Los Roferos est un site qui permet d’admirer de somptueux paysages naturels, composés de formations rocheuses aux formes tourmentées sur fond de volcans. Niché dans le nord de Lanzarote, il est facile d’accès et n’est pas encore surfréquenté. Par endroits, on se croirait carrément dans l’ouest américain.
Photos, description, infos pratiques, voici tout ce qu’il faut savoir pour profiter au mieux de ce site méconnu mais, selon nous, incontournable.
Les formations rocheuses de Los Roferos
Notre visite sur ce site étonnant s’est déroulée un jour où la lumière du soleil jouait à cache-cache entre les nuages. Pas l’idéal pour les photos, j’ai donc décidé d’y revenir le lendemain matin très tôt, au lever du soleil, pour essayer de faire de meilleures images. Je me suis alors retrouvé tout seul pendant plus d’une heure face à des panoramas de toute beauté.
Stratified City et le volcan Montaña de Guenia
Quand le soleil levant éclaire le site de sa lumière chaude, le paysage s’enflamme brusquement. Les différentes formations rocheuses aux formes énigmatiques (colonnes, arches et petites grottes) se mettent alors à rougeoyer. Ce panorama est d’une beauté sauvage qui ne laisse pas insensibles les amoureux.ses de la nature.
Le volcan Montaña de Guenia
Comment ce site atypique s’est-il créé ?
A l’origine, Los Roferos, qu’on appelle également Stratified City, était une carrière d’extraction de roches, celles avec lesquelles sont construites les maisons de l’île. Au fil du temps, la carrière a fini par péricliter et être abandonnée. L’activité minière avait déjà commencé à creuser ces formations rocheuses, et la nature a fini le travail grâce à la pluie, au vent et à son activité permanente d’érosion.
Le volcan Montaña de Tinaguache, sous une arche de Stratified City
Aujourd’hui encore, la nature continue à façonner les paysages de ce site atypique. Particulièrement photogénique et sans doute très instagramable, Stratified City n’est pourtant pas encore pris d’assaut par les touristes même si, en haute saison (juillet – août), il vaut quand mieux y aller tôt le matin si l’on veut être tranquille.
Se balader au milieu de ces curieuses formations rocheuses face à des volcans majestueux laisse un souvenir impérissable.
Le volcan Montaña de Tinaguache
Conseils pratiques
Pour les photographes
Le site est déjà photogénique sous la lumière brute de la mi-journée mais pour le photographier dans les meilleures conditions, il faut impérativement venir au lever ou au coucher du soleil. C’est à ces moments-là, pendant les fameuses golden hours, qu’il se présente sous sa plus belle lumière.
En arrivant, garez bien votre voiture à côté de la route et non pas à coté des formations rocheuses. Sinon, en fonction des photos que vous prendrez, vous risqueriez d’avoir votre véhicule dans votre champ de vision…
La boulette : garer sa voiture en plein dans le champ de la photo
Commodités
Un parking naturel borde le site, le long de la route.
Il n’y a pas d’autres commodités.
Accès
Stratified City se situe juste au bord de la route (la LZ-404).
Lorsqu’on arrive à hauteur du site, on ne peut pas le rater car on aperçoit les formations rocheuses depuis la voiture : c’est qu’on est arrivé.
Le prix
L’entrée est gratuite, le site est en accès libre.
Quelle durée prévoir ?
Le site se visite assez rapidement. On peut y passer quelques minutes comme une bonne heure, voire plus si l’on veut faire le tour de toutes les formations rocheuses, en prenant le temps de les photographier et de les admirer.
Quand visiter le site ?
Le conseil précédent vaut également pour tous les visiteurs : le meilleur moment pour admirer les lieux, ce sont les premières et les dernières lueurs du jour, car ce sont les deux moments de la journée où les couleurs sont de loin les plus belles.
L’autre avantage, c’est qu’à ces moments-là, surtout tôt le matin, le site est vide de touristes : on peut alors profiter des lieux tout seul.
Les différents noms du site
Vous pouvez trouver différents noms qui désignent tous ce seul et même site : Stratified City, Los Roferos (qui vient de rofe, le nom des pierres qui étaient extraites du site), Ciudada Estratificada, Antigua Rofera de Teseguite…
Que voir autour de Los Roferos ?
Si Los Roferos vous plaît, alors vous pourriez tomber sous le charme d’un autre site naturel d’origine volcanique, lui aussi façonné par l’érosion au fil des millénaires : Las Grietas (qui signifie les fissures). Il est situé à environ 20 km et 20 minutes de Los Roferos.
Le site se trouve dans l’ouest de l’île et il est accessible relativement rapidement depuis à peu près tous les points de l’île : l’une des villes les plus éloignées du site, Playa Blanca, n’est qu’à 45 minutes.
Pour les autres villes principales, Puerto del Carmen est à 25 minutes, Arrecife à 20 minutes, Haria à 15 minutes et Teguise à 5 minutes.
Pour résumer, Los Roferos est un site naturel atypique qui offre des paysages sublimes et fascinants. Ne faisant généralement pas partie des circuits touristiques, il est encore peu fréquenté pour l’instant. C’est pourquoi il faut vite en profiter avant que le secret ne se répande…
Couverte de champs de lave, de cratères et de falaises qui plongent dans l’océan, Lanzarote est une île qui a été façonnée par un volcanisme intense. La nature y a créé des paysages sauvages et atypiques, parfaits pour explorer l’île sous son visage le plus brut et le plus spectaculaire. Voici notre sélection des sites les plus étonnants…
LANZAROTE EN BREF...
🗺️ Ce que vous verrez : des couloirs de lave, un littoral déchiqueté, une lagune colorée, des points de vues saisissants...
🚗 Accès : facile en voiture.
🎒 Niveau : facile, peu de marche.
⭐ Ce qui rend l’île incontournable : hors saison, l'avion n'est pas cher, il fait doux toute l'année et les paysages naturels sont époustouflants.
Imaginez le cratère d’un ancien volcan qui émerge d’une mer profondément bleue. Ses parois sont marron-orangé et un lac vert repose au fond, cerné par une plage de sable noir. Et bien vous ne rêvez pas, ce paysage étonnant et inhabituel existe : il s’appelle Charco de los Clicos.
Charco de los Clicos : el Lago Verde
Avant d’accéder à ce panorama atypique, il ne faut pas rater le minuscule détour par le mirador El Golfo. Il permet d’admirer la plage du même nom, constituée de sable noir volcanique.
La plage el Golfo vue depuis le mirador
Ensuite, quand on arrive à la lagune, on est saisi par sa couleur verte qui présente un gros contraste avec le noir de la plage volcanique.
Pourquoi la lagune est-elle verte ?
Pour commencer, la présence de la lagune à cet endroit est due aux infiltrations de l’eau de mer au fond de l’ancien cratère. Puis peu à peu, elle a été colonisée par des algues : ce sont elles qui lui ont donné cette couleur verte.
El Lago Verde
Ce site a de véritables airs de bout du monde. Bien qu’exposé aux vents et aux embruns, son panorama sublime respire le calme et la sérénité.
Pour parfaire la visite, on peut aller se régaler dans l’un des excellents restaurants du petit village voisin, El Golfo, posé à 600 mètres de là (voir les conseils pratiques ci-dessous).
Conseils pratiques
Le prix
L’accès au site est gratuit mais le chemin est balisé, on ne peut pas aller jusqu’à la lagune pour s’y baigner par exemple, le but étant de préserver cet espace naturel unique.
Commodités
Le site est doté d’un parking gratuit, en bordure de la route LZ-703.
Accès au site
Le mirador El Golfo qui domine la plage est situé à droite du parking. A quelques mètres de là démarre le chemin très court (moins de cinq minutes de marche) qui mène au point de vue sur El Charco de los Clicos et sa lagune verte.
Quelle durée prévoir ?
Le temps de visite est globalement court. Même en prenant son temps, il est peu probable qu’il dépasse la demi-heure même si, évidemment, on peut flâner sur place autant qu’on veut.
Ce gain de temps permet donc, soit de visiter d’autres sites dans cette zone de l’île (Los Hervideros par exemple), soit d’aller prendre un verre et/ou manger un morceau face à la mer à El Golfo, à 600 mètres de là.
Comment parfaire l’expérience ?
El Golfo est un village doté de nombreux petits bars et restaurants, qui ont tous les pieds dans l’eau. Nous avons testé le restaurant Bogavente et nous le recommandons fortement : terrasse exceptionnelle, cuisine délicieuse, service sympa, prix contenus (20 à 40 euros le repas complet). Du coup, le rapport qualité-prix est excellent.
Sangria au resto Bogavente
Le resto Bogavente
Localisation
Charco de los Clicos est situé dans le sud-ouest de l’île : à 15 minutes de Playa Blanca, à 25 minutes de Puerto del Carmen, à 30 minutes d’Arrecife et de Teguise.
Charco de los Clicos et El Golfo en images
LAS GRIETAS
Las Grietas signifie les fissures en espagnol. Lorsqu’on arpente les failles de ce site très nature et atypique, on ressent une atmosphère particulière, emprunte de mystère.
Las Grietas
La première fissure est aussi haute qu’étroite.
Par endroits, elle dépasse parfois les cinq mètres de haut alors qu’en largeur, elle se resserre considérablement, laissant péniblement passer les humains.
Au fil de la progression, il faut donc carrément se contorsionner pour pouvoir franchir certaines zones, ce qui procure une petite sensation d’aventure.
Les rayons du soleil se fraient un chemin comme ils peuvent jusqu’au fond de ces petites failles, mettant en valeur les stries naturelles des parois.
Au fil de la journée et de l’évolution de la lumière, les couleurs peuvent varier, rendant le site particulièrement photogénique (même si, le jour de notre visite, la lumière était le plus souvent voilée).
L’un des gros avantages du site, c’est qu’il a su rester authentique. Car contrairement à bien d’autres lieux à visiter sur Lanzarote, il n’y a aucun aménagement, aucun guichet, aucune barrière, aucune contrainte : le site a su rester 100% nature, on peut se balader où l’on veut, comme on veut, quand on veut, ce qui change de certaines visites très (trop ?) encadrées sur l’île. Une raison de plus pour aller le visiter.
Comment ce site atypique s’est-il créé ?
Les fissures dégoulinent des flancs d’un volcan, la Montaña Blanca. Elles sont tout simplement le fruit de l’érosion ainsi que de l’action du vent et de la pluie sur la lave solidifiée, au fil du temps.
Conseils pratiques
Le prix
L’entrée est gratuite, le site est en accès libre.
Commodités
Un assez grand parking naturel gratuit est disponible sur le bord de la route (la LZ-35).
A partir de là, il faut marcher sur le chemin pendant quelques minutes pour arriver à la première fissure.
Quelques généralités
Chaussures : il est préférable de porter des chaussures fermées car certains endroits sont assez glissants au fond des fissures, même en chaussures de rando. Alors en tongs…
Fréquentation : s’il y a un peu trop de monde à votre goût lorsque vous arrivez dans la première fissure, ne vous y engagez pas et rendez-vous directement dans la deuxième ou la troisième, situées juste derrière : elles sont sensiblement moins fréquentés alors que tout le monde se précipite sur la première.
Le vent : éviter de visiter le site par temps venteux car le sable voltige dans les fissures, ce qui peut devenir gênant.
S’y rendre en début ou en fin de journée : il y a moins de monde, et la lumière est plus photogénique.
Quelle durée prévoir ?
Le site se visite assez rapidement. 45 minutes voire une heure seront largement suffisantes pour la plupart des visiteurs et visiteuses, en incluant les 15 minutes de marche aller – retour, du parking aux fissures.
Localisation
Las Grietas jouit d’un emplacement plus ou moins central sur l’île, légèrement sud, ce qui lui permet d’être accessible assez rapidement de presque tous les endroits de l’île.
Ainsi, Puerto del Carmen et Arrecife sont à 10 minutes, Teguise à 15 minutes et Playa Blanca à 25 minutes.
Las Grietas en images
LE MIRADOR DEL RIO
Le Mirador del Rio est un belvédère situé au sommet d’une falaise, 500 mètres au-dessus de la mer. Sa terrasse panoramique offre une vue à couper le souffle sur la jolie petite île voisine de la Graciosa et sur El Rio, ce petit bras de mer qui la sépare de Lanzarote.
L’ile de la Graciosa vue depuis le mirador del Rio
La Graciosa est une toute petite île volcanique sauvage, peu habitée, et dont les plages de sable blanc se détachent parfaitement sur la mer d’un bleu profond. La vue panoramique à 180° a un côté sidérant, que les photos ne peuvent restituer.
Malgré ses dimensions réduites (8 km de long par 4 km de large), l’île de la Graciosa compte sur ses terres pas moins de cinq volcans.
Le volcan Montaña Amarilla, sur La Graciosa
Situé tout au nord de Lanzarote, le mirador del Rio fait partie de l’œuvre de César Manrique, le fameux artiste à la fois local et international. Ce site s’inscrit dans son travail sur l’intégration de l’art dans la nature. A Lanzarote, ce lieu magnifique est incontournable.
A l’intérieur de cette œuvre architecturale renommée et parfaitement intégrée à l’environnement, on trouve une sculpture de Manrique, un bar-restaurant dont les tables donnent sur des fenêtres panoramiques hypnotiques, ou encore un escalier en colimaçon réputé…
Vue sur les volcans de Lanzarote
Infos pratiques
Prix et horaires d’ouverture
Le prix : 8,50 euros par adulte et 4,25 euros par enfant.
Horaires d’ouverture : 10h00 – 16h40
La cafétéria et le magasin ferment à 16h50.
Quand faut-il visiter le site ?
Idéalement, il faut s’y rendre par beau temps. Si la météo n’est pas optimale, il est préférable d’attendre le lendemain car c’est par beau temps que la vue est vraiment exceptionnelle.
Commodités
Il y a un parking gratuit à cent mètres du mirador.
A l’intérieur de ce dernier, il y a toutes les commodités : toilettes, magasin de souvenirs, bar, restaurant…
Peut-on faire l’impasse sur le mirador del Rio ?
Pour être honnête, oui ! En effet, bien que le Mirador del Rio nous semble incontournable, si seule la vue vous intéresse, alors sachez que vous pouvez très bien faire l’impasse sur le mirador : il y a différents points de vues quasi-identiques et entièrement gratuits accessibles depuis la route LZ-202, situés juste à gauche du mirador.
Il y a même un autre mirador, le Mirador de Guinate qui lui est gratuit, situé deux kilomètres après le Mirador del Rio. Après une descente en virages, on se retrouve sur une petite route trop étroite pour que deux véhicules puissent se croiser. Il faut alors guetter une petite impasse sur la droite. Là, on se gare sur un parking gratuit. Et ici aussi, de cet autre mirador, la vue est somptueuse.
La vue sur La Graciosa depuis le mirador de Guinate
Faire une rando jusqu’au Mirador del Rio
Un chemin de randonnée comportant des vues éblouissantes existe entre Orzola et le Mirador del Rio.
Nous ne l’avons pas testée mais pour plus d’infos, et pour télécharger la trace GPX : VisoRando Lanzarote
Que voir aux alentours ?
Le plus beau site à visiter alentour est justement la petite île de la Graciosa.
Pour s’y rendre, il faut prendre le bateau depuis la petite ville d’Orzola, située à 3 kilomètres du Mirador del Rio à vol d’oiseau, mais à 10 kilomètres par la route !
Deux compagnies assurent la traversée, Lineas Maritimas Romeo et Biosfera Express. Elles alternent les départs, ce qui offre aux touristes une multitude d’horaires quotidiens.
Durée de la traversée : 25 minutes.
Prix de la traversée : 60 euros en moyenne (le tarif varie fortement suivant la saison : entre 30 et 120 euros l’aller-retour).
Attention : les ferries ne prennent pas les voitures. Il faut en louer une sur l’île de La Graciosa ou, mieux encore, un vélo (électrique ou pas mais attention, il y a du dénivelé et du sable).
Localisation
Le Mirador del Rio est situé à l’extrême nord de l’île.
Il est situé à 15 minutes d’Haria, à 35 minutes de Teguise et Arrecife ou encore à 45 minutes de Puerto del Carmen.
LE TUNNEL DE LAVE
Pour commencer, il faut remonter à l’éruption du mont Corona, il y a plus de 4000 ans. Le volcan cracha un tel volume de lave qu’elle atteignit une épaisseur de 400 mètres !
Pendant que la croûte extérieure de l’un des torrents de lave séchait, la roche en fusion continuait à s’écouler à l’intérieur. Bien plus tard, quand la source de lave se tarit à la fin de l’éruption, elle laissa la place à cet immense tube volcanique : 8 kilomètres de long, dont plus d’un kilomètre est entièrement immergé sous l’océan.
Deux portions de ce tunnel peut être visitées : légèrement à l’intérieur des terres, La Cueva de los Verdes et à proximité de la mer, Los Jameos del Agua. Voici une description détaillée de ces deux merveilles de la nature.
La Cueva de los Verdes
Cette première portion du tube de lave est aménagée pour qu’on puisse la visiter à pied (la grotte ne peut pas se visiter seul et sans guide).
Le groupe au début de la visite
La longueur du tunnel est d’environ un kilomètre, sa hauteur atteint au maximum les 50 mètres et sa largeur les 15 mètres.
Mais à l’inverse, on doit se baisser par endroits pour pouvoir traverser les parties les plus étroites du couloir.
L’aménagement de ce couloir de lave fut confié en 1960 à Jesús Soto, un artiste vénézuelo-français. Il y apporta le moins de modifications possible afin de conserver au maximum l’ambiance naturelle des lieux. Ses aménagements furent donc minimalistes : il conçut un chemin praticable pour les visiteurs (aplanissement du sol, création de quelques escaliers, sécurisation des lieux), et il disposa un éclairage coloré de manière optimale.
Il voulait que ce site sauvage et atypique conserve tout son naturel et toute son authenticité, en lui conférant une ambiance mystérieuse dans un cadre féérique. Et force est de constater qu’une fois à l’intérieur, la magie opère.
Au fil de la progression du groupe, on peut observer les différentes strates de lave ainsi que ses différentes couleurs.
Au-dessus de nos têtes, on aperçoit de minuscules stalactites : ce sont les milliers de gouttelettes qu’elle a laissées sur les parois de la voûte en se solidifiant.
C’est à ce niveau-là que se situe un auditorium, dont les qualités acoustiques sont paraît-il exceptionnelles.
En fin de visite arrive le clou du spectacle.
Le tube de lave est mis en valeur par l’éclairage à cet endroit-là, et à nos pieds se trouve un gouffre tout aussi bien éclairé.
Mais quand la guide demande à un visiteur de jeter un caillou dans cette crevasse, surprise : c’est en réalité un lac dont la surface est au niveau de nos pieds.
Il était si calme qu’il s’était transformé en véritable miroir, et on croyait vraiment qu’il y avait un gouffre sous nos pieds à la place de ce petit lac intérieur.
Ce trompe-l’œil naturel est sidérant et le lieu est de toute beauté.
La visite se termine sur cette partie bluffante du tunnel, le temps de remonter à la surface de la Terre !
Infos pratiques
Horaires d’ouverture
Le site est ouvert de 9h30 à 16h15 tous les jours (365/365)
Attention
Il est obligatoire de réserver en ligne. Sans ça, on ne peut pas entrer.
Aucun billet n'est vendu au guichet.
Il faut s'y prendre un peu à l'avance, surtout en haute saison.
Adultes : 16 euros par personne (11,20 euros si handicap)
Enfants (de 7 à 12 ans) : 8 euros (5,60 euros si handicap)
Enfants (moins de 7 ans) : gratuit.
La sortie de la galerie
Durée de la visite
Elle dure 45 à 50 minutes. On ne peut pas trop flâner en route car les groupes se suivent de près, c’est un peu l’usine…
Services
Stationnement : il y a un vaste parking gratuit à proximité du site.
Toilettes : il est également doté de toilettes (avec tables à langer) mais à l’entrée du tunnel. Il faut donc prendre ses précautions avant de descendre dans les entrailles de la terre !
Restauration : il n’y a rien à manger ni à boire sur place.
Accessibilité
Personnes à mobilité réduite : en raison de sa configuration (certains passages sont très étroits ou très bas), le site n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite.
Claustrophobie : les personnes claustrophobes peuvent se sentir oppressées dans ce site souterrain qui comporte quelques couloirs et escaliers très étroits.
Poussettes : elles ne sont pas admises dans le tunnel.
Animaux de compagnies : ils ne sont pas admis non plus, à l’exception des chiens d’assistance.
Localisation
La Cueva de los Verdes est située tout au nord-ouest de l’île, en bordure de la LZ-205, et à un kilomètres de Los Jameos del Agua.
Pour s’y rendre, il faut 25 minutes depuis Costa Teguise et Teguise, 30 minutes depuis Arrecife ou encore 40 minutes depuis Puerto del Carmen. Et si vous venez de Playa Blanca, à l’extrémité opposée de l’île, alors il vous faudra 1 heure.
La Cueva de los Verdes en images
Los Jameos del Agua
Créé sur un site naturel unique par César Manrique, Los Jameos del Agua est un centre d’art, de culture et de tourisme. Situé dans le même tunnel de lave que la Cueva de los Verdes mais un peu plus loin, il s’agit d’un site étonnant qui met en avant l’insertion harmonieuse de l’art dans la nature, selon les principes chers à l’artiste.
L’action de la nature
Los Jameos del Agua est donc le prolongement naturel du site présenté ci-dessus, La Cueva de los Verdes.
Sur ce second site, une partie de la voûte s’effondra par endroits, créant de grands trous dans le plafond (ce sont ces trous que désigne le mot aborigène Jameos).
Puis l’eau de mer s’infiltra au fil du temps au fond de ce tunnel, créant une sorte de lac intérieur.
Los Jameos del Agua
L’œuvre de César Manrique
L’artiste optimisa de façon exceptionnelle une partie de ce tunnel de lave pour créer les différentes parties de son œuvre.
Il disposa des plantes exubérantes à l’intérieur du couloir volcanique, afin d’augmenter encore la sensation du visiteur de se sentir dans un environnement naturel d’exception.
Puis il conçut un bar et un restaurant improbables au bout du lac intérieur, où l’on peut donc boire un verre ou manger un morceau dans ce décor unique.
A la sortie de ce couloir volcanique se trouve la surprise du chef : une piscine d’une blancheur éblouissante dont les parois arrondies épousent en partie les formes de la lave solidifiée.
Le tunnel de lave qui reprend un peu plus loin comprend un auditorium de 550 places aux qualités acoustiques paraît-il exceptionnelles, et au cadre visuel somptueux. Toujours pour rester fidèle à ses grands principes artistiques, Manrique disposa les sièges en suivant la pente descendante naturelle du sol de lave, ce qui permet aux spectateurs d’avoir une visibilité parfaite.
Et puisque la nature est au centre du génie artistique de Manrique, mentionnons le fameux Munidopsis Polymorpha ! Ce crabe minuscule (un centimètre de long) est endémique de Lanzarote. Après avoir vécu 4000 ans dans la pénombre, il a fini par devenir aveugle et il a perdu peu à peu toutes ses couleurs, pour être totalement blanc aujourd’hui.
Très sensible à la rouille, il a failli disparaître ces dernières années à cause de la présence dans le lac souterrain de nombreuses pièces de monnaie jetées par les touristes. Ce qu’il est désormais interdit de faire.
Enfin, une Maison des Volcans a été érigée sur le site, au-dessus du tunnel de lave. Il s’agit d’un musée dédié à la volcanologie de l’île.
Infos pratiques
Horaires d’ouverture et prix
Ouverture : 10h00 – 17h15 tous les jours
Pour le restaurant : 12h00 – 16h00 tous les jours, 19h00 – 21h00 le mercredi et le vendredi
Les prix (2025) : 16 euros par adulte (11,20 euros si handicap) – 8,25 euros par enfant de 7 à 12 ans (5,60 euros si handicap) – Gratuit aux moins de 7 ans
Services
Stationnement : il y a un vaste parking gratuit à proximité du site.
Restauration : un bar-restaurant fait face au lac.
Toilettes : le site est doté de toilettes.
Baignade interdite, que ce soit dans le lac intérieur ou la piscine extérieure.
Gardez votre monnaie sur vous !
Ou du moins, ne la jetez pas dans le lac intérieur : c’est désormais interdit afin de protéger les petits crabes blancs endémiques de l’île, qui ont failli disparaître par le passé à cause de cette pratique aussi répandue qu’inutile…
Ce lac héberge d’ailleurs 76 autres espèces endémiques, elles aussi à protéger…
Localisation
Los Jameos del Agua est situé tout au nord-ouest de l’île, en bordure de la LZ-1, et à un kilomètre de La Cueva de los Verdes.
Pour s’y rendre, il faut 25 minutes depuis Costa Teguise et Teguise, 30 minutes depuis Arrecife ou encore 40 minutes depuis Puerto del Carmen. Et si vous venez de Playa Blanca, à l’extrémité opposée de l’île, alors il vous faudra 1 heure.
STRATIFIED CITY
Stratified City est un site qui permet d’admirer de somptueux paysages naturels, composés de formations rocheuses aux formes tourmentées sur fond de volcans.
Les formations rocheuses de Stratified City
Notre visite sur ce site étonnant s’est déroulée un jour où la lumière du soleil jouait à cache-cache entre les nuages. Pas l’idéal pour les photos, j’ai donc décidé d’y revenir le lendemain matin très tôt, au lever du soleil, pour essayer de faire de meilleures images. Je me suis alors retrouvé tout seul pendant plus d’une heure face à des panoramas de toute beauté.
Stratified City et le volcan Montaña de Guenia
Quand le soleil levant éclaire le site de sa lumière chaude, le paysage s’enflamme. Les différentes formations rocheuses aux formes énigmatiques (colonnes, arches et petites grottes) se mettent alors à rougeoyer. Ce panorama est d’une beauté sauvage qui ne laisse pas insensibles les amoureux.ses de la nature.
