les autres n’insistent pas. Il nous emmène à Borobudur où nous avons réservé deux chambres longtemps à l’avance dans le fameux Manohara Hotel : situé dans l’enceinte du temple de Borobudur, il permet à un nombre limité de privilégiés, à savoir tous ses clients, d’y accéder avant le lever du jour, alors que le gros des visiteurs doit attendre l’ouverture du temple à 9 heures pour y entrer.

Quand nous arrivons au Manohara, il est minuit et après une trentaine d’heures passées dans les avions et les aéroports, sans compter la fatigue due au décalage horaire, nous allons enfin pouvoir dormir un peu. Mais quatre heures seulement, car le réveil est prévu très tôt afin de ne pas rater le spectacle du lever du soleil sur le temple.


BOROBUDUR LE BOUDDHISTE

C’est donc à l’état de zombies et à la lumière de nos frontales que, après la sonnerie du réveil, nous prenons le chemin du temple depuis l’hôtel. Nous en montons les marches abruptes et arrivons à son sommet. Il y a un peu de monde mais pas trop. Petit à petit, le soleil va se lever et nous laisser un souvenir impérissable.

L’édifice, qui est le plus grand temple bouddhiste de la planète, est cerné par des volcans majestueux et domine palmiers et rizières. A ses pieds, on aperçoit la végétation exotique nappée de brume. Deux impressionnants volcans terminent ce paysage, et c’est exactement entre eux deux que le soleil va se lever. 

Les sculptures du temple se dessinent d’abord en ombres chinoises avant de prendre une teinte orangée sous les premiers rayons du soleil.

Mais ce qui nous surprend le plus, c’est l’ambiance quasi- mystique qui règne là-haut. Le paysage est en effet sublimé par le calme ambiant, car contrairement à bien d’autres sites touristiques, ici chacun respecte scrupuleusement ce lieu sacré, et chuchote donc.

Quelques bouddhistes chantent sereinement, ce qui achève de rendre le moment inoubliable.

A bientôt onze et neuf ans, Victor et Arthur sont éblouis par le spectacle auquel ils viennent d’assister. Toutefois, leur estomac ne leur fait pas oublier que nous nous sommes levés très tôt sans manger. Aussi, taraudés par la faim, ils demandent à rentrer à l’hôtel pour le petit déjeuner.

Malgré la fatigue, le voyage commence bien et nous avons hâte de voir la suite…

Mise à jour : en 2022, les autorités ont décidé de réglementer l’accès au temple, afin de remédier aux dégradations dues à la surfréquentation de ce site exceptionnel :

  • Le prix a été multiplié par… 4 ! Soit 100 dollars au lieu de 25, ce qui fait beaucoup notamment quand on visite en famille.
  • Un quota de 150 visiteurs par heure et 1200 par jour a été instauré.
  • L’obligation, pour les touristes étrangers, de recourir aux services d’un guide, a été instituée.
  • L’accès au sommet du temple pour assister au lever du soleil est désormais interdit (et parfois impossible également le reste de la journée…)

PRAMBANAN L’HINDOUISTE

Tout comme Borobudur non loin duquel il est situé, le temple de Prambanan est classé par l’UNESCO au patrimoine de l’humanité. Ce temple hindouiste, merveille de l’art javanais du IXe siècle, nous impressionne par la délicatesse de ses nombreuses sculptures.

Le site est assez vaste et nous prenons le temps de le visiter malgré la forte chaleur qui nous accable. La lumière dure de la mi-journée ne le rend pas aussi féérique que Borobudur, que nous avons eu la chance de pouvoir visiter dès les premiers rayons du soleil.

De plus, l’heure de notre visite n’étant pas aussi indue que celle à laquelle nous avons découvert Borobudur, il y a du coup nettement plus de monde. Toutefois, la visite reste agréable car ce n’est pas non plus la grande foule. Nous passons le reste de l’après-midi à déambuler tranquillement au milieu des ruines de ce superbe temple.

Au final, Prambanan est impressionnant. Mais le lever du soleil sur Borobudur et la nature qui l’entoure est tellement beau que si c’était à refaire, nous visiterions Prambanan en premier, et Borobudur en second, le lendemain au lever du soleil.

La veille, le courant était bien passé avec le chauffeur que nous avions rencontré à l’aéroport de Yogya et qui nous avait emmenés à Borobudur. Avant de le quitter, nous lui avions donc proposé de poursuivre la route ensemble quand nous aurions terminé la visite de Borobudur, ce qu’il avait accepté.

C’est donc lui qui vient de nous faire découvrir Prambanan et comme nous avons prévu de traverser la moitié ouest de Java (600 km), c’est lui qui va nous emmener jusqu’à Solo, notre prochaine ville-étape. Nous aimons bien voyager de cette manière, conduits en voiture par un local. Ça nous permet de faire les trajets tout en discutant : le chauffeur nous explique plein de choses sur son pays, que cela concerne l’aspect touristique (les sites à visiter…) ou l’aspect pratique (la vie quotidienne, la famille…).

Le reste du temps, nous prenons généralement les moyens de transports locaux : trains, bus, tuks-tuks etc. Grâce à ce savant mélange, nous nous sentons en immersion dans le pays.

La route entre Yogya et Solo est très fréquentée, par des voitures et des deux-roues qui conduisent évidemment n’importe comment. A plusieurs reprises tout au long du trajet, nous devons d’ailleurs calmer les ardeurs de notre ami au volant car il conduit lui aussi à l’indonésienne. Or, nous comptons bien arriver entiers à Solo ! Ce qui sera finalement le cas en fin de journée.

Une fois n’est pas coutume, nous allons dormir non pas dans un hôtel local mais à l’hôtel Ibis de Solo, histoire de nous reposer enfin un peu après l’interminable voyage depuis la France, le décalage horaire et la longue journée de découvertes que nous venons de vivre. En plus, Victor et Arthur vont pouvoir se délasser un peu dans la petite piscine de l’hôtel. On dormira à la roots une autre fois…

Le lendemain, après une bonne nuit de récupération, nous prenons le train pour la ville de Malang. Le voyage dure six heures que nous mettons à profit à la fois pour découvrir les paysages (rizières, volcans…) et nous reposer. La bonne surprise, c’est que le train n’est pas bondé. La mauvaise, c’est qu’en revenant des toilettes situées à quelques mètres seulement de nous, Victor nous informe que la porte du train à côté de laquelle il vient juste de passer est grande ouverte ! Nous vérifions et en effet, n’importe qui pourrait tomber là, alors que le train roule vite.

Juste avant d’arriver, les hauts-parleurs du train crachent un message que nous croyons vaguement comprendre : il y aurait plusieurs gares à Malang, mais nous ne savons pas à laquelle nous devons descendre. C’est ennuyeux car nous avons rendez-vous à la gare avec un chauffeur qui nous a été conseillé par une amie depuis la France, nous ne voulons donc pas le rater. Nous demandons de l’aide aux autres passagers en leur montrant nos billets, et ils nous expliquent avec un sourire permanent que notre gare, c’est la deuxième. Nous les remercions chaleureusement car sans eux, nous serions descendus à la première !

Une fois arrivés, nous rencontrons notre nouveau chauffeur, Slamet. Lui aussi est incroyablement souriant, comme tous les locaux que nous avons rencontrés depuis hier. Cette délicieuse particularité indonésienne se vérifiera sans exception pendant un mois, jusqu’à la fin de notre séjour.


LES VOLCANS : LE BROMO ET L’IJEN

Nous allons donc passer trois jours avec Slamet, notre nouveau chauffeur qui va nous faire traverser une partie de son beau pays, de Malang à Banyuwangi. Nous avons prévu trois haltes : les volcans Bromo et Ijen, ainsi que la plantation Margo Utomo.

LEVER DE SOLEIL SUR LE BROMO

Le meilleur moment pour admirer le Bromo, c’est l’aube car c’est à ce moment-là que les volcans du site (le Bromo et trois autres), éclairés par les premiers rayons du soleil, se parent de couleurs rougeoyantes.

Comme on doit donc se lever tôt, il y a deux possibilités : soit on passe la nuit précédente loin du site et il faudra se lever encore plus tôt pour avoir le temps de faire la route, soit on passe la nuit dans l’un des hôtels du petit village de Cemoro Lawang, situés dans un cadre incroyable sur le rebord de la caldeira face aux volcans. Dans ce cas, on est plus près et la route au petit matin est donc moins longue. Elle consiste à traverser la Mer de Cendres dans la nuit noire, puis à monter jusqu’au point culminant de la zone, le Mont Penanjakan qui culmine à 2800 mètres d’altitude. Nous avons choisi la deuxième option et passons donc la nuit dans ce petit village aux allures de camp de base du Bromo.

Avant d’aller nous coucher, nous dînons dans un petit warung, l’un de ces minuscules restos typiques : la salle ne dépasse pas les dix mètres carrés, il n’y a presque rien à manger et nous sommes les seuls clients. Pourtant, nous nous régalons et l’accueil, comme partout en Indonésie, est incroyablement souriant. Une panne d’électricité générale ajoutera au côté « bout-du-monde » de ce village subitement plongé dans un noir d’encre. Victor et Arthur, qui éclairent le chemin du retour à l’hôtel avec leur frontale, se sentent subitement une âme d’aventuriers…

Après une nuit glaciale passée dans notre petit hôtel, nous nous levons vers quatre heures du matin pour monter dans la Jeep qui va nous emmener au sommet du mont Penanjakan.

Le Bromo est l’un des volcans les plus visités de toute l’Indonésie, et il suffit de s’y rendre dès les premières lueurs du jour pour comprendre pourquoi.

Pourtant, là-haut, nous comprenons vite que nous ne sommes pas les seuls à avoir choisi cette option matinale : des dizaines de Jeep stationnent déjà sur le bord de l’étroite route de montagne, en attendant le retour de leurs passagers descendus comme nous pour admirer l’aube sur ce site très prisé.

C’est donc au milieu de deux ou trois cents personnes que nous allons assister au lever du soleil qui, ici, est si réputé.

En contrebas de notre perchoir, trois volcans se font face : le Bromo, dont le cratère béant laisse échapper en permanence une colonne de fumée, ainsi que le Batok et le Kursi. En toile de fond, un quatrième volcan, le Semeru, domine ce paysage du haut de ses 3676 mètres. Ce volcan-là laisse normalement échapper un petit nuage de fumée environ toutes les demi-heures. Si ce n’est pas le cas, c’est qu’il y a un problème et il vaut alors mieux en être éloigné…

A l’extrême-gauche, les petits points blancs sont les hôtels situés sur le rebord de la caldeira…

A l’horizon se succèdent à perte de vue les silhouettes de volcans nappés dans la brume : c’est la colonne vertébrale de Java, qui constitue une bonne partie de la fameuse ceinture de feu du Pacifique.


BALADE SUR LA CRÊTE DU VOLCAN

Puis on reprend la Jeep pour descendre au fond de la caldeira, d’où les dernières brumes disparaissent peu à peu. On se retrouve alors dans une vaste mer de cendres où la végétation tente en vain de reprendre ses droits, entre deux éruptions.

Victor et Arthur sont ébahis par le paysage lunaire de ce volcan actif. Nous marchons jusqu’au Bromo, sur le flanc duquel a été construit un long escalier : ce lieu est en effet sacré pour les hindouistes qui sont 200.000 à s’y rendre lors de leur pèlerinage annuel. L’escalier facilite donc leur ascension à cette occasion, et celle des touristes le reste de l’année.

Au sommet, on peut se balader sur l’étroite crête sachant qu’en cas de chute, il ne semble pas possible  de s’accrocher aux parois du volcan. Seule une rambarde, sur les cinquante premiers mètres de la crête, empêche les accidents. Au-delà, c’est aux risques et périls de chacun.

Bromo : l’intérieur du cratère

C’est de cette zone sécurisée que nous décidons d’admirer en famille le cratère béant, qui recrache en permanence une épaisse colonne de fumée. C’est l’occasion pour Victor et Arthur de découvrir la désagréable odeur d’œuf pourri qui vient chatouiller leurs narines : c’est celle du soufre, qu’ils reconnaîtront immédiatement deux jours plus tard, en arrivant au sommet d’un autre volcan réputé, l’Ijen.

En attendant, il nous faut repartir pour notre prochaine étape : Kalibaru.


SUR LA ROUTE ENTRE LE BROMO ET L’IJEN : LA PLANTATION MARGO UTOMO

220 kilomètres en 4h30, c’est le programme de notre après-midi post-Bromo sur les routes indonésiennes. Nous avons réservé deux chambres doubles au Margo Utomo Agro Resort. Elles sont situées dans de petits bungalows posés au milieu d’une végétation tropicale luxuriante, fleurie et très bien entretenue. Avec une grande piscine en prime, ce complexe semble luxueux mais reste en fait très abordable.

Il existe la possibilité de faire une visite guidée de la plantation. Ça tombe bien car nous voudrions montrer à Victor et Arthur comment se présentent certains produits exotiques à l’état naturel, avant d’atterrir complètement transformés, dans leur assiette en France.

Notre guide, dont le sourire ne quitte jamais le visage, nous explique et nous montre comment on cultive le café, le cacao, la muscade, la vanille etc. Elle nous fait tout sentir, voire goûter quand c’est possible.

Grains de café séchant au soleil

Ainsi, lorsqu’elle fait humer la cannelle à Arthur les yeux fermés sans lui dire ce que c’est, il fait immédiatement une association d’idée : « Mmmh, ça sent le gâteau » !

Puis un employé fait l’admiration des enfants en grimpant aux cocotiers à mains et pieds nus, aussi facilement que si c’était un escalier, pour cueillir quelques noix de coco.

Ensuite, la guide nous montre du teck… sous forme d’arbres. Ben oui, nous n’en avions jamais vu que sous forme de tables de jardin jusque là !

Elle cisaille également l’écorce d’un hévéa, le fameux « arbre à caoutchouc » : les enfants sont subjugués par cette substance qui se transforme en quelques secondes en latex.

L’hévéa ou « arbre à caoutchouc »

Nous terminons la visite par le four au-dessus duquel bout du jus de coco, auquel nous avons le droit de goûter et qui s’avère un pur régal.

Bref, une superbe petite leçon de choses que cette visite guidée, parfaitement adaptée aux enfants mais aussi aux adultes.

L’après-midi, nous partons pour Banyuwangi où nous allons passer la nuit, et qui sera notre point de départ au petit matin pour l’excursion au Kawah Ijen (qui signifie « cratère de l’Ijen »).


LE CRATÈRE DE L’IJEN : BIENVENUE EN ENFER

Pour la énième fois en huit jours, nous nous levons avant le soleil et je dois bien avouer que ça commence à se voir sur nos visages. Mais une fois de plus, nous n’allons pas le regretter.

Arrivés aux pieds de l’Ijen en Jeep, il faut marcher sur un agréable sentier qui serpente en montant à travers la végétation à flanc de volcan. C’est notre hôtel qui s’est occupé de la réservation de la Jeep, avec Ahmat, le guide pour l’ascension. Ce dernier est un jeune qui adore raconter son pays. Ça tombe bien, nous sommes venus pour le découvrir.

Assez rapidement, il nous montre un volcan en éruption, le Raung. Ahmat nous l’a déjà montré une heure plus tôt lorsque nous sommes passés à proximité en voiture, mais nous ne l’avions pas bien vu car il faisait nuit. Alors que maintenant, on en est plus éloigné mais on voit bien les quantités de cendres noires qu’il recrache dans le ciel bleu.

Le Raung en éruption

Nous poursuivons notre chemin tranquillement, en discutant avec les gens que nous croisons, comme ce ramasseur de feuilles d’eucalyptus rencontré au milieu de nulle part.

Rencontres pendant l’ascension de l’Ijen

La randonnée prend environ deux heures pour arriver au sommet. Elle ne présente aucune difficulté particulière mais comme le chemin monte en permanence, et qu’il est situé à une altitude non négligeable (2300 mètres environ à son arrivée), il peut s’avérer un peu fatigant pour qui n’a pas l’habitude. Dans la deuxième moitié, nous finissons par nous retrouver au-dessus d’une mer de nuages.

Et enfin, c’est l’arrivée sur le rebord du cratère, qui culmine un peu plus loin à 2386 mètres d’altitude. Au bout du chemin avec lequel nous en terminons, nous laissons derrière nous la mer de nuages et quelques arbres morts, qui n’ont visiblement pas apprécié l’inhospitalité des lieux.

Et face à nous, c’est le volcan. Une épaisse colonne de fumée à l’odeur fortement soufrée s’en échappe.

En contrebas de cet univers minéral s’ouvre un cratère tapissé de roches jaunes, dont la couleur étonnante est due aux dépôts de poussières de soufre.

Au fond et sous un ciel d’un bleu profond repose un joli lac vert. D’apparence calme, ce lac d’acide fume partout. Certains viennent s’y baigner, paraît-il, pour soigner divers problèmes cutanés. Et au vu de la fumée qui s’échappe de la surface, on peut comprendre qu’ils ressortent de leur bain complètement décapés. Il faut dire que parmi tous les lacs d’acide de la planète, c’est celui-là qui détient le record du monde d’acidité : 0,15 de PH !


UN BAGNE A CIEL OUVERT

L’endroit est irréel. Pourtant, le contraste s’avère vite saisissant entre la beauté des lieux et le calvaire des hommes qui y travaillent.

Au cœur du cratère

Car en effet, le soufre constitue une matière première précieuse pour les industries pharmaceutique et cosmétique notamment. Il jaillit un peu partout au fond du cratère et passe successivement par les trois états : gazeux, liquide puis solide. C’est ce qui provoque la grosse colonne de fumée.

Une centaine de mineurs ramassent les blocs de soufre, en inhalant à longueur de journée cette épaisse fumée jaune qui encrasse leurs poumons. Parfois, des bulles d’acide pouvant mesurer plusieurs dizaines de mètres de diamètre remontent le lac jusqu’à la surface. Là, en éclatant, elles peuvent remplir de gaz toxiques la partie profonde du cratère, celle justement où travaillent les mineurs. Dans les années 80, certains d’entre eux y ont laissé la vie.

Après avoir collecté le soufre, les mineurs chargent les blocs dans leurs paniers qu’ils portent sur leurs épaules à raison de… quatre-vingts kilos par mineur !

Et pourtant, leur calvaire ne fait que commencer : voûtés sous leur charge de soufre – lequel n’a jamais aussi bien porté son nom – il leur faut plusieurs heures pour transporter leur marchandise sur quelques vingt kilomètres, soit l’équivalent d’un semi-marathon ! Ils remontent d’abord les pentes escarpées du volcan (deux cents mètres de dénivelé) sous un soleil de plomb. Puis arrivés au sommet, il leur reste encore une longue marche avant de pouvoir enfin se délester de leur fardeau.

Certains d’entre eux ont le corps marqué par les séquelles de ce métier inhumain : leurs épaules sont déformées par des excroissances parfois aussi grosses que des boules de pétanque.

Évidemment, ils sont payés une misère : l’équivalent de deux cents euros par mois. Et comble du cynisme, la société chinoise qui les exploite se permet de leur faire payer tous les matins le bref trajet en camion qui les emmène de leur village à l’Ijen, serrés comme du bétail. Leur espérance de vie est estimée entre 40 et 50 ans…

Mais plus que leur souffrance quotidienne, ce qui nous aura marqués chez ces mineurs, c’est leur sourire finalement assez fréquent malgré une telle adversité. Une leçon pour moi, qui décide sur le champ que je ne me plaindrai plus jamais au bureau…


Merci à Géo.fr, qui a sélectionné certaines images de cet article sur les mineurs de l’Ijen afin d’illustrer sa page Facebook.


FLORES ET LE PARC MARIN DE KOMODO


Après avoir admiré les merveilles de Java, nous nous dirigeons vers l’île de Flores et le parc marin de Komodo : ce dernier vient tenir compagnie aux temples de Borobudur et Prambanan sur la liste des sites indonésiens classés par l’UNESCO au patrimoine de l’humanité.

Ce parc marin est situé dans le fameux « triangle de corail », considéré par les biologistes marins comme l’épicentre de la vie sous-marine dans le monde. En d’autres termes, les fonds sous-marins sont ici d’une beauté et d’une richesse exceptionnelles.

La plupart des îles de ce parc sont soit désertes et paradisiaques, soit habitées par des pêcheurs vivant dans de petits villages sur pilotis. Mais quelques-unes d’entre elles abritent aussi les fameux « dragons » de Komodo, ces varans géants carnivores uniques au monde.

Pour visiter tous ces sites, nous allons faire une croisière de rêve sur un petit bateau typique, avant de terminer notre visite de la région par l’île de Flores, qui borde le parc de Komodo.


LA CROISIÈRE


Nous quittons Java par la petite ville de Ketapang, à l’extrémité orientale de l’île. Nous n’allons pas tarder à comprendre pourquoi le bus dans lequel nous montons s’appelle « Express » : le ticket de bus Ketapang (Java) – Denpasar (Bali) comprend la courte traversée en bateau entre les deux îles, puis nous emmène à grande vitesse vers le centre de Bali, au prix parfois de quelques slaloms rapides entre les voitures qui arrivent en face. Notre chauffeur n’ayant pas l’air d’avoir été informé que son bus était doté d’une pédale de frein, c’est assez vite que nous arrivons à bon port.

Après une nuit passée dans un hôtel sans charme, nous gagnons l’aéroport où nous sommes censés prendre l’avion pour Labuan Bajo (île de Flores). « Censés », car cela fait quelques jours que le Raung crache ses cendres sans discontinuer dans le ciel, comme nous avons pu le voir la veille depuis les pentes de l’Ijen. Rien de très inhabituel dans ce pays volcanique sauf que depuis deux jours, la situation a empiré : ses rejets sont de plus en plus hauts, noirs et denses, ce qui commence à menacer la circulation aérienne dans toute la région.

Nous pouvons finalement prendre notre avion mais nous apprendrons le lendemain que peu après notre vol, l’aéroport de Denpasar a dû fermer. Cela durera une quinzaine de jours, après quoi il rouvrira quelques jours puis refermera à nouveau etc. Au total, ce sont plusieurs dizaines de milliers de voyageurs du monde entier qui seront bloqués soit à Bali, soit à l’étranger en direction de Bali. Nous avons donc eu beaucoup de chance cette fois-ci. Nous ne le savons pas encore mais ce ne sera plus le cas dans quelques jours…

La baie de Labuan Bajo

A Labuan Bajo, nous passons la soirée à flâner sur une longue plage déserte où nos fistons se baignent jusqu’à la tombée de la nuit. L’endroit est calme et la douceur de vivre qui baigne les lieux rend le moment à la fois simple et inoubliable.

Après une nuit passée dans un excellent petit hôtel situé sur les hauteurs de la ville (le Golo Hilltop Hotel, voir les infos pratiques tout en bas), nous nous dirigeons vers le port au petit matin.

Nous y faisons la connaissance de Sofyan, le capitaine d’un bateau traditionnel de vingt mètres de long par trois de large, avec qui nous allons naviguer pendant trois jours dans les eaux magiques du parc marin de Komodo.

Le port de Labuan Bajo

Il n’est pas difficile de se concocter une petite croisière de rêve de ce type : il suffit de déambuler sur les pontons où sont alignés les bateaux colorés et de discuter avec leur capitaine. On peut soit chartériser un bateau à plusieurs afin de faire baisser le prix, soit s’offrir une croisière privée. Dans les deux cas, on détermine à l’avance le trajet à réaliser.

Nous nous retrouvons donc tous les quatre sur ce joli bateau conduit par Sofyan et son équipage : Juna le cuisinier, Yon le mousse et Kevin le mécano. Dans la plus pure tradition indonésienne, ils seront tous les quatre adorables avec nous de bout en bout.

Pour ne rien gâter, la nourriture de Juna est simple mais succulente, et ça nous fait tellement de bien de manger enfin autre chose que du Nasi Goreng, après une semaine de ce menu quasi-unique sur Java et Bali.

Au moment d’appareiller, le ciel est étonnemment noir et n’incite pas à l’optimisme.

Ça tombe mal car nous n’avons qu’une envie : jeter l’ancre à proximité d’une petite île déserte afin d’aller piquer une tête dans ses eaux tièdes et translucides. Nous en avons rêvé tout l’hiver depuis la France. Heureusement, après avoir pris la mer, les nuages vont disparaître petit à petit et c’est sous un ciel plus clément que nous accostons sur notre première île.

Nous plongeons, nageons et observons enfin nos premiers poissons. Ce modeste site de snorkeling, sans être exceptionnel, nous permet déjà d’apercevoir de nombreux coraux et poissons multicolores.

LA FAUNE DU PARC DE KOMODO : RENARDS VOLANTS, DRAGONS, DIABLES DE MER !

Puis vient le soir, où nous allons avoir la chance de vivre une expérience inattendue. Le bateau s’arrête tout d’abord à quelques encablures d’un îlot d’apparence anodine : il est entièrement recouvert d’une mangrove inextricable et ne dépasse pas les cent mètres de long.

Au fur et à mesure que le soleil se couche, de petits cris s’échappent de la végétation. Ils deviennent de plus en plus forts, jusqu’à ce qu’un volatile s’extirpe de la mangrove. C’est ce que les locaux appellent un « renard volant ». Un deuxième le suit, puis un troisième et ainsi de suite.

Il s’agit de chauve-souris géantes de 1,50 mètre d’envergure, qui survolent toutes notre bateau à grands cris pour aller passer la nuit sur une autre île. Elles sont finalement des milliers et des milliers à suivre inlassablement ce chemin pendant plus d’une heure. Comme tous les jours, elles reviendront le lendemain matin juste avant l’aube, et ainsi de suite…

Nous reprenons la mer dans la pénombre pour aller jeter l’ancre une heure plus tard, à l’abri d’un autre îlot. Nous distinguons vaguement son ombre non loin du bateau mais nous ne verrons réellement à quoi il ressemble que le lendemain matin, au lever du soleil.

Pendant le dîner sur le pont avant, nous surprenons parfois une tortue qui vient sortir la tête de l’eau, afin de prendre une bonne bouffée d’air à un ou deux mètres du bateau, avant de replonger tranquillement au milieu du plancton phosphorescent.

L’aube, vue depuis notre bateau où nous venons de passer la nuit au mouillage

Le lendemain matin, nous partons faire une courte escale au mouillage sur un site nommé Manta Point : c’est un spot de plongée où l’on est susceptible d’observer des raies mantas (6 mètres d’envergure). Quand nous arrivons, il n’y a qu’un seul bateau de plongée sur le site, qui ne restera d’ailleurs pas bien longtemps, nous laissant rigoureusement seuls au monde dans ce site de rêve. Avant de nous mettre à l’eau pour faire du snorkeling, nous la trouvons si translucide que nous avons l’impression… qu’il n’y a pas d’eau du tout et que les coraux sont à l’air libre !