Le volcan Montaña de Guenia
Comment ce site atypique s’est-il créé ?
A l’origine, ce site, également appelé Los Roferos, était une carrière d’extraction de roches, celles avec lesquelles sont construites les maisons de l’île. Au fil du temps, la carrière a fini par péricliter et être abandonnée. L’activité minière avait déjà commencé à creuser ces formations rocheuses, et la nature a fini le travail grâce à la pluie et au vent, ainsi qu’à son activité permanente d’érosion.
Le volcan Montaña de Tinaguache, sous une arche de Stratified City
Se balader au milieu de ces curieuses formations rocheuses face à des volcans majestueux laisse un souvenir impérissable.
Le volcan Montaña de Tinaguache
Conseils pratiques
Pour les photographes
Le site est déjà photogénique sous la lumière brute de la mi-journée mais pour le photographier dans les meilleures conditions, il faut impérativement venir au lever ou au coucher du soleil. C’est à ces moments-là, pendant les fameuses golden hours, qu’il se présente sous son plus beau jour.
En arrivant, garez bien votre voiture côté route et non pas coté formations rocheuses. Sinon, en fonction des photos que vous prendrez, vous risqueriez d’avoir votre véhicule dans votre champ de vision…
La boulette : garer sa voiture en plein dans le champ de la photo
Quand visiter le site ?
Le conseil précédent vaut également pour tous les visiteurs : le meilleur moment pour admirer les lieux, ce sont les premières et les dernières lueurs du jour, car ce sont les deux moments de la journée où les couleurs sont de loin les plus belles.
L’autre avantage, c’est qu’à ces moments-là, surtout tôt le matin, le site est vide de touristes : on peut alors profiter des lieux tout seul.
Commodités
Un parking naturel borde le site, le long de la route.
Il n’y a pas d’autres commodités.
Le prix
L’entrée est gratuite, le site est en accès libre.
Quelle durée prévoir ?
Le site se visite assez rapidement. On peut y passer quelques minutes comme une bonne heure, voire plus si l’on veut faire le tour de toutes les formations rocheuses, en prenant le temps de les photographier et de les admirer.
Les différents noms du site
Vous pouvez trouver différents noms qui désignent tous ce seul et même site : Stratified City, Ciudada Estratificada, Los Roferos (qui vient de rofe, le nom des pierres qui étaient extraites du site), Antigua Rofera de Teseguite…
Accès
Stratified City se situe juste au bord de la route (la LZ-404). Lorsqu’on arrive à hauteur du site, on ne peut pas le rater car on aperçoit les formations rocheuses depuis la voiture : on est arrivé.
Localisation
Le site se trouve dans l’ouest de l’île et il est accessible relativement rapidement depuis à peu près tous les points de l’île : l’une des villes les plus éloignées du site, Playa Blanca, n’est qu’à 45 minutes.
Pour les autres villes principales, Puerto del Carmen est à 25 minutes, Arrecife à 20 minutes, Haria à 15 minutes et Teguise à 5 minutes.
Stratified City en images
LA GERIA
La Geria est une vallée viticole du centre de Lanzarote, classée Réserve de Biosphère par l’Unesco, qui présente des paysages uniques au monde.
La vigne de la Geria cernée par les volcans
La vigne y est cultivée depuis trois siècle avec un savoir-faire endémique à l’île. Après les éruptions de Timanfaya en 1730, les viticulteurs ont commencé à faire de grands trous circulaires dans le sol. Au centre de chaque trou, ils ont creusé suffisamment en profondeur pour atteindre la terre qui avait été recouverte par la lave. Ils ont alors planté leurs ceps de vigne à ce niveau-là, pour qu’ils prennent racine dans la terre fertile.
Mais ce n’est par tout. Car pour parfaire leur œuvre, ils ont construit patiemment des murets semi-circulaires en roches volcaniques (les zocos) sur le rebord de chaque trou, afin de protéger les ceps du vent. L’ingéniosité de ce mode d’agriculture réside enfin dans la pente des trous, qui permet de faire dégouliner la rosée du matin jusqu’aux pieds de vigne afin de les alimenter en eau. Et là, le picòn, cette fameuse cendre volcanique qui recouvre le sol, présente la particularité de conserver l’humidité, pour le plus grand bénéfice de la vigne.
La répétition de ces anneaux à perte de vue a un impact visuel qui ne laisse pas les visiteurs insensibles. Le contraste des villages blancs sur la terre volcanique noire et l’omniprésence des volcans en arrière-plan ajoutent à la magie de ces paysages inimitables.
Infos pratiques
Pour les photographes
Le point fort des paysages de la Geria, c’est l’impact visuel de ce graphisme viticole. Pour optimiser les images, l’idéal consiste à utiliser un drone (dans la limite des autorisations de vols évidemment) car c’est vus du ciel que ces paysages sont le plus impressionnant.
La route des vins : caves et bodegas
La route des vins de la Geria est la LZ-30, qui relie Mogaza à Uga. Elle est bordée de nombreuses caves et bodegas, ainsi bien sûr que de ces paysages de vignes si typiques de l’île. Des visites, des dégustations et des ventes de ces vins locaux y sont organisées : si vous cherchiez une idée de cadeau…
Voici un lien vers l’une des caves les plus réputées de l’île : El Grifo.
Que voir aux alentours ?
Quand on visite la Geria, on peut prolonger le plaisir par un petit détour vers la grotte de Los Naturalistas, longue de 1600 mètres.
Les infos sur le web étant rares, voici comment s’y rendre : sur la route des vins (la LZ-30), lorsqu’on arrive dans le petit village de Masdache (à environ 5 kilomètres de Mogaza et 10 kilomètres de Uga), il faut prendre la LZ-58 en direction du nord (tourner à droite si l’on vient de Mogaza, et à gauche si l’on vient de Uga). La grotte est située deux kilomètres plus loin, sur la gauche. Coordonnées GPS : 29.01200,-13.65966
Localisation
La Geria est située dans le centre de l’île.
Puerto del Carmen est à 15 minutes, Playa Blanca et Arrecife sont à 20 minutes.
La Geria en images
LA MONTAÑA COLORADA
La randonnée de la Montaña Colorada est l’une de celles qu’il ne faut pas rater à Lanzarote. En réalité, c’est plus une balade qu’une véritable randonnée, elle est donc de niveau très facile. Il s’agit de faire à pied le tour d’un volcan, qui offre de jolis paysages tout au long du parcours.
Le départ de la balade est facile à trouver : il se trouve au bout du parking et aux pieds du volcan, on ne peut pas se tromper.
Un panneau montrant le plan détaillé de la rando se trouve là, sur lequel on distingue d’ailleurs très bien le flanc rouge du volcan.
Le panneau du départ
A partir de là, il suffit de suivre un petit chemin balisé qui est jalonné de quinze panneau explicatifs. Ils donnent une foule d’informations relatives au site : les différentes curiosités visibles tout au long du parcours, l’activité volcanique ou encore, la culture de la vigne à flanc de volcan. Tout y est pour mieux s’imprégner des lieux.
Assez rapidement après le départ, on arrive au flanc sud-est du volcan : c’est ce côté-là qui est rougeâtre et qui fait la réputation du site ainsi que de sa courte randonnée.
La Montaña Colorada, ou le volcan rouge
Tout au long du parcours, on aperçoit au loin une multitude d’autres volcans, posés au milieu des roches volcaniques.
Les volcans autour de la Montaña Colorada
Cette petite rando est une jolie balade qui comporte un seul inconvénient : les visiteurs ne sont pas autorisés à sortir du sentier dans un but de préservation de l’environnement, lequel est fragile par ici.
Le tour de la Montaña Colorada
Ce type d’interdiction vaut pour de nombreux sites à Lanzarote et cela a parfois un petit côté frustrant.
Par exemple, il n’est pas possible de s’approcher de la fameuse Bomba Volcanica Gigantesca, cet énorme rocher volcanique qui fut projeté à quelques centaines de mètres de hauteur avant de s’écraser au sol.
Ses dimensions :
4 m de large
5 m de haut (sans compter la partie enfouie dans la cendre volcanique)
Nombreux sont ceux qui sortent du sentier malgré l’interdiction, et piétinent les zones prohibées pour aller photographier cette fameuse Bombe avec le volcan rouge en arrière-plan.
La fameuse Bombe Volcanique Gigantesque
En conclusion, la randonnée de la Montaña Colorada est à faire absolument parce qu’elle est belle, facile et rapide. Cela ne vaut donc vraiment pas la peine de faire l’impasse dessus…
Infos pratiques
Le profil de la rando
Distance : 3 km
Dénivelé : 50 mètres
Durée : 1 heure à 1h 30
Niveau : très facile
Commodités
Un parking de terre est situé aux pieds du volcan. Le départ est au bout du parking.
Le parking vu depuis la Montaña Colorada
Il n’y a aucune autre commodité sur place, donc prévoyez tout ce dont vous avez besoin : de l’eau, à manger, casquette, crème solaire etc.
Quand s’y rendre ?
C’est au lever du soleil que la face rouge du volcan bénéficie de la plus belle lumière. En fin de journée, il est à l’ombre, il est donc préférable de venir marcher ici le matin.
En haute saison (juillet – août), le parcours peut être assez fréquenté. Aussi, plus on fait cette rando tôt, moins on a de chances de croiser du monde. Le reste de l’année, le site est plus agréable car il n’est pas trop fréquenté.
Comment faire une visite rapide ?
Si vous manquez de temps, vous pouvez vous contenter de rejoindre le versant rouge du volcan pour l’admirer, puis faire demi-tour.
Pour cela, il faut compter une demi-heure environ, cette durée étant évidemment variable en fonction du rythme de marche de chacun.
Mais surtout, si vous êtes pressé.e, ne vous trompez pas de sens ! Depuis le parking, il faut faire le tour dans le sens des panneaux (sens contraire des aiguilles d’une montre). Sinon, ce sera beaucoup plus long !
Que voir alentour ?
En quittant la Montaña Colorada, il y a une autre petite randonnée à ne pas rater à un kilomètre de là : la randonnée de la Montaña Cuervo.
Le principe est le même, c’est-à-dire qu’on fait le tour du volcan. Mais le gros avantage de cette rando-là, c’est qu’on peut pénétrer dans le cratère, qui vaut le coup d’œil.
La Montaña Cuervo
Localisation
La Montaña Colorada est située en plein cœur du parc national des volcans de Lanzarote. Ce qui en fait un site rapidement accessible en voiture, où que l’on se trouve sur l’île (le plus souvent entre 15 et 30 minutes).
LE JARDIN DE CACTUS
Contrairement aux sites présentés ci-dessus, le jardin de cactus de Lanzarote n’est pas un site naturel à proprement parler.
Mais cette œuvre végétale de César Manrique s’intègre si parfaitement aux paysages naturels de l’île qu’elle a forcément sa place dans cet article.
Avec ces 4500 spécimens de cactus issus de 1400 espèces différentes, et provenant des cinq continents, César Manrique a réussi le tour de force de faire de ce jardin exceptionnel l’un des plus réputés de la planète.
Le jardin de cactus et le volcan Montaña Tinamala
Le jardin de cactus et le volcan Montaña Cobrada
Le sol est recouvert de picòn, cette fameuse cendre volcanique, et comporte quelques petits bassins où flottent des nénuphars et nagent de gros poissons rouges. Priorité de César Manrique, ce jardin magistral, qui constitue une véritable œuvre d’art, s’intègre parfaitement dans son environnement naturel et volcanique.
Dans ce sanctuaire paisible règnent le calme et la sérénité. Les cactus prennent toutes les formes possibles, mais aussi toutes les couleurs imaginables lorsqu’ils sont en fleurs.
Il faut déambuler tranquillement dans ces allées pour mieux s’imprégner de l’atmosphère poétique créée par ces cactées en tous genres.
Au fond du jardin, un vieux moulin domine le site. Parmi les différentes variétés de cactus qui prospèrent à ses pieds, mentionnons le coussin de belle-mère, au nom si explicite…
Le fameux coussin de belle-mère…
Infos pratiques
Entrée : horaires et prix
Le jardin de cactus est ouvert tous les jours de 10h00 à 17h00 (dernière entrée à 16h30), 365 jours par an.
Adultes : 8,50 euros – Adultes en situation de handicap : 6 euros
Enfants : 4,25 euros – Enfants en situation de handicap : 3 euros
Commodités
Le site est doté d’un vaste parking.
A l’intérieur, il y a une cafétéria qui sert à manger et à boire à des tarifs corrects : voir le menu.
A noter que deux œuvres de Manrique décorent les toilettes, pour distinguer celles des femmes de celles des hommes.
L’entrée des toilettes hommes…
… et celle des toilettes femmes.
Localisation
Le jardin de cactus est situé dans l’ouest de l’île à Guatiza, qui dépend de la municipalité de Teguise, bien que la ville soit située à 15 minutes de là.
Costa Teguise est également à 15 minutes, Arrecife à 20 minutes, Puerto del Carmen à 30 minutes.
Le jardin de cactus a été conçu en amphithéâtre
Le jardin de cactus en images
LES SITES LES PLUS SURPRENANTS DE L’ÎLE
La forte activité volcanique de Lanzarote a façonné des paysages naturels étonnants aux quatre coins de l’île. Cette dernière étant relativement petite, il est assez facile d’explorer tous ces sites en quelques jours seulement, sans jamais avoir à se dépêcher.
Le prix du billet n’est pas cher hors saison, le vol est rapide depuis l’Europe, avec laquelle il n’y a quasiment pas de décalage horaire (une heure), le climat est doux toute l’année…
Conclusion : foncez sur Lanzarote, vous ne le regretterez pas…
La randonnée de la Montaña Colorada est l’une de celles qu’il ne faut pas rater à Lanzarote. En réalité, c’est plus une balade qu’une véritable randonnée, elle est donc de niveau très facile. Il s’agit de faire à pied le tour d’un volcan, qui offre de jolis paysages tout le long du parcours.
Le sentier de la Montaña Colorada (au fond, la Montaña Negra)
Le départ de la balade est facile à trouver : il se trouve au bout du parking et aux pieds du volcan, on ne peut pas se tromper.
Un panneau montrant le plan détaillé de la rando se trouve là, sur lequel on distingue d’ailleurs très bien le flanc rouge du volcan.
Le panneau du départ
A partir de là, il suffit de suivre un petit chemin balisé qui est jalonné de quinze panneau explicatifs. Ils donnent une foule d’informations relatives au site : les différentes curiosités visibles tout au long du parcours, l’activité volcanique ou encore, la culture de la vigne à flanc de volcan. Tout y est pour mieux s’imprégner des lieux.
Assez rapidement après le départ, on arrive au flanc sud-est du volcan : c’est ce côté-là qui est rougeâtre et qui fait la réputation du site ainsi que de sa courte randonnée.
La Montaña Colorada, ou le volcan rouge
Tout au long du parcours, on aperçoit au loin une multitude d’autres volcans, posés au milieu des roches volcaniques.
Les volcans autour de la Montaña Colorada
Parmi eux, la Montaña Negra. Il s’agit du troisième plus haut sommet de l’île (518 m) et il offre la possibilité, lui aussi, de randonner sur son pourtour.
Lichens et Montaña Negra
Cette petite rando est une jolie balade qui comporte un seul inconvénient : les visiteurs ne sont pas autorisés à sortir du sentier dans un but de préservation de l’environnement, lequel est fragile par ici.
Le tour de la Montaña Colorada
Ce type d’interdiction vaut pour de nombreux sites à Lanzarote et cela a parfois un petit côté frustrant.
Par exemple, il n’est pas possible de s’approcher de la fameuse Bomba Volcanica Gigantesca, cet énorme rocher volcanique qui fut projeté à quelques centaines de mètres de hauteur avant de s’écraser au sol.
Ses dimensions :
4 m de large
5 m de haut (sans compter la partie enfouie dans la cendre volcanique)
Nombreux sont ceux qui sortent du sentier malgré l’interdiction, et piétinent les zones prohibées pour aller photographier cette fameuse Bombe avec le volcan rouge en arrière-plan.
La fameuse Bombe Volcanique Gigantesque
En conclusion, la randonnée de la Montaña Colorada est à faire absolument parce qu’elle est belle, facile et rapide. Cela ne vaut donc vraiment pas la peine de faire l’impasse dessus…
Le profil de la rando
Distance : 3 km
Dénivelé : 50 mètres
Durée : 1 heure à 1h 30
Niveau : très facile
L’accès à la Montaña Colorada
La Montaña Colorada est située en plein cœur du parc national des volcans de Lanzarote. Ce qui en fait un site rapidement accessible en voiture, où que l’on se trouve sur l’île (le plus souvent entre 15 et 30 minutes).
Un parking de terre est situé aux pieds du volcan. Le départ est au bout du parking.
Le parking vu depuis la Montaña Colorada
Si vous arrivez du sud-ouest (via la route LZ 30), alors vous traverserez la très pittoresque zone viticole de la Geria, qui présente une particularité notable : la vigne est plantée au centre de grands trous creusés dans la cendre volcanique.
C’est au lever du soleil que la face rouge du volcan bénéficie de la plus belle lumière. En fin de journée, il est à l’ombre, il est donc préférable de venir marcher ici le matin.
En haute saison (juillet – août), le parcours peut être assez fréquenté. Aussi, plus on fait cette rando tôt, moins on a de chances de croiser du monde. Le reste de l’année, le site est plus agréable car il n’est pas trop fréquenté.
Comment faire une visite rapide ?
Si vous manquez de temps, vous pouvez vous contenter de rejoindre le versant rouge du volcan pour l’admirer, puis faire demi-tour.
Pour cela, il faut compter une demi-heure environ, cette durée étant évidemment variable en fonction du rythme de marche de chacun.
Mais surtout, si vous êtes pressé.e, ne vous trompez pas de sens ! Depuis le parking, il faut faire le tour dans le sens des panneaux (sens contraire des aiguilles d’une montre). Sinon, ce sera beaucoup plus long !
Commodités
Il n’y a aucune commodité sur place, donc prévoyez tout ce dont vous avez besoin : de l’eau, à manger, casquette, crème solaire etc.
La randonnée de la Montaña Cuervo
En quittant la Montaña Colorada, il y a une autre petite randonnée à ne pas rater à un kilomètre de là : la randonnée de la Montaña Cuervo.
Le principe est le même, c’est-à-dire qu’on fait le tour du volcan. Mais le gros avantage de cette rando-là, c’est qu’on peut pénétrer dans le cratère, qui vaut le coup d’œil.
Du haut de ses 1885 mètres d’altitude, le sommet du Puy de Sancy offre une vue panoramique à couper le souffle sur près de 15% du territoire français, paraît-il ! Ce qui en fait une randonnée incontournable, celle qu’il faut avoir faite.Si vous passez dans le coin, ne manquez pas l’occasion d’aller faire un tour tout là-haut, sur le toit du Massif Central…
Si ce volcan éteint a pris avec le temps une apparence plus anodine de simple montagne, les superbes cônes éruptifs qui l’entourent rappellent aux visiteurs le passé géologique intense de la région.
L’itinéraire détaillé dans cet article part de la station de ski du Mont-Dore, mais il y a trois autres départs possibles :
Super-Besse
Chastreix-Sancy
La vallée de Chaudefour.
Après avoir longé le bas de la station, on entre dans une jolie forêt à flanc de montagne.
Si le sentier qui serpente entre les arbres par ici est relativement pentu, ce n’est rien à côté de la partie suivante : le chemin qui monte alors, et qui fait office de couloir de ski l’hiver, est lui beaucoup plus abrupt. Mais il n’est pas très long, quelques centaines de mètres seulement. Quand la pente s’adoucit enfin, on se retrouve alors sur un petit sentier à flanc de volcan.
La vue est souvent considérée comme superbe tout au long de cette rando. Mais les conditions de montagne ne permettent pas toujours de vérifier cette réputation : nous faisons partie des randonneurs et randonneuses qui ont marché dans les nuages pendant toute la première partie du parcours. Pourtant, l’ascension dans une telle brume confère à la rando une atmosphère particulière, typique de la montagne.
Quand on sort enfin des nuages, on se retrouve au beau milieu des pistes de ski, avec une vue de plus en plus belle sur la nature qui nous entoure.
On aperçoit très vite les premiers volcans qui sont posés là, majestueux.
Ici, le parcours est beaucoup moins pentu que dans la première partie de la randonnée.
Aux pieds du Puy de Sancy
Dans cette partie finale de l’ascension se succèdent les paysages époustouflants sur la vallée et ses volcans.
Si l’on effectue la montée dans les nuages avec une vue bouchée, il ne faut pas trop s’inquiéter car on a de bonnes chances d’avoir droit plus haut à cette vue exceptionnelle sur la mer de nuages. Elle procure alors la sensation forte de randonner en haute montagne.
Émotions fortes au-dessus des nuages
Une fois au sommet, les émotions visuelles sont toujours intenses avec un panorama impressionnant sur les volcans qui émergent des nuages. Les puys, ces fameux monstres façonnés par les forces la nature, nous semblent tout petits vus d’ici.
La vue à 360° est belle de tous les côtés. Une table d’orientation permet de se repérer.
De l’autre côté du sommet du Puy de Sancy, on attaque la descente par un long escalier. En face arrivent les randonneurs qui font le tour en sens inverse, ou qui viennent du téléphérique.
Attention aux marches verglacées
On arrive très vite à un petit poste d’observation d’où la vue, là aussi, vaut le coup d’œil.
Le lieu est magique, beaucoup en profitent pour casser la croûte face à cette vue imprenable.
La descente se poursuit par un long escalier qui fend le paysage.
Attention, quand il a gelé la nuit (voire en journée), les marches sont verglacées et très glissantes. Il n’est pas rare de retrouver un randonneur ou une randonneuse le cul par terre. Pour être honnêtes, nous l’avons testé par nous-mêmes, nos fesses rougies peuvent en témoigner…
Une fois la descente de l’escalier avalée, une bifurcation vers la gauche permet de prendre la direction du Mont-Dore (à droite, on va vers le téléphérique). On se retrouve alors sur un petit sentier dont les pentes abruptes plongent dans la vallée.
Le chemin descendant serpente une dernière fois entre les volcans avant de rejoindre la vallée.
C’est dans cette phase finale de la descente que nous apercevrons, très loin au-dessus de nos têtes, un groupe de chamois s’enfuyant à l’approche d’un couple de randonneurs, sur une ligne de crête.
Infos pratiques
A l’heure du bilan, le constat est simple. Cette petite randonnée offre des paysages somptueux, et pas seulement depuis le sommet : c’est le cas tout au long du parcours. Elle n’est globalement pas trop difficile même si la première partie, parfois très pentue, peut paraître ardue aux personnes peu habituées à ce type d’effort.
Le profil de la randonnée
(Pour rappel, il s’agit du parcours au départ de la station du Mont-Dore)
Distance : 7,2 km
Dénivelé : 546 m+ et 546 m-
Durée : +/- 3h30
Altitude max : 1885 m
Télécharger la trace GPX
Le parcours est très facile à suivre grâce au balisage présent tout le long de la rando.
Néanmoins, on peut également télécharger gratuitement la trace GPX sur VisuGPX (le lien est situé tout en bas de leur page).
On peut également la télécharger via l’appli Décathlon Outdoor, que nous avons testée et qui s’avère très fonctionnelle.
L’auberge de jeunesse Le Mont Dore (chalet Le Grand Volcan) est située aux pieds des pistes, et à 400 mètres seulement du point de départ de la rando du Puy de Sancy.
Il s’agit d’un grand chalet très agréable posé en pleine nature.
Il est extrêmement variable selon la saison et selon le type d’hébergement (dortoir, chambre…)
A titre d’indication, pour un week-end férié (11 novembre), nous avons réglé 70 euros la nuit pour une chambre double avec sanitaires privatifs, et petit déjeuner inclus.
Liens utiles
Pour avoir un autre aperçu de la rando du Puy de Sancy : Sancy.com
L’office du tourisme Auvergne Volcans Sancy donne de nombreuses infos sur les volcans, les activités outdoor etc.
Le téléphérique vous emmène à 1790 mètres d’altitude. Pour rejoindre le sommet du Puy de Sancy, il faut ensuite emprunter un escalier (+/- 20 minutes d’ascension).
Tarifs 2025 :
L’aller-retour : 20 euros par adulte, 12 euros par enfant
L’aller simple : 15 euros par adulte, 10 euros par enfant
Les chiens sont interdits sur l’ensemble du parcours de cette randonnée, y compris s’ils sont tenus en laisse.
Attention : à l’approche du sommet, en arrivant à l’escalier, attention aux marches : elles peuvent être (très) glissantes en cas de gel ou de neige, ce qui est fréquent à cette altitude.
Fréquentation : cette rando est victime de son succès. Il y avait beaucoup de monde quand nous l’avons faite (un 9 novembre), alors je n’ose pas imaginer ce que cela doit être en plein mois d’août…
Les spots de bivouacs de rêve, ce n’est pas ce qui manque dans les Pyrénées. Mais quand on débute en rando, en bivouac ou les deux, on ne sait pas forcément toujours très bien comment s’y prendre, ni quel itinéraire choisir.
Alors voici une idée de rando globalement facile, qui se termine en apothéose avec un spot de bivouac de rêve. La rando parfaite pour débuter, se tester, ou encore essayer son matériel de rando et de bivouac…
Le départ se fait du plateau du Lienz, au niveau de la fameuse auberge Chez Louisette (alt. 1600 m).
Le plateau du Lienz
On remonte alors une prairie bordée d’arbres.
Au départ du plateau du Lienz
On rejoint assez vite un chemin carrossable, destiné à approvisionner le refuge de la Glère, plus haut.
Le chemin carrossable en direction du refuge
Dans cette première partie de la rando, la végétation est toujours présente de part et d’autre du chemin.
On finit par atteindre une petite zone arborée, après laquelle l’univers devient de plus en plus minéral.
Cette zone rocailleuse et aride débouche au moment où l’on s’y attend le moins sur le lac de la Glère.
Le lac de la Glère, vu depuis le refuge
Ce point de vue est également le site où est posé le refuge de la Glère (voir les infos pratiques, plus bas).
Le refuge de la Glère
A partir de là, le lac de Coume Escure n’est plus qu’à 400 mètres, sur un petit chemin globalement plat voire descendant.
Le lac de Coume Escure
Mais on n’est pas encore tout à fait arrivé : le superbe spot de bivouac se trouve sur la rive d’en face. Il reste donc encore environ 400 mètres à parcourir en contournant ce joli lac, sur un petit chemin qui joue parfois à cache-cache dans la végétation. On peut malgré tout progresser au jugé sans difficulté.
Et puis c’est l’arrivée, face au lac de Coume Escure dominé au loin par le Grand Pic et le Petit Pic de la Glère.
Le lac de Coume Escure…
… et le Grand Pic et le Petit Pic de la Glère
On peut trouver du monde autour de ce lac notamment l’été mais en général, la plupart des randonneurs s’attardent plutôt autour du lac de la Glère, ou des lacs situés un peu plus loin, dans le parc national des Pyrénées. Le lac de Coume Escure est souvent un peu plus épargné que tous ses voisins : c’est son principal atout, au même titre que la vue qu’il offre sur le double pic de la Glère.
Le lac de Coume Escure
Le cadre est très nature, c’est l’endroit idéal où poser la tente.
Coucher du soleil sur le lac de Coume Escure
Même si l’eau est toujours très froide en montagne, difficile de résister à l’appel d’un joli lac après une rando où l’on a eu chaud.
La récompense !
Le spot de bivouac
La plage herbeuse du lac de Coume Escure est relativement petite. Ayant fait cette rando à trois couples d’amis, il y avait néanmoins suffisamment de place pour pouvoir poser là nos trois tentes, face au lac.
Petit bivouac entre amis
Sur ce site face au coucher du soleil, prendre l’apéro entre amis est un pur bonheur.
Pour nous, un bon gueuleton est une notion indissociable du bivouac. Nous n’hésitons donc jamais à alourdir nos sacs pour cet incontournable plaisir du soir. Les puristes de la rando ne nous comprennent pas toujours mais après tout, chacun ses goûts.
Poivrons de Padrón grillés
Le barbecue en rando ? C’est possible.
Alors évidemment, nous ne faisons jamais de feux par temps de canicule ou de sécheresse, et nous les allumons toujours dans des foyers déjà existants.
Car faire un feu sur l’herbe revient à la brûler et à détériorer le sol, ce qui est une pratique à proscrire en rando-bivouac : on aime la nature, on n’est donc pas là pour la détruire.
Au fil de l’apéro et du repas, le soleil décline puis disparaît, modifiant régulièrement les couleurs et la lumière de cette vue paisible sur le lac de Coume Escure.
La nuit tombe sur le lac de Coume Escure
Si le Grand Pic et le Petit Pic de la Glère apparaissent le soir en ombres chinoises au moment où le soleil se couche, il sont éclairés par une jolie lumière chaque matin quand le soleil se lève.
Lever de soleil sur le lac de Coume Escure
Alors que nous prenons le petit déjeuner, les montagnes reprennent des couleurs en face de nous.
Puis vient l’heure de lever le camp. La rando continue.
Le lac de Coume Escure
Remarque : si le spot de bivouac évoqué dans cet article est déjà occupé quand vous arrivez au lac de Coume Escure, vous pouvez tout à fait poser votre tente de l’autre côté du lac, celui par lequel on arrive en venant du refuge de la Glère. Il y a là aussi différents endroits où l’on peut bivouaquer et la vue est un jolie aussi. Le chemin menant du refuge au parc national des Pyrénées passe non loin mais ce plan B reste malgré tout une bonne alternative.
Poursuivre en direction du parc national des Pyrénées
Cette rando n’étant ni très longue, ni très difficile jusqu’au lac de Coume Escure, on peut très bien la poursuivre en direction du parc national des Pyrénées, où se situent de nombreux lacs.
Les lacs de la Glère (à gauche) et de Coume Escure (à droite)
Pour cela, il faut suivre les panneaux situés au niveau du refuge de la Glère, puis le balisage tout au long du chemin.
Le parcours est globalement joli mais pour notre part, nous nous sommes arrêtés aux limites du parc national des Pyrénées le premier jour, juste avant de pouvoir apercevoir les premiers lacs du parc. Nous sommes ensuite retournés au lac de Coume Escure pour y poser nos tentes.
Attention, les règles sont évidemment plus sévères dans le parc national des Pyrénées car il s’agit d’un véritable sanctuaire de montagne. Le but est de préserver cette nature aussi belle que fragile.
La réglementation du parc national
Le retour
Pour retourner au point de départ de la rando (le plateau du Lienz et l’auberge Chez Louisette) après avoir bivouaqué au lac de Coume Escure, il y a deux possibilités : soit revenir par là ou l’on est arrivé, soit finir la boucle (voir les infos pratiques, en fin d’article). Nous avons choisi la deuxième option.
Le lac et le refuge de la Glère
On commence par rejoindre et suivre le chemin du parc national des Pyrénées. Dès le début, et comme la veille pour nous puisque nous sommes déjà passés par là pour aller aux portes du parc national, ça monte.
Le lac de Coume Escure
Après avoir traversé un pierrier, on attaque une longue descente qui va continuer jusqu’à l’arrivée. Il faut traverser un petit ruisseau qui dégouline de la montagne, et dont la largeur peut varier en fonction de la saison. La descente se poursuit dans une sorte de jolie petite prairie encadrée de part et d’autre par de hautes montagnes.
La descente se poursuit dans une zone de gros blocs de pierres, qui n’est pas le passage le plus agréable ni le plus joli de la rando. On arrive un peu plus loin à la cabane de Sardiche. Pour notre part, ce sont des vaches qui nous y ont accueilli.
La cabane de la Sardiche
On arrive ensuite à un joli passage à flanc de montagne, au milieu de la végétation.
A partir de là, il ne reste plus qu’à poursuivre à travers champs et forêts en alternance, jusqu’au plateau de Lienz et au parking Chez Louisette, point de départ et d’arrivée de la rando.
Attention : pour votre timing, si vous choisissez de faire la grande boucle plutôt que l’aller – retour, la deuxième journée (12 km) est beaucoup plus longue que la première (7 km).
Infos pratiques
Le point de départ
Le départ de la rando se fait au plateau du Lienz, au niveau du restaurant Chez Louisette. Un petit parking est situé à proximité, où l’on peut laisser la voiture un ou plusieurs jours selon l’itinéraire choisi, le temps de la rando.
Le parking et le début de la rando
Pour rejoindre ce point de départ depuis Barèges, il y a deux solutions :
En voiture, par une petite route de 4,6 km.
A pied, via un petit chemin de rando : 3 km – 386 m+
La trace GPX
On peut évidemment faire cette randonnée en suivant le chemin carrossable. Pour le retour, si l’on fait la grande boucle, on peut se fier au balisage et aux cairns. Mais si l’on a le moindre doute, le meilleur moyen de ne pas se perdre est encore de télécharger la trace GPX.
Chez Louisette, bien sûr ! Comme évoqué précédemment, c’est le point de départ et d’arrivée de la rando, mais il s’agit également d’une petite auberge de montagne au décor chaleureux, qui propose des plats montagnards avec un excellent rapport qualité – prix. Tout est fait maison. Le site officiel : Chez Louisette.
Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici leurs cartes :
Attention : n’oubliez pas de réserver car l’auberge est réputée dans toute la région. Vous pouvez le faire via le site officiel résa Louisette, ou par téléphone au 05.62.92.67.17.
Où dormir ?
A Barèges ! C’est l’endroit le plus proche du départ de la rando et les possibilités d’hébergement sont assez nombreuses, même s’il vaut mieux prévoir de réserver à l’avance.
Nous avons dormi à l’hôtel Alphée, un peu cher (110 euros la chambre double) mais c’est le cas de nombreux hébergements à Barèges.
Point fort : le petit déjeuner, ce qui n’est pas négligeable pour prendre des forces juste avant de partir en randonnée !
Il délivre toutes sortes d’informations sur la région, ses randonnées, son patrimoine etc. Surtout, il permet de s’adresser à des humains plutôt qu’à Internet…
Place Urbain Cazaux 65120 BAREGES
Téléphone +33 (0)5 62 92 16 00
Sites internet utiles
Le site du parc national des Pyrénées est incontournable : conseils pour la randonnée, bivouac et refuges, la faune et la flore, les différentes vallées, tout y est ! Toute la réglementation du parc est accessible ici.
On peut retrouver la randonnée présentée dans cet article en consultant les deux sites suivants :
Le site Rando vallées de Gavarnie présente l’aller simple, avec une petite extension jusqu’au lac Det Mail.
Le site Entre Aure et Lavedan – Randonnées présente la grande boucle (en sens inverse du nôtre, raconté dans cet article), au départ et à l’arrivée du plateau du Lienz.
Recommandations habituelles en montagne
La montagne est un écosystème fragile. Les règles sont donc faites, non pas pour embêter les randonneurs et randonneuses, mais pour préserver la nature. Voici quelques règles de base, d’apparence évidente mais pas suffisamment respectées :
Les déchets : prévoyez des sacs poubelles afin de pouvoir redescendre vos déchets. Ne laissez aucune trace de votre passage dans la nature.
La flore : évitez de sortir des sentiers balisés afin de ne pas abîmer la flore en la piétinant. Ni cueillette, ni prélèvement.
Les lacs : ne vous baignez pas dans les lacs si vous êtes enduit.e.s de crème solaire, car elle abîme le fragile écosystème lacustre. Par exemple, randonnez avec des vêtements longs, un chapeau ou une casquette, ou encore baignez-vous avec un lycra : dans le sac, ce n’est pas bien lourd.
Le feu : pas de feu en période de sécheresse ou de canicule. Si vous en allumez un, faites-le dans un foyer existant afin de ne pas dégrader le sol.
Le bruit : discrétion requise : pas de bruit, par respect de la faune locale et des autres randonneurs.
Bref, le b-a, ba, quoi…
Informations diverses
Les chiens sont autorisés sur le parcours de cette randonnée, à condition qu’ils soient tenus en laisse. Un peu plus loin, dans le parc national des Pyrénées, leur présence est strictement interdite.
La randonnée sur ce parcours est déconseillée l’hiver car la zone est propice aux coulées de neige. Il convient de bien se renseigner auprès de professionnels avertis avant de se risquer à randonner dans la zone lorsqu’il neige.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser dans les commentaires (votre adresse mail sera demandée mais pas publiée, et il faudra compter quelques heures avant la publication de la question et de la réponse).
Pour continuer mon périple, j’ai décidé d’entrer en Turquie non pas par voie terrestre à vélo, mais par la mer en bateau. Je fais donc une courte traversée de Nisyros à l’île voisine de Kos, d’où partent les ferries pour la Turquie. Je ne le sais pas encore mais c’est là que mon voyage va basculer.
En approchant du ferry, je constate que la passerelle pour monter à bord est non seulement très étroite, mais aussi et surtout surélevée d’une bonne trentaine de centimètres au-dessus du quai, au lieu d’être posée dessus. Je rage un peu intérieurement en sachant déjà que je vais galérer dans quelques secondes pour hisser mon vélo de cinquante-quatre kilos sur cette passerelle mal ajustée. Mais cela fait partie de mes petites tracasseries quotidiennes, généralement sans conséquences.
Arrivé devant elle, je soulève l’avant du vélo puis je fais un effort supplémentaire pour faire suivre l’arrière, beaucoup plus lourd et là, d’un seul coup, crac ! Je ressens en une fraction de seconde une forte douleur au genou gauche. Pire, je sens tout de suite que dans ma jambe, quelque chose n’est plus à sa place. J’ai l’impression qu’un os est complètement sorti de son emplacement !
Cette sensation étant aussi douloureuse que désagréable, c’est la peur au ventre que je jette un œil à mon genou. Résultat, il est difforme ! Il a une énorme bosse à gauche et un grand trou inhabituel au milieu : la rotule n’est plus à sa place, elle s’est déboîtée vers l’extérieur de la jambe. La douleur est forte, je ne peux plus ni plier ni tendre la guibole, et il m’est impossible de faire un pas. La passerelle d’accès au navire étant très étroite, mon vélo, avec ses sacoches, en occupe toute la largeur et personne ne peut passer à côté de moi. Ça tombe mal, il y a encore une bonne cinquantaine de passagers derrière moi sur le quai, que j’empêche de monter à bord.
L’arrivée du ferry à Bodrum (Turquie)
Comme je souffre à voix haute, les deux membres d’équipage postés en haut de la passerelle pour accueillir les voyageurs descendent jusqu’à moi. Voulant m’aider, ils me demandent de lâcher le vélo pour le monter eux-mêmes à bord mais ils ne s’attendent pas à ce qu’il soit si lourd. Du coup, ils le font tomber dans les cordages qui bordent la passerelle, et dans lesquels le guidon s’empêtre. Quand ça veut pas…
Dans mon esprit, je me dis qu’il y a bien un toubib, une infirmière ou n’importe quelle personne avec un semblant de formation médicale, qui va venir m’aider et remettre ma rotule douloureuse à sa place, mais non. Alors que la douleur est toujours forte, personne ne se manifeste.
Bloquant toujours les passagers, et la douleur ne diminuant pas d’un iota, je décide d’essayer de la manipuler moi-même. Je la prends donc à deux mains et je la pousse vers sa place vide mais rien ne bouge. A la deuxième tentative, je force un peu plus et là, elle coulisse miraculeusement. Mes ligaments internes, qu’elle avait distendus comme deux élastiques au moment de la luxation, contribuent à la ramener automatiquement à son emplacement normal.
J’ai toujours très mal mais je suis surtout secoué psychologiquement après la vision de ma jambe si déformée. En revanche, au niveau sensations, j’avoue que ça va mieux car je vois bien que tout est désormais à sa place. Et du coup, je peux à nouveau marcher. Comme un canard boiteux, peut-être, mais au moins j’avance, libérant enfin l’accès à bord pour tous ceux qui poireautaient derrière moi.
Je finis de pousser mon vélo jusqu’en haut. Là, une jeune femme d’équipage me montre où le parquer pendant la traversée tout en me demandant comment ça va. Comme je n’ai qu’une seule envie, à savoir filer m’asseoir, je lui réponds que tout va bien alors qu’en fait, tout va mal ! Mais chose incroyable, une quinzaine de minutes plus tard, pendant que le bateau navigue quelque part entre la Grèce et la Turquie, une grande partie de la douleur a disparu. C’est fou qu’elle ait pu monter si haut en une fraction de seconde, puis dégringoler à ce point le quart d’heure suivant. Tant mieux pour moi.
Le port de Bodrum
Peu après, le bateau accoste à Bodrum, station balnéaire ultra fréquentée où le tourisme de masse est roi. C’est exactement ce que je n’aime pas mais à cet instant là, je m’en fous complètement : la seule chose qui compte, c’est mon genou. Notamment, je m’interroge sur l’étendue des dégâts causés par cette luxation. Je suis un peu inquiet car je n’ai pas l’impression d’être en état de faire du vélo. Je commence carrément à me demander si mon périple ne va pas se terminer dans cette ville, l’ancienne Halicarnasse. Alors bien sûr, ce serait un lieu d’arrivée prestigieux pour mon voyage, mais j’aimerais bien pouvoir continuer un peu quand même.
Quelques pierres du mausolée d’Halicarnasse, l’une des Sept Merveilles du Monde, ont servi à construire la forteresse de Bodrum
Initialement, j’avais prévu de rouler un peu pour sortir de la ville avant la tombée de la nuit, puis bivouaquer quelque part dans la nature. Mais là, je sens bien que je dois reposer ce genou récalcitrant. Je décide donc de me poser pour la nuit dans une petite pension bon marché, à l’écart du centre-ville animé que je trouve surfait. Je passe la soirée à noyer ma déception dans la gastronomie locale, en m’empiffrant de kebabs certes gras, mais tellement réconfortants. Demain, en fonction de mes sensations, j’aviserai…
Après avoir passé une partie de la nuit à cogiter, et l’autre partie à essayer de digérer mon repas local, j’ai la bonne surprise, au petit matin, de sentir que la douleur a presque disparu. Elle se réveille dès que je tourne la jambe sur le côté mais si je la garde bien droite, je n’ai plus vraiment mal. C’est une bonne surprise, je vais pouvoir continuer mon voyage.
Je suis globalement rassuré même si, au fond de moi, je sens quand même que mon genou est fragilisé. Je suis donc un peu sceptique mais je reprends la route : je verrai bien en pédalant si ça passe ou si ça casse…
La sortie de Bodrum
A la sortie de la ville, je me retrouve nez-à-nez avec deux sangliers. A mon approche, ils détalent à travers un petit terrain, pentu et recouvert de végétation, au beau milieu des maisons. Dans ce pays où quatre-vingt-dix-huit pour cent de la population est musulmane, je ne m’attendais pas à croiser ce couple de mammifères dotés d’un groin. Renseignements pris, il s’avère qu’ils pullulent dans la nature turque, tout autant d’ailleurs que dans une bonne partie de l’Europe et de l’Asie.
Les premiers kilomètres montent pas mal et je suis heureux de constater que mon genou tient plutôt le coup : je n’ai pas vraiment mal, sauf quand je tords un peu la jambe. Et bien j’ai qu’à ne pas la tordre !
L’itinéraire côtier offre de jolies vues plongeantes sur la mer. Je comprends mieux pourquoi il y a tant de touristes dans les parages.
Les environs de Bodrum
J’arrive assez rapidement sur une quatre-voies. En Turquie, les vélos y sont autorisés, de même que sur les autoroutes. Moi qui suis si attaché aux conditions de sécurité à vélo (par exemple, je fais partie des zéro pour cent de cyclistes environ qui ne grillent pas les feux !), je suis surpris de prendre tant de plaisir à pédaler sur ces routes à grande vitesse. Les voitures foncent, un certain nombre d’entre elles pulvérisant allègrement la limitation à cent dix. Les bus et les poids lourds ne sont pas en reste car ils me doublent également en roulant vite. Leur moteur me hurle dans les oreilles et leur pot d’échappement me crache dans les poumons. Mais malgré tout, comme la bande d’arrêt d’urgence sur laquelle je roule est plutôt large et que je surveille dans mon rétro tous les véhicules en approche, j’ai plutôt tendance à m’éclater ici.
Quand un poids lourd me double, voire plusieurs à la suite, ils m’emportent dans leur sillage grâce à l’appel d’air qu’ils créent derrière eux. Cela me fait accélérer considérablement, a fortiori dans les descentes, et je me retrouve à rouler à des vitesses bien supérieures à celles que j’atteindrais à la seule force des mollets. Cette quatre-voies a décidément un petit côté grisant.
Par contre, il y a quelques portions sur lesquelles la largeur de la bande est très réduite voire inexistante et dans ces endroits, je me retrouve à rouler avec voitures et camions sur la file de droite. Ça, ce n’est plus du tout une partie de plaisir. Cela me vaut un ou deux coups de klaxon mais globalement, la cohabitation se passe bien car quasiment aucun véhicule ne me frôle.
Mais je prends vite conscience que sur cette quatre-voies, il n’y a aucun paysage à voir, aucun village à traverser ni aucune rencontre à faire. Alors je décide d’en sortir pour aller voir de plus près à quoi ressemble la Turquie profonde.
Petite route de montagne (sud-ouest de la Turquie)
Dans cette région paisible de la Turquie, la petite route de montagne qui défile sous mes pneus est bordée de fleurs. Les voitures sont rares et le silence règne, c’est tout le contraire de la quatre-voies d’où je viens.
Après quelques montées, j’arrive dans la petite ville de Milas, que je traverse assez rapidement. Elle est posée dans une vallée encaissée, aux pieds de montagnes dont les flancs sont défigurés par les carrières de marbre. Ce dernier a servi il y a bien longtemps à la construction des nombreux monuments antiques de la région.
A la sortie de la ville gît paisiblement un joli lac bleu. Je décide de faire un petit détour pour aller le voir de plus près. Sur ses berges, quelques habitants du coin sont venus poser leur table de camping pour pique-niquer en famille.
Le lac de Milas
Je poserais bien ma tente par là, face à ce joli paysage lacustre mais sans que ce soit la grande foule, il y a quand même des gens un peu partout. Je quitte donc le lac pour planter ma tente quelques kilomètres plus loin.
Vient l’heure de faire le bilan de la journée. J’ai roulé modérément, soixante-et-un kilomètres précisément mais avec quand même huit cents mètres de dénivelé positif, ce qui n’est pas rien avec un vélo toujours aussi lourd, mais avec en prime un genou en vrac, désormais. Mais ce genou justement, il ne m’a pas trop fait souffrir, finalement. Par contre, il a pas mal gonflé et je n’aime pas trop ça.
Après une nuit passée dans le silence des montagnes, j’attaque la journée suivante avec de grosses montées. Bien que pas encore réveillé, mon genou tient toujours le choc.
Au fil de la journée, la chaleur devient de plus en plus intense. A l’entrée d’un village, je m’arrête pour discuter avec un habitant devant son hangar. Il s’appelle Ashkan, il est menuisier et il me fait visiter son atelier.
Ashkan dans son atelier
Je ne sais pas si j’ai la tête du type qui souffre à pédaler dans les montagnes en plein cagnard mais quand je pars, Ashkan envoie son fils Inan m’offrir une grande bouteille d’eau fraîche : un moment d’allégresse pure pour un cyclotouriste en surchauffe. J’avais déjà entendu parler de l’hospitalité turque mais à ce moment précis, elle devient réalité.
Inan m’offre une grande bouteille d’eau fraîche
Je poursuis ma route mais quand j’arrive dans la ville de Yatagan, mon genou est proche de l’obésité. Pourtant, je n’ai roulé que trente-huit kilomètres aujourd’hui, mais sous un soleil qui m’a fait fondre et surtout, avec près de neuf cents mètres de dénivelé positif. J’ai notamment dû forcer pas mal pour grimper plusieurs pentes entre 10 et 15%. Cet effort de pédalage soutenu voire intense, à l’évidence, mon genou ne l’a pas adoré : il est devenu énorme.
Je décide de m’arrêter dans cette ville inconnue pour reposer mon genou pendant quelques jours.
Je vais également le glacer (avec des petits pois surgelés, n’ayant rien d’autre) et acheter une genouillère dans une pharmacie.
Soixante-douze heures plus tard, mon genou n’a pas dégonflé d’un millimètre. La douleur est faible mais elle est toujours là, notamment sur certains mouvements de la jambe. Entretemps, j’ai appris qu’avec ce type de blessures, il y avait une récidive pour plus d’une personne sur deux. C’est énorme. Or, j’ai encore des montagnes à grimper et dès ma prochaine étape, mon GPS vélo m’annonce qu’une côte à 24% m’attend ! C’est monstrueux. Je ne pourrai sans doute pas la monter, chargé comme un âne, il faudra donc que je pousse le vélo. Mais c’est justement en le poussant, sur une passerelle pourtant beaucoup moins pentue, que ma rotule s’est fait la malle : cela ressemble à des conditions idéales de récidive.
Et puis globalement, je me rends bien compte que je ne peux pas forcer normalement en pédalant. Alors avec toutes ces montagnes qui m’attendent, il va bien falloir que je me rende à l’évidence : la suite de mon périple est compromise.
Dans la campagne turque
Je passe des heures à réfléchir à ce que je dois faire ou pas, à ce qui est prudent ou imprudent, et à la récidive qui me pend au nez si je m’engage dans les montagnes de la région. Mon genou est toujours très enflé, je le sens vraiment fragilisé, la suite du parcours est très sportive, trop sans doute, et la luxation de ma rotule a été un moment extrêmement désagréable que je n’ai absolument pas envie de revivre.
Après trois jours de repos passés tout seul dans une petite chambre d’hôtel miteuse à Yatagan, à réfléchir dans tous les sens à la suite que je dois donner à mon périple, je finis par prendre ma décision : je vais faire demi-tour et rentrer à la maison. Le coup est rude et quelques gouttes s’échappent de mes yeux, les nerfs me lâchant brutalement. C’était le voyage d’une vie, je regrette tellement qu’il se termine ainsi.
Mais très vite, les belles images des endroits que j’ai traversés depuis le départ me reviennent à l’esprit. La douceur de vivre en Italie, les beauté de la côte et des forêts croates, les superbes montagnes albanaises, le volcan impressionnant en Grèce… Je repense aussi à tous les gens amicaux et si bienveillants que j’ai rencontrés depuis le premier jour. Je n’avais jamais vraiment repensé à tout ça en pédalant quotidiennement car finalement, ce qui m’intéressait chaque fois que je roulais, c’était ce qui m’attendait le jour même ou le lendemain, et non pas ce que j’avais déjà vécu.
Toutes ces images me réconfortent et me font prendre conscience que, même si aujourd’hui, tout se termine en eau de boudin, j’ai quand même eu la chance de vivre une aventure exceptionnelle. J’ai atteint mon objectif initial, Athènes, et je l’ai même dépassé puisque je suis arrivé jusqu’ici, en Turquie. Simplement, je ne vais finalement pas pouvoir pousser jusqu’en Cappadoce, ni rentrer chez moi à vélo.
Pour le retour justement, le plus simple consisterait à prendre l’avion. Mais j’ai traversé toute l’Europe pendant plus de deux mois pour arriver jusqu’ici en Asie, en utilisant uniquement mon vélo. C’est-à-dire un moyen de transport respectueux de l’environnement. Je ne peux quand même pas décemment polluer un tel voyage en prenant maintenant un vol pour rentrer à la maison.