C’est dans ce cadre paradisiaque qu’il m’arrivera pourtant une mésaventure : le petit caisson étanche (enfin, en théorie) de mon appareil photo compact prend subitement l’eau. Je me dépêche de gagner le petit îlot de rêve qui nous tend les bras un peu plus loin mais c’est trop tard : le compact et l’excellente optique Leica dont il est doté sont morts. Pour moi qui suis plongeur et qui rêvais depuis si longtemps de faire des photos et des vidéos sous-marines dans cette région du monde (le fameux triangle de corail), c’est une catastrophe. Mais bon, je repense aux mineurs de l’Ijen qui m’ont décidément marqué, et je comprends vite que j’ai finalement de la chance d’être là.

Je savoure donc ce petit îlot de 80 mètres de long à peine pour une dizaine de large. Avec Marie et les enfants, nous marchons le long de sa longue langue de sable blanc, à l’extrémité de laquelle quelques oiseaux de mer picorent à manger dans le sable, les pattes plantées dans l’eau transparente. Pour les photos sous-marines, je prendrai le petit appareil compact étanche des enfants. Il est basique mais finalement, les images seront correctes :

Ce parc marin est un pur joyau et Victor et Arthur, qui ne se séparent plus de leur masque, sont heureux comme des poissons dans l’eau.

Au cours de la croisière, nous observerons, outre les tortues, deux dauphins depuis le bateau.


LES PETITS VILLAGES DE PÊCHEURS


Le programme de cette délicieuse croisière ne se va pas se cantonner à des baignades. Car ici, toutes les îles ne sont pas forcément désertes, et nous avons prévu de nous rendre sur celles qui abritent de petits villages de pêcheurs, afin d’en rencontrer les habitants.

C’est ainsi que nous accostons sur le fragile ponton de l’une d’entre elles, qui compte à peine une cinquantaine de cases.

A bien les regarder, nous comprenons qu’il faudrait sans doute bien moins qu’un tsunami pour tout dévaster ici…

De plus, nous nous sentons d’emblée gênés au vu de l’extrême pauvreté qui règne là. Mais les habitants vont vite nous faire changer d’avis. Sofyan, le capitaine de notre bateau, nous guide entre les « maisons » sur pilotis (en général de frêles amas de bois et de tôles) et très vite, nous devenons malgré nous l’attraction du jour, notamment auprès des enfants, qui sont nombreux à nous escorter.

C’est donc sous bonne garde que nous traversons le village. Nous nous arrêtons devant chaque case pour en saluer les habitants. Tous arborent un grand sourire et nous disent quelques mots. Certains nous demandent de les photographier avec Victor et Arthur car ce n’est pas tous les jours qu’ils voient des petits blondinets comme ça. Sofyan fait office pour l’occasion de traducteur, en anglais, et tous les habitants nous parlent avec un sourire jusqu’aux oreilles.

La première question que chacun d’entre eux nous pose consiste à savoir d’où nous venons. Nous répondons inlassablement que nous sommes français. Puis nous discutons avec eux de tout et de rien.

L’ambiance est d’une grande simplicité, et l’extrême gentillesse des habitants s’avère déconcertante. Du coup, nous n’avançons pas très vite car nous nous attardons devant chaque case.

Petite sieste entre deux cases…

Si nous avons besoin de Sofyan pour nous traduire en anglais le Manggarai Barat, la langue locale, Victor et Arthur communiquent beaucoup plus facilement avec les enfants du village grâce à une langue universelle : le foot.

Ils se sont très vite fait mettre le grappin dessus par les enfants de l’île et jouent au milieu du village avec un ballon de fortune, fabriqué en petits morceaux d’écorces souples. Les habitants forment un cercle autour d’eux, tout le village semble réuni là et chaque visage arbore un grand sourire.

Rarement au cours de nos voyages nous avons rencontré des habitants aussi souriants qu’ici.

Devant le seul bâtiment en dur du village : l’école

Nous faisons une petite visite de l’école, non pas pour faire bosser nos enfants au beau milieu des vacances, mais pour leur montrer une école du bout du monde. Ils sont sidérés par l’état des classes : murs délabrés, posters déchirés, tables en piteux état etc.

Bizarrement, l’école est le seul endroit où les enfants du village nous ont un peu lâchés ! Car le reste du temps depuis notre arrivée, ils nous suivent de près : ils sont curieux, joueurs, rieurs…

Mais c’est l’heure de partir et en rejoignant le bateau, le sourire ne quitte plus nos visages : c’est contagieux, les habitants nous l’ont transmis.

C’est donc le cœur léger que nous appareillons après ce grand moment partagé avec les îliens. Nous prenons conscience que, bien qu’ils ne possèdent rien, bien qu’ils ne bénéficient sans doute pas de la moindre protection sociale contrairement à nous, ces gens respirent tout simplement la joie de vivre. Leur sourire illumine autant leur village que nos mines déconfites assombrissent le métro ou le tram chaque matin, nous qui avons pourtant tellement plus de choses.

Paradoxalement, j’avoue que je n’échangerais pas ma place avec la leur, mais je ne peux pas m’empêcher de me questionner… Après les mineurs de l’Ijen, voilà encore une bien belle claque.

Nous poursuivons notre petit bonhomme de croisière avec une nouvelle escale, au mouillage cette fois, en compagnie de quelques autres bateaux. Nous sommes à quelques encablures d’une plage qui est parfois fréquentée par des dragons. Nous n’en verrons pas. En revanche, nous nous en donnons à cœur joie pour faire du snorkeling au milieu de fonds éblouissants, et en enchaînant les plongeons depuis les trois mètres de haut du bateau.

Puis Yon le mousse sort deux paddles et, avec Kevin le mécano, ils invitent Victor et Arthur à les accompagner pour s’amuser dans l’eau. Nous découvrons alors un autre Kevin : plutôt taciturne jusque-là, il devient subitement adorable. Ils s’amusent tous les quatre comme des enfants, en passant plus de temps à tomber dans l’eau qu’à ramer, à coups de grands éclats de rire.

Puis nous accosterons sur deux autres îles de pêcheurs, les deux principales de la zone : Rinca puis Komodo.

Elles sont sensiblement plus grandes et visiblement plus habituées à recevoir des occidentaux. Résultat, l’accueil y est moins chaleureux.

Partout, le poisson sèche sur de grands étendoirs pendant que les pêcheurs nettoient les bateaux et réparent les filets. On sent bien l’omniprésence de la mer, qui constitue ici l’indispensable garde-manger des habitants. Si les grands sont donc au travail, les plus petits ici aussi nous accompagnent partout.

Nous saluons chaque habitant que nous croisons dans le village mais nous sentons bien qu’ici, contrairement à la petite île sur laquelle nous étions précédemment, le voyageur occidental n’est pas un oiseau si rare. Et nous avons beau être les seuls visiteurs ce jour-là, les habitants ne sont pas spécialement demandeurs de contact. Nous les laissons donc tranquilles en nous contentant d’échanger seulement avec ceux qui viennent spontanément vers nous.

Puis Sofyan nous emmène sur les hauteurs de l’île. Nous traversons un petit bout de forêt où nous ne pouvons pas nous empêcher de scruter la végétation, qui pourrait cacher un varan géant à l’affût. Mais rien. Nous finissons par arriver à un puits qui fait office de salle de bains commune à ciel ouvert : une dizaine d’habitants s’y lavent en effet, et puisent de l’eau. Et oui, il n’y a pas de robinets dans les cases, ici.

Nous retournons dans le village où un « élu » nous attend de pied ferme : à notre grande surprise, il nous demande de payer un ticket d’entrée ! Il nous emmène à l’autre bout du village et nous fait entrer dans ce que nous assimilons à la « mairie », puis nous fait régler les tickets d’entrées, facturette officielle à l’appui.

En discutant avec lui des fameux dragons, que nous reviendrons voir demain sur l’île voisine de Rinca, il nous explique qu’il y a quelques années, un enfant du village, âgé d’une dizaine d’années, s’est fait surprendre et tuer par l’un de ces varans. Cela fait longtemps mais il est encore marqué en nous en parlant.

Nous quittons Komodo, à la tombée de la nuit et sous la pluie, en étant prévenus que demain nous devrons redoubler de prudence et bien écouter le guide, lorsque nous serons au milieu des varans…


LES DRAGONS DE KOMODO


Après une nouvelle nuit à bord, et une fois le copieux petit déjeuner habituel ingurgité, nous appareillons pour Rinca.

Avec Komodo et quelques petites îles, elle fait partie de celles où l’on peut rencontrer les fameux dragons. Mais comme il paraît que ces varans sont de plus en plus difficiles à apercevoir sur Komodo, et assez rares sur les petites îles, c’est sur celle de Rinca que nous avons décidé d’aller à leur rencontre.


DES PRÉDATEURS AU SOMMET DE LA CHAÎNE

Ces varans géants, qui sont les plus grands lézards de la planète, sont carnivores. Les singes qui pullulent dans ce coin hostile font bien partie de leur menu, mais les dragons sont surtout capables de s’attaquer à du gibier bien plus gros : des cerfs et des buffles.

La salive de ces énormes reptiles est une concentration phénoménale de bactéries, proche du venin. Ainsi, quand ils infligent à leur proie une petite morsure d’apparence anodine, leur victime peut agoniser pendant plusieurs jours avant de mourir.

La langue fourchue des varans, qui conduit leur sens olfactif, leur permet alors de sentir l’odeur de la charogne de loin. Grâce à elle, ils n’ont plus qu’à se laisser guider pour se régaler.

Mais surtout, ces reptiles sont de véritables machines de guerre : frôlant parfois les quatre mètres de long, ils courent jusqu’à 25 km/h en pointe, ils savent nager et ils peuvent grimper aux arbres. Bref, difficile de leur échapper, et les attaques sur les humains ont beau être rarissimes (deux seulement contre des touristes depuis 1974, et quelques-unes contre des locaux), mieux vaut se méfier.

Enfin, leur voracité est telle que lorsqu’ils dévorent une chèvre, par exemple, ils n’en laissent pas une miette : ni le crâne, ni même les cornes.

La balade avec un guide officiel est donc obligatoire. Ce qui nous surprend d’emblée, c’est qu’il n’est armé que d’un simple bâton fourchu, censé imiter la langue en Y des dragons. Cela suffit, paraît-il, à repousser la bête qui s’approcherait d’un peu trop près…

A peine arrivés sur Rinca, nous rencontrons notre guide. Il s’appelle Fidell Casthro (avec cette orthographe-là). Il n’a pas le temps de nous donner les consignes élémentaires de sécurité que Marie nous alerte : elle vient de se faire piquer au pied par une bestiole non identifiée. Fidell nous explique que c’est sans doute une mouche car ici, si les lézards mordent, les mouches piquent ! La piqûre n’a rien de grave mais elle est douloureuse. Ça commence bien, ce premier contact avec la faune locale…

A propos de faune justement, Fidell nous donne donc ses consignes et la première d’entre elles n’est pas du tout celle à laquelle nous nous attendions : il nous explique en effet que dans la forêt que nous allons traverser, il faudra nous méfier avant tout… des serpents ! Certains mordent pour inoculer leur venin, tandis que d’autres le crachent. Charmante, décidément, cette petite balade qui nous attend.

Puis il insiste sur la distance minimale à respecter par rapport aux dragons : jamais moins de cinq mètres. Enfin, il nous demande de ne surtout pas nous éloigner de lui, par sécurité. Mais franchement, il n’avait pas besoin de le préciser car avec toutes ces infos sur la faune qui nous cerne, nous avions bien l’intention de lui coller aux basques.


EXPÉDITION EN TERRITOIRE HOSTILE

A peine partis, le premier dragon que nous rencontrons à proximité du baraquement des guides est un juvénile : « seulement » deux mètres de long. Les dragons viennent souvent ici car de petits restes de nourriture peuvent traîner.

Il y a quelques mois, un dragon a pénétré à l’intérieur d’un baraquement et a attaqué puis mordu le guide qui se trouvait dedans. Ce dernier a pu prendre la fuite et se faire soigner, ce qui lui a permis de rester en vie, mais Fidell nous montre sur son téléphone portable une photo de la morsure de son collègue, qui est aussi son ami. La blessure n’est vraiment pas belle à voir. Nous sommes impressionnés par cette chair tuméfiée, et nous aurions largement préféré qu’il nous montre cette photo après notre traversée de la forêt plutôt qu’avant…

Au moment de nous aventurer dans la végétation à la recherche de dragons adultes dans leur milieu naturel, j’avoue être le seul de la famille à ne pas être rassuré. J’en aurais presque un peu honte mais bon, en tant que père et mari qui a sa fierté, je fais comme si de rien n’était.

Et après cinq minutes de marche à peine, nous nous retrouvons nez-à-naseaux avec deux dragons qui viennent de s’accoupler à proximité de leur nid (un grand trou en forme de L dans le sol). Ils sont plus ou moins enlacés et semblent savourer le moment, à tel point que ces monstres nous paraîtraient presque attendrissants. Nous sommes à cinq mètres d’eux à peine et la scène, qui nous rappelle tout de suite un accouplement de lions auquel nous avions assisté en Tanzanie, nous paraît elle aussi assez surréaliste.

Couple de dragons juste après l’accouplement

A dix mètres de là, un troisième varan, un gros mâle, rôde dans la végétation.

Fidell nous explique que les deux mâles se sont battus pour obtenir les faveurs de la femelle et que le vaincu – celui qui est à l’écart – n’a peut-être pas encore dit son dernier mot.

Et en effet, il fait alors un grand détour d’une cinquantaine de mètres pour se faire oublier, avant de fondre sur son rival ainsi que la femelle à laquelle il n’a toujours pas renoncé. Arrivé à deux mètres d’eux, il pousse un espèce de soufflement sourd qui nous fait sursauter. Fidell se précipite sur nous, nous fait reculer de quelques mètres et fait écran entre les dragons et nous.

L’autre mâle ne se laisse pas faire et met à nouveau l’assaillant en fuite, tout en s’agrippant de plus belle à sa conquête. Impressionnant.


UN DERNIER POUR LA ROUTE

Après cette petite montée d’adrénaline, nous sortons de la forêt. Sous le soleil déjà chaud du petit matin, nous marchons à découvert sur un étroit sentier, au milieu d’herbes hautes couleur paille. Nous ne voyons pas trop ce qu’il y a dedans et nous préférons ne pas le savoir ! Nous accélérons le pas jusqu’au sommet où nous sommes heureux d’arriver : là, nous prenons quelques minutes pour apprécier la jolie vue dégagée sur la baie qui nous fait face.

Mais nous ne sommes pas au bout de nos émotions. Car sur le chemin du retour, à cinq petites minutes de marche du bateau par lequel nous sommes arrivés sur l’île, nous croisons un autre guide qui attend là en compagnie d’une bonne dizaine de touristes. Ils viennent d’arriver en bateau eux aussi et par sécurité, ils ne vont pas plus loin car ils sont trop nombreux pour un seul guide.

Fidell nous demande alors si cela nous dérange de rentrer tout seuls au bateau par le chemin que nous avons pris à l’aller, pour qu’il puisse aider son collègue à prendre en charge ce groupe de visiteurs. Il nous assure qu’il n’y a plus aucun danger et nous acceptons donc, bien que n’étant pas complètement rassurés.

Et évidemment, à mi-chemin, alors que nous tentons de faire accélérer Victor et Arthur qui flânent, un craquement de branches nous fait craindre une mauvaise rencontre. Il provient de la mangrove située en léger contrebas du chemin. C’est encore un dragon, certes juvénile mais qui mesure deux bons mètres de long quand même. Il a beau ne prêter aucune attention à notre présence, nous prenons notre courage à deux mains… et fuyons immédiatement en direction du bateau ! Où nous arrivons deux minutes plus tard sans encombre pour reprendre la mer.

Rinca – Bateau de plongeurs au mouillage

Cette escale était incontournable car les dragons de Komodo sont connus dans le monde entier. Il aurait donc été dommage de naviguer dans les environs sans aller les observer. En y réfléchissant a posteriori, nous réalisons que nous avons croisé finalement très peu de touristes sur Rinca, et que nous avons pu observer plusieurs dragons sans difficulté, à quelques mètres de nous seulement. Un grand moment donc que cette petite escapade.


Mai 2017 : un touriste attaqué par un dragon de Komodo


Nous reprenons la mer en faisant une dernière halte snorkeling au moment du repas de midi.

Cette croisière exceptionnelle de trois jours se termine et en écrivant ces lignes, je repense à Sofyan, Juna, Yon et Kevin grâce à qui nous avons vraiment passé trois jours inoubliables.

Juna, le cuisinier, à la barre

Sofyan, le capitaine, devant l’école d’un petit village de pêcheurs

Yon, le mousse, figure de proue du navire

Kevin, le mécano, en pleine action


FLORES : L’INDONÉSIE AUTHENTIQUE


Située à six cents kilomètres à l’est de Bali et méconnue, Florès est une île verdoyante, constellée de volcans et peu peuplée. Elle a tout pour plaire aux amoureux de la nature en recherche d’authenticité : c’est pour ça que nous l’avons choisie.

Quelques jours plus tôt sur Java, lorsque nous avions vu le Raung en éruption, nous ne savions pas encore qu’il allait interrompre le trafic aérien indonésien au cours des semaines suivantes, bloquant à Bali et aux alentours, ainsi qu’à l’étranger à destination de Bali, quelques dizaines de milliers de voyageurs.

Ayant pu prendre in extremis l’un des derniers vols au décollage de Denpasar (Bali) et à destination de Labuan Bajo (Flores) avant la fermeture de ces deux aéroports, nous étions très heureux d’avoir eu une telle chance. Mais ce que nous ne savions pas à ce moment-là, c’est qu’après notre croisière, nous serions bloqués à notre tour à l’aéroport de Labuan Bajo ! Nous avions prévu un vol court vers Ende, dans le centre de l’île mais c’est impossible : tous les vols de Labuan Bajo sont annulés à cause du Raung.

Il nous faut donc tirer un trait sur le Kelimutu, un volcan qui a l’air magnifique avec ses trois lacs d’acide aux couleurs fluos, ainsi que sur la rencontre des Lio, une ethnie qui vit non loin de là dans de superbes petits villages authentiques. Le coup est un peu dur pour nous car ces endroits nous faisaient rêver, mais dans le pays le plus volcanique de la planète, c’est un peu le revers de la médaille : on doit vivre au rythme des volcans. Il va donc falloir improviser de nouvelles visites et l’avantage avec l’Indonésie, c’est qu’il y a toujours de beaux endroits à découvrir, où qu’on se trouve.

Nous décidons de passer la journée à chercher tranquillement un plan B. Mais l’excellent Golo Hilltop Hotel dans lequel nous venons de passer la nuit au retour de la croisière, est complet pour la nuit prochaine. La première urgence consiste donc à trouver un autre hébergement. Nous trouvons notre bonheur mais il s’agit d’un hôtel situé à l’exact opposé de la ville. Et là, les bras nous en tombent : le personnel du Golo Hilltop nous propose de nous emmener tous les quatre en voiture, gratuitement, chez son concurrent ! Il n’est pas situé bien loin c’est vrai, mais quand même : le geste a une certaine classe.

Une fois sur place, pendant que Victor et Arthur barbotent dans les eaux indonésiennes (notre nouvel hôtel a les pieds sur la plage…), Marie et moi cherchons tranquillement comment tuer les quelques jours que nous avons devant nous. Après avoir fouillé le guide papier que nous avons emporté (la connexion internet de l’hôtel est trop mauvaise pour nous permettre de chercher par ce biais), nous décidons de faire une incursion dans l’arrière-pays afin de rencontrer l’ethnie locale : les Manggaraï Barat. C’est d’ailleurs la même que celle qui vit sur les petites îles de pêcheurs d’où nous venons.

La destination est donc choisie, mais comment y aller ? Nous repensons alors à Ali, le propriétaire du bateau sur lequel nous venons de voguer d’île en île pendant trois jours : à notre retour de croisière, il était venu nous accueillir au port pour vérifier que tout s’était bien passé, et il nous avait donné son numéro de téléphone, au cas où nous aurions encore besoin de ses services. Nous ne pensions pas que ce serait le cas mais finalement, si ! Nous l’appelons donc et il vient nous rencontrer à l’hôtel pour nous expliquer qu’il a une voiture conduite par un jeune local, Christo, qui peut nous emmener à travers l’ouest de Flores pour deux ou trois jours. Nous tombons rapidement d’accord sur les modalités et prenons rendez-vous pour le lendemain matin.

FLORES : LA CÔTE SUD-OUEST

Après cette journée de recherches et de détente, et après la nuit qui s’ensuit, nous rencontrons Christo au petit matin, avec qui nous allons donc faire la route pendant quelques jours. Le seul inconvénient, c’est qu’il parle un peu seulement l’anglais. Le nôtre n’est pas excellent mais le sien est carrément rudimentaire, ce qui nous limite dans la conversation. En tout cas, il est fier de nous faire découvrir son beau pays et nous arrête dans les meilleurs endroits.

Sur les plages, il faut quand même faire très attention car la mer est animée par de forts courants : rien à voir avec les eaux calmes des îles de Komodo dans lesquelles nous venons de passer trois jours.

Avant d’arriver sur cette longue plage qui, sans notre présence, serait intégralement déserte à l’exception de quelques buffles, Christo nous a demandé s’il pouvait faire une halte pour faire monter dans la voiture un ami à lui. C’est monnaie courante dans ce genre d’endroits : le copain est un local censé bien connaître la région et nous guider gratuitement. Comprendre : « les pourboires sont acceptés », même s’ils ne l’évoqueront pas une seule fois. Cette forme de tourisme équitable ne nous pose aucun problème, bien au contraire.

Ahmed, c’est le nom du copain, nous accompagne donc et nous fait découvrir des endroits sympas et simples, et où nous ne croiserons pas le moindre touriste. Un vrai plaisir que ce dépaysement.

Les deux copains : Christo le chrétien et Ahmed le musulman

Un petit mot ici sur la religion en Indonésie : la constitution reconnaît six religions officielles (islam, catholicisme, protestantisme, hindouisme, bouddhisme et confucianisme). Jusqu’en 2015, tout citoyen indonésien avait l’obligation de choisir l’une d’entre elles, laquelle figurait d’ailleurs sur sa carte d’identité. Mais depuis 2015, l’athéisme est autorisé. En tout cas, ce qui nous a marqués tout au long de notre voyage, c’est de voir à quel point l’harmonie quotidienne entre les différentes communautés religieuses est réussie : la devise du pays « Unité dans la diversité » se vérifie tous les jours et ça fait plaisir à voir par les temps qui courent.

Avec Ahmed pour guide, nous vagabondons de plage en village, en passant par des rizières. Le rythme est paisible, les gens rencontrés aussi.

Dans un petit village justement, un homme vient à notre rencontre. Il échange d’abord quelques mots avec Christo et Ahmed en Bahasa, la langue officielle du pays, puis s’adresse à nous en anglais. De toute évidence, cet homme est ouvert, instruit et curieux au bon sens du terme. Il cherche à échanger avec nous et à apprendre tout ce qui peut venir de notre pays. Nous discutons un moment ensemble. Puis quand il nous quitte, nos deux compagnons nous apprennent que c’est l’imam du village et que c’est une personnalité extrêmement respectée par ici.

LE PAYS MANGGARAI BARAT

En fin d’après-midi, nous ramenons Ahmed dans sa famille en le dédommageant comme il se doit. Christo nous emmène alors dans le petit village de Lembor. Nous nous arrêtons dans un homestay pour demander s’il reste une chambre pour quatre. Il s’agit en fait d’une maison où la famille reçoit les visiteurs de passage. Toutes les chambres sont libres et nous comprenons vite pourquoi : les lieux sont très sommaires. La maîtresse de maison est adorable et on voit qu’elle a fait de gros efforts sur le nettoyage des pièces. Pourtant, bien que nos deux chambres soient les plus nettes de la maison et sans doute même du village, nous ne partageons pas vraiment les même critères de propreté.

Il n’y a évidemment pas d’eau courante. Dans les toilettes, une poubelle est remplie d’eau qu’il faut verser dans le WC à la turque, à l’aide d’une louche en guise de chasse. Mais l’eau de cette poubelle sert aussi à faire sa toilette. Évidemment, comme toujours dans ce genre d’endroits, c’est l’eau de nos bouteilles que nous utiliserons pour nous laver les dents et faire une toilette de chat, histoire de ne pas attraper la tourista.

Dans les toilettes de leur chambre, Marie et Victor n’arrivent pas à éteindre la lumière. Ils m’appellent pour les aider et nous avons beau chercher partout, suivre les fils qui pendouillent, nous ne trouvons aucun interrupteur.  Alors que dans ma chambre, il y en a bien un qui tombe du plafond. Nous nous résignons tout penauds à appeler la maîtresse de maison à la rescousse. Et là, à notre grande surprise, c’est les pieds dans une petite flaque d’eau sur le carrelage qu’elle dévisse l’ampoule, en nous expliquant qu’il n’y a pas d’interrupteur. Je dis à Marie et Victor qu’il ne faut surtout pas faire comme elle afin de ne pas s’électrocuter. Tant pis, ils utiliseront les toilettes dans le noir ! Ou bien les nôtres dans la chambre voisine.

Le reste des chambres est dans le même style : tout a été nettoyé mais tout est sale quand même ! Pourtant, nous sommes heureux d’être là, chez des gens extrêmement gentils. Ça nous permet aussi d’emmener Victor et Arthur dans un bout-du-monde très éloigné des standards auxquels ils sont habitués, et de leur faire prendre conscience du confort dans lequel nous avons finalement la chance de vivre au quotidien, sans forcément nous en rendre compte.

Comme dans le petit village de pêcheurs où nous étions quelques jours plus tôt, Victor et Arthur jouent au foot avec les enfants du coin avant d’aller se coucher. L’état des draps nous fait vite comprendre que nous ne sommes pas les premiers à dormir dedans, ni sans doute les derniers, aussi ne regrettons-nous pas d’avoir emmené nos sacs à viande. La chaleur moite et les bestioles qui pullulent rendent la nuit assez longue.

Au petit matin, après avoir pris le petit déjeuner qui était inclus dans le prix des chambres (en fait un simple café puisqu’il n’y a rien d’autre à boire ni à manger), nous quittons nos hôtes pour nous rendre au marché local, perdu au fond du village coloré.

L’essentiel du marché se trouve un peu plus loin et il est couvert.

Tous les stands sont installés sur de petits pilotis pour parer aux fortes chutes d’eau en période de mousson. En-dessous circulent parfois un rat ou deux.