Je rentrerai donc en bateau, en voiture de location et, quand il n’y aura aucune autre possibilité, j’avancerai à vélo. Alors bien sûr, la voiture polluera un peu mais ce ne sera que sur de courtes distances et il n’y aura de toute façon aucune commune mesure avec l’avion. Ce retour prendra du coup beaucoup plus longtemps, environ deux semaines au lieu de deux ou trois heures par les airs, et il me coûtera au total beaucoup plus cher qu’un vol en aller simple. Mais au moins, mon bilan carbone restera honorable et je serai fier de mon voyage jusqu’au bout. Et puis, ces quinze jours de retour me serviront de transition vers le retour à la vie normale…
La mosquée Rüya Gibye
Pour commencer, je n’ai pas vraiment le choix : je vais devoir retourner à Bodrum à vélo.
La campagne turque, pendant le chemin du retour
Je prends donc le même chemin qu’à l’aller et je repasse devant les mêmes paysages : des forêts verdoyantes, la mer d’un bleu intense…
Après les quelques dizaines de nuits que j’ai eu la chance de passer sous la tente au cours des dernières semaines, c’est maintenant l’heure de mon dernier bivouac.
Avec un dénivelé globalement descendant malgré quelques pentes raides, ma patte folle tiendra le coup jusqu’à Bodrum.
Le chemin du retour :
Traversée Bodrum (Turquie) – Île de Kos ( Grèce)
L’île de Kos
Traversée Kos – Athènes
Athènes
Traversée Patras (Grèce) – Ancône ( Italie), après la jonction Athènes – Patras en voiture de location
Ancône
Traversée Gênes (Italie) – Barcelone (Espagne), après la jonction Ancône – Gênes en voiture de location
De Gênes à Barcelone
Retour à Bordeaux en voiture
Voiture de location neuve et dernière galère du périple : crevaison à Tarrega !
Infos pratiques
Les automobilistes turcs et les cyclistes
Comme dans tous les pays précédents que j’ai traversés, je n’ai pas rencontré le moindre problème de sécurité avec les automobilistes turcs. Je n’ai jamais vraiment croisé de chauffards. Il y a bien eu quelques bolides qui fonçaient sur les quatre-voies limitées à cent dix kilomètres heure, mais ils passaient toujours loin de moi et ne me mettaient donc jamais en danger. Sur les petites routes de campagne et de montagne ainsi que dans les villes et villages, les voitures faisaient là aussi toujours très attention à moi. D’après ce que j’en ai vu, les routes turques m’ont donc paru très sûres pour les cyclistes.
Les itinéraires Eurovélo
Les itinéraires Eurovélo ont fait leurs preuves depuis longtemps. Au nombre de dix-sept à ce jour, ils sillonnent l’Europe du Cap Nord à Malte, et de l’Irlande occidentale aux confins de l’Orient.
L’esprit est de constituer un réseau cohérent de grands itinéraires cyclables européens, en connectant les capitales et les grandes villes du continent. Le patrimoine naturel et culturel est mis en valeur tout en favorisant le tourisme durable.
L’un des principes de base d’Eurovélo, c’est de toujours prendre en compte la sécurité des usagers. Ainsi, les routes doivent être balisées et continues. Elles doivent également éviter les routes à fort trafic. Elles combinent donc pistes cyclables et routes secondaires, voire chemins balisés.
Le réseau Eurovélo
La Turquie est très peu concernée par le réseau Eurovélo. Elle ne compte en effet que deux petites portions d’itinéraires sur son territoire : l’une est située dans la partie européenne du pays (au nord-ouest d’Istanbul), et l’autre se trouve autour d’Izmir. Lien vers le réseau Eurovélo en Turquie
Mais si j’évoque quand même ce vaste réseau cyclable ici, c’est parce que les nombreux itinéraires qu’il comporte à travers le continent peuvent s’avérer utiles pour pédaler jusqu’en Turquie, quel que soit le pays européen d’où l’on vient.
Se rendre à Bodrum en bateau, depuis la Grèce
Il est facile de se rendre à Bodrum en bateau depuis la petite île grecque voisine de Kos puisque plusieurs compagnies assurent la traversée. On trouve donc normalement des ferries tous les jours.
Prix : il varie selon la saison et la compagnie mais il tourne autour de 30 euros pour un piéton adulte. Le transport du vélo est gratuit (demander confirmation à l’achat du billet).
Durée : environ 30 minutes.
Attention : si en basse saison on peut en général acheter son billet au dernier moment, en haute saison il est préférable de réserver à l’avance.
Douane : cette traversée inclut un passage de frontière (Grèce – Turquie), ce qui signifie qu’il faut prévoir le temps de passage de la douane. Mais surtout, les voyageurs à vélo s’exposent à la confiscation des couteaux, cartouches de gaz etc. D’après ma propre expérience, les douaniers ne sont pas très regardants : à l’aller, ils m’ont laissé passer sans me contrôler et au retour, ils m’ont contrôlé mais sans rien confisquer. En revanche, lors d’une autre traversée (en Italie), on m’a confisqué toutes mes cartouches de gaz, donc c’est une situation rageante qui peut toujours se produire quand on passe une douane…
Prix : très variable, de moins de 10 euros à près de 20 euros pour un piéton selon la saison, la compagnie, le type de navire etc. Gratuité pour le vélo.
Durée : de 45 mn à 1h45, selon le type de navire.
Fréquence : en basse saison, il n’y a que deux traversées par semaine (à vérifier, cette fréquence pouvant changer).
Attention : en haute saison, il est plus prudent de réserver son billet à l’avance.
J’ai pris tout mon temps pour profiter au maximum de ma dernière journée en Albanie. La conséquence immédiate, c’est qu’il est déjà tard lorsque je passe la frontière grecque, et qu’il ne me reste plus beaucoup de temps pour trouver un spot de bivouac avant la tombée de la nuit.
En plus, je me trouve dans une partie très montagneuse de la Grèce. D’un côté de la route, il y a la montagne, de l’autre, le ravin et partout, le terrain est à la fois très boisé et trop pentu pour poser ma tente dans les parages.
Mais comme toujours, à force de rouler, je finis par trouver un petit chemin en bord de route, au bout duquel quelques arbres pourront cacher ma tente de la vue des rares voitures qui passent par ici.
Le lendemain, je rencontre une galère que je n’ai absolument pas anticipée : la soif.
Après un bivouac non loin de la ville de Ioannina, je donne mes premiers coups de pédales de bon matin, dans de jolis paysages de montagne et dans l’insouciance totale : comme toujours depuis quarante jours que j’ai quitté la France, je trouverai bien de l’eau en chemin.
Au fil des heures, le soleil chauffe de plus en plus et le problème qui se pose, auquel je n’avais pas pensé un seul instant, c’est que mon itinéraire ne me fait pas traverser le moindre village. Habituellement, je rencontre presque tous les jours des habitants qui acceptent gentiment de remplir mes gourdes, sinon, j’attends de trouver une fontaine sur mon chemin. Et en dernier recours, il me suffit d’acheter des bouteilles d’eau dans la première petite épicerie que je croise, ce que je n’ai fait qu’une seule fois jusque là.
Mais aujourd’hui, mes bidons sont vides et autour moi, rien ! Pas un village, pas un habitant, pas une fontaine, pas une épicerie. En d’autres termes, je suis à sec. En plus, il fait chaud et je transpire dans les montées, bref, je suis assoiffé. A midi, je dévore la tomate, le demi-concombre et l’orange qu’il me reste afin de m’hydrater un peu, puis j’étudie la carte du coin sur mon GPS pour essayer de trouver un village proche. En vain, il n’y a pas âme qui vive dans les parages.
Personne à des kilomètres à la ronde
Je suis au pays de la mythologie grecque et puisque j’ai le gosier si sec, je ne peux m’empêcher de penser aux Danaïdes, ces cinquante sœurs qui furent condamnées à verser éternellement de l’eau dans un vase sans fond : quel gâchis !
Mais comme souvent depuis le début du périple, je fais une rencontre providentielle. Une fourgonnette des services de l’autoroute voisine passe à un croisement, assez loin devant moi. Elle s’arrête un peu plus loin, fait demi-tour et revient vers moi avant de s’arrêter à ma hauteur. Le conducteur, avec son gilet jaune de l’autoroute, me demande où je vais. Je lui explique mon trajet mais il n’a pas vraiment l’air de me croire. Il est persuadé que je veux emprunter l’autoroute à vélo. Il essaie de m’en dissuader en m’expliquant que c’est interdit et que surtout, c’est dangereux. N’ayant plus huit ans depuis longtemps, je suis au courant de tout cela et je n’ai en effet pas prévu d’aller me faire aplatir aujourd’hui par un bolide à quatre roues. Malgré son insistance plutôt lourde, il est franchement sympa.
Au moment où il s’en va, je lui demande s’il y a un village dans le coin où je pourrais acheter de l’eau. Il me répond que non, qu’on est loin de tout ici et qu’il n’y a rien. Il retourne à sa fourgonnette, me laissant K-O debout après une info aussi sèche. Mais il en ressort avec deux petites bouteilles d’eau de vingt-cinq centilitres chacune, qu’il me tend dans un grand sourire.
Le sauveur de l’autoroute !
Quand on vit quotidiennement avec l’eau courante et qu’on a l’habitude d’ouvrir un robinet pour que l’eau coule à flots, on n’a pas idée de ce que peut représenter un petit demi-litre d’apparence aussi ridicule. Mais pour qui vit dans la nature et se retrouve assoiffé pendant des heures, en plein cagnard et en plein effort, comme moi aujourd’hui, alors ces deux micro-bouteilles valent tout l’or du monde. Il y a cinq minutes à peine, j’étais au fond du trou et là, d’un seul coup, je suis le plus heureux des hommes. La vie est belle.
Je descends la première bouteille cul-sec et je garde la seconde pour le bivouac du soir : j’aurai besoin d’un peu d’eau pour préparer mon dîner grâce à un sachet lyophilisé que je garde toujours en réserve, dans la perspective d’un jour où je n’aurais rien à manger. Je réalise alors que ces deux bouteilles sont à la fois beaucoup et trop peu. Elles me sauvent momentanément mais elles sont insuffisantes quand même.
Une petite fabricante de miel grecque
La chance me fait alors passer devant une maison isolée dont je me demande ce qu’elle peut bien faire là, si loin de tout. Son habitant jardine à proximité de la porte d’entrée. J’ouvre le dialogue par un kalimera amical (bonjour) censé briser la glace et le mettre en confiance. Il me répond la même chose mais sur le ton d’un ours hostile, avant de tenter de se réfugier dans sa maison. Je réalise alors que, habitant dans un endroit aussi reculé, il est légitime qu’il se méfie du premier type qui passe par là, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un voyageur un peu cradingue comme moi.
Je lui demande alors très vite, juste avant qu’il ne passe le seuil de la porte, s’il peut me dépanner en eau. Il répond en râlant fort, me tourne le dos et rentre chez lui brusquement en claquant la porte. J’attends là un instant car je crois avoir compris qu’il va revenir quand même, et je profite de ces quelques secondes pour sortir une petite tour Eiffel bleue de mes sacoches : on ne sait jamais, ça peut toujours servir.
Le type revient alors, muni d’une grande bouteille d’eau de deux litres mais en arborant une tête de tueur : il me fait comprendre que s’il me donne cette eau, c’est juste pour que je dégage le plus vite possible. Mais moi, en voyant cette immense bouteille, qui prend sous ce cagnard autant de valeur qu’un ticket de loto gagnant, je pars tout seul dans un grand éclat de rire, sans doute un peu nerveux. Puis je couvre mon sauveur, le deuxième en vingt minutes à peine, de plusieurs efkaristo consécutifs (merci). Et bien sûr, je lui tends la petite tour Eiffel.
C’est fou l’impact de ce petit objet bleu sur les gens à qui je l’offre. Chaque fois, ils rient à tue-tête lorsqu’ils prennent la petite tour dans leurs mains. Mais avec ce grec, c’est différent. Il y a deux secondes, il semblait prêt à m’égorger et là, il se met subitement à rire avec moi comme si j’étais son vieux pote ! Ce petit cadeau l’a mis en confiance. Du coup, ce taiseux devient intarissable et n’arrête plus de me questionner sur mon voyage. Mais je finis par m’éclipser quand même, trop content de ces deux rencontres successives qui m’ont sorti d’une sale situation.
Il n’y a pas âme qui vive dans ce coin du pays.
Douceur de vivre à la grecque
La journée ayant été difficile physiquement à cause du gros dénivelé, de la chaleur et de la soif, je décide d’arrêter de pédaler un peu plus tôt que d’habitude, pour me reposer. Je vais poser ma tente dans les parages et profiter tranquillement de la soirée, quelque part dans la nature.
Je trouve assez rapidement un spot vraiment agréable, qui le serait encore plus si au préalable, un troupeau de vaches n’avait pas déposé tout un bataillon de bouses un peu partout. Les plus sèches sont inodores et ne me posent pas de problème, mais les plus fraîches sont répugnantes. Déjà, elles sont énormes mais surtout, elles sont colonisées chacune par des dizaines de grosses mouches vertes, qui n’ont rien trouvé de mieux à faire que de creuser une multitude de galeries dans cette odorante matière fécale d’origine bovine. C’est bien la première fois de ma vie que je suis amené à observer aussi finement cette manifestation peu ragoûtante de la nature, et j’espère surtout que ce sera la dernière.
Bien sûr, ce n’est pas le sujet le plus élégant à aborder mais cela fait partie du voyage, alors je ne peux pas le censurer non plus.
Une fois ma tente montée, je m’en éloigne un instant en faisant évidemment très attention où je pose les pieds. Je finis par me planter devant un gros buisson. Là, alors que je marque tranquillement mon territoire, j’entends subitement un gros bruissement de feuilles dans la végétation que je suis justement en train d’arroser. Je pense immédiatement à un serpent. Et en effet, un gros reptile surgit juste à côté de mon pied droit mais ce n’est pas celui que je crains : c’est une petite tortue sauvage.
Daisy la tortue
Par chance, elle semble être passée entre les gouttes puisqu’elle est toute sèche. Elle est mignonne comme tout, bien qu’étant furieuse après moi car j’ai marqué un territoire qui n’était pas le mien : c’est le sien. Je la baptise Daisy, du nom de sa congénère que nous avions à la maison quand j’étais petit. Puis je retourne à ma tente, lui rendant ses terres.
Croiser ce petit animal sur ma route est assez symbolique car nous présentons quelques similitudes, lui et moi. Nous n’avançons pas bien vite, et nous emportons tous les deux notre maison avec nous : la tortue sur son dos et moi dans mes sacoches de vélo.
L’avantage quand on roule à la vitesse de ce petit animal tout pataud, c’est qu’on peut prendre tout son temps, ce qui permet de profiter beaucoup plus du voyage. On n’a aucune contrainte, on peut rester aussi longtemps qu’on veut dans les endroits où l’on se plaît puisque on n’est attendu nulle part. Il suffit juste de profiter du moment présent, que ce soit face au paysage ou le temps d’une rencontre. Savourer ces instants sans se soucier du temps qui file, il s’agit bien d’un luxe qu’on ne possède jamais, dans la vie de tous les jours.
Le territoire de Daisy, sur lequel j’ai donc posé ma tente, est un petit coin de nature calme et paisible qui fait face aux montagnes. Dans une telle quiétude, la petite tortue sauvage et moi allons bien dormir.
En Grèce, le nord du pays n’est globalement pas touristique. Ici, je découvre la Grèce profonde, bien loin de la carte postale classique représentant des petites églises blanches surmontées de coupoles bleues, avec une mer d’azur en toile de fond.
Plus je descends vers le sud, plus les champs fleuris succèdent aux montagnes enneigées. Les fleurs sont omniprésentes, elles remplissent les champs, je n’en ai jamais vu autant. Les paysages en sont tout tachetés, ce qui les enjolive et tant mieux car franchement, sans ce saupoudrage de couleurs, ils seraient beaucoup plus banals. Un vrai petit paradis pour les abeilles.
Dans cette partie du pays, je traverse peu de villages et aucune ville. En conséquence, contrairement à ma traversée de l’Albanie, je ne fais pas beaucoup de rencontres. Mais comme la nature est omniprésente, j’y trouve mon compte quand même.
Ici, il y a un avantage et un inconvénient. L’avantage, c’est que cette nature fleurie est agréable et très propice au bivouac. Mais l’inconvénient, c’est que justement, le bivouac est interdit en Grèce !
Bivouac dans les environs d’Etoliko
Pourquoi cette discrimination à l’encontre des bivouaqueurs ? D’une part, pour protéger la nature du comportement de certains campeurs peu scrupuleux. D’autre part, pour préserver la tranquillité des habitants. Enfin et surtout, pour limiter au maximum les risques d’incendies.
Les contrevenants risquent une amende, et il faut savoir que la police traque de plus en souvent les bivouaqueurs en Grèce, notamment en haute saison.
Pour ma part, si j’ai pris le parti de ne pas respecter cette interdiction, ce dont je ne suis pas spécialement fier malgré mes convictions pro-bivouac, c’est pour plusieurs raisons. Déjà, quand je dors sous la tente, je ne laisse absolument aucune trace de mon passage dans cette nature que j’aime, et j’emporte donc tous mes déchets. Ensuite, je bivouaque toujours discrètement, loin des habitations, afin de ne déranger personne. Enfin et surtout, je n’allume mon réchaud que lorsque la végétation est mouillée, ou lorsqu’il n’y en a pas du tout à proximité. Et en prime, quand il y a déjà des déchets par terre dans la zone où je pose la tente, je les ramasse et je les emporte avec moi pour les jeter dans la première poubelle que je trouve après avoir levé le camp, histoire que les lieux soient plus propres après mon passage qu’avant.
Alors bien sûr, ces précautions ne m’autorisent pas pour autant à bivouaquer dans ce pays et j’en suis bien conscient. Mais quitte à ne pas respecter la règlementation, autant le faire proprement et sans déranger personne.
Un soir, je longe des champs fleuris qui me séparent du lac Amvrakia, au loin. Il a l’air paisible et puisqu’il m’attire comme un aimant, je décide de quitter la route pour prendre un petit chemin dans sa direction, car j’aimerais bien poser ma tente sur la berge.
En direction du lac Amvrakia
Je roule un petit moment avant de trouver un site qui a l’air accueillant pour passer la nuit, à une poignée de mètres de l’eau. Mais une fois la tente posée, je repère deux pêcheurs à quelques centaines de mètres : moi qui aime bien bivouaquer discrètement, ça tombe mal !
La rive du lac Amvrakia
Ma tente ne se voit quasiment pas de loin, toute verte au milieu de la verdure, mais j’aime autant aller les voir pour discuter un peu et voir à qui j’ai affaire. Avec mon appareil photo en bandoulière, je passe vraiment pour le parfait touriste qui n’inspire aucune méfiance.
Avec mes voisins pêcheurs
Ils ont attrapé une poignée de poissons et s’apprêtent à repartir.
Nous discutons un peu avant qu’ils ne rentrent chez eux déguster le fruit de leur pêche. Une fois partis, je me retrouve tout seul sur la berge, à savourer égoïstement la vue sur le lac.
Le lac Amvrakia
Comme souvent après de bonnes journées de pédalage, je me couche tôt, juste après le soleil. C’est le moment que choisissent les crapauds du voisinage pour commencer à hurler. Et quand ils s’y mettent en bande, ils ne font pas dans la discrétion. Quel boucan ! Peu après, les quelques oiseaux qui ont prévu eux aussi de passer la nuit au bord du lac, décident de faire concurrence à mes voisins batraciens. Le cocktail coassements – gazouillis qui en résulte n’est pas le plus mélodieux qui soit mais finalement, il n’est pas désagréable non plus. Surtout, il me rappelle que je suis en pleine nature, et cette musique vaut tellement mieux que les klaxons que j’entendrais si je dormais en ville. En quelques minutes, elle me berce et je m’endors.
Sur la rive du lac Amvrakia
L’une des bonnes surprises du périple, c’est justement le bivouac. J’ai toujours aimé ça mais je n’en fais qu’un ou deux par an, au cours de randonnées en montagnes avec ma femme et nos amis. Là, depuis deux mois et demi que j’ai quitté la France, j’ai déjà passé plusieurs dizaines de nuits sous la tente. Ce n’est pas le fait de bivouaquer en lui-même qui me séduit tant, c’est surtout celui de dormir dans des coins sauvages, souvent vierges de toute présence humaine, excepté la mienne. Je prends un plaisir fou à observer la nature sous toutes ses coutures. Admirer le coucher du soleil tous les soirs, que ce soit depuis une forêt, une crique ou une montagne. Puis me faire bercer par le bruit du vent, de la pluie ou d’une rivière dès que je ferme les yeux, le plus souvent avec quelques cris d’animaux en toile de fond. Ensuite, tous les matins sans exception, c’est le chant des oiseaux qui me réveille dès les premières lueurs, qui apparaissent une vingtaine de minutes avant que le soleil ne pointe le bout de son nez derrière l’horizon. Et enfin, quand je sors de la tente pour prendre mon café, je me trouve au milieu d’un champ tout givré, ou bien sur la rive d’un lac, ou encore face à un paysage doré par la lumière de l’aube.
Ce matin, c’est sous les arbres et face au lac Amvrakia que je me réveille. Une fois le petit déjeuner englouti et mes affaires préparées, j’ai un peu de mal à m’arracher à ce spot si nature. Mais il faut bien poursuivre ma descente vers le sud. Par chance, l’itinéraire que me propose mon GPS vélo me fait emprunter des petits chemins isolés très agréables.
Les champs d’orangers et de citronniers sont de plus en plus nombreux sur le bord de la route, il y en a désormais sur des kilomètres sans interruption. Il n’y a toujours pas un seul touriste et je croise très peu d’habitants. Même si les rencontres, que j’affectionne tant, commencent à me manquer dans ce pays, je dois avouer que je me sens bien, tout seul sur ces chemins déserts.
Champ de fleurs et d’oliviers
La Grèce du nord est décidément une région très peu touristique. Du coup, je finis par arriver à la mer sans avoir jamais croisé personne, ou presque.
Une fois sur le littoral, le soleil tape mais pour compenser, Éole souffle assez fort, ce qui a le double effet de me rafraîchir et d’agiter la mer. Elle est hachée et dans les villages fantômes que je traverse, les vagues se fracassent contre les digues, projetant parfois de grandes gerbes d’eau sur la route, et des embruns sur ma figure.
Je réalise la chance folle que j’ai de vivre des moments si grisants sur mon vélo, face à ces panoramas naturels bruts. Depuis l’Albanie, dont j’ai trouvé les paysages si sauvages, si purs, je passe la plupart de mon temps en pleine nature, que ce soit de jour en pédalant ou de nuit sous ma tente. Lacs et rivières, forêts et fleurs, voilà l’environnement dans lequel je vis quotidiennement depuis quelques semaines maintenant, et je me rends compte que j’aurais bien du mal à m’en passer. J’ai perdu mes repères de citadin depuis longtemps et j’ai un peu l’impression de m’ensauvager.
Au fond, des montagnes aux cimes enneigées surplombent la mer
Je vis au quotidien avec peu de choses et bizarrement, ce dénuement ne me crée aucun manque, un peu comme l’un des illustres représentants de la Grèce antique, Diogène de Sinope, qui décéda d’ailleurs à Corinthe, ma prochaine étape.
La différence, c’est que lui s’était volontairement plongé dans la pauvreté, dans le but de s’affranchir de toute forme de servitude, notamment matérielle. Alors que moi, c’est juste parce que je ne pouvais pas emporter ma maison sur mon vélo ! C’est moins glorieux bien sûr et pourtant, le résultat est étonnamment le même : je me retrouve heureux de la simplicité dans laquelle je vis au quotidien, elle me fait du bien et bizarrement, j’aime cet inconfort. Est-ce cela la vraie liberté, comme l’affirmait Diogène ? Je n’en sais rien mais c’est vrai que cette sobriété de chaque instant, à laquelle je ne suis pas habitué, combinée au fait que je roule depuis quelques milliers de kilomètres sans la moindre contrainte, me convainc que oui : avec mon vélo et ma tente, je me sens libre comme jamais…
A ce stade du périple, je ressens un sentiment de plénitude assez fort. Et dire que je ne suis plus qu’à deux cents kilomètres d’Athènes, ma destination finale. C’est-à-dire à peine deux jours de pédalage si j’accélère un peu, et trois si je prends tout mon temps. Je ne peux pas croire que ce soit déjà l’heure de faire demi-tour : comment un voyage aussi exaltant peut-il déjà approcher de la fin ? J’ai du mal à accepter cette réalité : il y a encore tellement de choses à voir, tellement de moments à vivre par ici. J’en arrive alors à une conclusion qui me semble subitement évidente : il n’est pas question de faire demi-tour maintenant, je vais continuer encore un peu. Pourquoi pas jusqu’en Turquie, puisqu’elle est située juste derrière ? L’idée me rend fou de joie : il y a encore de beaux moments qui m’attendent…
Corinthe
Mais pour l’instant, je dois rejoindre Athènes et pour cela, je vais transiter par Corinthe, dont je veux voir le fameux canal.
Quelques kilomètres avant d’y arriver, je suis coursé par trois chiens alors que je roulais tranquillement sur un petit chemin caillouteux. Il sert à accéder aux quelques fermes qui sont disposées de part et d’autre de ce sentier.
Les trois bêtes sont agressives et elles aboient en boucle. Elles sont de gabarit moyen puisqu’elles culminent entre la taille d’un petit roquet et celle d’un berger allemand.
Je me suis déjà fait courser par des chiens au moins une vingtaine de fois depuis mon départ. C’est inhérent, hélas, au voyage à vélo même si le plus souvent, ces poursuites ne durent pas bien longtemps.
D’un pays à l’autre, ces bestioles sont toutes les mêmes : les mollets qui pédalent les rendant folles, elles éprouvent systématiquement le besoin irrépressible de pourchasser le moindre cycliste qui passe à proximité de leurs mâchoires. Je sais par expérience qu’il est alors inutile d’accélérer pour essayer de les distancer car ces chiens courent bien plus vite que je ne roule, sauf quand je suis en descente, ce qui m’a d’ailleurs déjà sauvé la mise deux ou trois fois.