Nous nous arrêtons à chaque stand pour engager la conversation comme nous pouvons. Les gens sont tous incroyablement souriants.

Alors que nous discutons depuis quelques minutes avec deux femmes, elles quittent d’abord leur stand puis tout en discutant, elles s’approchent lentement de Victor et Arthur. En poursuivant la conversation comme si de rien n’était, elles en viennent à toucher et malaxer innocemment les cheveux de nos fistons, dont la blondeur et la finesse semblent les fasciner. A l’évidence, elles n’ont pas l’habitude de voir des occidentaux.

Notre peau blanche les subjugue particulièrement puisque, tout en discutant, elles ne peuvent pas s’empêcher de frotter, doucement mais dans tous les sens, les bras blancs de nos deux garçons. La scène dure plusieurs minutes. Le sourire de ces deux dames rayonne tandis que nos deux petits gars se demandent vraiment ce qui se passe.

En partant, nous essayons d’acheter quelques bananes, forcément 100 % bio, pour Victor et Arthur en guise de goûter. Mais la dame tient à nous vendre le régime entier.

Qu’importe, nous les prenons quand même et les distribuons à tous les enfants que nous croisons et qui, de toute évidence, ne connaissent pas l’existence du mot « obésité ». Ils nous remercient à coups de grands sourires. Ils sont ravis, nous aussi.

Nous qui voulions sortir des sentiers battus pour ce voyage, nous ne sommes pas déçus. Car les seuls et rares touristes que nous avons croisés depuis 24 heures étaient enfermés dans leur voiture, et se contentaient de traverser Lembor sans s’y arrêter. Ils ne savent pas ce qu’ils ratent, car la gentillesse et la saine curiosité des locaux à notre égard nous permettent de vivre de grands moments.

Puis nous reprenons la route avec Christo. Il arrête la voiture de temps à autre pour que nous puissions admirer le paysage.

On se rend vite compte que les rizières ont la même importance ici, que celle de la mer et de ses poissons dans les petits villages de pêcheurs du parc de Komodo.

D’ailleurs à propos de Komodo, la faune est quand même plus sympa ici.

LES CASCADES DE CUNCA WULANG

En préparant ce voyage, nous avions lu que les routes de Flores étaient sinueuses et défoncées, et que les trajets ne se comptaient pas en kilomètres mais en heures.

Mais là, j’avoue que nous ne nous attendions quand même pas à ça : quand nous quittons la route principale, elle-même dans un état déjà pas terrible, nous nous retrouvons sur un chemin en descente dont la moitié du goudron laisse place à des trous assez profonds. Christo conduit en première le pied sur le frein pendant au moins trois-quarts d’heure. Régulièrement, le bas de caisse touche le sol. Cette voiture n’est pas un 4×4 et n’est donc pas faite pour cette route mais dans ces contrées, on n’a pas le choix.

Nous finissons enfin par arriver dans un petit village reculé, Wersawe, situé en pleine nature et plus précisément… au milieu de nulle part ! Nous avons prévu d’aller nous baigner un peu plus loin dans des petites gorges, dont l’entrée est toutefois payante, et où le guide accompagnateur est obligatoire : les cascades Cunca Wulang. Ce qui nous étonne d’ailleurs au vu des difficultés pour accéder jusqu’ici : il ne doit pas y avoir foule. Mais ce n’est pas un problème et nous suivons notre nouveau guide. Il nous emmène d’abord sur un chemin assez large, de part et d’autre duquel sont situées des cases. Tout au long de ce chemin de 200 ou 300 mètres, les habitants sortent de chez eux les uns après les autres pour venir nous saluer, leur éternel sourire vissé aux lèvres.

Ici, on a l’impression d’être en plein « Rendez-vous en Terre Inconnue ». Le guide nous fait entrer chez des gens qui discutent tranquillement à l’ombre de leur case. A côté d’eux bout un sirop dans une marmite. On nous le fait goûter, nous ne comprenons pas exactement ce que c’est mais il s’avère délicieux. Nous ne restons qu’une dizaine de minutes mais nous remercions chaleureusement cette famille.

Sous une chaleur étouffante, nous poursuivons notre marche dans une forêt assez dense. Cela descend en permanence, ce qui signifie qu’au retour, il faudra monter. Puis on entend peu à peu le bruit de cascades se rapprocher, jusqu’à ce que nous arrivions.

Les cascades de Cunca Wulang

C’est ici que les locaux viennent se rafraîchir, se laver, et les enfants s’amuser. Le site est néanmoins quasiment désert. L’eau est glaciale mais c’est une sorte de petit paradis tropical sculpté au milieu d’une nature luxuriante. Certes il se mérite, mais voici encore l’un de ces endroits dont l’Indonésie a le secret.

Nous passons un bon moment à savourer ces lieux enchanteurs. Puis nous repartons pour une marche rendue assez éprouvante par le soleil de plomb qui nous accable. Et c’est complètement assoiffés que nous arrivons à la voiture, ayant vidé notre stock d’eau depuis longtemps. Comme par hasard, il y a plein de boissons à vendre au bureau des guides…

Nous rentrons sur Labuan Bajo pour clore cette parenthèse imprévue dans l’ouest de Flores. Car s’il est dommage de ne pas avoir pu admirer le Kelimutu et rencontrer les Lio, nous avons passé de si bons moments en pays Manggarai Barat qu’au final, nous ne regrettons absolument pas d’avoir dû improviser ce nouveau planning.


L’ÎLE PARADISIAQUE DE KANAWA


Après avoir passé trois semaines à découvrir l’Indonésie, ou du moins une petite partie de ce vaste pays, nous ne sommes pas fâchés de nous poser un peu. Nous avons en effet prévu de buller pendant toute la dernière semaine du périple. Les enfants d’ailleurs n’attendaient plus que ça.

Pendant tout l’hiver, j’ai passé mon temps à chercher l’île idéale où passer notre dernière semaine, et j’ai fini par jeter mon dévolu sur celle de Kanawa. Les infos sur cette île glanées sur le web me faisaient rêver.

Aussi, quand notre visite de l’ouest de Flores se termine et que nous sommes de retour à Labuan Bajo, nous réalisons qu’après plusieurs mois d’attente, le grand jour de l’île paradisiaque est enfin arrivé.

Après avoir signalé notre présence au petit bureau tenu par le gérant de Kanawa, il nous reste un peu de temps avant d’appareiller. Nous en profitons donc pour réserver quelques plongées au bureau voisin de Uber Scuba Komodo : deux baptêmes pour Victor et Arthur, qui seront encadrés par une jeune allemande maîtrisant le français à la perfection, et deux plongées pour moi.

Pour la deuxième fois en huit jours, nous appareillons donc depuis le petit port de Labuan Bajo, mais cette fois-ci pour rejoindre Kanawa. La durée annoncée de la traversée est d’une heure et demie environ mais quand la mer est agitée, elle peut durer deux bonnes heures.

Les eaux du parc marin de Komodo, à proximité de Kanawa

KANAWA ET SON RÉCIF : PRÉSENTATION

Longue d’un kilomètre à peine, l’île ne compte qu’une vingtaine de bungalows et un petit restaurant. Le tout est posé sur la plage.

L’un de nos deux bungalows : recto…

… et verso !

Malgré ce cadre enchanteur, certains peuvent ne pas y trouver leur compte, notamment les citadins invétérés, pour qui cette île est une punition. Imaginez plutôt : sur Kanawa, il n’y a pas de voitures, pas de pollution et pas de bruit ; il n’y a pas non plus d’eau courante (un peu d’eau douce est acheminée chaque jour par bateau, pour une consommation quotidienne limitée à cinquante litres par personne); et il n’y a pas plus d’électricité (un modeste groupe électrogène assure un peu de courant de 19h00 à 23h00) ; mais surtout, affront suprême par les temps qui courent, il n’y a ni réseau pour les téléphones portables, ni liaison internet !

Kanawa

Bref, le rêve pour moi mais la purge pour Marie. Au final, elle se rendra compte au bout d’une semaine passée là-bas que pour la première fois depuis des années, elle a enfin réussi à se déconnecter du boulot. En tant que journaliste, elle a besoin d’être en permanence au fait de l’actu. Mais sur Kanawa, elle s’est trouvée par la force des choses coupée du reste du monde l’espace d’une semaine. Elle n’aurait pas cru cela possible mais au final, elle s’est reposée comme jamais.

Nous passons notre première journée à découvrir cet endroit isolé où nous allons passer une semaine. Un peu trop isolé d’ailleurs, comme nous le vérifierons à notre détriment en fin de séjour… Nous sommes attirés irrésistiblement par la plage ainsi que par le joyau de l’île : le superbe petit récif corallien duquel elle émerge.

Si les fonds sont abîmés par endroits, notamment aux abords du ponton à cause des allées et venues des bateaux, ils sont en bonne santé presque partout ailleurs. Les locaux ne s’y sont d’ailleurs pas trompés puisque tous les jours, ils viennent amarrer leurs petits bateaux traditionnels au ponton pour faire découvrir l’île aux touristes qu’ils transportent.

PLONGÉE AVEC LES « DIABLES DE MER »

Le deuxième jour, c’est celui que nous avons choisi pour faire de la plongée avec Uber Scuba Komodo. Au petit matin, leur bateau en provenance de Labuan Bajo vient nous chercher au bout du ponton. Les plongeurs qui sont à bord et qui ont donc passé la nuit là-bas nous questionnent tous sur Kanawa : la beauté du récif n’a échappé à aucun d’entre eux, et ils se verraient bien venir faire du snorkeling par ici dans les prochains jours…

La première de nos deux plongées prévues aujourd’hui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Le spot s’appelle Siaba Besar et il y a beaucoup de sable, donc moins de vie que sur le corail. Pourtant en sortant de l’eau, le couple de hongrois avec lequel je viens de plonger s’extasie avec notre guide de palanquée. La raison ? Tout le monde a vu un requin dagsit au cours de la plongée, sauf moi ! Car sous l’eau, les hongrois ont passé leur temps à s’éloigner du guide, ce qu’il ne faut normalement jamais faire en plongée, alors que moi, bien sage, je ne l’ai jamais quitté.

Résultat, ce sont eux qui ont été récompensés avec ce requin alors que moi je l’ai raté. Il n’y a pas de justice. Bon, pour être tout à fait honnête, je dois quand même avouer que j’ai pu observer notamment un grondin volant et une tortue, mais c’est à peu près tout et, sans vouloir faire la fine bouche, je ne peux pas m’empêcher d’être un peu déçu : dans le triangle de corail, je m’attendais à mieux.

Mais l’après-midi, pour la énième fois depuis que nous sommes arrivés en Indonésie, nous allons vivre un moment inoubliable. Victor et Arthur se mettent à l’eau pour faire leur deuxième baptême de la journée à quatre mètres de profondeur. Pendant ce temps, Marie, qui d’habitude n’aime pas trop voir la vie sous-marine grouiller autour d’elle quand elle se baigne, n’a pas pu s’empêcher cette fois de prendre un masque et un tuba pour observer sa progéniture au milieu de tous ces poissons multicolores. Quant à moi, je plonge avec ma palanquée une petite quinzaine de mètres plus bas.

Après une trentaine de minutes plutôt poussives, la plongée bascule dans l’irréel : trois raies mantas, dont deux adultes mesurant six mètres d’envergure, apparaissent dans le bleu et s’approchent de nous. Elles sont immenses. Avec les autres plongeurs de ma palanquée, je me pose doucement au fond et nous ne bougeons plus pour observer leur ballet incessant : elles nagent en faisant de grands cercles à proximité de nous. Ces diables de mer comme on les surnomme sont en fait incroyablement gracieux, en donnant l’impression de voler paisiblement entre deux eaux plutôt que de nager.

A la surface, le spectacle hypnotise Marie : elle est subjuguée par ces deux petites tâches blanches, nos fils, qui semblent si minuscules face à ces immenses raies sombres. Quant à Victor et Arthur, inutile de dire combien ils sont émerveillés par ces géantes des mers.

A plusieurs reprises au cours de la plongée, ils vivront la même situation que moi quelques mètres plus bas : de temps à autre, l’une de ces raies s’immobilise plus ou moins en nous faisant face. Nous nous trompons sans doute mais nous avons nettement l’impression qu’elle nous regarde. Puis elle « vole » tranquillement droit vers nous et au dernier moment, elle amorce un large virage en nous effleurant, le bout de son aile passant à 20 ou 30 centimètres seulement de nos masques sans jamais nous toucher. Nous ne pouvons nous empêcher d’être impressionnés par la précision de ces manœuvres, qui se renouvelleront plusieurs fois. Ce fabuleux spot à mantas s’appelle Mawan.

En reposant les pieds sur Kanawa, nous avons des images plein la tête de ces poissons immenses mais inoffensifs, qui sont venus s’amuser avec nous pendant une bonne vingtaine de minutes. Nous ne sommes pas près d’oublier ce moment magique.

A peine le temps de quelques baignades et c’est déjà l’heure pour le soleil de se coucher.

Petit retour en arrière : quand nous sommes arrivés sur l’île, on nous a bien expliqué que l’eau douce était rationnée et que nous avions droit seulement à cinquante litres par personne et par jour. Autant dire rien du tout. Un employé vient relever les compteurs d’eau tous les matins et doit nous alerter gentiment le premier jour en cas de dépassement. Nous avons donc décidé, dès le premier soir, de prendre notre douche quotidienne en n’utilisant qu’un mince filet d’eau. Le résultat est incroyable : 26 litres pour chacun de nous quatre en moyenne le premier jour !  Comme quoi, quand on veut…

A partir de là, les jours vont tous se ressembler, mais ils vont surtout hélas passer très vite ! Le rythme paisible auquel ils s’écoulent n’est qu’à peine troublé par le va-et-vient quotidien des bateaux.

Ils viennent faire goûter à leurs passagers les beautés de Kanawa.

Nous passons nos journées à profiter des charmes de l’île : plage, baignades, snorkeling…

Sur la plage, un arbre à lampions abrite quelques tables auxquelles nous prenons nos repas, les pieds dans l’eau. Difficile d’imaginer un cadre plus délassant…

Les couchers de soleil s’enchaînent. Un soir, le ciel prend petit à petit une étonnante teinte marron-violacée.

Dès le lendemain, il retrouvera son bleu habituel.

Nous passons également une partie de nos journées à discuter avec les cuisiniers du restaurant de l’île. A force de côtoyer tous ces touristes, ils sont pris d’une grande envie de voyager et de découvrir des horizons lointains eux aussi. Alors ils nous posent beaucoup de questions sur l’Europe et la France, qui semblent autant les faire rêver que nous l’Indonésie ! Et puis ils ne parlent pas très bien l’anglais : ils profitent donc de leur contact quotidien avec les occidentaux qui viennent ici pour essayer de progresser dans cette langue, dont ils ont très bien saisi l’importance. A l’inverse, je leur demande de m’apprendre quelques mots indispensables en Bahasa : mer, soleil, île, bateau, dragon, requin, tortue… Ça les fait beaucoup rire.

ARTHUR FACE AU REQUIN

Dès notre arrivée sur l’île, plusieurs personnes nous ont informés qu’au bout de la plage se trouvait un petit spot à tortues et à requins pointe noire, dans moins de deux mètres d’eau. Victor, Arthur et moi n’avons dès lors plus qu’une idée en tête : nager à leur rencontre avec palmes, masque et tuba.

Nous tentons notre chance plusieurs fois et c’est notre troisième tentative (hélas sans Victor, resté cette fois-là sur la plage) qui sera la bonne.

Après à peine cinq minutes de palmage, nous apercevons une première tortue de loin. Puis très vite une deuxième, que nous parvenons à approcher sans la déranger. Après une minute d’observation, elle disparaît tranquillement dans les profondeurs au-delà du tombant.

Mais une poignée de secondes plus tard, c’est le moment tant espéré : un requin pointe noire, fin et racé, apparaît à sept ou huit mètres de nous à peine. Il n’atteint pas les deux mètres de long mais Arthur est en extase : son « vieux » rêve de plonger avec des requins est enfin en train de se réaliser.

Pour moi aussi le moment est exceptionnel. J’ai déjà plongé avec des requins de récifs, mais partager avec mon fils de 8 ans cet instant dont il rêve si fort depuis si longtemps est un moment intense pour moi. Du coup, mes yeux sont plus rivés sur Arthur en extase que sur le squale : le premier nage en direction du second pour essayer de mieux l’observer. Arthur en oublie qu’il a son appareil photo en main et il ne pense pas à l’utiliser. J’essaie de lui faire signe de prendre des photos mais rien à faire, il est comme hypnotisé par le gros poisson, qu’il dévore des yeux ! Le requin, plutôt craintif, finit par nous contourner.

Nous n’avons pas le temps de nous remettre de cette rencontre mémorable que nous nous retrouvons nez-à-nez avec une troisième tortue. Elle est en train de se nourrir, posée sur les coraux à deux petits mètres de profondeur. Arthur enchaîne les apnées et s’en approche à cinquante centimètres mais sans jamais la toucher pour ne pas la perturber, comme je le lui ai appris.

Nous savourons pleinement ce moment qui dure cinq bonnes minutes avant de retourner à la plage.

Arthur gardera des images de cette plongée plein la tête, moi aussi. Nous retournerons sur ce petit spot le lendemain avec Victor mais sans revoir de Pointe Noire. En revanche, nous pourrons observer encore une fois une belle tortue de près.

Au milieu du séjour, nous reconnaissons au mouillage le bateau de Sofyan, à quelques encablures de la côte. Nous allons au bout du ponton pour nous approcher un peu et quand Sofyan apparaît au bout de cinq minutes sur le pont du bateau, nous l’appelons. Il ne nous a pas oubliés, fait venir Yon, Kevin et Juna et, hilares, nous nous faisons tous de grands signes.

Le bateau de Sofyan au mouillage

Puis Sofyan met un paddle à l’eau et nous rejoint. Il emmène Victor et Arthur faire un tour sur sa planche puis la leur prête pendant qu’il discute un bon moment avec nous. La relation que nous avons nouée avec lui et son équipage est simple mais chaleureuse et sincère. Nous avons beau savoir que nous ne nous reverrons sans doute plus jamais, c’est un vrai plaisir, apparemment partagé, que de les retrouver ici.

Kanawa – Bateaux traditionnels amarrés au ponton

LE COUP DU SORT

L’avant-dernier jour de notre séjour sur Kanawa s’annonce bien : il fait beau comme toujours, et la marée haute approche. Nous avons fait une sortie snorkeling une fois à marée descendante et nous nous sommes retrouvés piégés au-dessus des coraux, qui éraflaient parfois notre ventre. Nous ne savions pas qu’à marée basse, les coraux émergeaient de l’eau ici.

Donc ce matin-là, la mer étant suffisamment remontée, l’heure est enfin venue de partir en snorkeling. Le petit cri que pousse Marie, en shootant fort dans un rocher caché dans l’eau et le sable, ne m’alerte d’abord pas plus que ça. Mais elle a vraiment mal et ne peut plus marcher, car c’est assez fort qu’elle a projeté son petit doigt de pied contre cette maudite pierre. Le résultat est franchement impressionnant : l’orteil en question forme un angle droit avec celui d’à côté ! Dans les heures qui suivent, il passera d’ailleurs par presque toutes les couleurs de l’arc-en-ciel : rouge d’abord, bleu ensuite, indigo et violet pour terminer… Nous en rigolons aujourd’hui mais pas à ce moment-là car, bien que pas très douillette, Marie a vraiment mal.

En voyage, nous adorons nous rendre dans des endroits reculés et isolés. Il faut juste ne pas rencontrer de problème. Or un problème, en voilà justement un et sur Kanawa, il n’y a pas de téléphone. Nous nous adressons donc au personnel pour savoir comment soigner Marie. Impressionnés eux aussi par la position pas très orthodoxe de son orteil, ils nous proposent de nous emmener voir un médecin à Labuan Bajo et appellent leur contact là-bas, par le biais de la radio. Il nous réceptionnera au port et nous emmènera en voiture chez un docteur. Mais nouveau problème : le moteur du bateau de l’île est en réparation depuis plusieurs semaines (!) et pour y remédier, il va falloir dérouter un pêcheur qui navigue dans les parages.

L’attente dure depuis près de cinq heures lorsque nous montons enfin à bord d’un petit bateau traditionnel, occupé par un pêcheur et ses jeunes fils. Ces derniers ont entre cinq et dix ans seulement mais ils savent déjà faire plein de choses à bord. Le vieux bateau avance péniblement à quelques nœuds, au rythme bruyant de type « teuf-teuf » du vieux moteur, et nous comprenons vite que nous ne serons sans doute pas de retour ce soir.

Une fois arrivés à bon port, celui de Labuan Bajo, nous remercions notre pêcheur et ses fils et leur payons le prix convenu. Là, le chauffeur qui nous attendait en voiture nous emmène à l’autre bout du village, chez le docteur. Nous sommes quelques-uns à patienter dans une case qui nous dépayse totalement, et où l’attente d’une bonne heure passe finalement assez vite en discutant avec les autres patients. Ici, tout le monde est malade mais tout le monde a quand même le sourire aux lèvres.

Le médecin qui nous accueille ensuite parle anglais. En tâtant délicatement le petit orteil tout tordu de Marie, il évoque une simple élongation du tendon. Il préférerait prescrire une radio à Marie mais comme nous rentrons en France dans trois jours, il lui suggère de la passer plutôt là-bas. Ce qu’elle fera dès notre retour. Pour la petite histoire, le diagnostic sera alors complètement différent : fracture de l’orteil ! Marie aura donc souffert courageusement en silence pendant les derniers jours de notre périple en Indonésie.

En sortant de chez le médecin, nous prenons conscience qu’il ne nous reste qu’une seule journée, celle du lendemain, à passer sur Kanawa et nous voulons donc en profiter à fond. C’est pourquoi nous allons retrouver notre pêcheur de l’aller afin de voir s’il peut nous ramener sur notre petite île dès ce soir. Il n’est pas très chaud car il fait nuit maintenant et, outre les quatre à cinq heures aller-retour que va lui prendre ce trajet, il craint surtout l’arrivée à Kanawa : les coraux effleurent la surface de l’eau, or il navigue à vue et comme il fait nuit… Mais il accepte assez rapidement, moyennant un prix qu’il majore par rapport à l’aller. Deux grosses heures plus tard, l’œil aiguisé de son fils aîné le guide parfaitement entre les patates de corail pour les derniers hectomètres, que nous parcourons vraiment au ralenti. Le restaurant de l’île, bien que fermé, accepte de nous faire manger un morceau rapidement.

Les médicaments que nous avons emmenés avec nous depuis la France permettent à Marie de ne pas trop souffrir le dernier jour, que nous savourons à 200 %. Le soir, je monte faire quelques photos depuis le sommet de la petite colline qui domine l’île.


L’ÎLE DES DIEUX : BALI


Le lendemain, nous quittons Kanawa pour une île bien plus réputée encore : Bali. Nous allons y passer les deux derniers jours de notre périple. Bizarrement, Bali ne nous séduira pas vraiment. C’est sans doute dû au fait que nous en avons tellement pris plein les yeux pendant près d’un mois, que cette île ultra-touristique nous déçoit un peu. Sans doute faudra-t-il y revenir un jour, hors saison, pour la savourer comme elle le mérite…


  • Résumé vidéo (2 mn) – Volcans, temples, petits villages de pêcheurs, îles paradisiaques : l’Indonésie dans toute sa splendeur…


  • Indonésie, Bornéo, juin 2018 – L’un des derniers orangs-outans sauvages de la planète semble se battre à mains nues contre le bulldozer qui vient d’abattre son arbre et décime la forêt qui lui sert d’habitat : lire la vidéo (source : International Animal Rescue). Sur sa page Facebook, l’asso indique qu’entre 1995 et 2015, la déforestation intensive à Bornéo a causé la disparition de plus de 100.000 orangs-outans…


INFOS PRATIQUES


TRANSPORTS


Au fil du séjour, nous avons pris successivement sur place l’avion, le train, le tuk-tuk, la voiture, le bus et le bateau.

  • L’avion : à défaut d’être rentable financièrement, il permet un gain de temps considérable. C’est pour ça que nous l’avons utilisé à plusieurs reprises : nous avons pris un aller simple Jakarta-Yogyakarta et un A/R Denpasar-Labuan Bajo, sans oublier l’aller simple Labuan Bajo – Ende qui a été annulé à cause de l’éruption du Raung. Si on manque de temps et si on peut se le permettre financièrement, c’est un moyen de transport efficace.
  • Le train : nous l’avons pris sur Java de Solo à Malang (durée 6h00), mais beaucoup le prennent depuis Yogyakarta après avoir visité les temples, et jusqu’à Probolinggo, près du Bromo : la durée excède alors les 10h00. Le trajet est agréable et permet de se reposer. Le train que nous avons pris de journée était à moitié vide en plein mois de juillet.
  • Le becak (vélo-taxi) : pour les trajets courts en ville. Nous en avons usé et abusé à Solo et il s’est avéré à la fois pratique et dépaysant. Seul inconvénient mais pas le moindre : on a parfois l’impression que les voitures qui nous frôlent à vive allure vont nous couper en deux…
  • La voiture : nous n’en avons pas loué et nous n’avons pas conduit en Indonésie, mais nous avons régulièrement cherché et trouvé des chauffeurs un peu partout qui se proposaient de nous emmener où nous voulions, sur un ou plusieurs jours. Nous négociions toujours le tarif ainsi que les différentes modalités avant le départ (prendre en charge, ou pas, les repas et/ou l’hébergement du chauffeur par exemple). Et sur le trajet Malang-Banyuwangi en deux jours et demi, nous avons payé à Slamet notre chauffeur le prix d’une journée supplémentaire pour son retour chez lui. Le prix : 750.000 rp par jour (x 3,5 jours donc) ; le prix un peu élevé était dû au fait que nous avions réservé ses services depuis la France par l’intermédiaire d’une amie qui nous l’avait chaudement recommandé. Avec tous les autres chauffeurs, nous avons par la suite toujours payé moins cher que ce tarif. En cas de location de voiture, il faut être très vigilant car les accidents sont fréquents et la règle qui s’applique souvent est celle selon laquelle celui qui paie est celui… qui a l’argent ! Donc en général : l’occidental. C’est un peu caricatural bien sûr, mais beaucoup de voyageurs le constatent régulièrement à leurs dépens. Enfin, attention à la conduite à gauche.
  • Le bus : nous avons pris le fameux bus « express » de Ketapang (extrémité est de Java) à Denpasar (centre de Bali). Le trajet a duré trois heures avec une conduite pour le moins sportive (heureusement que les voitures d’en face se poussaient quand notre bus leur arrivait dessus…). La traversée en bateau entre les deux îles était incluse. Un moyen de transport très efficace en temps (voir ci-dessous : « quitter Java pour Bali »).
  • Le bateau : outre la croisière dans le parc de Komodo, nous avons donc fait la rapide traversée entre Java et Bali (voir ci-dessous : « quitter Java pour Bali »).


JAVA


L’IJEN

→ Hébergement à Banyuwangi : Ketapang Indah Hotel

  • Le prix : de 25 à 45 euros. Nous avons payé 37 euros/nuit la chambre double, petit déjeuner inclus. Jolie piscine face à la mer. Organisation du transfert à l’Ijen par la réception (attention : l’hôtel est situé à 2 heures environ du volcan). Adresse : Jl Gatot Subroto km 6, Indonesia 68421. +62 333 422280

Descendre au fond du cratère de l’Ijen

Il faut d’abord monter jusqu’à la crête du volcan. Une fois là-haut, la descente au fond du cratère est à faire absolument car le paysage semble irréel. Il faut néanmoins savoir que le chemin pour descendre (quinze minutes) puis remonter (trente minutes) est escarpé.

  • Se faire guider au fond du cratère – On peut descendre au fond du cratère tout seul. Il suffit pour cela de bien regarder le chemin par lequel vont et viennent les mineurs. Néanmoins, il est fortement conseillé de demander à l’un d’entre eux de faire le guide. Les quelques euros que ça nous coûte représentent des heures, voire un ou deux jours de salaire pour eux. Il suffit de convenir du prix ensemble au moment de partir. Ils posent alors par terre leur panier double rempli de soufre et redescendent au fond du cratère en nous guidant.
  • Prévoir un masque – La fumée de soufre, qui part dans toutes les directions au gré du vent, peut s’avérer incommodante : il faut donc prévoir dans ses bagages des petits masques à peinture. Ce n’est pas la panacée mais ça préserve un peu les poumons. Également, le summum est le vrai masque que louent certains mineurs pour pas cher : il comporte un filtre qui ne laisse en principe rien passer.
  • Photos des mineurs – Les « photos volées », ici encore plus qu’ailleurs, sont à proscrire. Les mineurs sont souvent d’accord pour se faire saisir le portrait si on s’adresse à eux gentiment. Aucun d’entre eux ne m’a jamais demandé quoi que ce soit en échange, mais j’ai toujours donné un billet, c’est la pratique dans ce volcan. Ici ou ailleurs, je demande toujours l’autorisation de prendre les gens en photo mais je ne donne jamais rien en échange. Là, au vu de leurs conditions de travail, je n’ai pas hésité une seconde.
  • Visites de nuit – Pour les plus courageux, il y a la possibilité de se rendre sur place au milieu de la nuit. Le but ? Observer de nuit, au fond du cratère, le soufre jaillir de terre un peu partout sous la forme d’une multitude de flammes d’un bleu métallique qui est paraît-il impressionnant.


LE BROMO

L’avantage de loger sur place est double : non seulement cela permet de se lever un peu plus tard au moment d’aller admirer le lever du soleil sur le Bromo, mais surtout, les hôtels du site bénéficient d’une situation exceptionnelle sur le rebord de la caldeira, face aux volcans.

Depuis la terrasse des chambres, on a ainsi une vue incroyable sur les volcans. Mais il vaut mieux réserver ces chambres à l’avance et idéalement, en demander une située en première ligne.

Concernant la nuit, la réputation de grand froid dont jouit le site n’est pas usurpée car les nuits peuvent être glaciales : alors qu’il fait si chaud le jour, les trois couches de couvertures fournies par l’hôtel, auxquelles nous avions ajouté nos propres duvets, ont à peine suffi à nous tenir au tiède.

Apparemment, certains hôtels sont avares en couvertures, il est donc fortement conseillé de s’en procurer avant l’arrivée de la nuit.

Hébergement : le Bromo Permai Hotel

  • Le prix : à partir de 30 euros.
  • Réserver tôt Nous avons payé assez cher, 53 euros/nuit la chambre double, petit déjeuner inclus, car nous avions réservé un peu tard : certains hôtels étaient déjà complets et dans celui-là, les chambres les moins chères étaient déjà toutes réservées.

Adresse : JL Cemorolawang – Ngadisari – Bromo Probolinggo 67254. Tél : +62335541021

→ Restauration – Outre la cuisine des hôtels, à deux pas de là on peut dîner dans un warung, l’un de ces minuscules restos locaux où l’on mange une cuisine simple mais plutôt bonne, et où l’on peut rencontrer des gens du coin qui ne demandent qu’à discuter. Il suffit de sortir de l’enceinte des hôtels pour en trouver un.

Bon à savoir – Si la vue sur le Bromo et les volcans voisins est féérique au lever du soleil, elle est un peu gâchée par la foule nombreuse qui se presse dans la zone aménagée d’où l’observation a lieu. Il y a une alternative consistant à arrêter le 4×4 un peu en contrebas et à traverser le peu de végétation qu’il y a là, pour se retrouver à peu près seul face aux volcans. En cas de doutes, on peut demander l’aide de l’hôtel ou du chauffeur pour nous indiquer ces endroits-là.


BOROBUDUR

Pour assister au lever du soleil depuis le sommet du temple de Borobudur, il faut avoir passé la nuit dans l’un des deux hôtels situés dans son enceinte : l’un est presque luxueux, l’autre est… carrément hors de prix ! Certes, ce principe mercantile n’est pas des plus plaisants mais le spectacle en vaut tellement la peine qu’il ne faut pas hésiter à le faire si on peut se le permettre.

Hébergement : le Manohara Hotel

→ Le prix : à partir de 100 euros. Nous avons payé 67 euros/nuit la chambre pour deux, petit déjeuner inclus mais depuis, les prix n’ont cessé d’augmenter. Le prix du ticket d’entrée au temple, situé à moins de cinq minutes de marche, est compris dans celui de la chambre.

Adresse : Komplek Taman Visata – Ji Badrawati – Borobudur, central Java, 56553. +62 293 788131

Borobudur, Manohara hotel
Les jardins du Manohara hotel, à deux pas de l’entrée du temple de Borobudur

Autrement, il y a toujours la possibilité d’arriver dès l’ouverture du temple au grand public, à 9h00. La lumière continue un peu d’enjoliver le temple et le gros de la foule n’est pas encore arrivé. Mais l’aube est tellement unique en ce lieu sacré, face aux volcans…

Le temple de Borobudur


LA PLANTATION MARGO UTOMO

Hébergement : Margo Utomo Eco/Agro Resort (à Kalibaru, Java est : à ne pas confondre avec le Margo Hill View Resort, qui fait partie du même groupe et situé non loin).

→ Le prix : 34 euros/nuit la chambre double, petit déjeuner inclus. Le jardin exotique est luxuriant et particulièrement agréable. Comble du bonheur pour les enfants : il y a une grande piscine au milieu de la végétation tropicale.

Adresse : Jl. Lap. No.10, Kalibaru Kulon, Kalibaru, Kabupaten Banyuwangi, Jawa Timur 68467. Tél +62 333 897700

Margo Utomo
La plantation Margo Utomo

→ Visite de la plantation – Il existe deux façons de faire le tour de la plantation (« Aroma tour – Spice gardens ») : la visite guidée d’une heure et celle de deux heures. Nous avons choisi celle d’une heure, qui a duré finalement presque le double grâce à la guide très disponible.

→ Restauration – Nous avons dégoté un délicieux warung sur la route qui traverse la ville (en sortant de l’enceinte de la plantation, prendre le chemin à gauche, puis tourner à droite au premier croisement ; en arrivant un peu plus loin sur la route principale qui traverse la ville, le warung est situé à une centaine de mètres à gauche). C’est délicieux et ça ne coûte qu’une poignée d’euros pour quatre repas, le patron chinois est accueillant et comme dans tous les warungs, nous y avons fait des rencontres très sympas.


QUITTER JAVA POUR BALI

A Ketapang, sur la côte est de Java, un bateau part pour Bali toutes les 30 minutes, 24h/24. La traversée dure une demi-heure environ.

→ Le bon plan : à deux pas de l’embarcadère de Ketapang, on peut aussi prendre le bus dit « express » pour Denpasar (Bali). Le billet du bateau est inclus et ce bus porte bien son nom tellement il est rapide. Durée du trajet : 3 heures en tout.



FLORES ET LE PARC MARIN DE KOMODO


Le petit aéroport de la ville est situé non loin de Labuan Bajo. Les hôtels viennent en général chercher gratuitement leurs clients à la descente de l’avion, à condition d’avoir pensé à le leur demander à l’avance. Sinon, il faut prendre un taxi pour le court trajet : pas la peine de négocier le prix (modique), ils font tous payer le même tarif.


LABUAN BAJO

Hébergements :

Golo Hilltop Hotel : de 32 à 40 euros (nous avons payé 37 euros/nuit la chambre double, petit déjeuner inclus). Situé comme son nom l’indique sur une colline, il a de faux airs de luxe avec sa petite piscine et sa vue sur la baie de Labuan Bajo.

Adresse : L Binako, Labuan Bajo, Komodo, Labuan Bajo, Komodo, Flores, Nusa Tenggara Tim. 86554. Tél +62 385 41337

Piscine du Golo Hilltop hotel, vue sur la baie de Labuan Bajo

Lorsque l’éruption du Raung empêcha notre avion de décoller de Labuan Bajo, il nous fallut trouver un autre hôtel dans la ville pour la nuit suivante, le Golo Hilltop affichant alors complet. Le personnel nous emmena gratuitement en voiture chez un concurrent, bien que situé à l’autre bout de la petite ville ! Suffisamment rare pour être signalé.

C’est à la fois pour cette gentillesse des employés, pour la propreté, pour les jardins fleuris, pour la piscine ainsi que pour le bon rapport qualité-prix de cet hôtel, que c’est une excellente adresse.

Luwansa Beach Resort Hotel : de 40 à 70 euros la chambre double. C’est l’hôtel que nous avons trouvé à l’arrache lorsque nous nous sommes retrouvés bloqués à Labuan Bajo, à cause de l’éruption du Raung. L’hôtel est très propre, il dispose en théorie du wi-fi (en pratique, la connexion est régulièrement interrompue). Il dispose d’une piscine qui donne sur une longue plage déserte. La zone de restauration extérieure mais couverte par un chapiteau est très agréable, ainsi que le personnel.

Adresse : Macang Tanggar, Komodo, West Manggarai Regency, Nusa Tenggara oriental. +62 385 244 3677


L’ÎLE DE KANAWA

Kanawa Beach Resort : la réservation des bungalows est désormais accessible par Tripadvisor, Booking.

Prix : à partir de 58 euros/nuit le bungalow double, selon la saison.

« Adresse » : Kanawa Island, Komodo, 86554, Indonésie. Infos hôtel : 01 57 32 46 83 – 01 57 32 43 15

Snorkeling – L’excellent spot de snorkeling à tortues et à requins pointe noire est situé à hauteur des derniers bungalows, côté gauche de la plage quand on est face à la mer. Partout ailleurs sur le récif corallien de l’île, on peut observer une multitude de poissons tropicaux : poissons-coffres, poissons chirurgiens, poissons-clowns, raies pastenagues à pois bleus etc. Il y a également, dans les herbiers jouxtant le ponton, quelques tout petits serpents marins rayés.

Plongée– Le club avec lequel nous avons plongé, Uber Scuba Komodo Dive Center, est situé à Labuan Bajo (Jala Soekarno Hatta, Komodo National Park, Labuan Bajo, Komodo, West Manggarai Regency, East Nusa Tenggara 86554). Tél : +62 813 3961 9724. Le spot cinq étoiles à raies mantas, accessible depuis Kanawa avec ce club de plongée,  s’appelle Mawan.

Restauration – Il faut savoir que Kanawa a quand même son talon d’Achille : le restaurant. La qualité est moyenne, la variété de la carte est nulle et le service est démesurément long : jamais moins de 45 minutes, même quand on est les seuls clients !

Heureusement, le resto est posé sur la plage et le joli cadre aide à patienter : on a les pieds dans l’eau et rien n’empêche d’aller piquer une tête en attendant les plats… Mais nous avons croisé plusieurs personnes particulièrement exigeantes qui n’ont pas supporté ce rythme pourtant typique des îles.

Ce resto, qui ne comporte aucune alternative pour manger (excepté celle de rejoindre Labuan Bajo située à 1h30 de bateau, sachant qu’il y a un bateau par jour…) constitue selon nous le seul inconvénient de Kanawa.

Bungalows – Nous avons également croisé quelques personnes qui pestaient contre l’état des bungalows. Alors soyons clairs : ce n’est pas le grand luxe malgré le prix, et ceux qui ont l’habitude de voyager dans des hôtels plus ou moins confortables n’y trouveront clairement pas leur compte. A l’inverse, ceux qui aiment voyager à la roots trouveront les lieux presque luxueux ! Nous, nous avons adoré.

Conclusion – Pour résumer, Kanawa est une petite merveille pour les amoureux de farniente, de baignades dans des eaux turquoise, de snorkeling, de paysages îliens et de douceur de vivre. Sur ces points-là, l’île faisait d’ailleurs l’unanimité auprès de tous ceux que nous avons rencontrés, y compris ceux qui râlaient contre le resto ou les bungalows. Simplement, il ne faut pas être trop exigeant en matière de confort et surtout de nourriture.

Kanawa


LEMBOR

Hébergement :

En arrivant à Lembor depuis Labuan Bajo, petit homestay après l’entrée du village sur la droite. Au niveau propreté et hygiène, les conditions sont presque identiques à celles dans lesquelles vivent les locaux.

→ Prix : 7 euros/nuit la chambre double. Très roots.


PARC DE KOMODO : CROISIÈRE PRIVÉE OU A FRAIS PARTAGÉS ?

→ Sur le port : on n’a que l’embarras du choix du bateau. Mais contrairement à beaucoup d’autres endroits dans le monde, personne ne vient harceler les voyageurs pour leur vendre ses services. Alors on peut choisir tranquillement au feeling en discutant avec les capitaines des bateaux.

Si on privatise la croisière, le prix est plus élevé mais on est alors plus autonome. Si on la chartérise avec d’autres voyageurs de passage, le prix baisse sensiblement. Il faut alors négocier clairement le prix à payer par chacun avant le départ, mais également le programme, afin d’éviter ensuite les mauvaises surprises. Il faut enfin se renseigner avant le départ sur les modalités telles que le couchage, les repas etc.

→ Nos contacts : Sofyan et Ali – On me demande souvent les coordonnées de Sofyan. Hélas, il en a changé et je ne les ai donc plus. Toutefois, voici comment vous pouvez joindre Ali Sehidun, le propriétaire du bateau commandé par Sofyan lorsque nous avons fait notre croisière : Komodo Travel (contact@komodotraveller.com). C’est à Ali qu’appartenait également la voiture avec chauffeur avec laquelle nous avons visité l’ouest de Flores, lorsque l’éruption du Raung nous a empêchés de prendre notre avion pour le Kelimutu et les Lio. Ali s’est toujours montré extrêmement sympathique et serviable, et nous avons pu négocier sans difficulté le prix de la voiture. Il est fort possible qu’il confie toujours l’un de ses bateaux à Sofyan. Sinon, même avec un autre capitaine, la croisière dans les eaux du parc de Komodo restera magique…

→ Le prix de la croisière privée : nous avons payé 350 $ pour 3 jours et 2 nuits en croisière privée (nous étions les seuls clients à bord). Pour les budgets plus modestes, il ne faut pas hésiter à chartériser la croisière avec d’autres voyageurs : on n’est pas les seuls à bord mais les sites visités sont les mêmes.

Mal de mer – Pour les habitués au mal de mer, une solution miracle : Nausicalm. L’essayer, c’est l’adopter ! En plus, les adeptes de l’homéopathie pourront aller consulter leur médecin pour un traitement préventif et curatif (Petroleum, Cocculus Indicus, Borax, Bryonia, Tabaccum selon les symptômes).


DRAGONS : KOMODO OU RINCA ?

90 % de la population de dragons vit sur Komodo et Rinca. Toutes les personnes que nous avons rencontrées en Indonésie nous ont dit la même chose : il est de plus en plus difficile d’apercevoir des dragons sur Komodo, alors que c’est très fréquent sur Rinca (pas systématique, mais très fréquent). C’est donc sur cette île qu’il vaut mieux se rendre pour avoir le plus de chances d’en voir.

Car même si la fréquentation de Rinca a tendance à augmenter, on ne s’y bouscule pas pour autant. On a vraiment l’impression de se trouver en pleine nature sauvage.

Rinca est aussi connue pour héberger de grosses mouches qui piquent. Nous l’avions lu et n’y avions guère prêté attention mais à peine avions-nous débarqué sur l’île que Marie se faisait piquer au niveau du pied. La piqûre de cet insecte a beau être sans danger, elle n’en est pas moins douloureuse. C’est pourquoi les visiteurs qui se rendent sur Rinca et qui, contrairement à nous, suivent les conseils qu’on leur donne, portent des pantalons et des tee-shirts manches longues…

A lire : L’Indonésie renonce à fermer l’île de Komodo aux touristes mais augmente les prix…



BALI


Hébergements :

→ Melati View Hotel : 10 à 40 euros (nous avons payé 34 euros pour 4 tout inclus : petit déjeuner, taxes et frais de service). Situé à Kuta, non loin de l’aéroport. Ce petit hôtel, qui a été difficile à trouver, comporte une étonnante piscine intérieure, minuscule mais rafraîchissante. Le restaurant est très bon.

Adresse : Jalan Kartika Plaza, Gang Melati No. 1, Kuta, Kabupaten Badung, Bali 80361. Tél +62 361 766 656.

Radiant Hotel and Spa : 13 à 40 euros (nous avons payé 43 euros pour 4 tout inclus : petit déjeuner, taxes et frais de service). Chambres spacieuses extrêmement propres, piscine extérieure, personnel très serviable, situé à proximité de l’aéroport et de la plage (15-20 minutes à pied)… Un hôtel presque luxueux à un prix très abordable.

Adresse : Jl. Puri Grenceng No.46, Tuban, Kuta, Kabupaten Badung, Bali 80361. Tél +62 361 935 2106



→ Quelques sites internet utiles

Site de l’office du tourisme : office du tourisme Indonésie

Autres sites internet d’infos : info indonésie (en français) et Indonesia tourism (en anglais)

Épopées d’Asie est une agence de voyages qui sort des sentiers battus. Tenue par un couple franco-indonésien, elle organise des périples originaux et mémorables en Indonésie ainsi que dans une bonne partie de l’Asie.



A lire aussi :

La Bolivie


BOLIVIE : AU CŒUR DES ANDES


  1. Bolivie : l’arrivée en bus depuis le Pérou
  2. Des paysages époustouflants : le Sud-Lipez et le Salar d’Uyuni
  3. La Paz et le site pré-inca de Tiwanaku
  4. Infos pratiques

La Bolivie constitue la deuxième et dernière partie de notre périple au cœur des Andes, après le Pérou, qui nous a laissé des souvenirs impérissables. A tel point que nous n’imaginons pas pouvoir trouver mieux en Bolivie. Et pourtant, nous ne sommes pas au bout de nos surprises…

Notre séjour bolivien se déroulera en deux étapes :

  • Pour commencer, les grands espaces naturels du Sud-Bolivie, dont la réputation n’est plus à faire : le Salar d’Uyuni et le Sud Lipez.
  • Ensuite, brièvement, La Paz puis le site pré-inca de Tiwanaku, situé cinquante kilomètres plus loin.

→ Toutes les infos pratiques sont en fin d’article.


C’est à Puno (Pérou) que nous montons dans un bus en direction de La Paz. Il longe le lac Titicaca un long moment avant de passer un petit poste-frontière perdu quelque part entre le Pérou et la Bolivie.

Un peu plus loin, c’est de manière insolite que nous allons franchir le détroit de Tiquina. Dans un premier temps, le bus s’arrête afin de faire descendre tous les passagers. Et pendant que, en quelques minutes, on nous emmène tous à bord d’un petit bateau jusqu’à la rive d’en face, nous apercevons le bus, au loin dans notre sillage, se faire charger sur une étroite barge. Il y est solidement arrimé pour franchir à son tour le détroit de Tiquina.

Vu l’état de la barge en question, nous ne pouvons nous empêcher de regretter d’avoir laissé nos sacs à dos à bord ! Mais la traversée se passe elle aussi sans encombre et trois quarts-d’heure plus tard, nous pouvons remonter tranquillement dans notre bus et reprendre la route comme si de rien n’était.

Le lac Titicaca, côté Pérou

A Puno, nous avons pris des billets très bon marché. En contrepartie de la poignée de Sols (la monnaie péruvienne) qu’ils nous ont coûté, le bus est évidemment très basique, et son confort s’avère spartiate puisque nous sommes serrés comme du bétail tellement les sièges sont étroits.

Après neuf heures de ce trajet atypique entre les deux pays, nous arrivons enfin à La Paz, où nous allons enchaîner avec un autre bus, de nuit celui-là, pour rejoindre le Sud-Bolivie où se trouvent, paraît-il, quelques-uns des plus beaux paysages de la planète : c’est justement ce que nous sommes venus vérifier…


C’est au lever du soleil que nous arrivons enfin dans la petite ville d’Uyuni. C’est le point de départ des excursions en Jeep vers ces fameuses étendues sauvages du Sud Lipez et du Salar d’Uyuni.

Les voyages proposés par les agences, qui pullulent à Uyuni, durent un à trois jours, voire quatre pour ceux qui veulent inclure une ascension de volcan, lesquels culminent souvent entre 5.000 et 6.000 mètres d’altitude. Nous décidons d’en profiter au maximum mais sans ascension, et choisissons donc l’excursion de trois jours.

C’est ainsi que nous nous retrouvons à sept dans une Jeep : quatre voyageurs uruguayens, avec qui nous sympathisons immédiatement, et le chauffeur qui fait aussi office de guide et ponctuellement de cuisinier, Alejandro.

L’église San Cristobal, non loin d’Uyuni

Il n’y a évidemment aucune route sous ces latitudes boliviennes.

C’est donc sur des pistes cahoteuses que, pendant trois jours, nous allons arpenter ces fameux paysages typiques de la Bolivie. Perchés entre 4.000 et 6.000 mètres d’altitude et battus par les vents, ils sont éparpillés entre volcans et lagunes multicolores.

Après avoir roulé un bon moment, nous faisons la pause-déjeuner dans un décor de western.

Nous avons beau passer une assez longue partie de la journée dans la Jeep, ce n’est pas un problème : car nous faisons la route le nez collé à la vitre pour ne rien rater des paysages qui défilent. Pourtant, Alejandro nous assure que cette première journée n’est rien comparé à ce qui nous attend les deux jours suivants…

Au loin, la Laguna Blanca

Lorsque nous arrivons en fin de journée à la fameuse Laguna Colorada, le temps est superbe mais le vent glacial qui souffle en permanence nous transperce jusqu’aux os. Alejandro nous explique que nous la reverrons demain matin, à un moment de la journée où ses couleurs seront beaucoup plus vives.

Premier aperçu de la Laguna Colorada

Nous sommes à près de 4300 mètres d’altitude. La région est à la fois désertique, glaciale et grandiose. D’une grande aridité, les paysages dépouillés situés aux alentours de la Laguna Colorada valent également le coup d’œil.

Une fois le soleil couché, nous gagnons une habitation dans laquelle nous allons passer la première nuit de notre périple sud-bolivien. Elle a été transformée en dortoir basique pour les voyageurs de passage.

C’est ainsi qu’avec nos nouveaux amis uruguayens, nous nous retrouvons à six dans cette vaste chambre à affronter une température nocturne qui ne dépassera jamais les 5°C ! Nous passons donc la nuit tout habillés, blottis au fond de notre duvet et recouverts par trois épaisses couvertures en alpaga, certes chaudes mais qui pèsent un âne mort.


Le lendemain matin, c’est le bout du nez gelé que nous entendons enfin le réveil sonner, à cinq heures. Il faut en effet se lever tôt pour assister aux premiers rayons du soleil sur les geysers de Sol de Mañana (« soleil du matin »).

Lorsque nous arrivons sur place, tout est gris. Mais le soleil en se levant, va vite donner des couleurs à ce site d’exception.

Le sol est parsemé d’une multitude de petits cratères au fond desquels la boue… bout ! La forte chaleur du sous-sol volcanique provoque la formation de colonnes de fumées plus ou moins hautes : ce sont les geysers de Sol de Mañana.

Il faut d’ailleurs faire attention où l’on pose les pieds car le sol est instable. Parfois, il s’effondre sous les pas des visiteurs, qui souffrent alors de brûlures pouvant s’avérer assez graves. Et dans cette vaste région désertique, le premier hôpital n’est pas à côté…

La veille, Alejandro nous a expliqué que le meilleur moment pour découvrir les geysers était le lever du soleil. Mais c’est aussi la période optimale pour admirer la fameuse Laguna Verde (Lagune Verte). Il nous a donc demandé de faire un choix entre les deux, sachant que l’autre site ferait de toute façon partie lui aussi de l’itinéraire, mais plus tard dans la journée, à un moment moins favorable.

Sol de Mañana : le bien nommé « soleil du matin »

Avec l’approbation de nos amis uruguayens, notre choix de lever de soleil s’est finalement porté sur les geysers… et maintenant que nous y sommes, aucun de nous six ne regrette ce choix !

Car ce site est irréel. Partout, la fumée sort des entrailles de la Terre et l’odeur de soufre est omniprésente : la terre bout, vibre, crache, bref elle vit et c’est impressionnant.

Il faut bien dire que le fait de se balader au milieu de ces petits cratères fortement actifs provoque une sorte d’ivresse indescriptible.

Ces geysers sont situés à 5.000 mètres d’altitude, soit sensiblement plus haut que le Mont Blanc par exemple.

Alejandro nous presse de partir car l’heure tourne et il y a d’autres sites à découvrir. Mais nous avons du mal à nous arracher à ce spectacle.


Après avoir fini par nous convaincre de remonter dans la Jeep, Alejandro nous emmène à quelques kilomètres de là, où nous découvrons un autre lieu typique de la région. L’eau qui s’écoule un peu partout provient des geysers voisins d’où nous venons. Elle est donc chaude (38° C environ), alors que la température de l’air peine à atteindre 0° C en ce petit matin.

Une sorte de petite piscine a été aménagée là, en plein air. C’est un vrai plaisir que de se baigner dans ce lieu insolite, et en plus ça réchauffe. Quand on peut joindre l’utile à l’agréable…

Ces eaux chauffées servent donc de jacuzzi naturel non seulement aux humains, mais également aux nombreux oiseaux qui vivent dans ces contrées reculées. Une aubaine pour eux l’hiver lorsque la température de l’air descend à -25° C.