Mais aujourd’hui, la particularité de ces trois molosses, c’est qu’ils sont plutôt organisés : l’un court à ma gauche, l’autre à ma droite et le troisième juste derrière moi. Et si je ne suis pas aussi terrorisé que le cerf poursuivi par la meute, je dois bien dire que ce harcèlement en règle est assez efficace car je n’en mène pas large.
En général, les chiens qui me pourchassent abandonnent au bout de quelques centaines de mètres puis rentrent chez eux. Pas ces trois là. Au bout d’un kilomètre, celui de droite m’attaque carrément : il me mord tout en galopant mais coup de chance pour moi et manque de pot pour lui, c’est dans la semelle de ma chaussure de randonnée que se plantent ses ratiches aiguisées. La morsure s’avère totalement indolore pour moi mais aussi pour la bête, puisque ses dents n’ont visiblement pas été abîmées par ma semelle pourtant rigide. Désormais surexcité, le canidé continue à me poursuivre en jappant de plus belle. Tout en roulant, je riposte par un grand coup de pied de défense si maladroit qu’il me déséquilibre et manque de me faire tomber. J’effleure à peine son museau.
Hasard ou improbable coordination canine, c’est le moment que choisit son pote de gauche pour me mordre à son tour. Heureusement, il me rate, son museau tapant juste ma chaussure. Je lui donne aussitôt un coup de pied à lui aussi : pas de jaloux. On ne dirait pas comme ça mais ce n’est vraiment pas facile de taper un chien le plus fort possible, quand on pédale vite. En tout cas, mon coup de latte en plein museau ne lui fait ni chaud ni froid, et lui aussi continue la poursuite en me hurlant dessus.
Quelques centaines de mètres plus loin, l’improbable absolu se produit : alors que je me trouve depuis le début sur un chemin de campagne, j’atterris… dans une impasse ! Mais comment une telle malchance est-elle possible ? Le chemin vient en effet mourir dans la cour d’une ferme, grillagée de toutes parts : je n’ai aucune issue.
Je n’arrive pas à y croire mais je n’ai pas le temps d’y penser car je vais être obligé de m’arrêter. En d’autres termes, dans une seconde, je vais poser le pied à terre et les cabots vont se jeter sur mes mollets douillets pour les déchiqueter. Alors que mon adrénaline se propulse à une altitude inconsidérée, je freine de toutes mes forces, ce qui fait déraper mon vélo lourd dans un grand bruit, les cailloux giclant dans tous les sens. Je pose brutalement le pied droit à terre et en attendant l’impact imminent des chicots de mes poursuivants sur mon mollet, mes cordes vocales expulsent de toutes leurs forces mon cri du cœur : « PUTAINS DE CLÉBARDS ! »
Là, l’improbable absolu se produit pour la deuxième fois en quelques secondes : sans doute surpris par tout ce raffut, les trois sauvages rebroussent chemin et rentrent chez eux en trottinant comme si de rien n’était, sans le moindre aboiement ! Je n’arrive pas à y croire, ni à comprendre comment ils peuvent abandonner si facilement après avoir été si agressifs. Mais peu importe, l’essentiel est là : mes mollets sont intacts.
Le danger permanent que représentent les chiens est connu de tous les voyageurs à vélo. Avant le début de mon périple, je savais bien que ce type de mésaventure surviendrait un jour où l’autre. C’est pourquoi, sur les conseils avisés de ma petite femme, je m’étais carrément fait vacciner contre la rage : ne vaut-il pas mieux prévenir que guérir ? Aujourd’hui, je suis entier mais je l’ai échappé belle.
Je remonte sur mon vélo, je fais demi-tour pour sortir de l’impasse et je roule derrière mes agresseurs, mais à distance très respectable. Puis je m’engouffre dans le premier chemin à droite qui me tend les bras. Un peu plus loin, je rejoins une route et là, enfin en sécurité, une petite défaillance physique m’oblige à m’arrêter : après être montée brutalement pendant la poursuite, l’adrénaline est maintenant en chute libre. Je prends ce prétexte pour dévorer une poignée de biscuits au chocolat qui, à défaut de me requinquer physiologiquement, me font un bien fou au moral. Essoré, je reprends la route pour Corinthe, qui n’est plus très loin.
Le canal de Corinthe
Cette ville est connue notamment pour son fameux canal. Il fut creusé à la fin du XIXe siècle afin de relier la mer Ionienne à la mer Égée. Long de six kilomètres, il permet aux navires d’éviter un détour de quatre cents kilomètres tout autour du Péloponnèse. Plus tout jeune donc mais sacrément utile, ce vieil ouvrage.
Observer les plus gros navires qui y naviguent est paraît-il spectaculaire car leur coque frôle les parois. Mais ces gros bâtiments sont rares et il faut être chanceux pour être là au bon moment, la plupart des navires qui passent ici étant de petits bateaux de plaisance. Je tente quand même ma chance, n’étant venu à Corinthe que pour ça, et je rejoins donc l’un des ponts qui franchissent le canal.
Trois heures plus tard, toujours rien : pas le moindre rafiot à l’horizon. La nuit commence à tomber quand enfin, j’entends ronronner un moteur de bateau. Ce n’est pas le monstre des mers que j’espérais, mais c’est mieux que rien.
Un petit bateau franchit le canal
Onze mille navires empruntent ce canal chaque année, soit une trentaine par jour, ce qui fait un bateau tous les trois quarts d’heure : avec une misérable coquille de noix en plus de trois heures d’attente, je n’ai donc pas été verni ! Mais ce n’est pas bien grave, je voulais quand même voir ce site atypique qui est plutôt impressionnant avec ses falaises creusées à la verticale, et qui montre bien à quel point l’humain est capable de faire de grandes choses, quand il veut…
Le canal de Corinthe en quelques chiffres :
- 6 km de long
- 25 m de large
- 52 m de hauteur maximale
- 8 m de profondeur
Le soleil se couche sur le canal
Athènes : objectif final atteint
Il ne me reste plus que soixante-dix kilomètres à rouler jusqu’à la destination finale de mon périple : Athènes. Porté par un moral en béton pour avoir réussi à faire ce voyage à la force des mollets, j’y arrive en quelques coups de pédales.
Bilan : Nice - Athènes à vélo
- 3.000 km parcourus
- 29.000 m de dénivelé positif
- 50 jours
- 8 kg perdus !
Là, une semaine de pause m’attend avec ma petite femme, venue spécialement de France. Après l’effort, le réconfort…
Athènes
Le temple de Poséidon, Cap Sounion
Depuis le temple de Poséidon
Après deux mois en tête-à-tête avec un vélo, une semaine de retrouvailles, ça vous requinque un cyclo-voyageur !
Savourer le plaisir de se retrouver, visiter ensemble ce coin de Grèce, mais aussi me reposer un peu après tous ces kilomètres et surtout toutes ces montagnes à vélo : c’est la belle vie pendant une semaine.
Mais comme toujours, les vacances ont une fin. Ma femme rentre donc en France pendant que je reprends le cours de mon périple, mais en le prolongeant jusqu’à mon nouvel objectif : la Turquie. Et pour y aller, j’ai décidé de transiter par une toute petite île grecque méconnue et, paraît-il, somptueuse : Nisyros.
Nisyros, l’une des plus belles îles de Grèce
Située à une bonne vingtaine d’heures de bateau d’Athènes, son éloignement des côtes grecques dissuade la plupart des touristes de s’y rendre. Ils ne savent pas ce qu’ils perdent car c’est ce qui en fait une île hors des sentiers battus. Et moi, c’est cet isolement qui m’attire comme un aimant.
Villages, plages et montagnes
Le ferry que j’ai pris à Athènes accoste dans le petit port de Mandraki : c’est le principal village de Nisyros.
Une ruelle de Mandraki
Il est calme et la plupart de ses ruelles sont trop étroites pour permettre aux voitures d’y accéder. Ce qui laisse une voie royale aux vélos comme le mien…
Une ruelle de Mandraki
Après avoir flâné là un bon moment, je me dirige vers le haut de la colline qui surplombe le village. C’est là que se trouvent les ruines de la ville ancienne de Nisyros, à l’époque où elle était fortifiée. Le site offre une vue d’ensemble sur le village actuel en contrebas, sur la mer et sur les îles voisines.
Mandraki : le village actuel, en bas, vu depuis le village ancien, en haut
Mais la principale raison de ma venue sur Nisyros, c’est son volcan. Il est situé à l’intérieur de l’île et pour le rejoindre, il faut grimper des côtes très pentues. Sur ma route, je passe d’abord par un autre village, Pali. Il est situé sur la côte.
L’église de Pali
Il s’agit d’un petit village de pêcheurs où le temps s’écoule paisiblement.
En pédalant sur le quai, je passe juste à côté d’un type assis sur une chaise en plein soleil. Impassible malgré son front ruisselant, il démêle son filet de pêche avec une minutie qui force le respect. Je lui lance le kalimera de rigueur (bonjour) auquel il a la même réaction qu’un sourd-muet : aucune.
Heureusement, son employé me répond gentiment, depuis leur chalutier amarré juste à côté. Debout sur le pont, il démêle lui aussi des filets emmêlés et il m’invite à le rejoindre à bord pour discuter. C’est Mohamed. La communication n’est pas très facile car il ne parle que grec et moi pas, mais il est jovial et sa joie est communicative. Il exhibe fièrement leur pêche du jour : deux belles raies et quelques poissons aux couleurs vives.
Mohamed
Quand vient le moment de reprendre ma route pour le volcan, je dis au revoir à Mohamed, qui me répond tout sourire. Mais cette fois, son patron, qui dégouline toujours autant sur sa chaise en plein cagnard, me salue lui aussi : il n’est ni sourd, ni muet.
Avant de bifurquer vers l’intérieur de l’île et son fameux volcan, je fais un petit détour en longeant la côte car je veux voir les plages. Avec leur sable noir, elle ne peuvent nier leur origine volcanique.
Les plages à la sortie de Pali
Peter, un néerlandais rencontré sur le ferry et qui vit sur l’île voisine de Tilos, m’avait expliqué pendant la traversée depuis Athènes que sur les plages de Nisyros débarquaient régulièrement des migrants. La plupart d’entre eux viennent de Syrie et d’Afghanistan par familles entières, fuyant le chaos et les persécutions qui règnent dans leur pays. Ils sont à la recherche d’une vie meilleure sachant que de toute façon, elle ne pourra pas être pire ailleurs.
Peter m’avait raconté qu’on retrouvait régulièrement des effets personnels de ces migrants sur les plages : soit parce qu’ils les abandonnent sur le sable et les galets en arrivant, soit parce que leurs affaires se sont échouées là, portées par la mer après un naufrage…
Derrière chacun de ces objets divers gisant sur la plage se cache un vécu personnel souvent dramatique. Cela me touche d’autant plus que mon propre grand-père fut lui-même un migrant. Ukrainien, il dut fuir son pays, qui appartenait alors à la Russie, après la révolution bolchevique de 1917.
Alors bien sûr, pour venir jusqu’en France, il n’eut quant à lui aucune mer à traverser. Il ne risquait donc pas le naufrage, contrairement à tous ceux qui essaient de débarquer ici, parfois sans succès d’ailleurs, certains terminant leur voyage vers la liberté au fond de la mer Égée.
Mais traverser tout un continent à pied comme le fit mon grand-père, tout seul à l’âge de dix-sept ans, son petit baluchon sur le dos, à travers des forêts peuplées d’animaux sauvages et glacées par l’hiver slave, n’avait pas dû être une partie de plaisir non plus.
Ces tranches de vies dramatiques sont assez similaires finalement, qu’elles nous viennent de la Syrie de Bachar al-Assad, de l’Afghanistan des talibans ou de l’Ukraine des bolcheviks.
La différence, c’est que les temps ont bien changé. Car si mon grand-père eut la chance d’être accueilli à bras ouverts au pays de Voltaire, où il s’intégra ensuite parfaitement, rejoindre des contrées européennes libres est devenu beaucoup plus difficile aujourd’hui pour les migrants car ils y sont, c’est un euphémisme, rarement les bienvenus. L’Histoire est sans pitié.
Je remonte sur mon vélo en tournant désormais le dos à la mer mais avant de rejoindre le volcan, il y a un dernier site que je voudrais découvrir : le village de Nikia.
Sur les hauteurs de l’île
Pour m’y rendre, je dois faire un petit détour en montant les côtes très raides de l’intérieur de l’île, avec des pentes affichant des pourcentages entre 10 et 15%. Ce ne sont pas mes pires ascensions depuis le début du périple puisque j’ai atteint trois fois la barre folle des 20% mais il faut savoir qu’à partir de 10% de pente, le pédalage en côte devient vraiment difficile avec un vélo de cinquante-quatre kilos.
Mon vélo admire la vue
Avec ce soleil qui tabasse, mon front ruisselle désormais autant que celui du patron pêcheur qui démêlait ses filets, tout-à-l’heure sur le quai. Sauf que là, ça me fait beaucoup moins sourire ! Heureusement, les vues plongeantes sur la mer constituent ma récompense.
La vue depuis les montagnes
Je croise de temps en temps des vaches au milieu de la route, mais aussi des chèvres dans les arbres ! Elles y grimpent avec une agilité de singes pour déguster les feuilles. Impossible de les photographier car elles s’enfuient dès qu’elles m’entendent approcher.
Sur ma route, je passe devant un autre village perché : Emporios. Il a été déserté au fil des années pour ne plus compter aujourd’hui qu’une trentaine d’habitants.
Emporios
Peu avant l’entrée du village, au bord de la route, se trouve une petite grotte qui fait office de sauna naturel pour les visiteurs, grâce à l’activité volcanique du sous-sol de Nisyros. En effet, si tout semble normal sur cette île, il se trouve qu’en réalité, rien ne l’est ! Son existence même n’est que le fruit d’une succession d’éruptions volcaniques au fil des millénaires. Actuellement, son sous-sol est encore et toujours bouillant.
Quand j’arrive à Nikia, en haut des montagnes qui dominent la mer, je suis assoiffé et je n’ai qu’une seule envie : m’asseoir à l’ombre de la terrasse d’un café et dévaliser son frigo.
Nikia
Mais avant ça, je dois passer par les petites ruelles du village et là, je dois bien l’avouer : c’est le coup de foudre !
Une ruelle de Nikia
Les petites ruelles paisibles et colorées sont pleines de charme. Il n’y a aucune voiture dans le village, et pour cause : elles sont bien trop larges pour pouvoir s’aventurer dans des ruelles si étroites où seul un vélo peut passer, et encore.
Du coup, moi qui rêvais de m’abreuver comme une bête il y a quelques minutes à peine, je ne peux plus m’empêcher de m’arrêter tous les dix mètres maintenant, pour photographier et filmer l’intérieur du village, repoussant à plus tard ce moment pourtant tant attendu de me rafraîchir…
Dans cette petite bourgade, le clou du spectacle, c’est sa place centrale. Elle est pavée d’une mosaïque qui a la réputation, dans toute la Grèce, d’être l’une des plus belles du pays. Impossible de la photographier en entier car elle est en partie occupée par des tables de restaurants, je ne l’immortalise donc qu’à moitié.
Nikia et sa fameuse mosaïque de cailloux au sol
C’est d’ailleurs à l’une de ces tables que je m’auto-récompense enfin des efforts fournis dans les montagnes, en remplissant mon gosier de boissons fraîches et de salade grecque.
L’avantage quand on a pédalé jusqu’en haut d’une montagne, c’est que la seule chose qui reste à faire ensuite, c’est de redescendre. Après mon repas, l’itinéraire jusqu’au volcan s’avère donc une formalité.
Le volcan
Quand j’y arrive en fin d’après-midi, il est déjà assez tard : le guichet d’entrée est fermé et le passage est libre. Sur le parking, il n’y a plus qu’une seule voiture. C’est celle du gérant du petit snack situé juste après le guichet. Il m’indique que l’entrée est gratuite pour tous ceux qui arrivent ici à pied… ou à vélo ! Mon deux-roues n’ayant pas pollué, je peux entrer gratuitement.
Le cratère Stefanos
Ce volcan est le plus jeune de la mer Égée. Même si sa dernière éruption date de 1888, il n’est pas considéré comme éteint. D’ailleurs, en 1995, la chambre magmatique située juste en dessous a grossi au point de provoquer une crise sismique dans toute la zone.
Au début du petit chemin qui mène tout au fond du cratère, un panneau rappelle que le site est potentiellement dangereux.
Pendant la descente, je savoure le privilège que j’ai de me retrouver entièrement seul sur ce site naturel d’exception.
Le cratère Stephanos, vide de touristes…
Dans ce cratère, la première chose qui attire mon regard, ce sont les couleurs. Les parois sont jaunies par les dépôts de soufre.
Juste avant d’arriver dans le cratère principal, je passe devant Andreas, un cratère beaucoup plus petit.
Andreas, également appelé Mikros Stefanos
Un peu plus loin arrive le moment que j’attends, celui où je peux enfin fouler le sol bouillonnant du cratère principal de Nisyros.
Au fond du cratère
Reliés par de fines cordes, des piquets délimitent les zones auxquelles il est interdit d’accéder, pour des raisons de sécurité évidentes. Car par ici, la terre chauffe, voire surchauffe. Et disons-le carrément : elle bouillonne, elle fume et elle brûle ! Dans ces zones interdites d’accès, l’eau bout en effet en permanence au fond de sortes de petites marmites naturelles.
Une petite marmite naturelle d’eau bouillonnante
Un peu partout, de petites colonnes de fumée s’élèvent dans le ciel, me rappelant elles aussi que je suis bien sur un site naturel d’exception.
Les fumerolles au fond du cratère
Pour les photos, j’ai de la chance : c’est la fin d’après-midi et le soleil, en déclinant, enrobe le volcan de sa lumière chaude et photogénique.
Les parois soufrées du cratère
Je passe un bon moment à arpenter le fond du cratère dans tous les sens mais le soleil, qui poursuit sa descente, va bientôt se cacher derrière les parois de la caldeira et plonger le volcan dans la pénombre. Je décide donc de quitter ce lieu magique, sans doute le plus incroyable depuis le début de mon périple, car maintenant il va bien falloir penser à dormir.
Au fond de la caldeira
Et pour ça, mon idée, c’est de trouver un spot de bivouac discret le plus près possible du site. J’en dégote un assez rapidement et je pose ma tente face au volcan : ce soir, je mangerai en admirant les cratères.
Dormir à quelques dizaines de mètres du cratère
De loin, je guette le départ du patron du snack, qui n’a pas l’air pressé de s’en aller. Lorsqu’il passe enfin en voiture à une trentaine de mètres de moi, sans me voir puisque ma tente est cachée par un monticule de pierres ocres, je me retrouve alors absolument seul sur ce site d’exception. En effet, la caldeira de quatre kilomètres de diamètre est inhabitée, elle ne contient pas la moindre maison. A part la mienne, faite de toile.
Le soleil finit tranquillement de se coucher. La nuit noire, en tombant, fait disparaître ce paysage volcanique jusqu’à demain. Au loin, j’entends l’aboiement d’un chien qui semble provenir du sommet de la caldeira, à un ou deux kilomètres de moi. Le silence qui règne ici est tel que ces aboiements lointains me paraissent tout proches. Puis j’entends de petits bruits de pierres à proximité de la tente. Il y a peu de chances que ce soit un humain, ce doit plutôt être un animal quelconque qui passe par là, comme une vache ou une chèvre.
C’est l’heure de dormir. En fermant les yeux, les images du volcan continuent à défiler en boucle derrière mes paupières. Ce soir, ici, ma sensation de plénitude est totale.
La journée du lendemain commence comme celle de la veille s’est terminée : par la vue sur les cratères et les parois de la caldeira.
Lever de soleil face au volcan
Je dévore rapidement mon petit déjeuner banane – yaourt – granola en réfléchissant tranquillement : je me suis tellement régalé hier au fond de la caldeira que je décide de modifier mes plans. Au lieu de retourner comme prévu à Mandraki, le principal village de l’île où je prendrai bientôt un ferry pour la Turquie, je vais passer la journée à profiter de ce volcan et je dormirai encore au fond de la caldeira ce soir : à l’époque où le tourisme de masse est roi, c’est tellement bon pour une fois de se sentir si seul dans un endroit si exceptionnel, qu’il faut savoir en profiter à fond. Je quitterai donc ce site qui m’émerveille non pas aujourd’hui mais demain.
Une fois le camp levé, je reprends mon vélo en direction du volcan.
Pour commencer la journée, je vais jeter un œil aux autres cratères. Car si le cratère principal de l’île, appelé Stefanos, est le seul que visitent la plupart des touristes qui s’aventurent jusqu’ici, ce volcan atypique comporte six cratères en tout. Je roule donc jusqu’à un petit chemin qui permet d’accéder à ceux que je n’ai pas vus.
Le petit chemin qui mène à Polyvotis
Tout au bout du sentier, je me retrouve subitement face à une profusion de couleurs : les parois ocres de la caldeira surplombent celles toutes jaunes d’un grand cratère. Quelques tâches verdâtres de végétation sous un ciel profondément bleu complètent le paysage.
Le cratère Megalos Polyvotis
C’est le cratère Megalos Polyvotis. Il n’est pas possible de descendre au fond. Le lieu dégage une impression de gigantisme face auquel je me sens minuscule.
Descente à pied vers Megalos Polyvotis
Son petit voisin, Mikros Polyvotis, est moins impressionnant mais dans celui-là, je peux descendre au fond et me balader au milieu de quelques fumerolles.
Le cratère Mikros Polyvotis
Après les deux cratères Stefanos hier, le grand et le petit, et les deux cratères Polyvotis ce matin, il ne me reste plus que les deux derniers cratères du volcan à découvrir : Alexandre et Logothetis. Mais ils ne sont indiqués nulle part. Je me dirige donc vers ce qui me semble être les parois d’un cratère.
Direction les deux derniers cratères
Pour cela, je dois sortir du chemin et je me retrouve alors à marcher dans des amas de pierres rougeâtres, beaucoup moins praticables.
Mon point de repère, ce sont des zones de souffre, visibles de loin car très jaunes. C’est donc vers elles que je me dirige. Là, de près, je distingue nettement mieux la présence de multiples petites bouches de souffre fumantes.
Depuis cet endroit, je domine la plaine de Lakki, le fond plat de la caldeira, avec une vue à 180°.
Sitôt passée la zone de souffre, je me retrouve sur la paroi du cratère, nue. Mais au bout d’une dizaine de mètres à peine, il me semble subitement entendre mes pas résonner. Je frappe le sol du pied pour vérifier et aussitôt, petite frayeur : non seulement ça résonne bel et bien mais en plus, ça tremblote. Ce qui signifie que sous mes pieds, le sol est creux et pas forcément très solide, donc potentiellement écroulable !
Au vu de toutes les fumerolles présentes dans la zone, je sais pertinemment que sous mes pieds, le sous-sol atteint des températures bouillantes. Ne m’appelant pas Mike Horn, je fais immédiatement demi-tour. Je ne pourrai donc pas observer de plus près les deux derniers cratères mais tant pis, ce n’est pas bien grave car j’en ai déjà pris plein les yeux avec les quatre autres. Je redescends tranquillement au milieu des éboulis de pierres colorées.
Depuis hier, je suis fasciné par ce site qui est une démonstration de ce que peuvent faire les forces de la nature lorsqu’elles se déchaînent. Je passe donc le reste de la journée à errer à vélo au fond de cette caldeira où je me plais tant. Le soir venu, je pose ma tente à l’opposé du volcan, dans un petit champ ou paissent quelques vaches.
Dernier bivouac dans la caldeira
Elles ont beau être pacifiques, cela ne les empêche pas de transpercer la nuit par quelques beuglements. Au réveil, je reprends ma route, qui commence par la montée des parois de la caldeira.
Vue sur le fond de la caldeira avec le volcan en arrière-plan
Tout en pédalant, je surveille les chèvres qui se baladent telles des équilibristes sur les parois abruptes de la caldeira au-dessus de moi, car elles projettent régulièrement des cailloux sur ma route.
D’une manière plus générale, les chutes de pierres sont fréquentes par ici et si les plus petites parviennent souvent à débouler sur le bitume, les plus grosses, heureusement, sont bloquées par des protections.
Chutes de pierres
Pour redescendre vers Mandraki, le principal village de Nisyros, je traverse à nouveau les paysages typiques de l’île, qui plongent inlassablement dans la Grande Bleue.
Retour à Mandraki
Mon dernier objectif sur cette île qui ne cesse de m’enchanter depuis que j’ai posé les pieds dessus, c’est de photographier Mandraki au crépuscule, car ce petit village m’avait paru photogénique le jour de mon arrivée.
Je me rends donc au petit monastère Panagia Spiliani qui domine le village, sur lequel il offre une vue plongeante. Les personnes que j’ai rencontrées en montant ici m’ont indiqué qu’à cette heure-ci, le monastère était fermé. Mais quand j’y arrive, il est ouvert. J’entre donc.
Le monastère Panagia Spiliani
En sortant, j’aperçois à quelques mètres en contrebas le pope, en train de fumer discrètement une clope. Il ne m’a pas vu, trop occupé à guetter en dessous de lui si quelqu’un arrive. Quand je le salue d’un kalimera amical (bonjour), il sursaute et cache immédiatement sa cigarette dans son dos, comme un gamin.
Je ne comprends absolument pas pourquoi mais peu importe, nous discutons un moment. Il se débarrasse dès que possible de son petit concentré de nicotine et de goudron en le jetant discrètement par dessus le mur de clôture, construit à flanc de falaise et qui domine la mer. Je fais comme si je n’avais rien vu et je fais comme toujours le petit selfie-souvenir.
Je profite du soleil rougeoyant puis de la nuit qui tombe pour faire les images pour lesquelles je suis venu.
Le monastère Panagia Spiliani domine le village de Mandraki
C’était mon dernier jour sur Nisyros. Avec sa douceur de vivre, sa faible fréquentation touristique, ses vues à couper le souffle et son volcan coloré, cette petite île au côté enchanteur m’aura marqué.