La journée ne fait que commencer et pourtant, nous en avons déjà pris plein les yeux. Et ce pays est décidément incroyable puisque ça va continuer ainsi toute la journée. D’abord avec l’Arbol de Piedra et le désert au milieu duquel il joue les équilibristes.

Puis avec les fameuses lagunes colorées, qui pullulent dans la région. Il s’agit de lacs contenant une multitude de micro-éléments d’origine volcanique. Lorsque le vent fait bouger la surface de l’eau, ces éléments microscopiques se mettent également en mouvement, transmettant ainsi leurs couleurs éclatantes à chacune de ces lagunes.

La plus réputée d’entre elles est la Laguna Colorada. Nous l’avons déjà vue hier soir mais ce n’était pas le meilleur moment de la journée pour l’admirer. Ce matin, Alejandro nous y emmène donc une nouvelle fois, en nous promettant que ses couleurs seront beaucoup plus vives qu’hier soir. Et en effet, le spectacle est au rendez-vous.

Nous sommes ébahis par ces paysages de nature inviolée, qui s’avèrent au-delà de ce que nous sommes venus chercher ici, au coeur des Andes.

Ce n’est pas un hasard si cette lagune est si réputée : toisée par les volcans et accompagnée par une colonie de lamas et de flamands roses, ses couleurs presque fluo sont irréelles.

Ces grands espaces qu’on admire à 360° font un bien fou aux citadins que nous sommes. Ils transpirent le calme et la sérénité. L’air y est pur, le silence règne et il n’y a absolument personne d’autre que nous. Un pur régal.

En quittant ce site que nous ne sommes pas près d’oublier, nous nous disons qu’il constitue sans doute le point culminant de notre périple sud-bolivien car franchement, il sera difficile de trouver mieux. Et pourtant…

En attendant, nous allons voir une autre lagune fameuse, la Laguna Verde. Comme nous l’a dit Alejandro la veille, cette fin de matinée n’est pas le meilleur moment pour l’admirer car à cette heure-là, son vert est terne. Il n’empêche que le site vaut quand même le détour, notamment avec le Licancabur en toile de fond, un volcan dont le sommet frôle les 6.000 mètres d’altitude (5.920 mètres précisément).

La Laguna Verde dominée par le Licancabur

Nous passons le reste de la journée à traverser cette région aride, sans jamais nous lasser de ses paysages uniques.

Et ce ne sont pas quelques menus incidents techniques qui vont nous gâcher ce fabuleux périple.

Alejandro : notre chauffeur-guide-cuisinier… et mécano

Nous croisons de temps en temps quelques-uns des rares quadrupèdes qui s’aventurent encore à cette altitude.

Renard de Magellan
Viscache

A l’exception des quelques Jeep que nous croisons dans la journée, les signes de présence humaine sont rares dans cette région reculée. Rares mais voyants !

Los Flamencos Eco Hotel

Nous poursuivons notre route de lagune en lagune, avec toujours un ou deux volcans en ligne de mire.

La Laguna Hedionda

Après quelques heures de piste à travers des paysages toujours aussi fascinants, c’est dans un hôtel de sel que nous allons terminer cette journée de fous qui nous a permis d’en prendre plein les yeux.

Encore une lagune très colorée, jaune celle-là

Et pourtant, nous ne sommes pas au bout de nos surprises car le spectacle n’est pas terminé : demain, nous nous lèverons à nouveau aux aurores pour découvrir dès les premières lueurs du jour la perle du sud-Bolivie : le fameux Salar d’Uyuni.


Lorsque nous quittons notre charmant hôtel de sel au petit matin, il fait encore nuit. Nous montons dans la Jeep puis nous roulons quelques dizaines de minutes pendant lesquelles nous commençons à apercevoir le Salar sous nos roues, au fur et à mesure que la nuit s’estompe. Puis Alejandro nous arrête au beau milieu de cet immense désert de sel : c’est de là que nous allons guetter l’arrivée du soleil.

Le silence est total, à peine brisé de temps à autre par le crissement du sel sous nos pieds dès que nous faisons quelques pas. Ici, notre sentiment d’être tous les sept à peu près seuls au monde est très fort. L’endroit et le moment sont magiques.

Ce Salar est le plus grand désert de sel du monde (cent cinquante kilomètres de long sur cent de large). Mais surtout, le sous-sol de ce site naturel d’exception renferme, hélas, une richesse inestimable : la plus grande réserve de lithium de la planète. Elle représente à elle seule un tiers des réserves mondiales et attire donc bien des convoitises.

Ce lieu unique semble irréel, et il est plutôt rassurant de savoir que seule une infime partie en est exploitée pour l’extraction du lithium. Pour le moment du moins…

Alejandro

Une quinzaine « d’îles » émergent du Salar, dont la plus connue est Isla Incahuasi.

C’est sur cette dernière que nous nous rendons après avoir pris le temps de savourer le lever du soleil sur le Salar. La petite balade sur cette « île » pour en faire le tour à pied est une étape incontournable.

Sa forme semi-circulaire rappelle qu’il s’agit d’un cratère de volcan éteint, sur lequel la nature locale a depuis longtemps repris ses droits.

Alejandro nous explique qu’ici à l’état sauvage, les cactus poussent au rythme paisible d’un à deux centimètres par an seulement. Or, certains d’entre eux dépassent les quatre mètres de haut, ce qui signifie que leur âge vénérable se compte en siècles…

Pour la balade sur l’île, on ne doit pas sortir d’un petit chemin tracé dans la rocaille, afin de ne pas aller piétiner les jeunes pousses de cette flore, inhabituelle pour les occidentaux que nous sommes.

A cette période de l’année (nous sommes en octobre), nombre de ces cactus sont en fleurs.

Mais il est temps de quitter notre île. Nous remontons dans la Jeep qui va nous faire traverser une dernière fois le Salar à vive allure, jusqu’à la pause du midi : c’est dans un hôtel de sel que nous allons déjeuner, à proximité de divers monuments dédiés au Dakar et sculptés dans le sel.

Nous préférons ne pas trop penser aux nuisances d’un tel rallye sur ce site naturel d’exception…

En repartant, les formes géométriques des dalles de sel disparaissent peu à peu, nous indiquant ainsi que la sortie du Salar est proche.

Notre périple dans le sud de la Bolivie touche à sa fin mais à l’approche du retour à Uyuni, Marie et moi n’avons pas vraiment envie de quitter cette région qui nous a tant éblouis. Nous décidons donc de modifier notre plan de voyage : nous allons rester ici un jour de plus pour profiter encore un peu de ces paysages uniques.

C’est ainsi que le lendemain, après avoir quitté nos amis uruguayens, nous nous retrouvons dans une autre Jeep, avec un autre chauffeur ainsi qu’un couple de français et deux sud-coréennes.

Cette nouvelle journée dans le Salar va commencer par un petit détour dans un cimetière où reposent… des trains ! Ils sont vieux, complètement rouillés et à l’abandon. Ce lieu étrange est situé au milieu de nulle part.

On a tendance à se demander comment tous ces cadavres de trains ont fait pour se retrouver ici.

Mais peu importe, notre principal objectif reste le Salar. Nous allons d’ailleurs en profiter pour sacrifier à la tradition des photos « déjantées » du Salar : il est si vaste qu’en jouant avec les perspectives, on peut produire des effets photographiques plutôt amusants. Je ne suis pas très clair n’est-ce pas ?! Alors regardez plutôt cette très courte vidéo (28 secondes)…

Après avoir passé la journée à revoir un peu les mêmes paysages que la veille mais sans jamais nous en lasser, notre chauffeur-guide nous emmène à l’extrémité du Salar pour admirer le coucher du soleil.

Pourquoi a-t-il choisi de nous conduire tout au bout de ce désert de sel ?… Il faut savoir que des pluies abondantes inondent chaque année le Salar de janvier à mars, et l’immergent alors sous une fine pellicule d’eau.

Plus tard dans l’année, quand la pluie arrête de tomber et que le Salar s’assèche petit à petit, son extrémité reste toutefois imbibée. Car elle est située en léger contrebas et l’eau qui s’y est donc écoulée et accumulée pendant les mois humides, y stagne les mois suivants.

C’est grâce à ça que, lors de notre visite fin octobre, la saison des pluies a beau être terminée depuis longtemps, nous avons quand même l’opportunité nous aussi d’admirer le Salar sous son joli manteau d’eau.

C’est ainsi que ce désert de sel, déjà incroyable quand il est tout sec, se transforme en miroir géant.

Les couleurs du soleil couchant sur ce gigantesque tapis aquatique nous permettent d’avoir encore une nouvelle vision de ce lieu si insolite qu’est le Salar d’Uyuni.

A l’heure du bilan, nous réalisons qu’en quatre jours à peine, nous avons vu un nombre incalculable de paysages à couper le souffle. C’est donc à reculons que demain, nous allons quitter cette magnifique région pour rejoindre La Paz.



La première chose que nous décidons de faire une fois arrivés à La Paz, c’est de prendre de la hauteur afin d’avoir une vue d’ensemble sur la ville. Mais au moment de prendre le téléphérique, nous apprenons qu’il est en panne.

Street art dans les ruelles de La Paz

Nous devons donc nous rabattre sur un taxi et le premier chauffeur que nous croisons nous assure qu’il connaît un point de vue imprenable. Une promesse sans doute destinée à nous faire monter dans sa voiture mais il a l’air tellement sincère que nous acceptons.

Et bien sûr, une fois arrivés là-haut, l’entrée du belvédère dont il nous a vanté la situation, est fermée au public pour cause de travaux ! Mais il ne se démonte pas et réussit à convaincre un membre du chantier de nous laisser entrer… moyennant bien sûr un petit bakchich ! Ce n’est pas bien grave, nous acceptons et nous nous retrouvons tout les quatre rigoureusement seuls à cet endroit.

La Paz

Cette vue urbaine nous change radicalement de tous les paysages sauvages que nous venons d’admirer dans le sud du pays au cours des quatre derniers jours.

Toutefois, ce point de vue sur la plus haute capitale du monde (3.600 mètres) cernée par les montagnes vaut quand même le détour.

Un peu plus haut encore que La Paz est située El Alto, l’une de ses banlieues, qui est quant à elle l’une des plus hautes villes de la planète (4.100 mètres).

El Alto

En nous ramenant en bas dans la ville, le chauffeur nous explique combien La Paz, qui signifie « la paix », porte mal son nom au vu des nombreuses périodes de troubles et de violences qui ont émaillé son histoire.

Le quartier culturel : musées, expositions…

La ville vit d’abord son or pillé par les colons espagnols. Plus tard, le palais présidentiel subit de si nombreuses tentatives plus ou moins réussies d’incendies que tout le monde l’appelle aujourd’hui encore « le palais brûlé » (Palacio Quemado).

Enfin, c’est d’une manière pas naturelle du tout que différents présidents boliviens perdirent la vie pendant l’exercice de leurs fonctions. L’un d’entre eux, Gualbarto Villarroel, fût même pendu haut et court en 1946 face à la foule rassemblée sur la place publique, en plein centre-ville.

Bref, c’est sans transition qu’en descendant du taxi après cette courte mais intéressante leçon d’histoire, nous nous retrouvons dans un quartier démuni. Il grouille de vie, et toutes ses rues sont entièrement dédiées au marché.

Un peu plus loin dans un quartier en construction, nous sommes impressionnés par les échafaudages, aussi fragiles en apparence que solides en réalité.

Forêt d’étais 100 % biodégradables…

En déambulant dans les rues du centre-ville, nous nous laissons guider par le son lointain d’une fanfare, jusqu’à ce que nous nous retrouvions au beau milieu d’une énorme fête populaire. Elle réunit plusieurs milliers de personnes.

Les gens sont tous amassés dans les rues, dont certaines sont fermées à la circulation pour l’occasion. Je vivrai là une petite mésaventure sans conséquence en termes d’insécurité (voir les « infos pratiques » en fin d’article).

En tout cas, la fête est belle, les costumes des centaines de personnes qui défilent sont hauts en couleurs, et les fanfares qui se succèdent s’en donnent à cœur joie.

 

Malgré cette jolie fête, nous n’avons jamais été vraiment emballés par l’atmosphère de la ville. Nous décidons donc d’aller passer notre dernière journée à Tiwanaku, petite ville située à une grosse cinquantaine de kilomètres de La Paz.


Il s’agit d’un site archéologique où vivait la civilisation du même nom, bien avant l’avènement des Incas. Le site est classé par l’Unesco au patrimoine de l’humanité.

Les vestiges de Tiwanaku

Ce site est aussi intéressant que méconnu, donc très peu fréquenté. Les vestiges les plus anciens qu’on y découvre ont jusqu’à mille ans de plus que les sites incas les plus récents ! Cette civilisation pré-Inca a vécu du Ve au XIe siècle.

Aucun voyageur transitant par La Paz ne devrait être autorisé à faire l’impasse sur un tel site. Pourtant, tout le monde n’est pas de notre avis puisqu’il est quasiment vide.

  

En ce qui nous concerne, c’est sur cette petite merveille perdue au fin fond de la Cordillère des Andes que nous terminons ce voyage exceptionnel.


Merci à Routard.com, qui a mis en avant cet article sur la Bolivie en le nommant « COUP DE CŒUR » de la rédaction !


  • Résumé vidéo (3 mn) : en immersion au cœur des Andes (Pérou et Bolivie)…

Une lagune du Sud Lipez, cernée par les volcans

En bus basique. Durée du trajet : 9h00 (attention au décalage horaire : +1h en Bolivie)ticketsbolivia.com

Le prix : 22 $ par personne.

A noter qu’en chemin, au détroit de Tiquina, les passagers du bus doivent en descendre pour faire une courte traversée du lac Titicaca (une dizaine de minutes) sur un petit bateau à moteur. Il est suivi par une barge sur laquelle a été arrimé le bus, lequel est donc vide de ses passagers.


En bus de nuit semi-cama (sièges inclinables) par Todo Turismo. Durée du trajet : 11h00 : boliviatravelsite.com

Dîner chaud et petit déjeuner compris, film à bord et wi-fi.

Le prix : 39 $ par personne.

Nous avons réservé une semaine à l’avance via Internet car quand on achète les billets le jour-même à la gare routière, le bus est souvent déjà complet.


Hôtel Avenida : situé en centre-ville à dix minutes à pied de la gare routière. Très bon hôtel.

 Le prix : 30 $ la chambre pour deux avec salle de bains et petit déj’ inclus.


Hôtel Akapana – Manco Kapac Avenue. Petit hôtel sans prétention qui présente l’avantage d’être situé à cent mètres de l’entrée du site pré-Inca de Tiwanaku.

→ Le prix : 35 $ la chambre (minuscule) pour deux personnes avec douche privée. Très bon accueil et très bon resto.

L’hôtel Akapana

Petit retour en arrière. Avant le début de notre voyage, beaucoup de gens nous avaient mis en garde contre la forte insécurité qui régnait selon eux en Amérique du Sud, y compris l’une de nos connaissances indirectes : bolivienne, elle nous avait expliqué qu’elle n’avait pas le souvenir d’avoir connu son pays aussi peu sûr qu’aujourd’hui et que, sans tomber dans la parano, il nous faudrait être sans cesse vigilants.

C’est pourquoi, dans les rues de La Paz, c’est sur le ventre que nous avons décidé de porter nos petits sacs à dos (ceux pour la balade, pas les gros sacs à dos de voyage). Mais lorsque j’en ai sorti mon appareil photo, j’ai remis machinalement mon sac à dos… sur mon dos ! A partir de là, il a suffi d’une petite poignée de minutes à peine pour que je sente une légère pression au niveau des omoplates : je me suis retourné immédiatement et me suis retrouvé nez-à-nez avec un type qui faisait semblant de ne pas me voir, l’air de rien.

J’ai immédiatement vérifié mon sac : la fermeture éclair avait été partiellement ouverte, mais il n’avait pas eu le temps d’attraper quoi que ce soit. Un autre homme à trois mètres de nous me faisait discrètement signe que le premier type avait ouvert mon sac.

Conclusion : on peut se faire dépouiller à l’autre bout du monde comme à deux pas de chez soi. Simplement, la moyenne de vols à l’arraché ou dans les bus notamment est élevée en Bolivie, et il convient donc d’être sans cesse vigilant : un voyageur averti en vaut deux.

Ouvrons l’œil !

Dès la descente du bus de nuit à Uyuni, les rabatteurs se précipitent sur les voyageurs mal réveillés pour leur vendre les services de leur agence. Les tours sont à peu près identiques (un jour ou trois jours pour visiter le fameux Salar d’Uyuni ainsi que le Sud Lipez), mais pas les prix, qui varient du simple au triple.

La Laguna Colorada

Deux raisons nous ont fait choisir Thiago Tours. D’une part, nous avions beaucoup lu et entendu parler des accidents de 4×4, régulièrement mortels, souvent dus à l’alcoolémie des chauffeurs. Apparemment, les agences les plus sérieuses dans ce domaine sont aussi les plus chères.

D’autre part, de toutes les agences dont les rabatteurs se sont jetés sur nous, Thiago Tours était la seule à avoir pour règle écrite le remboursement intégral du Tour en cas de simple insatisfaction des clients par rapport aux services du chauffeur, notamment en matière d’alcool.

Pour nous, c’est cet argument qui a fait pencher la balance : si le chauffeur s’alcoolise, l’agence ne le paiera pas. En revanche s’il est bon, nous lui donnerons, c’est le comble… un pourboire !

Quelques heures plus tôt en pleine nuit, sur la route en provenance de La Paz, nous avions vu des touristes se faire évacuer en ambulances, d’un bus gravement accidenté qui gisait sur le flanc en contrebas de la piste. Cela nous avait refroidis et quelques heures plus tard à Uyuni, nous n’avons donc pas hésité longtemps à choisir Thiago Tours pour son apparence de sérieux.

 Le prix : même si Thiago Tours était la plus chère des agences avec lesquelles nous avons discuté, le package 3 jours/2 nuits nous est revenu à 95 $ par personne tout compris (18 $ par personne le tour d’une journée). Ce qui reste abordable avec la sécurité en plus.

Car de retour à Uyuni après ces trois jours de tour du Sud-Bolivie, le gérant de Thiago Tours a pleinement assumé son engagement initial, puisqu’il a tenu à nous demander si nous étions satisfaits de notre chauffeur ou si nous souhaitions nous faire rembourser.

Au final, Alejandro, notre chauffeur-guide, s’est révélé parfait, et notre séjour dans le Sud-Bolivie constitue à ce jour l’un de nos plus beaux souvenirs de voyages.

N.B. Le bus de nuit de La Paz arrivant à 7h00 et le départ des tours ayant lieu vers 10h00, on a largement le temps de choisir une agence et de trouver un hôtel, entre la descente du bus et le départ du tour.


Nombreuses sont les Jeep qui partent plus ou moins à la même heure d’Uyuni, puis qui font le même tour et se retrouvent donc en même temps sur les mêmes sites. Pour éviter cette affluence (toute relative car ce n’est pas non plus la grande foule), deux solutions :

→ Depuis Uyuni, demander à l’agence de faire le tour à l’envers. Ainsi, on croise parfois un peu de monde quand même (un peu seulement), mais on est souvent seul ou presque puisque on roule à contresens des autres. Et puis on termine par l’apothéose, le Salar d’Uyuni : le meilleur pour la fin. C’est l’option que nous avons choisie et nous ne l’avons pas regrettée car régulièrement, nous étions absolument seuls sur les sites.

→ Partir de Tupiza. Cette petite ville située à 210 kilomètres d’Uyuni est beaucoup moins fréquentée. Du coup, pendant le tour du Salar et du Sud-Lipez, on rencontre très peu de monde. En revanche, il faut savoir que les voitures ne partent que lorsqu’elles sont pleines, ce qui signifie qu’il n’y a pas forcément un départ tous les jours : il faut parfois attendre un jour de plus. Pour choisir cette option, il ne faut donc pas être pressé par le temps.

La Laguna Colorada

Ne pas oublier la crème solaire avec un indice de protection élevé car en altitude (et tout le pays est en altitude !), les rayons du soleil sont particulièrement agressifs.

De même, prévoir les vêtements/duvets adaptés pour le froid mordant de la nuit (et du jour selon la saison), ainsi que le vent souvent glacial.

« La Bolivie t’attend »…

A lire aussi :


 

COUP DE CŒUR : LE NICARAGUA

Le Nicaragua fait partie de ces rares pays qui reçoivent encore très peu de visiteurs, et on se demande bien pourquoi (N.B. nous y étions quelques mois avant les manifestations du printemps 2018, dont certaines furent à la fois violentes et violemment réprimées).

En effet, bordé par l’océan d’un côté et la mer des Caraïbes de l’autre, il regorge de sites superbes et il y en a pour tous les goûts : des volcans à couper le souffle, de jolies villes coloniales ainsi que des petits villages perdus, sans oublier des îles paradisiaques dans les Caraïbes… Petit tour d’horizon.

 


LES VOLCANS

La colonne vertébrale du Nicaragua est constituée d’une grosse vingtaine de volcans, dont un tiers sont très actifs.

Outre les incontournables randonnées à flanc de volcan, quelques activités insolites sont accessibles aux voyageurs de passage, comme la plongée bouteille dans le cratère de la Laguna de Apoyo, au milieu des fumerolles sous-marines.

 

Laguna de Apoyo

Nous sommes partis à l’assaut de trois de ces volcans.

Le Telica : nous en avons fait l’ascension, il est accessible depuis la jolie ville de Leon.

Le Masaya : il est, avec le Telica, l’un des deux seuls volcans du Nicaragua, et l’un des très rares dans le monde, au fond desquels on peut apercevoir un lac de lave bouillonnante quand les conditions le permettent.

Enfin, le Cerro Negro : nous avons testé en famille une activité grisante autant qu’insolite : la luge sur les pentes de ce volcan actif.


LE TELICA

C’est après avoir roulé un bon moment depuis Leon sur une piste très abîmée que notre 4×4 nous dépose enfin aux pieds du Telica. De là, il faut compter une heure et demie d’ascension à pied pour rallier le sommet. La montée est facile, même si le sol est très pierreux.

Bizarrement, le premier réflexe une fois là-haut consiste à se laisser attirer irrésistiblement par le rebord du cratère fumant, pour essayer d’en apercevoir le fond. Vainement pour nous, puisque l’épaisse fumée qui en jaillit en permanence ne permet pas une visibilité supérieure à deux ou trois mètres.

Si nos rêves d’apercevoir la lave s’évanouissent instantanément, nous n’allons pourtant pas être déçus. Car c’est une superbe randonnée qui nous attend tout autour du volcan jusqu’au coucher du soleil.

Seuls deux autres petits groupes de randonneurs se trouvent là-haut en même temps que nous. Mais au moment d’admirer les derniers rayons du soleil sur les parois du cratère, ils ont disparu de notre vue. Nous éprouvons donc une délicieuse sensation d’assister seuls à cette espèce de matin du monde.

Quand il faut se résoudre à quitter les lieux faute de lumière, c’est dans la nuit noire mais éclairés par nos frontales que nous attaquons la descente au milieu des roches instables.


LE MASAYA

Ce vaste et spectaculaire volcan compte plusieurs cratères, dont le fameux Cráter de Santiago.

Pour mieux comprendre à quel point ce site est impressionnant, il faut remonter le temps : au XVIe siècle en effet, lorsque les conquistadors et les missionnaires espagnols découvrirent les lieux, ils furent horrifiés par ce cratère béant qui crachait sa lave, rougeoyante mais chauffée à blanc.

A tel point qu’ils se persuadèrent d’avoir découvert… la porte d’entrée de l’enfer ! Ils « baptisèrent » donc les lieux La Boca del Infierno (la bouche de l’enfer). Mais pour eux, cela signifiait aussi que le démon était tout proche, c’est pourquoi ils firent ériger au sommet du volcan une grande croix, encore visible aujourd’hui, censée exorciser les lieux.

La Boca del Infierno
La bouche de l’enfer

Ces croyances d’un autre temps peuvent prêter à sourire, mais il faut reconnaître que les lieux ont conservé toute leur magie et que cinq cents ans plus tard, ils restent époustouflants.

Postés derrière une frêle barrière, contre laquelle il ne faut s’appuyer que si on envisage d’aller voir de plus près ce fameux démon, c’est quasiment à la verticale qu’on domine cette bouche de l’enfer. C’est un moment qu’il est impossible d’oublier.


LE CERRO NEGRO

Au Nicaragua, l’une des activités les plus courues est le surf, pour lequel les spots ne manquent pas sur la côte Pacifique. Nous n’y avons pas goûté, mais nous avons quand même pratiqué la glisse, et quelle glisse : la luge sur les pentes d’un volcan actif !

La luge a flancs de volcan

Parmi les volcans qui pullulent autour de la ville coloniale de Leon, le Cerro Negro. Ce superbe cratère est d’un noir d’encre car il est entièrement recouvert de cendres et de roches volcaniques.

C’est quand le 4×4 se gare aux pieds du volcan qu’on comprend ce qui nous attend : son cône majestueux nous domine de si haut que la rando pour rejoindre son sommet ne s’annonce pas de tout repos, a fortiori sous un soleil de plomb. Mais au fil de la montée, la vue s’avère magnifique. Nous prenons le temps d’admirer le paysage qui vaut vraiment le détour et mérite une rando à part entière.

Vient ensuite l’heure de la descente en « luge » : on s’assied sur une planche de bois d’un peu plus d’un mètre de long pour une quarantaine de centimètres de large ; puis on s’agrippe les mains à une corde en guise de rênes (en réalité, c’est en posant l’un des deux pieds au sol qu’on se dirige vaguement vers la droite ou la gauche) ; et enfin, on se lance.

Les habitués atteignent la vitesse de 80 km/h. Les débutants comme nous vont un peu moins vite, mais il faut quand même dire qu’une fois lancés, il est très difficile de ralentir. Les sensations sont top, à la fois grâce à la vitesse et au site d’exception qu’on dévale.

Pour ma part, arrivé en bas, impossible de m’arrêter : la petite bosse sur laquelle tout le monde s’immobilise se transforme pour moi en tremplin vu la vitesse à laquelle j’arrive, et je m’envole avant de faire un salto involontaire mais heureusement indolore. Dans le choc toutefois, ma planche se casse (du moins l’attache des rênes) et tous ceux qui sont autour de moi sont hilares.

Au final, il faut une grosse heure de montée pour une petite minute de descente. On n’a donc pas trop le temps d’en profiter mais c’est tellement fun qu’on n’a qu’une envie, c’est d’y retourner.

 


LES VILLES COLONIALES

Les deux anciennes capitales du Nicaragua, détrônées au fil du temps par Managua, sont considérées comme les deux plus belles villes du pays : Granada et León.