J’en ai fini maintenant avec la Grèce. Demain, je prendrai un bateau pour la Turquie, où rien ne se passera comme prévu. Hélas…
Infos pratiques
Le volcan de Nisyros
Le volcan reçoit la visite de 200 à 1.000 visiteurs environ chaque jour ! Heureusement, il est suffisamment vaste pour qu’on ne s’y bouscule pas et de toute façon, les visiteurs se concentrent sur le créneau 10h00-15h00 environ. En effet, la plupart d’entre eux viennent à la journée seulement, en provenance des îles voisines de Kos et Rhodes.
Le bon plan
Idéalement, il faut donc se rendre au cratère Stefanos en fin de journée :
Lorsque les bus de touristes sont partis, afin de bénéficier de la plus faible fréquentation possible ;
Et 1h00 – 1h30 avant le coucher du soleil, quand la lumière est la plus belle.
Si vous souhaitez également jeter un œil sur les cratères voisins, alors prévoyez d’arriver encore une heure plus tôt, voire deux si vous voulez prendre tout votre temps pour visiter.
Si vous êtes des lève-tôt, vous pouvez également arriver en début de matinée, avant l’arrivée des bus de touristes. Toutefois, la lumière est un peu moins belle le matin que le soir car les parois de la caldeira masquent plus le soleil quand il se lève que quand il se couche (elles sont plus hautes d’un côté que de l’autre).
Le prix : 5 euros ou gratuit !
L’entrée coûte désormais 5 euros par personne (et non plus 3 euros, comme on peut encore le lire un peu partout sur Internet).
Toutefois, elle est gratuite pour tous ceux qui s’y rendent… à vélo ou à pied !
Que faut-il apporter avec soi ?
Une paire de bonnes chaussures : on peut s’en passer mais le sol est boueux et brûlant dans toute la partie humide du cratère, donc de bonnes chaussures sont préférables. Si vous vous posez la question d’y aller en tongs, c’est possible mais déconseillé.
L’été : prévoir une bouteille d’eau ainsi que casquette et crème solaire, car le soleil peut taper très fort.
Commodités
Il y a un parking pour garer la voiture
Il y a également un snack avec terrasse ombragée et toilettes gratuites (accessibles à tout le monde, y compris aux non-clients du snack).
L’excursion à la journée depuis l’île voisine de Kos
En plus de mes deux nuits en bivouac tout seul dans la caldeira, j’ai dormi au Romantzo Hotel, réservé via Booking. Si vous cherchez un hôtel dans le centre de Mandraki, alors le Romantzo ne vous conviendra peut-être pas car il est légèrement excentré (il suffit néanmoins de 5 à 10 minutes de marche à peine pour s’y rendre). Par contre, si vous cherchez le calme, alors il est parfait.
La vue depuis le Romantzo Hotel
La terrasse des chambres
Les prix sont corrects (37 euros hors saison, début mai, lors de ma venue, petit déj’ inclus), la vue sur la mer est agréable, l’accueil est sympa et le petit déjeuner varié.
Trans-Dinarica : l’itinéraire de rêve pour les cyclistes
Je dois commencer par préciser que la Trans-Dinarica… ne passe pas par la Grèce ! Elle passe par les pays des Balkans situés juste au-dessus de la Grèce mais si je l’évoque quand même dans cet article, c’est parce que les cyclo-touristes se rendant en Grèce passent le plus souvent par les Balkans. Alors, si les infos suivantes peuvent les aider à trouver un bel itinéraire…
La Trans-Dinarica est un itinéraire cycliste qui relie les pays des Balkans occidentaux en traversant une superbe chaîne de montagnes, les Alpes Dinariques. Ce parcours a été conçu pour permettre aux cyclo-voyageurs qui s’aventurent par là de découvrir tout le patrimoine local : naturel, culturel, gastronomique…
La Trans-Dinarica en Croatie
Il passe par des villages, des forêts, des montagnes, ou encore par la mer. Il alterne entre routes bitumées très peu fréquentées et chemins de terre en pleine nature. Il traverse des parcs nationaux et des sites classés au patrimoine de l’humanité par l’Unesco.
Bivouac sur le parcours de la Trans-Dinarica
Tout au long du parcours, on découvre le sens de l’hospitalité des habitants des Balkans ainsi que les paysages à couper le souffle de cette superbe région méconnue, en plein cœur de l’Europe. Bref, quand on roule sur la Trans-Dinarica, on en prend plein les yeux et on se sent une âme d’aventurier !
Sur la Trans-Dinarica mais sous la pluie (Bosnie-Herzégovine)
La distance totale de la Trans-Dinarica approche les 6.000 kilomètres, et son dénivelé positif les… 100.000 mètres !
Les pays traversés sont la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, l’Albanie, la Macédoine du Nord, le Kosovo et la Serbie.
La Trans-Dinarica passe par la rivière Drin (Albanie)
Pour se procurer le parcours précis ainsi que sa trace GPS, ce que j’ai fait, il suffit de se connecter au site officiel : Trans-Dinarica.
Bien sûr, ce n’est pas gratuit mais ce n’est pas très cher non plus et surtout, cela vaut tellement le coup : si, comme moi, vous êtes un.e cycliste amoureux.se de la nature, alors le rapport qualité-prix de ces packs est exceptionnel.
On peut se procurer le pack pour les huit pays à un tarif avantageux (à partir de 90 euros), ou bien choisir un pack par pays (de 8 à 23 euros selon le pays). Le lien : se procurer le pack de navigation de la Trans-Dinarica.
L’itinéraire de la Trans-Dinarica (Croatie)
Remarque : aucun lien de ce blog n’est sponsorisé, je ne perçois donc aucune commission, que vous cliquiez ou non !
Sur le parcours de la Trans-Dinarica (Croatie)
En préparant votre périple à vélo, si vous vous interrogez sur la Trans Dinarica, n’hésitez pas à me poser vos questions dans la rubrique « commentaires » (votre @dresse mail ne sera pas publiée, contrairement à votre question qui le sera avec un léger décalage, généralement de quelques heures) : c’est avec plaisir que j’essaierai d’y répondre 🙂
L’Albanie est la sixième étape d’un voyage à vélo effectué en 2025 à travers les Balkans, depuis la France et à destination de la Grèce.
Ce petit pays est surtout réputé pour ses paysages à couper le souffle, que ce soit le long du littoral ou au cœur des montagnes. Mais il compte un autre joyau : la générosité sans faille de ses habitants, qui savent accueillir les voyageurs avec un sens aigu de l’hospitalité.
Récit détaillé de ce voyage en immersion dans l’Albanie profonde…
Chaque fois que j’arrive dans un nouveau pays, la première chose que je fais consiste à apprendre à dire bonjour, merci et au revoir dans la langue locale. Je me suis rendu compte avec le temps que le s’il-te-plaît était souvent superflu car dans de nombreux pays, on ne l’utilise pas, ou que peu. Pour moi, ça fait un mot de moins à apprendre et c’est toujours ça de gagné.
En Albanie, non seulement il me faut apprendre ce nouveau vocabulaire mais en plus, il s’agit de mots à coucher dehors, difficiles à retenir : mirmengjesi, faleminderit et mirupovshim (respectivement bonjour, merci et au revoir selon Google Trad).
Ma première mosquée albanaise
Le premier albanais que je croise est à vélo. En le doublant, je le gratifie donc du mirmengjesi qui convient mais au lieu de me répondre, il me regarde avec des yeux ronds. Même chose avec mon second albanais, qui d’ailleurs est une albanaise. Je commence à douter vaguement de ce bonjour-mirmengjesi mais je ne m’attarde pas trop dessus car l’urgence du moment consiste à trouver un spot de bivouac. Je roule sur une ligne droite de plusieurs kilomètres et la route est bordée par des barrières des deux côtés. Derrière elles, le terrain ne se prête pas au bivouac et de toute façon, il y a régulièrement des maisons et des fermes dispersées un peu partout autour de la route. Impossible pour moi de poser discrètement la tente ici, à la vue de tous.
Pendant ce temps, le ciel se couvre de plus en plus, accélérant la tombée de la nuit. Heureusement, je finis par trouver un petit chemin montant, accessible depuis la route. Je m’y engouffre en poussant mon vélo jusqu’en haut. Là, je surplombe la vallée, au fond de laquelle sont éparpillées quelques fermes, villages et mosquées. Le paysage est cerné par les montagnes.
Ce spot de bivouac est assez basique mais sans trop savoir pourquoi, je m’y sens bien. Pourtant, pendant la nuit qui s’ensuit, je suis d’abord réveillé par le bruit de la pluie sur la tente, puis par les appels lointains du muezzin à la prière. Au petit matin, alors que je dors enfin comme un bienheureux, c’est le chant des oiseaux qui prend la relève de la pluie et du muezzin pour achever de rendre ma nuit entièrement blanche. Qu’importe, comme toujours quand je dors dans la nature, je suis heureux d’être là et de vivre ces moments dont je profite à fond, car je sais bien qu’ils vont passer trop vite.
Premier bivouac en Albanie
Le café chaud me sort vaguement de ma torpeur matinale et le petit déjeuner me remplit la panse, qui n’attendait que ça. Puis mon petit rituel quotidien se poursuit : démonter la tente, ranger toutes mes affaires dans les sacoches et attacher ces dernières sur le vélo. Tous les jours, entre le moment où j’ouvre un œil et celui où je donne le premier coup de pédale, il s’écoule au minimum deux heures si je suis en forme, et jusqu’à trois si le réveil est difficile. Aujourd’hui, c’est plutôt trois.
La mosquée de Fierza
Mon premier albanais du jour, c’est-à-dire le troisième que je rencontre depuis mon arrivée dans le pays hier, ne semble pas comprendre lui non plus mes salutations du matin, que je lui exprime encore et toujours via le fameux mirmengjesi de la veille. Aussi, quand je passe un peu plus tard à la hauteur d’un petit bar dans ma première grosse montée du jour, je m’y arrête pour poser la question qui me titille depuis hier : comment dit-on vraiment bonjour en albanais ?
Je peux échanger avec le patron du bar car, fait plutôt rare dans les montagnes albanaises, il connaît quelques mots de la langue de Shakespeare. Mais bizarrement, il a du mal à me traduire bonjour en albanais. En guise de réponse, il ânonne sans conviction un pershendetia dont la difficile prononciation me glace les oreilles : l’albanais ne comporterait-il donc aucun mot simple ? Pour nous aider, un client attablé juste à côté de nous devant son café fumant nous suggère un rugueux nietnyetta, qui n’est pas plus doux mais qui a au moins le mérite de répondre à cette dernière question : non, l’albanais ne comporte décidément aucun mot simple.
En tout cas, mes deux interlocuteurs sympas ne sont donc pas d’accord sur le mot qui convient pour saluer quelqu’un, et je trouve quand même dingue de ne pas savoir dire bonjour dans sa propre langue. Bref, le patron finit par valider le nietnyetta de son client. J’apprends qu’on peut aussi utiliser le diminutif nyetta mais que c’est un mot local, employé uniquement ici, dans le nord du pays. Adjugé, c’est ainsi que je dirai bonjour aux albanais, désormais, du moins tant que je serai dans le nord. Lorsque je descendrai vers le sud, il sera toujours temps d’apprendre un nouveau mot de vingt-cinq lettres pour dire bonjour en albanais.
La rivière Drin
Une poignée de kilomètres plus loin, j’expérimente ce nouveau mot, nyetta, pour saluer le premier venu. C’est un septuagénaire qui est en train de remplir des bidons de dix litres à une petite source d’eau, laquelle s’écoule de la montagne dont elle jaillit via un vieux tuyau sale.
Un remplisseur de bidons à la source
Le nyetta passe comme une lettre à la poste mais ce qui m’intéresse subitement, avant de remplir mes gourdes, c’est de savoir si cette eau douteuse est potable. Le monsieur m’assure que oui, tout en continuant à remplir ses gros bidons qu’il vendra plus tard, en ville. Modérément attiré par la perspective d’avoir la courante toute la journée à cause de cette eau suspecte, j’hésite à remplir mes bidons. Mais comme ils sont vides et que j’ai soif, je suis bien obligé de faire confiance à cet inconnu, qui détient sans le savoir l’avenir imminent de mes intestins.
Croisière sur la rivière Drin
Dans le coin, les vues plongeantes sur la rivière Drin valent le détour malgré le mauvais temps. Ce petit cours d’eau s’écoule lentement aux pieds des montagnes, entre lesquelles il fait serpenter sa couleur vert-émeraude.
La rivière Drin
Je continue à pédaler pendant un bon moment dans le sens de la montée, jusqu’à ce que je commence à ressentir un début de défaillance physique. Rien à voir avec l’eau que je viens de boire, c’est juste une petite baisse de tension, comme j’en ai régulièrement depuis l’adolescence. Le problème aujourd’hui, c’est que je suis tout seul dans la montagne et que pour l’instant, je dois faire pas mal d’efforts puisque ça monte en permanence. Et ma destination du jour, le minuscule village de Koman, est encore loin. Dans ces cas-là, habituellement je me repose un peu mais ici, ce n’est pas possible. Alors je fais une courte pause et je mange une poignée de biscuits pour reprendre quelques forces. Puis je remonte sur le vélo en ralentissant le rythme et par chance, cela correspond à peu près au moment où les descentes commencent à succéder aux montées.
La rivière Drin
Par ici, de nombreux engins de chantiers cassent littéralement la montagne pour élargir l’étroite route actuelle et la sécuriser. Tout en roulant, je passe à la hauteur d’une équipe d’ouvriers qui se dirigent vers le seul petit resto du coin, car c’est l’heure de leur pause déjeuner. L’un d’entre eux, qui s’avèrera être le rigolo de la bande, m’offre un coup à boire. Ne sachant pas dire non, je dis oui.
L’un de ses collègues ne travaille ici que temporairement car il vit en France, à Lille. Il fait donc office de traducteur. Quand je demande si je peux faire un selfie avec toute l’équipe, le seul qui refuse se propose en contrepartie de prendre la photo du groupe. Une fois l’image dans la boîte, je ne me souviens plus comment on dit merci. Le rigolo me vient en aide et me souffle un mot qui me permet de remercier le photographe, mais qui déclenche aussitôt l’hilarité générale : le lillois m’explique entre deux gloussements que le mot soufflé par le « rigolo » signifie non pas merci, mais dégage ! Bien sûr, la blague est plutôt drôle mais je m’empresse quand même de présenter mes excuses sincères au photographe. Il les accepte avec un sourire minimaliste puis s’éclipse. Je ne le reverrai plus.
Le soir, j’arrive à Koman. Du haut de ses deux cents habitants, le village est bien plus petit que je ne l’imaginais. Je passe la nuit dans un petit hôtel sympa mais miteux, en dormant dans mon sac à viande car les draps ont l’air sale : je ne suis visiblement pas le premier à dormir dedans, et sans doute pas le dernier non plus…
Si je suis venu à Koman, c’est parce que c’est paraît-il l’un des plus beaux coins d’Albanie. Pour la plupart des voyageurs qui viennent jusqu’ici, le but consiste à prendre un bateau sur la rivière Drin jusqu’au village de Fierza, afin d’admirer des paysages qui ont la réputation de ressembler à ceux des fjords norvégiens. Puis il faut ensuite se rendre par la route une cinquantaine de kilomètres plus loin, à Valbona, où la nature est censée offrir là aussi des paysages enchanteurs.
Départ de la croisière sur la Drin River
En haute saison, il y a plusieurs bateaux quotidiens qui circulent sur la rivière Drin pour relier les minuscules villages de Koman et Fierza. Mais nous sommes en basse saison et à cette époque de l’année, il n’y a qu’un seul aller – retour par jour.
Croisière sur la rivière Drin
Il ne s’agit d’ailleurs pas réellement d’une croisière, contrairement aux bateaux qui circulent l’été : l’hiver, il s’agit plutôt d’une petite navette fluviale qui transporte non pas les touristes (je suis le seul à bord) mais les habitants.
Kula, un passager albanais, va débarquer
Elle les dépose au fil des méandres de la rivière, en accostant sur la rive au beau milieu de nulle part et des rochers, dans des endroits où il n’y a pas la moindre maison. Le coin est aussi joli que reculé.
Le temps est couvert et durant les deux heures et demie de traversée, je me précipite sur mon appareil photo dès que le soleil réussit à transpercer les nuages, ce qui est assez rare dans l’ensemble.
Jelosh, le barreur du bateau
Mais lorsque sa lumière nous gratifie de sa présence, elle permet d’admirer l’étonnante couleur verte de l’eau, dans laquelle plongent les hautes montagnes karstiques.
La rivière Drin
Cette petite croisière est régulièrement élue par différents médias du monde entier, généralistes ou spécialisés dans le voyage, comme l’une des plus belles d’Europe. Et l’avantage par rapport à celles des fjords norvégiens, c’est qu’ici, il n’y a pas foule.
Deux heures et demie après avoir appareillé, le petit bateau accoste à Fierza. Il me reste une cinquantaine de kilomètres de vélo jusqu’à l’étape suivante, Valbona.
Mais encore une fois, c’est devenu une habitude depuis le début de mon périple, la météo s’annonce abominable sur mon itinéraire : on attend des chutes de neige en soirée à Valbona, puis pendant au moins trois jours sans discontinuer, avec des températures de moins neuf degrés !
Les pluies abondantes m’en ont bien fait baver pendant une quinzaine de jours entre l’Italie et, surtout, la Bosnie-Herzégovine, à tel point qu’ici, la perspective de ne pas arriver à Valbona avant la tombée de la neige m’effraie un peu, je dois bien l’avouer : il est déjà quatorze heures et j’ai une cinquantaine de kilomètre à parcourir avec beaucoup de dénivelé. C’est un peu trop : si je me retrouve à rouler sur les chemins pierreux difficiles qui m’attendent et que mon téléphone-GPS me lâche à cause de l’humidité (comme évoqué dans l’article la Bosnie-Herzégovine à vélo), je risque de passer un sale quart-d’heure avec des températures aussi froides pendant plusieurs jours, à chercher désespérément mon chemin enfoui sous la neige.
Les environs de Fierza
Pour la troisième fois depuis le début du périple, je me résous donc à modifier mon itinéraire : mais cette fois-ci, je vais carrément faire demi-tour, tant pis pour les beautés de Valbona que je ne verrai donc pas.
Dans l’immédiat, l’urgence consiste à manger un morceau. Puis je digèrerai tranquillement cet après-midi en me baladant à Fierza. Et ce soir, je bivouaquerai non loin du bateau, histoire d’être sur place tôt demain matin quand il appareillera, à sept heures.
Le bateau du retour amarré à Fierza, au petit matin
Les petites tours Eiffel bleues
Après une énième nuit pluvieuse, je me lève avant le soleil pour ne pas rater le bateau puiqu’il n’y en a qu’un seul par jour. Le temps maussade de bout en bout de la traversée ne me permettra pas d’admirer à nouveau la sublime rivière Drin qui, du coup, tire plus aujourd’hui sur le gris que le vert. Heureusement que j’ai pu en profiter un peu hier, entre deux nuages.
De retour à Koman, je roule jusqu’à un petit restaurant qui a l’air fermé, en espérant qu’il pourra quand même me proposer un petit quelque chose à me mettre sous la dent car comme toujours, je suis affamé. Je passe la tête par une porte dérobée et entrouverte située à l’arrière du bâtiment. A l’intérieur, une dame travaille dans la réserve. Elle me confirme que son resto est fermé et qu’il n’ouvrira que dans quelques jours, pour Pâques, qui correspond chaque année à l’arrivée des premiers touristes. Je la remercie quand même et retourne à mon vélo. Là, en entendant son pas léger approcher dans mon dos, je me retourne : elle me fait face, un grand sourire aux lèvres et une part de gâteau entre les mains, qu’elle m’offre généreusement ! Elle l’a sorti du four une heure plus tôt, il est encore tiède et il me remplit de bien-être.
Une albanaise adorable m’offre une part de gâteau
Car l’Albanie, en plus de la beauté folle de ses paysages naturels, possède une deuxième caractéristique qui crève les yeux du premier voyageur venu : l’incroyable sens de l’hospitalité de ses habitants.
A ce stade du récit, je dois apporter une précision (extraite de l’article : la Bosnie-Herzégovine à vélo, l’une des étapes précédentes de ce long voyage) : l’un des objectifs de mon périple, c’était de faire des rencontres. Ayant lu beaucoup de témoignages de voyageurs à vélo selon lesquels ils étaient parfois l’objet d’une grande attention et d’une grande générosité de la part des habitants des Balkans, j’espérais avant mon départ que je connaîtrais le même accueil qu’eux. Et je me disais que si c’était le cas, il faudrait que je puisse remercier ces habitants pour leur hospitalité, mais je ne savais pas comment faire : impossible d’emporter sur mon vélo des bouquets de fleurs où des bouteilles de vin à offrir, comme on le fait lorsqu’on va passer la soirée chez des amis.
J’avais alors pensé à un symbole de la France mondialement connu : la tour Eiffel. J’ai donc acheté sur Internet quelques dizaines de petites tour Eiffel bleues en porte-clés. Pourquoi bleues ? Je n’en sais rien, toujours est-il qu’elles ne sont pas bien lourdes et ne prennent aucune place sur mon vélo. En d’autres termes, le petit cadeau idéal.
Aussi, quand cette dame me donne cette part de gâteau, je m’empresse de lui offrir en retour une petite tour Eiffel bleue, et c’est à grands coups de faleminderit mutuels (merci) entrecoupés de grands éclats de rire que nous nous quittons.
En m’éloignant de Koman, je laisse définitivement derrière moi les paysages de Valbona qui me faisaient pourtant rêver, après avoir lu tant de descriptions féériques de ce site réputé. Je vais donc tourner le dos aux chutes de neige quotidiennes qui vont blanchir ces paysages septentrionaux, pour descendre vers la capitale Tirana. Je voulais à tout prix éviter cette ville plutôt grande pour coller à l’esprit de mon périple, résolument orienté vers la nature, mais le temps est si mauvais à Valbona que je n’ai pas vraiment le choix. Et comme il faut toujours voir le verre à moitié plein, je vais essayer de profiter quand même de mon nouvel itinéraire, qui passe à moitié par la côte et à moitié par les montagnes.
Quelques dizaines de kilomètres plus loin, je m’arrête dans une minuscule épicerie pour acheter de quoi remplir mon estomac. Le patron m’accueille tièdement, ce qui fait figure d’exception chez ce peuple si hospitalier. Mais dès que je déroule mon vocabulaire habituel dans sa propre langue (bonjour, merci et au revoir en albanais), il se déride aussitôt. Et au moment de partir, il m’offre carrément un café, puis une petite bouteille d’eau pour la route. Chassez le naturel, il revient au galop.
A peine remonté sur ma selle, je dois déjà en redescendre, interpellé par un habitant au bord de la route. Il s’appelle Emiliano et parle couramment le français car il vit au Luxembourg.
Emiliano
Il est en train de refaire le mur de clôture de la maison de ses parents avec son père et deux voisins. Il me demande d’emblée si je veux boire quelque chose mais sans attendre ma réponse, il part en courant dans sa maison. Il en ressort trente secondes plus tard pour m’offrir trois canettes : une bière, un coca et une boisson aux fraises.
Incroyables albanais : à ce rythme-là, je serai bientôt en rupture de petites tours Eiffel bleues…
Quand on traverse l’Albanie, il y a une curiosité que l’on remarque très vite : la multitude de petits bunkers qui sont éparpillés un peu partout dans le paysage. Le plus souvent en pleine nature, notamment dans les montagnes car elles représentent 80% du pays, mais aussi dans les villes et les villages. Ils ont été construits dans les années 1970-1980, pendant la dictature qui, à l’époque, avait fait du pays l’équivalent ou presque de ce qu’est la Corée du Nord aujourd’hui : l’un des pays les plus fermés du monde.
La folie paranoïaque du dictateur d’alors, Enver Hoxha, le conduisit à ordonner la construction de quelque 600.000 bunkers à des fins défensives, ce qui est colossal pour un si petit pays. Évidemment, ils n’ont jamais vraiment servi.
L’un des 600.000 petits bunkers albanais qui jalonnent le paysage
La capitale : Tirana
Je poursuis ma route qui passe désormais en partie par la côte. Le littoral albanais a beau être plutôt joli, je ne raffole pas vraiment du bétonnage en règle dont les villes côtières sont victimes. Une multitude d’immeubles y ont été construits sans aucune harmonie, ce qui donne l’impression de stations balnéaires à l’architecture complètement désordonnée.
Le tourisme se développant très vite dans la région, le seul objectif consiste à pouvoir accueillir un maximum d’estivants dans ces villes qui ont définitivement perdu tout charme. Je peux comprendre cette course à l’essor économique, en espérant qu’au moins il profitera aux habitants, mais je trouve cette précipitation regrettable.
La plage à Durrës
En poursuivant ma route vers Tirana, je parviens enfin à me procurer quelques Leks, la monnaie albanaise, ainsi qu’une carte SIM pour pouvoir communiquer normalement avec ma famille restée en France.
L’arrivée dans la capitale albanaise très animée constitue un petit choc pour moi, après avoir passé un bon mois bien au calme en pleine nature, au fil des pays traversés.
Immeuble avec la forme de la tête de Skanderbeg, héros national qui a résisté à l’Empire Ottoman
Après avoir loué une petite chambre chez l’habitante, je file manger un morceau dans un resto, la gastronomie n’étant pas la partie que je déteste le plus dans les voyages. Ma curiosité culinaire me fait pousser la porte d’un attrayant petit restaurant, spécialisé dans la cuisine typique albanaise. La carte que me tend le serveur n’étant traduite dans aucune langue, je n’y comprends rien, c’est pourquoi je lui demande de choisir le repas pour moi, avec pour seule consigne de me dégoter les plats albanais les plus traditionnels possible. Il choisit donc à ma place et je valide sans vraiment savoir ce qui m’attend, mais je lui fais confiance. C’est ainsi que je me retrouve un quart d’heure plus tard avec une banale salade verte accompagnée de tomates, concombre, œuf dur, jambon et mayonnaise en entrée, puis un steak – frites désespérément classique en guise de plat ! Si ça c’est la cuisine typique albanaise, alors en France j’ai souvent mangé albanais sans le savoir !
La Grande Mosquée de Tirana, ou mosquée de Namazgâh
En guise de digestion, une petite marche de quinze minutes à destination de la fameuse mosquée de Namazgâh ne me fait pas de mal. Située dans un quartier animé, elle est assez imposante. Avec ses quatre minarets, c’est le plus bel édifice religieux que je vois depuis le début du périple, à égalité avec l’église Saint-Jovan-Vladimir de Bar et ses grands dômes tout dorés, que j’ai vue au Monténégro.
Après un jour de repos mais aussi de pluie à Tirana, il est temps de repartir. La sortie de la capitale n’est pas facile. A l’heure où les gens vont tous au travail, je me retrouve à rouler au milieu d’une fourmilière de voitures et de bus pendant un long moment avant de pouvoir enfin sortir de la ville. Les files sont parfois si étroites qu’il n’y a pas de place pour rouler à deux de front, y compris pour un vélo. Je dois donc régulièrement m’imposer pour pouvoir passer même si évidemment, je m’incline humblement chaque fois qu’une voiture ou un bus force plus que moi : pour eux, ce n’est pas la priorité qui compte, c’est la solidité du véhicule. Mais globalement, cette cohabitation déséquilibrée entre ces grosses machines de ferraille et mon petit vélo vulnérable se passe bien, la plupart des conducteurs étant très respectueux, et une petite minorité seulement étant excitée et visiblement pressée d’aller travailler. Ces gens stressés, je les laisse filer car contrairement à eux, je suis zen et j’ai tout mon temps.
A la sortie de la ville, je longe une artère importante, elle aussi très fréquentée. Au total, il me faut une bonne vingtaine de kilomètres pour m’extraire enfin de ce trafic dense.
L’incroyable hospitalité albanaise
C’est à ce moment-là que, apercevant les montagnes enneigées au loin, je m’arrête sur le bord de la route pour faire quelques images. Une vieille Mercedes des années 80, qui roule encore mais péniblement, passe à ma hauteur. Elle est si vieille qu’elle a autant de mal que moi à grimper les côtes. Comme tous les albanais que je croise ou presque, son conducteur m’adresse un petit salut amical de la main. Mais lui s’arrête quelques mètres derrière moi, descend de sa voiture et avec un large sourire, m’offre une canette de boisson énergisante ! Je le remercie chaleureusement, il s’excuse de ne pas pouvoir discuter car il est pressé, il remonte vite dans sa Merco déglinguée et redémarre aussitôt. Même pressé, il a pris le temps de s’arrêter pour m’offrir ce qu’il avait sous la main. L’hospitalité albanaise dans toute sa splendeur.
La scène s’est déroulée si vite et cette générosité soudaine m’a tellement pris de court que je n’ai même pas eu le temps de penser à lui offrir une petite tour Eiffel bleue. Je m’en veux un peu. Pas grave, je me rattraperai sur le prochain albanais venu…
Les montagnes enneigées en toile de fond
Un peu plus tard, en début d’après-midi, alors que je traverse un village, un habitant m’interpelle sur le bord de la route. Il se trouve qu’il parle français car c’est un ancien migrant qui a passé cinq ans en France, dont deux en centre de rétention ! Après quoi il a préféré rentrer ici, dans son pays. Avec un tel vécu carcéral, il n’a ramené que des mauvais souvenirs de l’Hexagone. A l’exception d’un, mais pas le moindre : il a emporté dans ses bagages une française qu’il a ensuite épousée, et qui vit désormais ici, avec lui.
Je leur explique que je suis tombé sous le charme de ce pays magnifique et de ses habitants si généreux. Échaudé par les longs mois qu’il a passés en rétention au pays des droits de l’Homme, il se méfie quand même un peu de moi et me rétorque que les français n’aiment pas les albanais car selon lui, nous les prenons tous pour des voleurs et des délinquants ! Je lui réponds que ce n’est pas mon cas, au contraire je suis sous le charme de ce peuple si accueillant. J’ajoute que, si les français mettent selon lui tous les albanais dans le même sac, alors il est en train de faire la même chose avec nous les français : il décrète que tous les français détestent les albanais, ce qui n’est évidemment pas vrai. Ce n’est notamment pas mon cas, de plus, n’a-t-il pas épousé une française qui aime donc un albanais ? Ça a le mérite de le faire sourire. Sa méfiance initiale s’effondre et il devient alors aussi hospitalier que tout bon albanais qui se respecte, en m’offrant rapidement un coup de gnôle ! Il s’agit d’une eau-de-vie de raisin qu’il a faite lui-même selon une méthode traditionnelle locale, sans alambic me dit-il. Je m’attends alors au pire, à savoir un bon vieux digeo qui va bien m’arracher la gorge. Mais à ma grande surprise, son breuvage maison, clair et limpide, s’avère avoir du nez ainsi qu’un vrai goût de fruit, avec une teneur en alcool maîtrisée. Un petit délice. Décidément, ces albanais sont pleins de ressources.
Ainsi revigoré, je reprends la route sans faire trop de zigzags. En fin d’après-midi, je décide d’acheter quelques fruits, en version non liquide ceux-là, d’une part pour reprendre forces et vitamines, et d’autre part pour m’hydrater un peu car mes stocks d’eau sont critiques. Je m’arrête sur le bord de la route, dans une petite cahute qui déborde de fruits et légumes. Contrairement à ceux qui sont étalés dans les rayons de nos supermarchés, ceux-là n’ont pas été récoltés encore verts, afin de finir leur maturation au fond des cales du cargo qui les emmène en France. Ils ont été cultivés dans les champs du coin et n’ont été cueillis qu’une fois entièrement mûrs.
Je choisis deux oranges et au moment de les payer, le commerçant me fait comprendre qu’il me les offre ! C’est très gentil bien sûr mais un peu gênant car c’est quand même son gagne-pain. De plus, je peux bien m’offrir deux malheureuses oranges, a fortiori au prix dérisoire qui est le leur ici.
J’insiste donc un peu pour lui payer son dû mais cela fait perdre son sourire au gars, qui se lève et se met à me crier quelques mots incompréhensibles. Puis il termine sa tirade en exhibant de nouveau ses dents blanches dans un grand sourire éclatant, en me faisant bien comprendre que ces deux oranges sont offertes : ce n’est pas négociable. Devant une telle gentillesse, et cherchant à éviter tout incident diplomatique avec l’Albanie, je m’incline à grands coups de faleminderit (merci).
Encore un albanais au sens de l’hospitalité démesuré
Mes efforts sincères pour prononcer ce mot compliqué le font rire, puis il me crie « méllè, méllè » en me montrant un cageot de pommes rouges. Je comprends vite qu’il veut m’en offrir une, en plus des deux oranges mais je ne peux quand même pas décemment me servir moi-même. Devant mon hésitation, il se lève, tâte quelques pommes puis m’en donne une. Je le remercie en long, en large et en travers puis je lui demande de patienter un court instant, le temps d’aller chercher à mon vélo une petite tour Eiffel couleur Schtroumph.
Et alors que je fouille dans mes sacoches, il déboule avec une deuxième pomme, verte celle-là ! J’arrive enfin à extirper de tout mon bazar le petit symbole de l’Hexagone et le lui offre. Comme toujours quand je donne ce petit bout de France à quelqu’un, nous rions, nous nous remercions et nous nous quittons, le cœur léger.
Collecte de fruits offerts !
Sans doute ne suis-je qu’un grand sensible, ou bien un naïf, ou plus sûrement les deux à la fois, toujours est-il que cette hospitalité albanaise exacerbée, dont je bénéficie désormais plusieurs fois par jour, me touche profondément. Elle me fait plaisir, elle m’émeut, elle me rend heureux. Et en plus, côté pratique, elle me nourrit et m’abreuve ! Ces rencontres quotidiennes, qui sont simples mais assez intenses, me permettent de fraterniser avec de parfait.e.s inconnu.e.s. Ce sentiment improbable est plutôt déstabilisant, mais c’est bien pour vivre ce genre de moments que je fais ce voyage.
Et comme si les magnifiques paysages albanais traversés quotidiennement ne suffisaient pas, le bivouac du soir achève de rendre cette journée parfaite. Je plante ma tente juste au-dessus d’un joli lac bleu, dans un cadre naturel reposant.
Ce petit lac est cerné par les collines sauf à ma droite, où s’offre à moi une vue plongeante sur la vallée, les villages, la mer au fond et le coucher du soleil.
Épuisé par tant de beauté, humaine et naturelle, je me couche. Rideau.
S’il y a des gens avec qui le courant passe vraiment bien depuis le début de ce voyage, ce sont les bergers.
Ghezim, un berger, au milieu de ses brebis
J’en croise beaucoup sur mes petites routes de campagne et depuis mon vélo, j’en aperçois régulièrement au loin qui sont tout seuls dans leur champ, immobiles et impassibles face à leurs brebis. Chaque fois que j’observe cette scène récurrente, je me demande ce qu’ils peuvent bien ressentir en étant aussi isolés à longueur de journée, littéralement figés sur place à attendre que le temps passe, tout en fixant leur bétail sans broncher. J’imagine que chaque seconde qui s’écoule doit leur paraître une éternité mais je n’en sais trop rien, finalement. Peut-être au contraire savourent-ils cette quiétude au milieu de la nature qui les entoure. Et si c’était ça, la vraie vie ?…
Paolo fait redescendre son troupeau de la montagne
Alors évidemment, quand je déboule à proximité d’eux, ils sautent sur l’occasion inespérée que je représente de briser un peu leur solitude, autant que cela brise la mienne, d’ailleurs.
Discussion pastorale en vue…
Les échanges que j’ai avec ces bergers s’avèrent toujours très chaleureux. On discute comme on peut, ne parlant aucune langue commune, si ce n’est la seule langue universelle qui semble exister : le foot ! Ces bergers sont nombreux à me réciter fièrement et sans erreur des noms de joueurs français, qu’ils connaissent par cœur. Les pâtres les plus anciens me parlent de Platini et de ses coéquipiers géniaux des années 1980, avec une mémoire impressionnante : Rocheteau, Giresse, Tigana, Amoros… Tandis que les plus jeunes évoquent plutôt Mbappé, et que la génération intermédiaire m’envoie du Zidane avec nostalgie.
Un berger avec qui je partagerai de grands éclats de rire
C’est assez bluffant de voir à quel point les plus grands sportifs sont susceptibles de marquer des générations entières pendant plusieurs décennies, jusque dans les coins les plus reculés de la planète, comme ici au cœur des montagnes albanaises. Me retrouver confronté à cette universalité brute et originelle du sport, sans ses dérives actuelles, me fait du bien.
Les bergers m’accueillent toujours à bras ouverts…
Bref, avec les bergers, je me sens toujours bien. On rigole ensemble, on se serre la paluche, certains me prennent dans leurs bras au moment de se dire au revoir, comme si on se connaissait depuis toujours alors qu’on vient tout juste de se rencontrer. Mais dans tous les cas, une chose est sûre : ces gens-là sont aussi spontanés que sincères avec moi, et c’est cette authenticité que j’aime chez eux.
Et puis à la fin, nous finissons toujours par retourner chacun à notre solitude, eux au milieu de leur troupeau et moi sur mon vélo. Le chemin continue.
Avec Ghezim
Un pays sale
A propos de chemin, il y a une chose qui saute aux yeux quand on arrive en Albanie : la saleté le long des routes. Le sol est souvent jonché d’ordures que les automobilistes jettent par la fenêtre depuis des années.
Aucun nettoyage ne semble avoir lieu et les déchets s’accumulent donc par terre, y compris dans les endroits les plus natures qui soient.
Cette situation aberrante existe aussi dans les autres pays des Balkans que j’ai traversés, mais dans une moindre mesure. L’Albanie est le gros coup de cœur de mon périple mais je dois bien avouer que la saleté des routes est le gros point noir de ce si beau pays.
Amas exceptionnel d’ordures
Heureusement, la nature albanaise reste globalement somptueuse et tout au long de ma traversée du pays à la force des mollets, je trouve régulièrement des spots de bivouac enchanteurs, perdus en pleine nature dans des endroits où rien ne traîne par terre.
Le bivouac quotidien
La dernière rivière sauvage d’Europe : la Vjosa
Un jour, alors que je me dirige vers la Vjosa (qui se prononce « Viossa »), je m’arrête dans une petite station-service en bord de route pour faire le plein, mais d’eau. Je demande au patron si je peux remplir mes bidons mais c’est la voix de sa femme, juste au-dessus de nos têtes, qui me répond. Il m’invite à la rejoindre à l’étage pour me servir en eau. Mais sitôt arrivé là-haut, elle sort deux minuscules bouteilles de vingt-cinq centilitres du frigo contenant les boissons fraîches pour les clients, alors que je pensais juste remplir mes bidons au robinet des toilettes. Elle m’indique que ce n’est pas possible car selon elle, l’eau du robinet n’est pas bonne ici.
Je me dis que je trouverai de l’eau plus loin mais je décide de lui acheter quand même une petite bouteille car avec son mari, il se sont montrés sympas. Je prends quelques leks et lui demande le prix mais au lieu de me répondre, elle se sert carrément en attrapant quelques pièces dans ma main. Pas les petites pièces jaunes mais les grosses pièces blanches ! Au moment où elle s’apprête à les déposer dans la caisse, je lui demande de me les montrer car cela m’intrigue. Elle refuse ! J’insiste mais elle persiste dans son refus. La scène dure un peu avant qu’elle ne finisse par me les montrer enfin. Il s’avère qu’elle m’a pris cent cinquante leks, soit environ un euro cinquante pour un petit quart de litre d’eau seulement, ce qui ne doit pas être bien loin de l’eau la plus chère du monde, alors qu’elle ne provient quand même pas du fin fond du Sahara. Je lui demande de me rendre mes pièces car il est évident qu’elle abuse mais elle refuse et me contre-propose la micro-bouteille à un euro, ce que je refuse à mon tour. Elle descend alors royalement son prix à soixante centimes, soit une chute du cours de l’eau de 60% en dix secondes ! Je range la bouteille dans son frigo et lui demande une dernière fois mes pièces, qu’elle finit enfin par me rendre. Je la quitte d’un mirupovshim froidement poli (au revoir) puis je redescends.
Le pompiste me tend mes lunettes de soleil, que j’avais oubliées
Alors bien sûr, cela ne m’aurait pas ruiné de payer un euro cinquante pour trois gouttes d’eau, mais c’est le fait qu’elle m’ait pris à ce point pour un pigeon qui m’a dissuadé de le faire.
A peine redescendu, je vois que son mari est en train de lui parler. La discussion est assez vive et par les temps qui courent, je commence à craindre qu’elle ne lui raconte des mensonges sur ce qui vient réellement de se passer là-haut entre elle et moi. Mais quand je le vois la gronder comme une gosse qui vient de faire une bêtise, je comprends qu’elle lui a dit la vérité et qu’il n’est pas d’accord avec sa façon d’accueillir les voyageurs. C’est qu’on ne rigole pas avec le sens de l’accueil dans ce pays. Avec un air dépité et un sourire désolé, il m’emmène jusqu’à un robinet situé entre deux pompes à essence et m’invite à y remplir mes gourdes, ce que je m’empresse de faire. Je le remercie chaleureusement avant de reprendre ma route.
Cette anecdote n’est pas anodine car j’ai dû rencontrer là la seule albanaise dénuée de tout sens de l’hospitalité. L’exception qui confirme la règle, en quelque sorte. Son mari, par contre, s’est montré irréprochable, comme tous les albanais que je rencontre depuis que je sillonne ce beau pays. Il faut quand même préciser que cette dame avait raison sur un point : l’eau de ce robinet n’est vraiment pas bonne. C’est même la plus mauvaise que j’aie jamais bue : une infection ! Pas nocive, heureusement, mais immonde. C’est sûr, je change cette eau à la première occasion.
Pour ce soir, j’avais prévu de me trouver une petite auberge dans le village touristique de Tepelenë, surtout pour avoir la possibilité de prendre une bonne douche.
Mais en chemin, la nature autour de moi est trop tentante, elle semble me tendre les bras pour m’accueillir une nuit supplémentaire.
Alors tant pis pour la douche, elle attendra bien vingt-quatre heures de plus : ce soir j’en profite, je dors encore dehors, je m’y sens tellement chez moi. Mon hôtel pour cette nuit, ce sera la nature.
La rivière Vjosa
Je décide donc de contourner Tepelenë plutôt que de m’y arrêter. Pourtant, le village perché sur les hauteurs jouit d’une belle vue sur la vallée et les montagnes. Mais surtout, il comporte plusieurs sites d’intérêt, notamment la forteresse du célèbre Ali Pacha, ou encore les vestiges du camp dans lequel étaient internés les prisonniers politiques pendant la sombre période communiste. Beaucoup n’en sont jamais revenus.
Le village a donc beau avoir quelques attraits touristiques, la perspective de passer une nouvelle nuit dans la nature sublime de la région m’attire nettement plus que celle de dormir sous un toit au milieu des quatre mille habitants du coin. C’est dingue cette attirance croissante pour la nature au fil du voyage : j’ai de plus en plus l’impression de m’ensauvager…
Le pont suspendu de Tepelenë
Pour quitter cette cité dans laquelle je suis à peine entré, je dois traverser un pont, pittoresque mais d’un autre temps, suspendu au-dessus de la rivière Vjosa. Ce joli cours d’eau a la réputation d’être la dernière rivière sauvage d’Europe, hors Russie occidentale.
Le vieux pont rouillé m’inspire une confiance modérée mais après tout, s’il est là et qu’il est ouvert, c’est bien pour qu’on passe dessus. Alors allons-y.
J’y engage mon vélo et comme le tablier est en légère descente, mon bolide à deux roues prend tout de suite un peu de vitesse. Je dévale ainsi la passerelle, en prenant soin de slalomer entre les quelques lattes de bois qui ont plus ou moins été fixées au sol pour boucher les trous de certaines planches cassées…
Un peu plus loin, alors que je commence à chercher un spot de bivouac autour de moi, j’arrive à un croisement où je me retrouve nez-à-nez avec un sexagénaire local. Il me lance, en italien et dans un grand sourire : « Ciao ragazzo » (« salut garçon »). Je lui demande s’il est « ragazzo italiano », il me répond que non, il est « ragazzo albanese ». Je me présente alors comme un « ragazzo francese » pour clore cette discussion dans la langue de Dante, et il me répond avec les seuls mots qu’il connaît dans celle de Molière : « merci beaucoup » puis « je t’aime » !
Avec le ragazzo albanese
Un peu plus loin, alors que le soleil décline tranquillement en enrobant les paysages de sa lumière dorée du soir, je trouve un petit chemin tout cabossé qui descend à travers les champs. Je l’emprunte et j’ai de la chance, il termine sa course sur les berges de la Vjosa : le spot de bivouac idéal.
Mon spot de bivouac, sur les berges de la rivière Vjosa
Je pose ma tente au milieu des cailloux, face aux montagnes et à la rivière. Son cours tumultueux serpente à travers les gros rochers blancs et polis qui jalonnent son cours. Ici, la nature est sauvage, vivante, exaltée et devant ce spectacle naturel, j’ai l’impression de le devenir à mon tour.
Bivouac sur les berges de la Vjosa
Comme toujours quand je bivouaque, je suis aux première loges pour voir le soleil descendre et rougir pendant que je mange.
Ma petite tente face à la Vjosa
Quand je passe la nuit en pleine nature et que le petit matin arrive, nous nous levons souvent en même temps, le soleil et moi. L’un qui brille de mille feux et l’autre tout vaseux.
Përmet et le vieux pont ottoman
En quittant ce spot de bivouac sur la rivière, je réalise que la fin de mon séjour en Albanie est proche. Trop proche. Je la quitterai sans doute demain. D’ici là, il faut que j’en profite encore au maximum, aussi, je décide de transiter par le village de Përmet : ces derniers jours, plusieurs albanais m’ont conseillé d’aller y faire un tour. Avec ses huit mille habitants, il est situé sur cette fameuse rivière Vjosa.
La Vjosa
Lorsque j’arrive à Permët, je dois commencer par traverser un vieux pont rouillé en totalité, dont la solidité n’est pas la première chose qui saute aux yeux.
L’arrivée à Përmet
Malgré ça, je trouve qu’il a de la gueule avec toutes ces fleurs qui poussent juste à côté, cette rivière verte qui coule en dessous, et ces sommets encore enneigés en arrière-plan. On dirait un pont d’un autre temps, ou un pont du bout du monde. Ou plutôt les deux à la fois.
Mais je le trouve plutôt photogénique avec les montagnes au loin, aussi je prends le temps de l’immortaliser avant de m’engager dessus tout en poussant mon vélo.
Le vieux pont rouillé de Përmet
Je n’ai pas compté le nombre de jours depuis lesquels je ne me suis pas douché. Cela en fait trois ou quatre, je crois. Aussi, je décide d’arrêter là les frais et de prendre une petite chambre d’hôtel, la moins chère du village. C’est non pas son confort qui m’attire, mais juste la douche dont elle est dotée, car elle me permettra de remédier à ce petit déficit d’hygiène. Ce ne sera pas du luxe.
Quand je passe la porte d’entrée du petit hôtel, j’adresse le fameux pershendetia (bonjour) au patron, qui est assis au fond de la salle de restaurant. Il me répond comme un perroquet puis, sans un mot supplémentaire ni le moindre sourire mais avec une générosité typiquement albanaise, il me montre la bouteille de raki qui m’attend patiemment sur le comptoir, juste à côté de moi. Il me fait signe de me servir dans l’un des verres disposés un poil plus loin. C’est à peine le milieu de la matinée car j’ai très peu roulé aujourd’hui, ce n’est donc pas vraiment l’heure d’engloutir un verre d’alcool fort, mais puis-je décemment lui dire non ? Non. Car c’est important de respecter les coutumes locales. Je remplis donc deux verres sans trop me faire prier et je file m’asseoir avec lui tout au fond, à la fois pour lui prendre une chambre et pour trinquer.
Sa femme nous rejoint et me demande d’où je viens. De France. De France ? Mais c’est juste à côté de l’Allemagne, ça, où travaille justement leur fils aîné, me répondent-ils en chœur. Le papa, entre deux gorgées de raki, appelle aussitôt son rejeton en visio et à peine le fiston a-t-il décroché que son père me jette le téléphone entre les mains sans explication !
Un peu surpris, je dégaine comme je peux un guten morgen (bonjour dans la langue de Goethe) tout droit sorti de mes vieux souvenirs de lycée et me voilà donc, sans trop savoir comment, en train de discuter en anglais avec un inconnu albanais qui se trouve en Allemagne. Au bout de cinq minutes, après m’avoir donné quelques conseils sur les sites à visiter autour de Përmet, il s’excuse très poliment de devoir raccrocher mais c’est l’heure pour lui d’aller travailler. Je prends congé du fils, le papa et moi achevons notre verre de raki et la maman me montre ma chambre. Parfois, la vie est simple.
Je passe l’après-midi à me balader un peu dans Përmet. Le midi comme le soir, je déguste des plats typiques albanais dans un petit restaurant que j’ai déniché par hasard et par chance, délicieux et vraiment bon marché. Les deux fois, le patron m’offre son dessert fait maison. Et oui, c’est ça l’Albanie.
Le lendemain matin, je prends la direction d’un site dont tout le monde m’a parlé à Përmet : un vieux pont ottoman situé à une quinzaine de kilomètres. Pour y aller, je dois longer la Vjosa, qui est décidément une belle rivière sauvage que je ne me lasse pas d’admirer. Tantôt verte, tantôt bleue, elle est toisée par des montagnes dont les pentes sont fleuries et les cimes enneigées. Ma route est déserte et c’est tellement grisant de se sentir si seul au monde, tout en roulant tranquillement dans ce décor majestueux.
Le paysage de bord de route
J’arrive assez vite au fameux pont ottoman, le pont de Katiut. Il s’agit d’une vieille arche en pierres relativement bien conservée, construite par les ottomans au XVIIe siècle.
Le vieux pont ottoman de Katiut
Enjambant la rivière Lengarica, il est cerné par les montagnes, dont les plus proches sont transpercées par de petites grottes. L’endroit est pittoresque.
Mais ce joli site très nature est surtout connu pour ses sources thermales aux vertus thérapeutiques réputées. Les gens viennent se délasser et se soigner ici depuis l’Antiquité.
Une petite cascade aux pieds du pont ottoman
Pour rejoindre le principal bassin thermal, il suffit de traverser le pont puis de marcher une cinquantaine de mètres. La température de l’eau est de trente degrés y compris quand il neige, voire plus selon la saison.
Le principal bassin thermal, à proximité de Permët et Bënjë
En se délassant dans cette eau délicieusement tiède, on a une vue imprenable sur le pont d’un côté et les montagnes enneigées de l’autre.
La vue depuis le pont
Le site n’est pas très grand mais le bel écrin naturel dans lequel il est posé le rend particulièrement attrayant. Nous ne sommes que début avril mais il commence déjà à y avoir un peu de monde. L’été, le site, victime de son succès, est paraît-il pris d’assaut.
Le pont de Katiut dans son cadre naturel
Moi qui avais hésité ce matin à faire le petit détour nécessaire pour venir jusqu’ici, je ne regrette vraiment pas d’avoir pédalé ces quelques kilomètres supplémentaires malgré les montées. A bien y réfléchir, c’est l’un des endroits que j’aime le plus depuis le début de mon périple.
La route du pont de Katiut
Je reprends mon chemin sur une petite route où presque aucune voiture ne passe. Seul avec mon vélo, je traverse des paysages où les arbres en pleine floraison font face aux dernières neiges qui habillent encore le sommet des montagnes. Plus pour très longtemps.