GRANADA

Il s’agit d’une belle ville à dimension humaine, où nous n’avons jamais ressenti le poids de ses 250.000 habitants. Son coeur historique est constitué d’une jolie place, qui compte une cathédrale entourée d’imposants bâtiments coloniaux.

Aux alentours, les ruelles sont toutes plus colorées les unes que les autres.

Nous avions lu un peu partout que l’été, la ville était prise d’assaut par les touristes mais nous n’en avons croisé que très peu, bien qu’étant déjà mi-juillet.

A seulement cinq minutes de marche du centre historique, nous avons la surprise de découvrir un quartier à la fois pauvre et très fréquenté. Là, nous sommes les seuls étrangers et plusieurs personnes me font signe en arrivant que je risque de me faire voler mon appareil photo. Je ne me sens pourtant pas spécialement en insécurité mais dans le doute, je range mon matériel.

Nous nous retrouvons alors dans un marché où mon matériel photo aurait en effet juré avec la pauvreté ambiante. Nous le traversons désabusés, au vu de l’important contraste qui sévit entre ce quartier pauvre et le centre prospère tout proche à l’écart duquel il est situé.


LEON

Bien que Leon compte deux fois moins d’habitants que Granada, elle nous paraît plus grande et bien plus animée : Granada est belle mais froide, alors que Leon semble un peu moins jolie mais beaucoup plus chaleureuse.

LA VILLE

Son principal attrait réside dans sa fameuse cathédrale blanche, qui change radicalement de Granada la multicolore.

Le clou du spectacle consiste à monter jusqu’aux toits, où l’on peut se balader pour admirer le paysage. De là-haut, la vue sur les ruelles de la ville, qui est cernée par les volcans, vaut le détour.

Bon, Leon n’est quand même pas toute blanche, seule sa cathédrale a cette particularité. Ailleurs, on retrouve les églises colorées typiques des villes coloniales.

Outre son patrimoine historique et sa vie animée, Leon est également le point de départ idéal de nombreuses excursions : d’une part, vers l’océan Pacifique situé à quelques kilomètres, dont les vagues attirent les surfers du monde entier ; d’autre part, vers la chaîne de volcans voisine, qui constitue l’épine dorsale du pays. D’autres excursions sont possibles, comme celle vers Somoto où l’on peut faire du canyoning dans un joli décor naturel.


LE CANYONING

Grâce au Lazybones Hotel (voir les infos pratiques plus bas), nous avons trouvé la seule personne qui propose le package à la journée : aller / retour pour Somoto en mini-bus et journée canyoning sur place, déjeuner compris.

Canyoning à Somoto

Pour les habitués du canyoning, cette sortie n’a rien d’exceptionnel, à part un saut de vingt mètres (que nous n’avons pas testé).

Pour ceux qui, comme nous, souhaitent pratiquer en famille une activité de plein air, c’est l’option parfaite. On est en pleine nature et le canyon, situé à la frontière du Honduras, est joli. Et bien sûr, il y a de quoi s’amuser dans l’eau, que ce soit en se laissant porter par les courants ou en sautant des rochers (de trois à dix mètres).

 


LES PETITS VILLAGES ISOLÉS

Inutile de dire que les petits villages reculés ne manquent pas au Nicaragua. Qu’ils soient accrochés aux pieds des volcans, perdus dans la jungle ou posés face à l’océan, il fait toujours bon s’y arrêter.

Nous avons été marqués par trois de ces endroits dépaysants :

  • le village d’El Castillo, dont les cases sur pilotis dominent la rivière San Juan qui serpente dans la jungle ;
  • la délicieuse petite île lacustre de San Fernando, dans l’archipel de Solentiname.
  • Dans les deux cas, pour s’y rendre, il faut prendre un bateau depuis un autre village reculé, San Carlos.

SAN CARLOS

Si l’on cherche le dépaysement, El Castillo est la destination idéale. Mais s’y rendre se mérite, et la petite ville de San Carlos, située sur l’embouchure de la rivière San Juan et du lac Cocibolca, est un passage obligé. Après six heures de route dans un bus bondé au-delà de l’imaginable (lire Nicaragua pratique : voyager en bus), nous ne sommes pas fâchés d’arriver à San Carlos.

San Carlos

Il s’agit d’un petit port de pêcheurs. Il constitue la dernière étape avant de s’aventurer sur le San Juan, rivière typiquement latino-américaine avec sa couleur marronnasse et qui, en serpentant à travers la jungle, fait office de frontière avec le Costa Rica.

Elle relie le lac Cocibolca (appelé par les occidentaux lac Nicaragua) à la mer des Caraïbes, ce qui explique que divers poissons, dont des requins bouledogues, la remontent jusqu’au lac où ils se sont familiarisés à l’eau douce avec le temps.

San Carlos, retour de pêche

San Carlos compte aussi un joli petit marché local où il fait bon se promener, discuter… et consommer.

Car les fruits et légumes qu’on y trouve ne sont pas vraiment les mêmes qu’en France : les avocats sont gros comme nos aubergines et leur chair est si fondante qu’elle en aurait presque la texture du guacamole ; les ananas sont tellement juteux et sucrés que même Victor, qui habituellement déteste ça, nous dira après en avoir pris et repris jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus, que c’était le meilleur fruit qu’il avait mangé de toute sa vie !

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EL CASTILLO

Mais si nous sommes venus à San Carlos, c’est pour rejoindre notre objectif : El Castillo, la jungle avoisinante et les caïmans. Nous prenons donc une lancha, ce bateau rapide très effilé qui mesure une bonne quinzaine de mètres de long sur deux mètres de large à peine. Après une heure quarante de navigation au beau milieu de la jungle, à la lisière de laquelle on aperçoit régulièrement de petites communautés dans leur village, nous arrivons enfin à El Castillo.

El Castillo

La première chose qu’on remarque une fois à terre, c’est l’absence de routes et de voitures. Les ruelles sont étroites car elles ne sont utilisées que par les piétons, les charrettes et quelques animaux. Les cases, juchées sur pilotis, ont un certain charme malgré leur dénuement total.

Nous remarquons vite que les habitants sont beaucoup plus souriants et accueillants que tous ceux que nous avons rencontrés jusque-là, ce qui se vérifiera d’ailleurs jusqu’à la fin de notre séjour : comme souvent, c’est dans les endroits les plus reculés qu’on rencontre les gens les plus ouverts.


A la rencontre des caïmans

Nous avons un objectif principal à El Castillo : une sortie nocturne en barque sur la rivière, afin d’approcher les caïmans.

Le petit hôtel dans lequel nous sommes descendus est un peu cher. Ce n’était pas notre premier choix mais celui que nous convoitions ne dispose plus que de trois lits, or, nous sommes quatre. Toutefois, cette petite déception va vite s’avérer une aubaine. Car les deux soeurs qui tiennent l’autre hôtel vers lequel nous nous dirigeons finalement, sont d’une gentillesse rare et ont le sourire éternellement vissé aux lèvres. Ce sont elles qui vont nous dégoter un guide pour notre petite balade nocturne.

Le principe est simple : on monte à bord d’une toute petite barque armés d’une simple frontale, puis on part dans la nuit noire et on s’en remet totalement au guide. Ce dernier éclaire la rive pour repérer les reptiles.

De temps à autre, on accoste et le guide met le pied à terre, pas du tout impressionné par la perspective de se retrouver face à un caïman. Ainsi, il attrape successivement deux basiliques (ce petit reptile très vert qui semble courir sur l’eau), un iguane et un caïman juvénile qui frise quand même le mètre de long. Victor et Arthur les caressent et les prennent dans leurs mains, ils sont aux anges.

Iguane

 

Caïman juvénile

A quelques brasses de la barque, nous observerons deux caïmans adultes, dont seule une paire d’yeux brillants émerge sournoisement de l’eau noire.

Victor et Arthur sont si émerveillés par cette sortie nocturne dans l’habitat naturel des caïmans qu’ils en ont eux aussi l’oeil qui brille, mais de bonheur.

Retour à El Castillo

 


Le château

Le lendemain, nous visitons le château qui domine le village. Ses heures de gloire datent de l’époque où l’amiral Nelson, au prix d’une bataille acharnée, réussit à forcer le passage pour rallier le lac Cocibolca depuis la mer des Caraïbes, et traverser ainsi l’Amérique d’est en ouest.


La fabrique de chocolat

Nous visitons également la petite fabrique de chocolat, qui fait la fierté des habitants du village.

Là, l’employé de la fabrique qui nous guide nous explique toutes les étapes de la transformation de la fève de cacao en chocolat. A chaque étape, il nous fait sentir et goûter le cacao transformé. Classique mais toujours aussi intéressant.

Nous repartirons bien sûr avec nos petits ballotins de chocolats qui, il faut bien l’avouer, ne survivont pas jusqu’à notre retour en France…


SAN FERNANDO (SOLENTINAME)

Le petit archipel lacustre de Solentiname, qui compte quelques trente-six îles, est resté dans les mémoires des Nicas comme l’un des haut-lieux de la résistance à la dictature de Somoza. Tout comme El Castillo, il est accessible en bateau depuis San Carlos.

L’atmosphère qui y règne aujourd’hui est tout autre qu’à cette époque agitée : en retrait du reste du monde, ces petites îles 100% nature respirent le calme et la sérénité. Sur celle de San Fernando, nous sommes vite conquis par la douceur de vivre qui remplit les lieux.

Il n’y a pas grand-chose à faire sur San Fernando. Ou plutôt si : savourer le temps qui passe en admirant avec sérénité les paysages.

On peut aussi faire le tour de l’île en deux heures sur un sentier étroit, au milieu des cris exotiques des innombrables espèces d’oiseaux qui nichent dans ce petit archipel.

Et pour finir, il ne faut pas rater la Casa Taller, en face de l’embarcadère. Il s’agit d’une petite galerie où sont exposées les œuvres des artistes locaux : on peut y admirer et y acheter des toiles et des sculptures colorées, ainsi que divers petits objets issus de l’artisanat local.

 


CARAÏBES : LES CORN ISLANDS

Les deux bandes bleues du drapeau du Nicaragua représentent les deux mers qui bordent le pays de part et d’autre : l’Océan Pacifique à l’ouest et la Mer des Caraïbes à l’est. C’est dans cette dernière que nous nous sommes rendus pour alterner farniente et plongée, précisément dans les délicieuses îles du Maïs : les Corn Islands.


Little Corn ou Big Corn ?

C’est pour sa réputation de calme (absence de routes et de voitures) que nous avons choisi Little Corn, longue de deux kilomètres, plutôt que sa voisine Big Corn, quatre fois plus grande. Et les grands cris « Welcome to Paradise » avec lesquels les Rastas locaux nous accueillent lorsque notre petit bateau accoste après une heure de traversée très agitée, ne nous font pas regretter notre choix.

L’île est traversée par quelques chemins sinueux, en dur ou en terre, qui nous permettent de rejoindre en trois quarts-d’heure les plus belles plages de l’île situées tout au nord, à l’exact opposé des cases dans lesquelles nous sommes logés.

Ces chemins passent notamment par le stade de base-ball, le sport national du Nicaragua, où un match a lieu chaque week-end. Mais ces sentiers passent aussi par des forêts qui regorgent de fruits et légumes sauvages : des avocatiers de vingt bons mètres de haut aux branches desquels sont suspendus des centaines d’avocats énormes ; mais aussi des ananas, des mangues, des noix de coco à profusion etc. Un pur régal.


Plongée et snorkeling

Non seulement ces plages du nord sont les plus préservées et les plus belles de l’île, mais ce sont aussi les plus favorables au snorkeling.

Un gros barracuda et une magnifique raie aigle, c’est-à-dire toute noire à pois blancs et longue de deux bons mètres, voilà ce que nous avons pu voir lors de nos quinze premières minutes de snorkeling, dans un mètre cinquante d’eau seulement et à trois ou quatre mètres de nous à peine.

En plongée bouteille, nous pourrons observer les poissons multicolores habituels sous ces latitudes et à chaque plongée, nous approcherons de très près un ou deux requins nourrices de la taille d’un homme.

Ils ne sont pas farouches et accompagnent souvent les plongeurs, venant même régulièrement au contact.

En cette saison des pluies, les conditions ne nous permettent hélas pas de faire autant de snorkeling que nous voudrions, notamment avec une journée entière de tempête et de trombes d’eau. C’est dommage car les plages du nord de l’île offrent à tous les amateurs de fonds marins un excellent spot de snorkeling. Mais seulement par temps calme…

Un matin, en jouant au frisbee dans l’eau, un petit requin viendra nager parmi nous quelques instants. Nous nous précipitons sur nos palmes, masques et tubas afin de pouvoir l’observer mais c’est trop tard : il est déjà parti et ne reviendra pas. En tout cas, cet aquarium à ciel ouvert regorge de poissons de toute sorte et de toute taille.

 

Toutes nos infos pratiques sont ci-dessous…


  • Résumé vidéo : en immersion au Nicaragua (2 mn)…

 


INFOS PRATIQUES


GRANADA


Hébergement

A Granada, nous avons séjourné au Granada Boutique, que nous avions choisi pour son emplacement idéal, à cinquante mètres de la place centrale et de sa fameuse cathédrale. Sur le web, les avis étaient bons. Or, le petit bar qui jouxte l’hôtel met la musique à fond toute la nuit. On ne s’attendait pas spécialement à des nuits calmes en plein centre-ville, mais on n’aurait jamais cru qu’on pouvait cracher la musique aussi fort ! En deux nuits, aucun de nous quatre n’a jamais réussi à fermer l’oeil.

Le Granada Boutique

L’hôtel est pourtant agréable avec une petite piscine, idéale pour les enfants en période de forte chaleur. Le personnel est correct. Mais on va quand même à l’hôtel pour dormir un peu et là, ce fût impossible pour nous. A réserver exclusivement aux fêtards. Pour tous les autres, il vaut mieux descendre n’importe où ailleurs, ça ne pourra pas être pire.

  • Prix de la nuitée pour une chambre de quatre : 38 euros (petit déjeuner non inclus).

Les environs

Cet hôtel nous a quand même apporté un plus : de bons contacts. En effet, comme tous les hôtels, ils travaillent avec des chauffeurs qui font office de guides. Celui avec qui ils nous ont mis en contact était très bien. Il a répondu efficacement à nos demandes pour nous conduire au volcan Masaya, au marché artisanal de la ville de Masaya (sachant qu’il existe cinq ou six marchés différents, dont un ou deux qui ne sont pas très sûrs selon les locaux) ou encore à la Laguna de Apoyo pour admirer le panorama.

  • Prix : 40 dollars pour l’ensemble du trajet.

Nous avons quitté la ville en bus, au départ de la petite gare routière située non loin de la place de la cathédrale.


MASAYA : LE VOLCAN
  • Prix de l’entrée du parc du Masaya : 10 dollars par personne.

L’entrée du parc national du volcan Masaya est située en bordure d’une route très fréquentée. Il existe deux possibilités : la visite de jour et celle de nuit. Dans les deux cas, le nombre de visiteurs est important dans la mesure où le sommet est accessible en voiture. En contrepartie a été instaurée une règle, qui consiste à limiter fortement le temps de visite : cinq minutes au sommet de jour et dix le soir, en théorie. Toujours un peu plus en réalité.

La visite de jour (9h-17h) →  Elle comporte deux inconvénients : la durée très courte de la balade au sommet, et les difficultés pour apercevoir la lave au fond du cratère San Fernando (le Masaya compte deux autres cratères). L’avantage, c’est qu’on peut aussi visiter le musée et la grotte de Tzinaconostoc, un couloir forgé par la lave et colonisé par les chauves-souris. Puis on peut randonner dans le parc où vit une faune variée : singes, coyotes, opossums, iguanes, cerfs etc.

La visite de nuit (18h-20h) →  INCONTOURNABLE ! Car dès la tombée de la nuit, le cratère s’embrase avec les couleurs rouge-orangées de la lave qui bouillonne au fond.

  

Bon à savoir →  Il faut bien calculer son coup pour assister à ce spectacle. Car il faut compter au moins 45 minutes d’attente dans la voiture sur le bord de la route, et parfois bien plus, avant de pouvoir pénétrer dans l’enceinte du parc, les voitures n’étant habilitées à entrer qu’au compte-gouttes (par quinze ou vingt environ). Et si on arrive trop tard, on risque de ne pas pouvoir entrer si le parc entre-temps a fermé ses portes (20h00).


LEON


Hébergement

Contrairement au Granada Boutique, notre séjour au Lazybones de Leon fût parfait. Cet hôtel est tenu par Patrick, un français très sympa et serviable, et sa femme Nica. Ils vont bientôt déménager pour s’installer quelques rues plus loin. Patrick n’a cessé de nous distiller de bons conseils tous azimuts : pour les restos, les sorties, les excursions… Un matin, quand on s’est trompé en commandant un petit déjeuner en trop, il nous en a fait cadeau. Bref, la bonne adresse.

Lazybones Hostal

  • Prix : 45 dollars par nuit la chambre de quatre. Petit déjeuner plutôt copieux pour 70 cordobas (2 euros), avec café et thé à volonté. Piscine, billard et wi-fi.

Les excursions

Pour toutes nos excursions, nous sommes passés par Patrick (Lazybones), qui travaille avec l’agence Maribios.

Excursion au Telica

  • Le prix : 40 dollars par personne pour sept personnes. L’horaire théorique était de 14h00 à 20h00, mais le guide a laissé durer le plaisir sur place et nous sommes rentrés à 21h30.

Luge au Cerro Negro

  • Prix : 25 dollars par personne si on est plus de cinq, toujours avec Maribios. Départ à 8h00 du matin. Une heure de rando pour monter puis une minute pour descendre.

Canyoning à Somoto

Patrick nous a mis en contact avec Taz Tours, une petite société montée par un québécois dont il avait entendu dire qu’il avait déjà fait l’aller-retour dans la journée. Ce québécois, c’est Jean, installé à Las Penitas sur la côte Pacifique, et nous le recommandons vivement :

TAZ TOURS

Un type adorable qui nous a fait payer seulement 45 dollars par personne à sept. Cela comprenait le trajet aller-retour (huit heures en tout) dans un minibus très sûr et en excellent état + deux heures de canyoning, le matériel est compris ainsi que les services du guide, Osma, lui aussi adorable + le repas de midi (succulent) au sein d’une petite communauté locale, dans une case au milieu de la forêt… Le départ est à 5h00 du matin, le retour prévu vers 17h00.

 


SAN CARLOS


Comment s’y rendre ?

Depuis Managua, prendre l’un de ces fameux chicken bus à la gare routière : l’aller simple coûte 150 cordobas, soit 5 euros par personne. Durée du trajet : 6 heures, sur une route neuve en parfait état. Lire l’article Voyager en bus


Hébergement

On peut trouver facilement de quoi se loger à San Carlos. C’est d’ailleurs un peu vite que nous avons choisi l’Hospedaje Rio San Juan, face au port de pêche, pour 20 dollars la chambre de 4 avec douche (sachant que des douches, il n’y en a pas partout).

Hospedaje San Juan

La chambre très sommaire était conforme à ce qu’on trouve généralement dans des endroits plus ou moins reculés : sale et très loin de nos standards occidentaux.  Au petit matin, nous avons surpris une souris se baladant au milieu de nos sacs à dos… A réserver aux routards et encore, c’était un peu cher pour ce que c’était. L’accueil était néanmoins très bon.


Distributeurs de billets

ATTENTION : San Carlos est le dernier endroit où l’on peut retirer du liquide avant El Castillo et sa jungle. Il y a deux distributeurs : le premier est situé entre l’Hospedaje Rio San Juan et le petit port. Le second est le guichet automatique de la banque située à cinq minutes de marche après le marché et la gare routière, en venant du port (côté marché).

N.B. Pour tout renseignement à San Carlos, il ne faut pas hésiter à se rendre au bureau de l’INTUR (= INformation TOURistique, ouvert du lundi au vendredi, 8h00-12h00 et 13h00-17h00), situé juste avant la première jetée. L’accueil y est très sympa. Nous y sommes arrivés un soir à 18h00, soit une heure après la fermeture, mais on nous a fait signe d’entrer quand même. Là, la dame et son sourire ont pris tout leur temps pour nous renseigner.

Enfin, il faut prévoir des vêtements longs dès la tombée de la nuit à San Carlos, où les moustiques pullulent :

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SOLENTINAME


Comment s’y rendre ?

Depuis San Carlos, prendre un collectivo (petit bateau qui transporte quelques passagers au milieu du ravitaillement destiné aux îles : régimes de bananes, packs d’eau et de sodas, mobilier divers etc.) Prix : 90 cordobas par personne (environ 3 euros). Compter une heure et demie.


Hébergement

Sur l’île de San Fernando, la plupart des hébergements sont plutôt chers. Nous avons dormi au Cabañas Paraïso. L’accueil y est excellent. Le patron, un local fier de son archipel et qui se régale à en discuter, n’avait plus que deux chambres de deux personnes pour 90 euros en tout, pour nous loger tous les quatre. Mais il a accepté de transporter un lit dans une chambre de trois pour 70 euros : suffisamment rare pour être signalé. Le repas sur place était bon..

 


EL CASTILLO


Comment s’y rendre ?

Depuis San Carlos, prendre une lancha (bateau rapide), non pas depuis l’une des jetées d’où partent de nombreux bateaux, mais depuis la gare maritime. Elle est située juste avant le marché en venant du port de pêche, presque en face de la routière.

  • Le prix : 140 cordobas (4 à 5 euros) par personne. Durée : 1h40.

N.B. La lancha fait quelques arrêts tout au long du trajet, pour déposer dans leur village les membres des petites communautés qui vivent sur l’une ou l’autre rive du fleuve. Mais il fait surtout un arrêt principal à Boca de Sabalos, où l’on trouve les mêmes attraits qu’à El Castillo : excursions à pied ou en barque pour découvrir la jungle environnante et sa faune, visite d’une fabrique de chocolat, rencontre des habitants etc.


Hébergement

Nous avions prévu de dormir à la Casa de Huespedes Chinandegano, dont nous avions lu beaucoup de bien. Hélas, il ne restait plus que trois places. Nous nous sommes alors résolus à descendre dans un petit hôtel un peu plus chic qu’à notre habitude, le Victoria (www.hotelvictoriaelcastillo.com), pourtant hors budget pour nous. Mais la propriétaire était si sympa que nous n’avions pas envie d’aller voir ailleurs. Elle nous proposait une chambre pour quatre à 90 euros bien trop chère pour nous. Je lui ai dit que nous avions maximum 100 euros pour deux nuits, et elle nous a aussitôt proposé une petite chambre très confortable pour tous les quatre. Le meilleur accueil que nous avons trouvé au Nicaragua, c’est là (juste avant l’excellent Lazybones de Leon).

A la descente de la lancha, prendre à gauche et remonter la petite ruelle pendant cinq à dix minutes le long du fleuve. Le Victoria est au bout.


Restaurants

Alors là, il ne faut vraiment pas chercher loin. La meilleure table d’El Castillo, mais aussi de tout notre séjour au Nicaragua, c’est encore au Victoria Hotel. Si vous n’y séjournez pas, vous pouvez y manger et surtout, n’hésitez pas : foncez-y. Leur boeuf notamment est divin.


Excursion nocturne au milieu des caïmans

Là encore, nous nous en sommes remis au Victoria pour nous organiser cette excursion de deux heures. Le guide était particulièrement sympa et a su se mettre Victor et Arthur dans la poche en leur faisant tenir dans leurs mains toutes sortes de reptiles, notamment un caïman juvénile.

  • Le prix : 45 dollars pour quatre personnes. Durée : deux heures.

 


LITTLE CORN ISLAND


Hébergement

Avant de choisir son hébergement sur Little Corn, il faut savoir deux choses :

D’une part, la côte ouest de l’île peut s’avérer étouffante en saisons sèche, alors que la côte est bénéficie d’une légère brise qui la rend plus supportable, notamment la nuit.

D’autre part – mais ça nous ne l’avons appris qu’une fois sur place, c’est-à-dire trop tard – la côte est subit sévèrement  les effets du réchauffement climatique. Elle est battue par les vents et les vagues, et les jours des rares établissements qui y sont encore ouverts semblent comptés. En effet, un enrochement sommaire a été réalisé pour contenir quelque temps encore les assauts des vagues.

Nous avons logé au Grace Cool Spot, dont les petites paillotes à apéro, où il devait faire si bon vivre et trinquer il n’y a pas si longtemps, sont aujourd’hui condamnées. Les bungalows en sursis sont situés quelques mètres derrière seulement. Le nom de l’établissement a récemment été modifié : l’établissement s’appelle désormais Grace’s Place.

Il s’agit en réalité de simples cases sur pilotis sans grand confort, où il vaut mieux éviter d’aller en saisons des pluies (de mai à décembre).

    

La nuit en effet, le vent hurle, la pluie tabasse le toit en tôle ondulée de manière assourdissante, et les vagues se fracassent sur les rochers situés à cinq mètres, donnant l’impression qu’elles vont nous emporter.

Comme il s’agit de cases, elles sont dotées d’une ventilation naturelle (espace de 20 centimètres entre le toit et les parois), et à deux reprises, nos lits se sont retrouvés inondés au milieu de la nuit à cause des infiltrations massives d’eau, dues à des orages qui n’en finissaient pas.

Bref, il est possible que le site vaille le coup en saison sèche (février à avril dans la partie Caraïbe du Nicaragua) en négociant le prix, mais les hébergements sur cette partie de l’île semblent voués à disparaître. Les lieux ne sont d’ailleurs plus très fréquentés. C’est d’autant plus dommage que le personnel du Grace Cool Spot a été d’une grande gentillesse du début à la fin de notre séjour.

  • Prix : 40 $ la chambre pour quatre avec douche privée et petit déjeuner inclus (avec douche commune : 15 $ la chambre pour deux et 20 $ celle pour trois).

Arrivée et départ : le bateau

Depuis Big Corn, qui possède un petit aéroport, on arrive à Little Corn et on en repart en bateau. La traversée agitée dure environ une heure, en fonction de l’état de la mer.

Quand il y a de la houle, le trafic maritime entre les deux îles est interrompu. Quelques mois avant notre arrivée, des touristes pressés ont voulu contourner cette interruption, en payant des locaux pour faire la traversée. Ils sont donc partis sur leur bateau mais ne sont jamais arrivés.

Conclusion : il est plus prudent de quitter Little Corn un ou deux jours plus tôt si la météo est mauvaise et si on veut être sûr de ne pas rater l’avion du retour sur Big Corn. C’est ce que nous avons fait.


Plongée

Il y a deux clubs de plongée sur Little Corn, tous deux situés sur la côte ouest : Dolphin Dive et Dive Little Corn. Les deux patrons ont deux points communs : ils sont sérieux et plutôt froids. Les prix sont similaires :

  • Le prix : 35 $ la plongée, 150 $ les cinq plongées, 70 $ le premier baptême et s’il se passe bien, 40 $ les baptêmes suivants.

Nous avons plongé avec Dive Little Corn, y compris les enfants qui ont fait deux jolis baptêmes avec une instructrice francophone.

 


BIG CORN ISLAND


 Hébergement

Big Fish Guest House : propre et situé face à la mer avec un personnel très agréable. Le récif est l’un des meilleurs de l’île pour le snorkeling.

  • Le prix : 40 $ la chambre de quatre personnes. 1 à 6 $ le petit déjeuner. Prêts de palmes, masques et tubas.

Restauration

Comedor Mari’s : très bon resto avec un bon accueil, situé à côté du Big Fish Guest House. La langouste entière à 10 $.

Island Bakery and Sweets : bonne petite pâtisserie à base de produits naturels, située entre le Big Fish et le Comedor Mari’s, et tenue par une locale très accueillante.


  • Résumé vidéo : immersion au Nicaragua (2 mn)…

 


Plus d’infos pratiques sur le Nicaragua :

Voyager en bus


 


A lire aussi :

LA BOLIVIE

 

TANZANIE : au coeur de la savane


 

TANZANIE : AU COEUR DE LA SAVANE

Tout au long de notre périple en Tanzanie, nous avons arpenté les fabuleux parcs animaliers du nord. Nous avons également été à la rencontre des habitants, notamment d’un peuple mythique : les Masaï.

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LES PARCS ANIMALIERS

Afin de préserver sa flore et surtout sa faune exceptionnelles, la Tanzanie a protégé pas moins du tiers de son territoire.

On traverse ces grands espaces naturels en 4×4, dont le chauffeur a reçu une triple formation très poussée : il est chauffeur-mécanicien, guide touristique incollable sur la faune locale, et trilingue. Le nôtre, Babou, nous passionnera du début à la fin du safari avec ses histoires africaines.

Quelques quatorze parcs nationaux constituent de véritables sanctuaires pour les animaux sauvages de Tanzanie. Nous en avons arpenté quatre : celui du lac Manyara, le fameux Serengeti, le cratère du Ngorongoro et le Tarangire.

 


LE PARC DU LAC MANYARA

Il est relativement petit et ce n’est sans doute pas le plus impressionnant. Mais pour qui vient d’une grande ville occidentale comme nous, le choc est immédiat quand même, car on y croise déjà toutes sortes d’animaux : singes, éléphants, gnous à barbiche etc.

Singe Vervet

Sans compter la principale attraction de ce parc : le lac Manyara et l’importante colonie de flamands roses qui y vivent, du moins à certaines périodes de l’année.

 


LE PARC DU SERENGETI

C’est l’un des parcs animaliers les plus réputés de toute l’Afrique et quand on le visite, on comprend vite pourquoi.

Aloe Vera dominant l’entrée du Serengeti

 

LES LIONS

Moins de cinq minutes après avoir passé l’entrée du parc, nous apercevons déjà notre première lionne qui se tapit sur le bord de la piste, à quelques mètres de notre 4×4. Elle est camouflée dans les herbes hautes de la même couleur que sa robe, les yeux rivés sur le troupeau d’impalas qui broutent un peu plus loin.

Elle s’apprête à lancer son attaque contre eux, et nous commençons déjà à nous demander comment nous pouvons préparer nos fistons à la boucherie qui s’annonce.

Mais les 4×4 arrivant les uns après les autres, le troupeau d’impalas s’éloigne tranquillement.

Un mal pour un bien apparemment pour notre lionne, puisqu’elle décide finalement de s’affaler au beau milieu de l’étroite piste, ce qui oblige d’ailleurs notre chauffeur à faire un écart pour ne pas lui rouler dessus.

C’est au-delà de nos espérances : nous avons tout juste passé l’entrée de ce parc mythique que, non seulement nous n’avons attendu qu’une poignée de minutes avant de pouvoir observer une lionne à l’affût, mais en plus, nous passons à une cinquantaine de centimètres d’elle seulement, juste séparés par la frêle vitre du 4×4.

Du coup, ironie du sort, avec mon téléobjectif de 300 mm qui m’a coûté un bras, il m’est impossible de la photographier tellement elle est près !

Heureusement, les autres occasions de tirer le portrait à ce grand félin seront fréquentes dans le Serengeti, car nous en croiserons plusieurs fois par jour.

Jeune lionne maculée du sang de son dernier repas

 


LA SAVANE

Dès le début du safari, Babou nous avait expliqué qu’il existait trois types de savanes : herbeuse, arbustive et arborée. La particularité de celle du Serengeti, c’est qu’elle fait partie de la première catégorie : des plaines entières sont ainsi recouvertes d’herbes plus ou moins hautes et couleur paille vu la saison (nous sommes en juillet). L’avantage, c’est qu’on peut voir les animaux de très loin, notamment toutes sortes d’antilopes, dont les bonds gracieux ne cessent de nous impressionner.

On trouve quand même des zones arborées dans le Serengeti, et les animaux qui vont avec.

 

 

 

Tanzanie (25)

 


LE CRATÈRE DU NGORONGORO

Le Ngorongoro est un immense volcan endormi dont la caldeira mesure une vingtaine de kilomètres de diamètre. Au fond, c’est une véritable oasis de vie : toute la faune africaine semble s’être donné rendez-vous dans ce superbe écrin végétal. Les parois de la caldeira sont hautes de cinq cents mètres et forment une barrière naturelle empêchant les animaux d’en sortir.

La densité d’animaux nous avait déjà paru importante dans le Serengeti, car nous ne passions jamais plus de cinq minutes sans en apercevoir. Mais au fond du Ngorongoro, c’est vraiment impressionnant : on a des animaux en ligne de mire en permanence.

Une grue à tête couronnée

 


SCÈNES DE VIE QUOTIDIENNE : LE CHACAL, LE FAON ET LES LIONS

Les scènes de la vie quotidienne se succèdent : nous apercevons d’abord un chacal, les pattes dans l’eau, qui tente en vain d’intégrer des flamands roses à son menu du jour.

Puis un premier moment fort : la mise bas d’une gazelle. Le faon, c’est son nom à lui aussi, doit absolument réussir à se lever dès les premières minutes de sa vie pour aller téter sa mère. En effet, c’est ce premier lait qui lui donnera la force indispensable de marcher afin d’aller se mettre à l’abri des prédateurs.

Hélas, l’équilibre de notre petit faon s’avère très précaire et il ne cesse de s’affaler, pas vraiment aidé par sa mère qui le fait vaciller à plusieurs reprises.

La scène ressemble à s’y méprendre à celle où un autre faon, Bambi, certes plus connu mais pas plus doué, prend gamelle sur gamelle en tentant de marcher sur la glace.

Qu’importe, la petite gazelle finit enfin par réussir à téter sa mère et gagner ainsi la première bataille de sa vie. Mais pas la dernière…

Au fil des virages qu’avale notre 4×4, nous avons l’impression de tourner à une vitesse effrénée les pages de cette encyclopédie à ciel ouvert : lions, antilopes, gnous, flamands, zèbres, tous les animaux de la savane défilent sous nos yeux écarquillés. Un moment magique.

 

Aigle pêcheur

 


LE ROI DE LA JUNGLE DANS TOUS SES ÉBATS

Pourtant, le moment le plus impressionnant est encore à venir : après avoir repéré l’odeur fétide d’une charogne, Babou roule quelques minutes au ralenti, guidé par son nez. Et il nous dégote rapidement deux couples de lions en train de se reposer autour des restes d’un zèbre, dont seule subsiste une patte arrière qui gît dans les herbes.

L’une des deux lionnes se lève alors et à sa façon de se frotter contre son compagnon, lequel dormait paisiblement jusque-là, nous comprenons vite qu’elle est en chaleur. Le lion en question, bien qu’encore assoupi, ne se fait pas trop prier pour accomplir sa besogne.

Puis le couple se roule par terre et s’amuse un peu avant de se rendormir brièvement.

Babou nous explique alors que lorsqu’une lionne a ses chaleurs, elle a besoin d’avoir un rapport… toutes les dix minutes pendant huit à dix jours ! Puis il ajoute que si le mâle fatigue un peu, la lionne change de partenaire. En tout cas, celle que nous observons a en effet un sacré appétit car nous assisterons à plusieurs accouplements successifs.

Moralité : manger, dormir, s’accoupler ; par ici, la vie des lions a l’air nettement moins rude que celle des zèbres ou des gazelles…

 


LE PARC NATIONAL DU TARANGIRE

C’est notre quatrième et dernier parc. Même si l’on y croise beaucoup d’animaux, il nous paraît un cran en-dessous des deux merveilles que sont le Serengeti et le Ngorongoro. Mais ce joli parc est à voir quand même, notamment pour ses deux points forts : les baobabs et les éléphants.


LES BAOBABS

Cet arbre possède un pedigree étonnant : notamment, il peut atteindre l’âge vénérable de mille ans, voire friser les deux mille. Du coup, sa circonférence peut dépasser les douze mètres.

Tanzanie (26)


LES ÉLÉPHANTS

Nous aurons dans ce parc quelques petites palpitations lorsqu’un jeune éléphant prendra un air menaçant en agitant sa trompe dans notre direction, les oreilles dressées. Babou nous explique alors que lorsque quelque chose qu’il ne connaît pas l’intrigue, c’est ainsi que ce pachyderme renifle. Le but : détecter par l’odeur un éventuel danger.

Malgré ce comportement, Babou est zen car il a coupé le moteur. Nous le sommes un peu moins. D’autant moins que les éléphants se rassemblent assez vite autour du jeune renifleur et l’imitent, face à nous. Puis ils finissent par s’approcher avant de traverser la piste au trot derrière notre 4×4. Le gros mâle qui ferme la marche passe en barrissant dans notre direction, en nous défiant du regard.

Nous terminerons notre séjour tanzanien au Tarangire en observant les animaux habituels, mais toujours sans la moindre lassitude.

 


LES MASAÏ

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LA CULTURE MASAÏ

Ce peuple vit de part et d’autre de la frontière entre la Tanzanie et le Kenya. Semi-nomades, la tradition veut qu’ils soient à la fois éleveurs et guerriers.

S’ils sont devenus célèbres dans le monde entier, c’est pour la tradition selon laquelle tout jeune Masaï devait tuer un lion pour pouvoir passer à l’âge adulte. Il s’agirait en fait d’un mythe et pourtant, la frontière avec la réalité reste floue. En effet, de tous temps, les Masaï ont bel et bien tué des lions car cela les couvrait de prestige. Ces temps sont révolus puisque aujourd’hui, tuer cet animal n’est plus autorisé.

Les Masaï se divisent en deux catégories : ceux qui souhaitent conserver leurs traditions, et ceux qui préfèrent se développer par le biais du tourisme. Si les premiers sont à l’écart des chemins touristiques, pas les seconds. Il n’est donc pas trop difficile de trouver l’un de leurs villages sur le bord de la piste et c’est ce que nous avons fait, entre les parcs du Serengeti et du Ngorongoro.

Dès notre arrivée, les femmes Masaï nous arrachent Marie pour l’emmener danser avec elles. Pendant ce temps, un solide guerrier guide Victor et Arthur vers le groupe des hommes. Ces derniers ont beau chanter et sauter de manière tout à fait pacifique, nos fistons ne sont qu’à moitié rassurés.

 


LE VILLAGE MASAÏ

Après avoir récupéré Marie, nous faisons le tour du village en compagnie d’un jeune Masaï qui parle à peu près anglais, et qui nous explique leur mode de vie et leurs traditions. Nous entrons discuter dans sa case, construite en branches et en boue séchée. Elle est également tapissée de bouse de vache (séchée donc non malodorante), qui fait office d’isolant thermique. Étonnant mais terriblement efficace, car il fait particulièrement bon à l’intérieur alors que dehors, la chaleur est écrasante.

On nous emmène ensuite dans l’école du village ou une vingtaine d’enfants de tout âge suivent le même enseignement. Nous avons droit à un chant de bienvenue que nos petits hôtes hurlent avec beaucoup d’enthousiasme. Puis Victor et Arthur sont invités à s’asseoir parmi eux, ce qui provoque l’effondrement du banc de fortune, fait de branchages divers. Tous les enfants assis dessus s’affalent par terre à l’exception d’Arthur qui, stoïque, provoque un éclat de rire général.

Lorsque vient l’heure de quitter le village, nous nous demandons si les Masaï n’ont pas suivi une formation chez Ikea. En effet, de même que le géant suédois fait suivre un chemin bien précis à ses clients pour leur faire visiter l’ensemble du magasin sans en rater le moindre recoin, nos Masaï ont installé sur une barrière de branches, entre l’école et notre 4×4, une multitude de bijoux qu’ils ont confectionnés à base de petites perles. On ne peut donc pas les rater.

Ils nous parent tous les quatre de ces colliers et bracelets faits main. Adeptes que nous sommes du tourisme équitable, nous nous prêtons volontiers à ce petit jeu jusqu’au moment de passer à la caisse : à partir de cinquante dollars le modeste bracelet de perles, le prix nous paraît quand même rédhibitoire. Nous reposons donc poliment nos ornements puis discutons encore quelques instants avec nos hôtes avant de les quitter.

Ce final nous gâche un peu la visite pour laquelle nous avions déjà versé un « droit d’entrée » de cinquante dollars. Avec du recul, nous ne regrettons absolument pas d’avoir passé cette matinée en compagnie de ce peuple mythique. Alors évidemment, cela manque un peu d’authenticité. Mais Victor et Arthur ont appris plein de choses à cette occasion, et nous aussi.

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LA CAMPAGNE ET SES HABITANTS

En quittant le Ngorongoro, nous nous rendons à un lodge situé quelques kilomètres plus loin, où nous avons rendez-vous avec un jeune habitant du coin, James. Il est cuistot dans cet établissement mais arrondit ses fins de mois en faisant visiter la campagne et les villages alentour aux voyageurs de passage.


LA PHARMACIE DE CAMPAGNE

Avant de nous emmener dans un village perdu au milieu des plantations de café, il tient à nous montrer comment les habitants de la campagne tanzanienne, de même que les Masaï, utilisent la nature généreuse qui les entoure comme une gigantesque pharmacie à ciel ouvert.

Ainsi, il nous invite tout d’abord à tester le dentifrice local : il s’agit de mâcher des feuilles d’eucalyptus dont les vertus aseptisantes nettoient la bouche. Elles servent plus généralement à désinfecter les plaies.

James ramasse ensuite des espèces de petits cailloux noirs comme du charbon. Il nous explique qu’en cas de morsure de serpent, lesquels pullulent dans la région, il faut frotter ces petits cailloux sur la zone infectée afin de ralentir la progression du venin dans l’organisme. Cela permettrait de gagner du temps pour aller voir un médecin et se faire administrer un antidote.

Il nous montre également un petit fruit appelé « demlèlè », qui ressemble à une tomate-cerise jaune. Le jus qu’il contient, délayé dans un peu d’eau, fait tout simplement office de savon.

 


LA VIE QUOTIDIENNE

Après une bonne heure d’étude en pharmacologie 100% bio, nous arrivons dans un minuscule hameau où nous sommes accueillis par une habitante, dont le visage respire autant la gentillesse que la pauvreté.

Elle nous invite à la suivre dans un petit abri. Là, juchée pieds nus au sommet d’un énorme tas de bouse de vache qui suinte entre ses orteils, elle nous explique qu’elle passe ses journées à la sortir de l’abri pour la faire sécher au soleil, puis à la rentrer le soir pour qu’elle ne prenne pas l’humidité de la nuit. Comme chez les Masaï, cette bouse de vache, qu’elle malaxe de ses mains une partie de la journée pour l’aider à sécher, est utilisée pour isoler thermiquement les parois des habitations.

En sortant, c’est donc une main maculée de bouse qu’elle tend gentiment à Victor et Arthur. Marie et moi sommes fiers de voir que, bien que pas très ragoûtés, ils la serrent quand même sans hésiter. Nous faisons de même, par politesse et par respect, en n’oubliant pas d’attraper discrètement et dès que possible une lingette désinfectante.

Mais entre-temps, Arthur, qui a déjà oublié ce qu’il a sur les mains, porte machinalement ses doigts à la bouche ! Qu’importe, tels de vrais Masaï, nous nous frottons tous les quatre les mains avec les feuilles du premier eucalyptus venu, et nous en faisons surtout mâcher à Arthur pour qu’il s’aseptise la bouche. La leçon de vie africaine transmise par James un instant plus tôt porte déjà ses fruits.

Avant de prendre congé de cette dame, elle nous montre fièrement toute sa fortune : une vieille chèvre, qui n’en a visiblement plus pour très longtemps. Nous la remercions chaleureusement en lui glissant un billet qui pourra l’aider un peu.

Nous terminons cette visite initiatique en passant devant un puits situé au milieu de nulle part. Il est pourtant vital pour tous les habitants du coin, qui s’y pressent assez nombreux. Certains doivent faire une ou deux heures de marche jusque-là chaque jour pour y puiser l’eau dont a besoin toute leur famille pour vivre.

Victor et Arthur connaissaient déjà la théorie selon laquelle l’eau douce est une ressource précieuse, mais elle prend là tout son sens : ils réalisent ainsi que les maisons du monde entier ne sont pas toutes équipées d’un robinet.


 

  • Plus d’images ?  → « Autour du monde » en passant par la Tanzanie (vidéo)

 


INFOS PRATIQUES


J’avoue que c’est un peu hors-sujet mais j’ai une belle-mère exceptionnelle : pour son anniversaire, c’est elle qui nous a offert un cadeau, et quel cadeau : un séjour en Tanzanie pour toute la famille ! C’est donc elle qui a réservé le tour, mais je me suis quand même procuré quelques infos pratiques…


COMMENT ORGANISER SON SAFARI ?

L’idéal, mais aussi le plus cher, consiste à réserver le tour avant son départ, a fortiori en haute saison (juin à septembre). Nous sommes passés par Léopard Tours, une grosse agence tanzanienne, très pro, avec d’excellents chauffeurs-guides.

Mais on peut aussi préparer son safari sur place, moyennant toutefois quelques précautions.

D’abord, prendre le temps de bien comparer les offres et ne surtout pas se précipiter, malgré la pression que peuvent mettre les agences et leurs rabatteurs.

Ensuite, pour faire descendre le prix, l’hébergement en tente s’impose : on dort alors en dehors des parcs. Cela signifie qu’on passe forcément un peu plus de temps dans le 4×4, pour rejoindre les parcs le matin et en sortir le soir.

  • Le prix : il a flambé en quelques années. Alors qu’on pouvait organiser son safari pour moins de 200 euros, par personne et par jour, jusqu’au milieu des années 2010, il faut compter au minimum 250 à 300 euros aujourd’hui pour des prestations similaires (basse saison, petite tente sans sanitaires etc…). A noter que ce prix comprend la fameuse taxe controversée de 18% créée en 2016, et applicable à tous les produits touristiques…
  • Bon à savoir : pour proposer des prix compétitifs, les agences ont tendance à entasser les clients dans les 4×4, et à limiter repas et boissons, en quantité comme en qualité. A prendre en compte au moment de la négociation.
  • Attention : le chauffeur-guide est obligatoire à l’intérieur des parcs et réserves.

→ Une alternative : découvrir les parcs du Kenya voisin, moins chers… pour l’instant ! La réputation du Masaï Mara ou d’Amboseli n’est plus à faire. Nous avions visité celui de Tsavo Est il y a quelques années et les prix étaient dérisoires comparé à ce qui se pratique aujourd’hui en Tanzanie. En revanche, la densité d’animaux était très faible et la qualité du safari n’avait rien eu à voir…

Si on n’a pas de contrainte de budget, alors l’idéal consiste à réserver les nuits dans les lodges situés dans les parcs.

D’une manière générale, il ne faut pas négliger la sécurité dans les parcs, y compris dans l’enceinte des lodges. Il y a parfois des accidents mortels avec les animaux : même si c’est rare, ça arrive (attaque mortelle d’un léopard sur un enfant en 2005 dans l’enceinte d’un hôtel du Tarangire).


ZANZIBAR

Beaucoup de voyageurs prolongent leur safari tanzanien à Zanzibar, petit archipel paradisiaque situé dans  l’Océan Indien. Cela permet de se délasser sur de longues plages désertes de sable blanc, après quelques jours de safari passés dans un 4×4 à arpenter des pistes poussiéreuses et bosselées…

Si l’on a choisi un safari organisé par une agence, l’extension de quelques jours à Zanzibar constitue en général un surcoût élevé : les agences en question ont tendance à se faire plaisir.

Toutefois, il est vrai que les hébergements ne sont pas donnés, le camping étant par exemple interdit. Mais en comparant les prix sur les traditionnels sites de réservations en ligne, on parvient vite à trouver de petits hébergements très corrects à des prix très abordables.


QUELQUES SITES UTILES

Office de tourisme de Tanzanie (en anglais)

Site des parcs nationaux (en anglais)

Office du tourisme de Zanzibar (en français)


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LA BOLIVIE

INDONÉSIE : les merveilles de Java, Flores et Komodo



 

PORTFOLIO : LE NICARAGUA EN NOIR ET BLANC


L’archipel lacustre de Solentiname


 

Chaîne de volcans. Au premier plan : le cratère du Telica


 

Caraïbes, Little Corn Island


 

El Castillo. A la chocolaterie


 

Habitante d’El Castillo


 

Navigation en lancha sur le San Juan


 

Maître potier, vers Masaya


 

Habitants d’El Castillo


 

Habitante d’El Castillo


 

L’archipel lacustre de Solentiname


 

Granada


 

Saison des pluies à Leon


 

San Carlos, l’embarcadère


 

Le San Juan à El Castillo


 

Passager d’une lancha sur le San Juan


 

Habitant d’El Castillo


 

Le guide pour l’ascension du Telica

 


Coup de coeur : le Nicaragua                                                 Accueil


 

AU CŒUR DES ANDES : LE PÉROU

Le lac Titicaca : l’île de Ticonata

C’est un voyage en immersion au cœur de l’Amérique du Sud que nous avons fait, pour y découvrir à la fois la culture andine dans les endroits les plus reculés, les paysages à couper le souffle qui bordent chaque chemin, et les vestiges précolombiens un peu partout…

Nous n’avions que deux semaines à passer sur place pour faire notre périple dans cette partie du monde qui nous attirait comme des aimants. Alors en préparant ce voyage, il nous a fallu faire des choix. Et pour nous, trois sites étaient incontournables :

  • le Machu Picchu au Pérou
  • les grands espaces du Salar d’Uyuni et du Sud-Lipez en Bolivie
  • le lac Titicaca de part et d’autre de la frontière entre les deux pays.

Outre ces trois sites, nous avons quand même pu flâner un peu partout au fil du parcours : à Lima et Cuzco au Pérou, ou encore à La Paz et Tiwanaku en Bolivie…

Une foule d’autres sites nous attiraient mais si nous manquions de temps pour en faire plus, c’est aussi parce que dans cette région du monde, un certain nombre de paramètres allongent les temps de trajets : l’acclimatation à l’altitude, les routes sinueuses des montagnes, ou encore les distances relativement longues (la superficie du Pérou et celle de la Bolivie représentent chacune le double de celle de la France)…


LIMA

Pour rejoindre notre première étape péruvienne, le mythique Machu Picchu, il nous faut passer par la ville de Cuzco. Ça tombe bien, elle est dotée d’un aéroport international. Mais le problème, c’est qu’elle est située à 3400 mètres d’altitude, soit l’équivalent du plus haut sommet des Pyrénées, rien que ça ! Or, si nous descendons directement de l’avion à cette altitude-là, il y a de fortes chances que nous soyons atteints par le fameux « sorroche », ce mal typique des montagnes.

C’est pourquoi nous avons préféré prendre un vol pour Lima, qui est située au niveau de la mer. De là, nous ferons quelques 21h30 de bus pour rejoindre Cuzco. Du moins en théorie, car le trajet durera finalement un peu plus de 25 heures… Le but de ce long voyage est de monter progressivement en altitude, afin de nous y accoutumer peu à peu et de résister ainsi au sorroche.

En attendant de prendre ce fameux bus, nous avons une demi-journée devant nous pour visiter un peu la capitale péruvienne. Au moment de quitter l’hôtel, la personne de l’accueil nous met directement dans l’ambiance de cette partie du monde : elle nous apprend en effet que cette nuit, il y a eu un tremblement de terre assez fort non loin de Lima (5,1 sur l’échelle de Richter). Apparemment, beaucoup de gens l’ont ressenti mais pas nous, qui étions trop occupés à récupérer du long vol depuis la France ainsi que du décalage horaire.

Notre hôtel étant situé à proximité immédiate de la basilique et du monastère Saint-François-d’Assise, c’est là que nous faisons notre première halte.

Cet édifice religieux abrite aussi les catacombes. Des milliers d’ossements y sont exposés, dans des souterrains sombres et exigus : comme toujours dans ce genre d’endroit, les lieux nous font frissonner.

Après la visite des catacombes, nous faisons un bref tour du centre-ville, où certaines ruelles sont bordées de belles bâtisses coloniales toutes plus colorées les unes que les autres.

Mais l’heure tourne et le départ pour Cuzco approche. Nous rejoignons donc la gare routière afin de monter dans le bus qui va nous faire traverser le pays en direction du Machu Picchu.

Le trajet en bus Lima – Cuzco

Ce bus à étage est un « super-cama », c’est-à-dire qu’il comporte des sièges larges, confortables et inclinables quasiment à l’horizontale. Nous qui allons y passer vingt-cinq heures, il nous fallait bien ce petit confort-là !

Le trajet Lima-Cuzco en bus, à travers les montagnes péruviennes

Si ce trajet est très long, il nous procure quand même un sacré avantage : nous pouvons admirer les superbes paysages péruviens tout en récupérant tranquillement du décalage horaire. Ce véritable marathon en bus n’est donc pas une mauvaise idée, d’autant que nous avons réservé les deux places de l’étage qui sont situées tout à l’avant, juste devant le pare-brise. Ainsi, non seulement nous avons un peu plus de place que les autres passagers, mais en plus nous pouvons dévorer des yeux les panoramas qui défilent tout au long du trajet : montagnes, petits villages etc.


CUZCO

C’est donc avec 3h30 de retard que nous débarquons enfin à Cuzco, sous une pluie battante. Nous qui avions déjà un timing assez serré, voilà qu’en plus le retard du bus nous rabote un peu le temps de visite prévu pour Cuzco. Mais ce n’est pas bien grave, nous ne nous attendions pas non plus à une ponctualité parfaite et de toute manière, nous sommes trop heureux de pouvoir enfin nous dégourdir un peu les jambes, surtout ici en terre Inca.

Nous rejoignons en taxi le Pantastico Bed and Bakery que nous avons réservé, une géniale petite auberge de jeunesse située à cinq ou dix minutes à pied du centre-ville. Notre petite chambre est accessible depuis l’étage de l’établissement par une étroite échelle de meunier. Du coup, elle nous offre une vue panoramique sur l’ancienne « capitale » de l’empire Inca et les montagnes qui la cernent.

Nous prenons à peine de le temps de poser nos sacs à dos dans la chambre et de faire un brin de toilette, puis nous partons à pied découvrir le cœur de la ville : la Plaza de Armas.

Évidemment, nous ne pouvons pas manquer la fameuse cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, bâtie par les conquistadors dès leur prise de la ville au 16e siècle, dans le but de faire triompher leur foi chrétienne et de l’imposer aux locaux.

Nous sommes déjà passés par là tout-à-l’heure en taxi et, comme à chaque fois qu’il passait devant une église, notre chauffeur se signait quatre ou cinq fois à la vitesse de l’éclair en marmonnant quelques paroles de croyant : cinq siècles plus tard, il semble bien que les conquistadors espagnols aient réussi leur entreprise de conversion forcée…

La cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption

Ça nous fait du bien de marcher un peu après ces vingt-cinq heures passées affalés dans le bus. Nous nous contentons donc de flâner dans les rues en prenant le pouls de la ville, et de finir la journée dans un bon petit resto local.

Le lendemain matin, nous rejoignons la gare ferroviaire de Cuzco. Nous avons réservé deux places dans le fameux train panoramique qui va nous faire traverser les Andes jusqu’à Aguas Calientes, notre prochaine étape.

Le train « Vistadome »

AGUAS CALIENTES

Nous aurions bien aimé faire un trek dans la vallée sacrée des Incas pour rallier Aguas Calientes mais ce n’était pas possible car nous manquions de temps. En plus, notre organisme n’est pas encore complètement acclimaté à l’altitude, et marcher longtemps aurait sans doute été trop éprouvant.

Aguas Calientes

Encastré dans les montagnes, ce petit village de moins de 2000 habitants est posé aux pieds du Machu Picchu, dont il est en quelque sorte l’incontournable « camp de base ».

Mais à part se délasser dans les eaux thermales (d’où le village tient son nom), il n’y a à peu près rien à voir ni à faire à Aguas Calientes : il y a beaucoup de touristes et donc beaucoup d’hôtels, de restos, de boutiques de souvenirs…

Il s’agit d’un village touristique, pas d’un village authentique. Il y a bien une petite église coloniale à découvrir ainsi que la statue de l’Inca Pachacutec, le fondateur du Machu Picchu, mais c’est à peu près tout.

La statue de Pachacutec

LE MACHU PICCHU

La ville est juste le point de départ quasi-obligé vers le Machu Picchu, ce fameux site inca où l’on se rend grâce à l’un des innombrables bus qui font le trajet quotidiennement. Ce fabuleux site archéologique n’ouvrant ses portes qu’à 6h00, le premier bus part vers 5h40.

Ainsi, quand nous arrivons au départ à 5h25, la file d’attente pour le bus est déjà si longue que nous n’en voyons même pas le bout ! Incroyable. Nous avions bien entendu parler de cette forte affluence mais nous ne pensions pas que c’était à ce point, qui plus est en période creuse (octobre). Combien sont-ils devant nous : cinq cents ? Six cents ?…

Heureusement, quelques dizaines de bus se succèdent sans relâche et au bout de près d’une heure d’attente, c’est enfin notre tour. Derrière nous patientent déjà autant de personnes qu’il y en avait devant nous une heure plus tôt. Impressionnant.

Pendant une bonne vingtaine de minutes, le bus monte sur une petite route en lacets. Arrivés en haut, nous descendons du bus et une fois l’entrée du site franchie, quelques lamas nous guident vers le premier gros objectif de notre périple andin : le Machu Picchu.

Dans un premier temps, pendant trois bonnes heures, Marie et moi arpentons l’ensemble de ce site mythique en savourant cette chance que nous avons de nous trouver dans un endroit pareil.

Si ce site a traversé les siècles sans bouger, c’est notamment grâce à des règles de construction d’exception : la façon de tailler les pierres pour qu’elles s’encastrent à la perfection les unes dans les autres, est impressionnante. Pourtant, elles sont si larges et épaisses que ce travail de taille a dû nécessiter une sacrée énergie.

Au cœur du site se trouve le fameux Temple du Soleil : il s’agit d’un gros rocher au sommet duquel a été construite une tour.

Cet ensemble surmonte une sorte de petite grotte où de fins travaux de sculptures ont été réalisés. On pense aujourd’hui qu’il s’agissait d’un mausolée où reposaient des momies, et où diverses cérémonies étaient organisées.

Après cette première visite avec Marie, je vais sortir du site afin de trouver un guide francophone à l’entrée puis retourner à l’intérieur de l’enceinte avec lui. En effet, je souhaite faire une vidéo de notre périple andin comportant quelques témoignages de locaux que nous rencontrerons au fil du voyage.

Revenu devant le guichet d’entrée, je demande au premier guide que je croise s’il est francophone. Ce n’est pas le cas mais il demande aussitôt à ses collègues qui l’entourent où se trouve un certain Alaïn (prononcé à l’espagnole, ça donne « Alahine »). On l’appelle pour me le présenter. Il a l’air très sympa et je lui expose mon projet de vidéo, auquel il adhère immédiatement avec un grand sourire.

Au cours de la marche qui nous emmène en face de la huitième merveille du monde, il m’explique que sa mère, lorsqu’elle était jeune, était une fan absolue d’Alain Delon. A sa naissance, c’est donc tout naturellement qu’elle voulut le prénommer « Alain Delon » ! Mais son mari s’y opposa (sans blague ?!), concédant quand même le prénom d’Alain qu’au Pérou, tout le monde prononce donc « Alahine ».

Alain, notre guide péruvien

Et pendant deux heures, Alain va nous emmener, d’une part dans les moindres recoins du Machu Picchu, et d’autre part dans un passionnant voyage à travers le temps.

Il nous explique pour commencer que, si le Machu Picchu fût construit ici, c’était dans le but d’unifier toutes les tribus de l’Amazonie.

Puis il poursuit : « Inca » signifie « Fils du Soleil ». L’Inca était considéré non pas comme un humain mais comme un Dieu. Lui et son peuple vénéraient le Soleil : quand le temps était gris, ils étaient tristes mais dès que le soleil brillait, eux aussi rayonnaient. Car ils savaient que tout allait pousser : la végétation, les plantes et bien sûr tous les fruits et légumes dont ils avaient besoin.

Petite sieste au milieu de ruines précolombiennes

Puis c’est sans transition que je questionne Alain sur les sacrifices humains que pratiquaient les incas. Il me répond que contrairement à une idée reçue, ces sacrifices n’étaient pas violents : ils se déroulaient paisiblement.

Quand un enfant naissait un jour spécial (jour de solstice, d’éclipse, de tremblement de terre etc.), on considérait qu’il ne venait pas de ce monde. On l’éduquait en lui expliquant que ses parents l’attendaient là-haut, dans le monde du ciel et des Dieux. Et que pour aller les rejoindre, il était nécessaire de le sacrifier. Il grandissait donc avec cette idée, jusqu’à l’arrivée du « grand jour » : on lui faisait alors mâcher de la coca fraîche qui, contrairement à la coca sèche, possède des vertus anesthésiantes.

Puis on emportait son corps, endormi mais vivant, au cours de grandes processions dans la montagne et les glaciers, lesquelles pouvaient réunir jusqu’à 15.000 personnes.

Le Putucusi vu depuis le Machu Picchu

Une fois là-haut, on abandonnait son corps après l’avoir recouvert de pierres et de neige, et il s’endormait pour toujours, pour ne jamais plus se réveiller…

C’est sur cette histoire d’un autre temps que nous quittons les lieux, sous les brefs rayons de ce soleil si cher aux incas.


LE LAC TITICACA

De retour dans notre auberge de jeunesse à Cuzco, notre petite chambre d’altitude et son simple vitrage nous réservent une nuit glaciale.

Le lendemain, toujours à cause du manque de temps, c’est en avion que nous allons faire le trajet entre Cuzco et Puno. Cette ville est posée sur la côte occidentale du lac Titicaca, notre prochaine étape. Nous regrettons un peu de ne pas avoir le temps de faire le trajet entre les deux cités en bus, car le paysage est réputé magnifique. Mais d’un autre côté, il tombe de tels abats d’eau au moment où nous quittons Cuzco que finalement, nous n’allons peut-être pas rater grand-chose…

Le lac Titicaca, dominé au loin par la Cordillère des Andes

Le vol passe rapidement et après l’atterrissage, nous rencontrons Beto, un chauffeur dont nous avions réservé les services depuis la France, via Tout Pérou (cf. les infos pratiques en fin d’article). Il s’agit d’une petite agence qui se présente comme un réseau solidaire, et qui organise des voyages très personnalisables à travers tout le pays, souvent hors des sentiers battus. Nous nous étions adressés à eux pour qu’ils réalisent l’impossible : nous organiser un séjour d’à peine vingt-quatre heures sur la petite île non touristique de Ticonata, en plein lac Titicaca.

De même que de nombreux voyageurs, nous avions initialement prévu de découvrir les fameuses îles flottantes des indiens Uros, qui sont construites avec les roseaux du Titicaca : la totora. Mais il se trouve qu’elles sont envahies par les touristes, et qu’elles sont donc totalement dénuées d’authenticité : ce n’est pas ce que nous recherchons.

Les autres îles du lac, solidement ancrées au fond celles-là, sont réputées pour leur beauté : Amantani et Taquile côté Pérou, l’Isla del Sol côté Bolivie. Mais si la densité de touristes n’y est pas énorme, elle n’est pas négligeable non plus. C’est pourquoi nous avons choisi celle de Ticonata, au moins aussi belle mais beaucoup moins connue, et donc très peu fréquentée.

Après nous avoir cueillis à l’aéroport, Beto nous emmène donc sans perdre de temps à Ccotos, face à notre petite île. A cet instant, il fait encore beau et l’eau du lac est d’un bleu profond.

Là, nous rencontrons Simon, le membre de la communauté qui vit sur l’île et qui va nous y emmener en barque. A part lui, l’endroit est à peu près désert et nous avons déjà l’impression d’être au bout du monde.

Simon

Mais nos premiers ennuis – et pas les derniers – commencent lorsque Simon ne réussit pas à faire démarrer le petit moteur de la barque. A force d’insister, il en casse même la corde du démarreur. C’est donc à la rame, vent de face, que nous devons gagner Ticonata.

Simon ayant 64 ans, je l’aiderais volontiers à ramer. Mais Marie et moi avons beau nous être un peu habitués à l’altitude depuis notre arrivée à Cuzco il y a trois jours (3400 mètres), les 3800 mètres du Titicaca constituent quand même une montée supplémentaire qui se fait ressentir dans mon organisme : clairement, je ne me sens pas capable de ramer efficacement sur cette petite barque. Ainsi, sans moteur, le trajet va durer plus d’une demi-heure au lieu de dix petites minutes.

Mais dans le même temps, la météo change brusquement. Le ciel devient noir, l’eau du lac aussi. La pluie fait son apparition, puis tombe de plus en plus fort. Simon nous tend une vieille bâche pour nous protéger, mais elle est percée partout et a l’efficacité d’une passoire. Les éclairs commencent à transpercer le ciel au loin, puis se rapprochent peu à peu, à grands coups de tonnerre. Le vent se lève et la « mer » se creuse de plus en plus. Quelques mètres au-dessus de nos têtes voltige une poignée de mouettes qui, nous prenant pour des pêcheurs, nous quémandent du poisson en hurlant.

Bien que « galérant » au beau milieu du lac Titicaca, saoulés par le vent et détrempés par le ciel andin qui se vide sur nous, Marie et moi avons le sourire aux lèvres : nous sommes heureux parce que ces conditions dantesques dans cet endroit mythique achèvent de rendre ce moment inoubliable.

Ticonata juste après l’orage

C’est donc sous une pluie battante que nous posons enfin les pieds sur Ticonata. Mais gagner les quelques habitations de l’île se mérite car notre chemin de croix n’est pas terminé : il nous faut encore gravir une colline à pied pendant une dizaine de minutes, chargés de nos sacs à dos de vingt kilos. A cette occasion d’ailleurs, Marie m’épate. L’adversité ne la ralentit pas, elle ne se plaint pas un instant et fait face, bien que trempée jusqu’aux os. Je dois dire que je suis assez fier d’elle.

C’est donc à l’état liquide que nous arrivons enfin dans la salle commune de l’île où nous attend Mariano, un septuagénaire en pleine forme. La soupe chaude qu’il nous a préparée est simple mais tellement régénérante.

Mariano

Nous pouvons enfin discuter avec nos hôtes. Comme tant d’autres dans cette région du Pérou, ils sont Quechuas et descendent donc des Incas. Mais contrairement à la plupart d’entre eux, ils parlent espagnol, ce qui nous permet de communiquer. La petite communauté qui vit ici ne compte qu’une quinzaine d’habitants, et ils ont monté une petite association qui leur permet d’accueillir les quelques baroudeurs de passage tout au long de l’année.

Lorsque nous nous risquons à remettre le nez dehors, la pluie a enfin cessé et le soleil tente péniblement de reprendre ses droits avant la tombée de la nuit.

Simon et Mariano nous expliquent que nos deux jours de présence sur l’île coïncident avec la fête annuelle du petit village situé juste en face, sur le continent. A cette occasion que pas un local ne veut rater, Ticonata s’est donc vidée de ses quelques habitants, à l’exception de Simon et Mariano, restés pour nous recevoir.

Certes, nous regrettons de ne pas pouvoir rencontrer les autres habitants. Mais d’un autre côté, nous avons droit à une île du Titicaca rien que pour nous, ce qui est tout simplement exceptionnel, et c’est sans doute un peu égoïstement que nous savourons cette aubaine.

Nous rentrons pour dîner avec nos hôtes, et nous passons une partie de la soirée à discuter tous les quatre de la vie sur Ticonata : la pêche, l’agriculture, leurs ancêtres, la vie quotidienne en harmonie avec la nature, la rudesse du climat etc. Un moment d’échanges et de découvertes comme nous les aimons.

C’est surtout le lendemain matin que nous allons pouvoir découvrir la beauté des lieux, dès les premiers rayons du soleil et quasiment sans nuages cette fois.

Isla Ticonata : la Puerta del Sol

Le temps est aussi beau maintenant qu’il était maussade hier lors de notre arrivée. Nous pouvons mieux voir à quoi ressemblent les petites maisons rondes typiques de Ticonata, dont celle où nous venons de passer la nuit.

Depuis ce village particulièrement dépaysant, on aperçoit les eaux bleues du Titicaca et encore plus loin, la Cordillère des Andes. Pour nous, l’endroit est magique.

Ces maisons rondes sont une tradition depuis longtemps. Ici et là subsistent les vestiges des plus anciennes, qui datent d’il y a plus de 3000 ans.

A part nous, la petite île est entièrement déserte et nous nous sentons tellement privilégiés d’être là… Nous savourons donc comme il se doit ce moment unique.

Nous retournons aux habitations pour prendre avec Simon et Mariano le petit déjeuner qu’ils nous ont préparé, avec les traditionnelles feuilles de coca qui, sèches, permettent de lutter contre les effets de l’altitude.

Comme hier, nous discutons un long moment avec eux.

Comme souvent dans ce genre d’endroits reculés, ils vivent en harmonie totale avec la nature. Ils nous montrent quelques exemples de « pharmacie » 100% naturelle qu’ils utilisent pour se soigner, comme cette jolie petite fleur orangée, omniprésente sur l’île, qu’ils consomment pour faire baisser la fièvre.

Pendant le petit déjeuner, nous avions dit à Simon et Mariano que s’ils étaient d’accord, nous souhaitions prendre encore quelques photos d’eux avant de partir. Nous n’avions pas remarqué que Mariano s’était alors discrètement éclipsé. Et c’est quand le moment vient pour nous de quitter notre petit paradis de Ticonata qu’il réapparaît comme par enchantement.

Dans un grand éclat de rire et avec l’œil malicieux d’un enfant, notre septuagénaire nous explique être rapidement allé se changer pour revêtir ses plus beaux habits, simplement pour faire honneur à nos photos !

Merci Mariano pour ce clin d’œil si sympa.

Le Titicaca constituait la dernière étape de notre périple au Pérou. Nous quittons donc Ticonata qui restera gravée dans nos mémoires, afin de gagner la Bolivie toute proche.

Avec sa barque dont il a passé une partie de la matinée à réparer le moteur, Simon nous dépose sur la jolie petite plage de Chiffron. Une poignée de maisons sont posées sur le sable, face au lac.

Là, nous prenons le temps de discuter avec l’une des familles qui y vivent, avant de prendre la direction de la frontière bolivienne toute proche…

La petite Cynthia devant sa maison, sur les rives du lac Titicaca

Suite et fin de notre périple andin : la Bolivie


  • Résumé vidéo (3 mn) : en immersion au cœur des Andes (Pérou et Bolivie)…

INFOS PRATIQUES PÉROU


PRATIQUE

Change : évitez de changer de l’argent au bureau de change de l’aéroport de Lima : le taux de change y est prohibitif !

Les prises électriques au Pérou sont de type 220 V plates, on peut se procurer des adaptateurs assez facilement un peu partout.


LE BILLET D’ENTRÉE AU MACHU PICCHU

Mise à jour 16/04/2023 : pour faire face à la détérioration lente mais sûre de ce fabuleux site, les autorités péruviennes en ont limité l’accès en 2011 à 2.500 visiteurs quotidiens, et elles envisagent d’abaisser encore ce chiffre dans un avenir proche afin de protéger le site.

Il existe trois formules : le billet Machu Picchu (= la visite standard), le billet Macchu Picchu + l’accès au Huayna Picchu (400 personnes max et uniquement le matin), et le billet Machu Picchu + l’accès à la montagne (800 visiteurs max et uniquement le matin)

Le bon plan : il est préférable de réserver son billet à l’avance, surtout en haute saison, le site affichant souvent complet. Et surtout, c’est la première chose à faire, avant de réserver hôtel, train etc, au risque de ne pas pouvoir accéder au site une fois sur place…

Le site officiel de réservation : billets Machu Picchu (ministère péruvien de la culture). Ce site n’existe pas en français (seulement en espagnol, en anglais et en italien). De plus, il n’est pas très intuitif ni fonctionnel.

Le site réputé dans le monde entier : GetYourGuide. Il est beaucoup plus intuitif mais tout aussi sûr que le site officiel.

billets Machu Picchu seul

billets Machu Picchu + Le Huayna Picchu (*)

billets Machu Picchu + la montagne (**)

(*) Le Huayna Picchu est le « pain de sucre » visible sur toutes les photos juste derrière le site, son ascension plus ou moins ardue dure plus ou moins deux heures. Bonne condition physique requise.

(**) La « Montagne », plus facile d’accès, est située à l’opposé. Bonne condition physique requise.

GetYourGuide propose également :

Une visite avec guide

Une visite clé en main depuis Cusco (en groupe)

Horaires d’accès au site : depuis le 1er janvier 2019, l’accès au site ne peut plus se faire qu’à des heures précises (à savoir à 6h00, 7h00, 8h00, 9h00, 10h00, 11h00, 12h00, 13h00 ou 14h00) et pour une durée maximale de 4 heures (7h pour le Huayna Picchu et la montagne). Les heures d’arrivée et de départ figurent sur le ticket d’entrée, et il n’est pas possible de pénétrer sur le site avant l’heure prévue.

A noter que désormais, il existe trois circuits au choix pour visiter le Machu Picchu (à sens unique avec interdiction de revenir en arrière…), sans compter bien sûr les deux circuits supplémentaires qui permettent de visiter le Huayna Picchu et la Montagne.


TRANSPORT EN BUS

LIMA – CUZCO

Parmi les différentes compagnies qui assurent cette liaison, nous avons opté pour Cruz del Sur. Elles offrent à peu près toutes les mêmes niveaux de confort, soit en gros : le bus basique et inconfortable / le bus semi-cama avec siège partiellement inclinable mais pas beaucoup mieux que le précédent / et le bus super cama, c’est-à-dire avec un siège large et confortable quasiment transformable en lit.

Ce dernier bus est donc le top et c’est celui que nous avons choisi en prévision du long voyage qui nous attendait : 21h30 de trajet en théorie, 25h00 en réalité.

  • Prix : 52$ par personne, repas compris. 3 arrêts : Ica, Nazca, Abancay.

Le bon plan : quand on réserve son billet sur internet, on peut choisir sa place (via un plan du bus en ligne). Il faut prendre les premières places situées tout à l’avant, à l’étage, juste devant le pare-brise. L’avantage est double : ce sont les trois places les plus spacieuses de tout le bus (on gagne quelques centimètres en l’absence de sièges devant), et elles offrent une vue panoramique sur la route et le paysage, ce qui fait passer le temps beaucoup plus vite. Les vitres teintées et leurs rideaux efficaces empêchent toute gêne lumineuse.

AGUAS CALIENTES – MACHU PICCHU

Il y a deux solutions pour monter d’Aguas Calientes au Machu Picchu : le bus ou les jambes. Nous avons choisi la première malgré son prix élevé au vu du trajet (24$ par personne). Mais elle permet d’arriver relativement tôt alors qu’à pied… Le billet s’achète sur place (à côté d’une maquette de bus d’un mètre de long, à côté de la rivière qui traverse le village, et à peu près en face de l’inscription en photo ci-dessous) et l’acheter la veille fait gagner du temps, vu la foule.


TRANSPORT EN TRAIN

CUZCO – AGUAS CALIENTES (MACHU PICCHU)

Si l’on ne veut pas faire le fameux trek du Chemin de l’Inca pour rejoindre le Machu Picchu, on peut rallier la mythique Cité Inca en bus ou en train depuis Cuzco.

Pour le train, les deux compagnies concurrentes, Peru Rail et Inca Rail, offrent chacune trois prestations similaires. Nous avons choisi la formule intermédiaire de Peru Rail malgré son prix élevé : on avait lu sur le net 65 euros aller simple, ce fût 80 ! Bon, ce train panoramique appelé Vistadome car vitré du sol au plafond, permet d’avoir une belle vue sur les Andes pendant tout le trajet, même si ça ne justifie pas tout le prix.

Le train Vistadome.

HÉBERGEMENT

LIMA

Hôtel España (Jiron Azangaro 105, Lima 51). Il est idéalement situé en plein centre-ville, vaste et richement décoré. A tel point qu’on ne sait plus trop si on est dans un hôtel ou un musée :

La terrasse, aussi agréable qu’étonnante, est un havre de paix avec beaucoup de verdure et quelques animaux : paons, tortues, perroquets…

Paon en terrasse
  • Prix : 62 soles péruviens (soit 16 euros au moment de notre venue).
CUZCO

Hôtel Pantastico Bed and Bakery, l’un de nos coups de coeur (adresse : Carmen Bajo 226, San Blas, Cuzco). C’est une petite auberge de jeunesse située à proximité du centre-ville. L’accueil y est très chaleureux.

  • Prix : à partir de 20$, très bon petit déjeuner inclus. Notre chambre double à 40$ comprenait également une douche privée et avait une jolie vue sur Cuzco (notamment illuminée la nuit), ainsi que sur les montagnes qui la cernent.
Depuis le Pantastico Bed and Bakery
AGUAS CALIENTES

Dans le petit village d’Aguas Calientes, les 1.600 habitants sont moins nombreux que les touristes quotidiens. Sous ses airs de camp de base du Machu Picchu, on y trouve essentiellement des hôtels, des restos et des boutiques de souvenirs.

Nous sommes descendus à l’hôtel Ferre, histoire de profiter d’un hébergement confortable avec douche avant les quelques jours très roots qui allaient s’en suivre. Les chambres ont une jolie vue sur la rivière en contrebas et l’accueil est très bon.

  • Prix : à partir de 65$ la chambre pour deux, petit déjeuner inclus.
TICONATA (LAC TITICACA) CHEZ L’HABITANT

Le bon plan : pour se rendre sur Ticonata, il faut contacter directement l’association qu’ont montée les habitants : Isla Tikonata. Il s’agit d’un tourisme communautaire hors des sentiers battus. Seules quelques familles habitent l’île et très peu de touristes la fréquentent. Le dépaysement y est total. Ticonata est notre gros coup de coeur au Pérou.

Ticonata, petit déjeuner chez l’habitant

On peut également passer par l’intermédiaire de Tout Pérou (cf. ci-dessus), qui organisera tout le séjour, y compris le transport pour s’y rendre au besoin.

Enfin, si on n’est pas pris par le temps et si on est joueur (!), on peut tenter directement sa chance sur place en se rendant sur la jolie petite plage de Chiffron, sur les rives du Titicaca. Là, il faut discuter avec les rares locaux qui s’y trouvent pour entrer en contact avec les familles de Ticonata.


« TOUT PÉROU » : RÉSEAU SOLIDAIRE OU AGENCE DE VOYAGES DÉGUISÉE ?

Tout Pérou se présente comme un réseau solidaire francophone qui permet aux voyageurs se rendant au Pérou de trouver une mine d’infos sur son site Internet (Tout Pérou), via notamment le forum.

On peut rencontrer l’équipe sur place afin de glaner quelques tuyaux et, moyennant des cartes payantes (100$ ou 150$), on peut bénéficier d’un certain nombre de services.

Certains considèrent qu’il s’agit simplement d’une agence de voyages qui fonctionne différemment des autres.

Pour notre part, nous avons découvert Tout Pérou juste avant notre périple, donc trop tard. Et comme nous voulions absolument nous rendre sur le lac Titicaca en dehors des sentiers battus (c’est-à-dire hors des îles très prisées d’Amantani, Taquile et Isla del Sol, jolies mais trop fréquentées à notre goût, sans compter les îles flottantes des Uros), nous avons craqué au dernier moment pour la carte à 100 $. Nous ne l’avons finalement pas regretté.

Car Tout Pérou a tout organisé (transferts en voiture et nuitée chez l’habitant) pour que nous nous rendions sur la délicieuse petite île de Ticonata (voir plus bas), qui s’est avérée littéralement déserte. Comme nous manquions cruellement de temps pour organiser cette halte nous-mêmes, ce service clé-en-mains de dernière minute, dont nous ne raffolons pas d’habitude, s’est avéré idéal.

En outre, Tout Pérou nous a transmis une liste d’hébergements un peu partout au Pérou, a assuré nos transferts de/vers l’aéroport de Lima, nous a prêté un téléphone avec une carte etc.



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