Mon itinéraire rejoignant rapidement le cours de la Vjosa, je continue à en prendre plein les yeux.
La Vjosa aux pieds des montagnes
A chaque méandre de la rivière, les paysages changent. Son cours serpente au milieu de forêts plus ou moins denses, continue sa course dans des prairies fleuries puis irrigue quelques champs cultivés, toujours aux pieds des montagnes majestueuses.
La Vjosa
Rouler à vélo dans de tels paysages procure un sentiment de liberté très fort, bien plus que je ne l’aurais imaginé. Mais les plus belles choses ont une fin et à l’approche de la Grèce, je vois le cours de la Vjosa s’éloigner petit à petit.
Une heure ou deux après avoir quitté cette rivière si sauvage, j’atteins la frontière albano-grecque. En un mois passé dans les Balkans, c’est ma sixième et dernière frontière, mais c’est la première que je traverse sans qu’il pleuve ! Sans doute un dernier clin d’œil de ce pays si attachant que je quitte, et qui tient absolument à m’éblouir jusqu’à la dernière seconde. Il n’a pourtant pas besoin de ça puisque je suis totalement conquis depuis longtemps.
A l’heure du bilan, je dois bien dire que l’Albanie m’a profondément marqué. Je me sens même un peu sous le choc de quitter ce pays où la nature est si belle, et dont le peuple est si attachant, si généreux. Mais maintenant je vais entrer en Grèce, où j’espère bien avoir encore de nombreuses occasions de savourer pleinement ce périple qui, pour l’instant, dépasse largement toutes les attentes que j’avais placées en lui avant mon départ, il y a plus d’un mois.
Mirupovshim Shqipëria (au revoir l’Albanie)
Quand j’arrive au poste frontière, le douanier me fait passer avant une famille d’albanais, qui attend pourtant depuis un moment déjà l’autorisation d’entrer en Grèce. Les formalités prennent en effet plus de temps pour les citoyens non membres de l’Union Européenne. Gêné de leur passer ainsi devant, je leur dis tout le bien que je pense de leur pays, pour lequel j’ai eu un énorme coup de cœur au cours des onze jours que je viens d’y passer. Chacun d’entre eux me répond par un sourire à s’en décrocher la mâchoire. Quelques minutes plus tard, côté grec, ils me doubleront en voiture dans une côte que mon vélo et moi peinons à monter, avec un petit coup de klaxon pour m’encourager.
Il faut maintenant que j’apprenne les mots de base dans ce nouveau pays : ici, pershendetya se dit kalimera, faleminderit se dit efkaristo et mirupovshim se dit antio (respectivement bonjour, merci et au revoir).
Le coin du cycliste
Trans Dinarica : l’itinéraire de rêve pour les cyclistes
La Trans Dinarica est un itinéraire cycliste qui relie les pays des Balkans occidentaux en traversant une superbe chaîne de montagnes, les Alpes Dinariques. Ce parcours a été conçu pour permettre aux cyclo-voyageurs qui s’aventurent par là de découvrir tout le patrimoine local : naturel, culturel, gastronomique…
La Trans Dinarica en Croatie
Cet itinéraire passe par des villages, des forêts, des montagnes, ou encore par la mer. Il alterne entre routes bitumées très peu fréquentées et chemins de terre en pleine nature. Il traverse des parcs nationaux et des sites classés au patrimoine de l’humanité par l’Unesco.
Bivouac sur le parcours de la Trans Dinarica
Tout au long du parcours, on découvre l’hospitalité des habitants des Balkans ainsi que les paysages à couper le souffle de cette superbe région méconnue, en plein cœur de l’Europe. Bref, quand on roule sur la Trans Dinarica, on en prend plein les yeux et on se sent une âme d’aventurier !
Sur la Trans Dinarica, sous la pluie (Bosnie-Herzégovine)
La pépite : le site Trans Dinarica
La carte suivante montre sommairement le parcours de la Trans Dinarica (copie d’écran extraite du site Trans Dinarica).
En cliquant pays par pays, ce site propose également de nombreux itinéraires alternatifs : rejoindre le parcours depuis les grandes villes, faire des détours pour aller visiter des sites intéressants à proximité, etc.
A titre d’exemple, c’est l’un de ces détours que j’ai utilisé pour traverser l’île de Pag, qui s’est avérée l’un des plus beaux endroits visités lors de ma « Trans Europa » !
La Trans Dinarica passe par la rivière Drin (Albanie)
Pour se procurer le parcours précis ainsi que sa trace GPS, ce que j’ai fait, il suffit donc de se connecter au site officiel : Trans Dinarica.
Bien sûr, ce n’est pas gratuit mais ce n’est pas très cher non plus et surtout, cela vaut tellement le coup : si, comme moi, vous êtes un.e cycliste amoureux.se de la nature, alors le rapport qualité-prix de ces packs est carrément exceptionnel. On traverse des endroits tellement natures, isolés et sauvages sans jamais se perdre que ça vaut largement la peine, selon moi, de s’offrir ces packs.
A l’inverse, l’itinéraire de la Trans Dinarica traverse peu de villes. Aussi, si vous êtes attiré.e par les grandes métropoles, ces packs ne vous conviendront peut-être pas : privilégiez alors plutôt les itinéraires Eurovélo (lire plus bas), qui seront beaucoup plus adaptés à vos goûts citadins (capitales, monuments, musées, hébergements etc).
Pour résumer, la Trans Dinarica a plutôt tendance à fuir les zones touristiques et notamment la côte Adriatique, avec ses stations balnéaires souvent prises d’assaut, pour s’enfoncer dans les montagnes beaucoup moins fréquentées. Contrairement à Eurovélo, qui ne dévie à peu près jamais des itinéraires touristiques.
On peut se procurer le pack de la Trans Dinarica pour les huit pays à un tarif à mon avis avantageux (à partir de 90 euros), ou bien choisir un pack par pays (de 8 à 23 euros selon le pays). Le lien : se procurer le pack de navigation de la Trans Dinarica.
L’itinéraire de la Trans Dinarica (Croatie)
Remarque : au cas où vous vous posiez la question, aucun lien de ce blog n’est sponsorisé. Je ne perçois donc aucune commission, que vous cliquiez ou non !
Le long de la Trans Dinarica
En préparant votre périple à vélo, si vous vous interrogez sur la Trans Dinarica, n’hésitez pas à me poser vos questions dans la rubrique « commentaires » (votre @dresse mail ne sera pas publiée, contrairement à votre question qui le sera avec un léger décalage, généralement de quelques heures) : c’est avec plaisir que j’essaierai d’y répondre 🙂
Les itinéraires Eurovélo
Beaucoup plus connus que la Trans Dinarica encore confidentielle, les itinéraires Eurovélo ont fait leurs preuves depuis longtemps. Au nombre de dix-sept à ce jour, ils sillonnent l’Europe du Cap Nord à Malte, et de l’Irlande occidentale aux confins de l’Orient.
L’esprit est de constituer un réseau cohérent de grands itinéraires cyclables européens, en connectant les capitales et les grandes villes du continent. Le patrimoine naturel et culturel est mis en valeur tout en favorisant le tourisme durable.
Le réseau Eurovélo
Enfin, la sécurité des usagers est toujours prise en compte. Ainsi, les routes doivent être balisées et continues. Elles doivent également éviter les routes à fort trafic. Elles combinent donc pistes cyclables et routes secondaires, voire chemins balisés.
Le principal inconvénient, c’est que peu de ces routes Eurovélo sont totalement terminées.
Je suis attentivement l’évolution de certaines d’entre elles depuis cinq ans et pourtant, rien n’a bougé : elles en sont toujours au même stade (en général l’un des trois stades en rouge sur le tableau suivant) selon le site Eurovélo lui-même. Aucune évolution en cinq ans !
Percevoir les fonds européens, c’est bien, mais les utiliser pour procéder aux aménagements promis, ce serait mieux !
Les différents stades de développement des routes Eurovélo
J’enfonce un peu le clou : Eurovélo existe depuis 1995 mais trente ans plus tard (au 27 octobre 2025), une seule route est entièrement terminée ! Il s’agit de l’Eurovélo 19 : la route cyclable de la Meuse (1.050 km). Et cinq autres sont (enfin) à un état d’avancement supérieur à 90% :
Une seule route terminée en vingt ans, et cinq autres qui ne sont plus très loin de l’être, sur dix-sept routes en tout (les n° 16 et 18 n’existant pas encore), ce n’est quand même pas énorme. Bien sûr, il ne faut pas non plus cracher dans la soupe : ces dix-sept routes ont au moins le mérite d’exister, et Eurovélo reste un superbe projet pour les voyageurs à vélo.
Les automobilistes albanais
Pour les cyclistes qui recherchent une sécurité optimale sur la route, l’Albanie est un petit paradis. En effet, les automobilistes sont si respectueux des cyclistes qu’ils les doublent systématiquement en roulant sur la voie de gauche, y compris quand une voiture arrive en face d’eux ! J’ai pu le constater dès que j’ai passé la frontière depuis le Monténégro, puis quotidiennement pendant les onze jours que j’ai passés en Albanie.
A plusieurs reprises, j’ai carrément eu peur pour ces automobilistes car ils me doublaient sur la file de gauche alors qu’une voiture arrivait en face. Mais ceux qui arrivaient en face justement, fonctionnent de la même manière et ce sont donc eux qui se poussaient sur l’extrême bord de la route, parfois au ras du fossé, pour laisser passer la voiture en train de me doubler. Parfois ils se frôlaient, parfois ils devaient piler tous les deux pour ne pas se rentrer dedans, mais toujours ils passaient vraiment au large de moi, tout à gauche, donc.
Dans les pays que j’avais traversés précédemment (un peu en Italie et au Monténégro mais surtout en Croatie, et plus encore en Bosnie-Herzégovine), les voitures attendaient brièvement derrière moi lorsqu’une voiture arrivait en face, avant de me doubler. En Albanie, c’est différent : ils ne ralentissent pas, ils n’attendent pas derrière les cyclistes, ils passent, avec une grande marge de sécurité puisqu’ils doublent toujours sur la file de gauche et si quelqu’un arrive en face, c’est lui qui se pousse !
Je ne me suis donc absolument jamais senti en danger sur les routes albanaises. Le seul bémol concerne la capitale, Tirana où, comme indiqué dans l’article, quelques automobilistes pressés d’aller travailler à l’heure de pointe ont parfois un peu forcé le passage, mais sans jamais que je ne me sente vraiment en danger. Il me suffisait de les laisser passer dans les bouchons tiranais.
Petite queue de poisson à Tirana
En conclusion, les seules fois où j’ai eu peur sur les routes albanaises, c’était pour les automobilistes eux-mêmes, lorsqu’ils étaient à deux doigts de se percuter parce que l’un d’eux me doublait trop largement. Et pour tout dire, c’est anecdotique mais je me sentais tellement en sécurité que c’est dans ce pays que j’ai définitivement enlevé mon casque.
Infos pratiques
Où dormir à Përmet ?
J’ai dormi au Ramis Hotel & Outdoor Sports Center. C’est l’un des hôtels les moins chers de Përmet, il est propre, le confort est correct, les propriétaires sont accueillants et le petit déjeuner est copieux.
En plus de la partie hôtelière, l’établissement propose diverses activités, notamment la location de vélos et surtout, des sorties rafting sur la magnifique Vjosa. C’est l’un des fils des propriétaires qui assure l’encadrement de ces activités.
La Vjosa est un petit paradis naturel dans lequel de nombreuses activités sont possibles : le rafting est la plus prisée, mais on peut également descendre la rivière en bouée, faire des randonnées, du vélo (y compris électrique), du quad, de l’équitation…
Pour réserver ces activités, il y a plusieurs possibilités :
Demander des infos à votre hôtel, qui vous guidera ou, dans certains cas, qui vous proposera lui-même ses propres activités.
Nisyros est une petite île somptueuse mais heureusement, elle est bien cachée. Située à une bonne vingtaine d’heures de bateau d’Athènes, son éloignement des côtes grecques dissuade la plupart des touristes de s’y rendre. C’est ce qui en fait une île hors des sentiers battus.
Alors bien sûr, la fréquentation touristique augmente en haute saison (juillet-août), mais la plupart des visiteurs commettent alors l’erreur de ne pas y rester : ils viennent souvent à la journée, en provenance des îles voisines de Rhodes et Kos, beaucoup plus connues mais tellement plus fréquentées. L’objet de leur visite ? Le volcan de Nisyros, et notamment le cratère Stefanos.
Conséquence : il n’y a pas foule sur Nisyros avant 11h00 (heure d’arrivée de la plupart de ces touristes qui viennent juste à la journée), ni après 15h00 ou 16h00 (heure à laquelle ils en repartent).
Le bon plan : puisque ces voyageurs pressés vont tous au volcan entre 10h30-11h00 et maximum 16h00, alors l’idéal consiste à visiter le volcan en dehors de ce créneau pour être tranquille, c’est-à-dire en début de matinée avant leur arrivée, ou en fin d’après-midi après leur départ. Et à l’inverse, sur le reste de l’île, on ne croisera quasiment jamais ce flot de touristes éphémères entre 10h30 et 16h00 : on est alors tranquille pour découvrir les plages volcaniques de Nisyros, ses villages pittoresques, ou encore ses montagnes verdoyantes avec des vues à couper le souffle…
C’est le plus jeune volcan de la mer Égée. Même si sa dernière éruption date de 1888, il n’est pas considéré comme éteint. D’ailleurs, en 1995, la chambre magmatique située sous le volcan a grossi au point de provoquer une crise sismique dans toute la zone.
La caldeira de Nisyros, d’un diamètre de quatre kilomètres, comporte six cratères (et non pas un seul, comme le croient la plupart des visiteurs). Le plus connu d’entre eux, qui est aussi la principale attraction de l’île, est le cratère Stefanos.
Le cratère Stefanos et, plus ou moins visibles, les cinq autres cratères (l’un à sa gauche, les autres en arrière-plan)
Le cratère Stefanos
J’ai eu la chance de pouvoir visiter Nisyros hors-saison (début mai) à une période où il y avait donc très peu de touristes.
Je suis arrivé au cratère en fin d’après-midi, à vélo. Il n’y avait plus personne pour tenir le guichet d’entrée, et une seule voiture était garée là : celle du gérant du petit snack situé juste après le guichet. Nous étions les deux seules personnes présentes sur tout le site.
L’arrivée au cratère Stefanos (sur le sommet du fond : le petit village de Nikia – voir plus bas)
Je suis alors descendu dans le cratère, où je me suis retrouvé absolument seul pendant toute la durée de ma visite (près d’une heure). Un privilège.
Le cratère Stephanos, vide de touristes…
Dans ce cratère, la première chose qui attire le regard, ce sont les couleurs. Ses parois sont jaunies par les dépôts de soufre.
Au début du petit chemin qui mène au fond du cratère, un panneau nous rappelle que le site est potentiellement dangereux.
Juste avant d’arriver dans le cratère principal, on passe devant un cratère beaucoup plus petit, le cratère Andreas (appelé également Mikros Stefanos, par opposition à son illustre voisin, Megalos Stefanos, celui que tout le monde visite).
Le cratère Andreas (ou Mikros Stefanos)
Arrive alors le moment attendu, celui où l’on peut fouler le sol bouillonnant du cratère principal de Nisyros.
Au fond du cratère
Reliés par de fines cordes, des piquets délimitent les zones auxquelles il est interdit d’accéder, pour des raisons de sécurité évidentes. Car par ici, la terre chauffe, voire surchauffe. Et disons-le carrément : elle bouillonne, elle fume et elle brûle ! Dans ces zones interdites d’accès, l’eau bout en effet en permanence au fond de sortes de petites marmites naturelles.
Une petite marmite naturelle d’eau bouillonnante
Un peu partout, de petites colonnes de fumée s’élèvent dans le ciel, rappelant elles aussi au visiteur qu’il est bien sur un site naturel d’exception.
Les fumerolles au fond du cratère
Se rendre au volcan juste avant le coucher du soleil permet de l’admirer éclairé par une jolie lumière : les fameuses golden hours, si prisées des photographes.
Les parois soufrées du cratèreLe cratère Stefanos pendant les golden hours
Bivouac de rêve au milieu des cratères
Étant un amoureux de la nature, j’ai terminé ma journée de visite de ce joli volcan par une nuit de rêve, puisque j’ai dormi sur cette terre volcanique, sous ma tente posée au beau milieu des cratères !
Dormir à quelques dizaines de mètres du cratère
J’ai passé la nuit complètement seul à proximité du cratère principal, mais apparemment seul aussi dans toute la caldeira, puisqu’elle n’est pas habitée et qu’il n’y a aucune maison. Cette nuit-là, la sensation de plénitude fut totale.
Bon, je dois quand même rappeler qu’en Grèce, contrairement à tant d’autres pays, le bivouac est interdit. Les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant aller jusqu’à 300 euros.
Si je me suis permis de braver souvent cette interdiction, à Nisyros comme ailleurs en Grèce, c’est pour plusieurs raisons :
Je bivouaque toujours discrètement afin de ne déranger personne ;
Je n’allume mon réchaud qu’en l’absence totale de risque (par exemple, pas de végétation à proximité, ou alors mouillée) ;
Je ne laisse absolument aucune trace de mon passage dans cette nature que j’aime, et j’emporte donc tous mes déchets ;
Et en prime, lorsqu’il y a déjà des déchets par terre dans la zone où je pose ma tente, je les ramasse et je les emporte pour les jeter dans la première poubelle que je trouve, histoire que les lieux soient plus propres après mon passage qu’avant.
Alors bien sûr, cette façon respectueuse de bivouaquer ne m’autorise pas pour autant à dormir là, toutefois, en procédant de cette manière, tout le monde est gagnant :
les autorités émettrices de cette interdiction abusive, puisque je nettoie ces zones à leur place ;
La nature, parce qu’elle est plus propre après mon bivouac qu’avant ;
Et moi-même bien sûr, tellement je me régale à passer ainsi mes nuits en pleine nature.
Bref, quitte à braver la réglementation, autant le faire proprement…
Ce que je ne savais pas en revanche en posant ma tente au-dessus du cratère Stefanos, c’est qu’en Grèce, le bivouac est sanctionné beaucoup plus sévèrement lorsqu’il a lieu dans les zones touristiques : jusqu’à 3000 euros d’amende et trois mois d’emprisonnement ! Je ne l’ai appris que plus tard.
Lever de soleil face au volcan
Les autres cratères de Nisyros
Si la plupart des visiteurs croient qu’il n’y a qu’un seul cratère à Nisyros, il s’avère qu’en réalité, il y en a… six !
Comme indiqué précédemment, il y a donc les deux cratères décrits ci-dessus : le cratère principal Stefanos (ou Megalos Stefanos), et son petit voisin Andreas (ou Mikros Stefanos). Voici les quatre autres.
Les cratères Megalos Polyvotis et Mikros Polyvotis
Pour se rendre aux deux plus accessibles, il suffit de passer le guichet d’entrée puis le snack situé juste après, et de prendre ensuite le petit chemin situé à droite (au lieu de celui de gauche, qui mène à Stefanos).
Le petit chemin qui mène aux quatre autres cratères, notamment Mikros et Megalos Polyvotis.
On rejoint alors deux nouveaux cratères : le magnifique Megalos Polyvotis, et son petit voisin, Mikros Polyvotis.
Ils sont situés au bout du chemin, où a été érigé un petit poste d’observation. De là, on domine le plus grand cratère, Megalos Polyvotis, lequel est jauni par le souffre et toisé par la paroi rougeâtre de la caldeira.
Le cratère Megalos Polyvotis
Les photos écrasent un peu la sensation de grandeur qu’on ressent lorsqu’on admire ce somptueux cratère aux pieds des parois de la caldeira, à côté desquelles on se sent minuscule.
Megalos Polyvotis
Si l’on poursuit en descendant vers la droite (où le chemin n’est plus balisé), on arrive à son petit frère : Mikros Polyvotis.
Le cratère Mikros Polyvotis
Il a beau être moins impressionnant et moins joli, il est possible de descendre au fond de ce cratère, au milieu de petites fumerolles, contrairement à son voisin Megalos Polyvotis qui, lui, n’est pas accessible. En n’oubliant pas, toutefois, les risques que cela peut présenter, notamment si le sol s’avère instable…
Les cratères Alexandre (ou Flegethron) et Logothetis
Ces deux cratères ne sont indiqués nulle part.
Profusion de couleurs
Souhaitant quand même les découvrir, je me suis dirigé au hasard vers ce qui me semblait être les parois de cratères. Toujours à pied, et depuis les deux cratères de Polyvotis, situés juste à côté.
Direction les deux derniers cratères
Pour cela, il faut sortir du chemin menant aux deux cratères Polyvotis. On se retrouve alors à marcher dans des amas de pierres, beaucoup moins praticables que le chemin en question.
Mon point de repère, c’était les zones de souffre, visibles de loin car très jaunes. C’est donc vers elles que je me suis dirigé. Là, de près, on remarque tout de suite la présence de multiples petites bouches de souffre fumantes, alors qu’on ne les distingue pas de loin.
De là, on a également une jolie vue sur la plaine de Lakki (le fond plat de la caldeira), qu’on domine à 180°.
Sitôt passée la zone de souffre, le sol de pierres disparaît pour laisser place à la paroi du cratère, nue. Et là, ça commence à monter de manière nettement plus abrupte.
Au bout d’une dizaine de mètres à peine, il m’a semblé que mes pas résonnaient. J’ai donc frappé le sol du pied pour vérifier et là, petite frayeur : non seulement ça résonnait bel et bien mais en plus, ça tremblait ! Ce qui signifiait que sous mes pieds, le sol était creux et pas forcément très solide, donc potentiellement écroulable !
Comme je venais tout juste de la zone où de multiples petites fumerolles bouillantes s’échappaient des bouches de souffre, il était évident que le sous-sol était carrément brûlant dans le coin ! Je ne me suis donc pas éternisé et j’ai fait demi-tour, sans pouvoir observer de plus près les deux derniers cratères.
Infos pratiques volcan
Le volcan reçoit la visite de 200 à 1.000 visiteurs environ chaque jour ! Heureusement, il est suffisamment vaste pour qu’on ne s’y bouscule pas et de toute façon, comme indiqué précédemment, ils se concentrent sur le créneau 10h00-15h00 environ.
Le bon plan
Idéalement, il faut se rendre au cratère Stefanos en fin de journée :
Lorsque les bus de touristes sont partis, afin de bénéficier de la plus faible fréquentation possible ;
Et 1h00 – 1h30 avant le coucher du soleil, quand la lumière est la plus belle.
Si vous souhaitez également jeter un œil sur les cratères voisins, alors prévoyez d’arriver encore une heure plus tôt, voire deux si vous voulez prendre tout votre temps pour visiter.
Si vous êtes des lève-tôt, vous pouvez également arriver en début de matinée, avant l’arrivée des bus de touristes. Toutefois, la lumière est un peu moins belle le matin que le soir car les parois de la caldeira masquent plus le soleil quand il se lève que quand il se couche (elles sont plus hautes d’un côté que de l’autre).
Le prix : 5 euros ou gratuit !
L’entrée coûte désormais 5 euros par personne (et non plus 3 euros, comme on peut encore le lire un peu partout sur Internet).
Toutefois, elle est gratuite pour tous ceux qui s’y rendent… à vélo ou à pied !
Que faut-il apporter avec soi ?
Une paire de bonnes chaussures : on peut s’en passer mais le sol est boueux et brûlant dans toute la partie humide du cratère, donc de bonnes chaussures sont préférables. Si vous vous posez la question d’y aller en tongs, c’est possible mais déconseillé.
L’été : prévoir une bouteille d’eau ainsi que casquette et crème solaire, car le soleil peut taper très fort.
Commodités
Il y a un parking pour garer la voiture
Il y a également un snack avec terrasse ombragée et toilettes gratuites (accessibles à tout le monde, y compris aux non-clients du snack).
L’excursion à la journée depuis l’île voisine de Kos
Cette excursion inclut une brève visite du village de Mandraki.
Le prix d’entrée dans le volcan (5 euros), le repas du midi et les boissons ne sont pas inclus.
Le site internet incontournable : Géoparc
Si vous êtes curieux, voici un site Internet à ne pas rater : le site géoparc de Nisyros.
Tout y est : carte interactive, cratères, chemins de randos, biodiversité, mais également l’histoire de l’île et de ses habitants…
Les villages de Nisyros
L’île ne comptant qu’un petit millier d’habitants, les villages ne sont pas nombreux. Mais quels villages ! Les quatre principaux sont Mandraki, Nikia, Emporios et Pali.
Mandraki
Quand on arrive sur l’île, c’est dans le petit port de Mandraki qu’on accoste.
Une ruelle de Mandraki
Ce qui frappe d’emblée, ce sont ses agréables petites ruelles, dont les façades de maisons sont blanchies à la chaux.
Une ruelle de Mandraki
En haut de la colline qui surplombe le village se trouve le Paleokastro. Il s’agit de la ville ancienne de Nisyros, qui était alors fortifiée. Depuis ces ruines, la vue sur le village en contrebas, la mer et les îles voisines vaut le détour.
Mandraki, vu depuis le Paleokastro
Un peu plus bas, mais toujours au-dessus du village, se situe le monastère Panagia Spiliani (Notre-Dame de la Caverne).
Le monastère Panagia Spiliani domine le village de Mandraki
Ce joli petit monastère vaut le coup d’œil même si, pour ma part, je n’ai pas pu visiter l’intérieur car il a rapidement fermé lors de ma venue.
Si l’on descend quelques marches depuis le monastère, on arrive à un autre point de vue sur Mandraki, moins élevé que depuis le Paleokastro, mais offrant lui aussi une jolie vue d’ensemble sur le village.
Enfin, pour parfaire le tableau de ce joli petit village, ajoutons que Mandraki dispose de nombreux petits commerces et restaurants sur le front de mer.
Nikia
Pour ma part, j’ai eu un vrai coup de cœur pour ce petit village, perché sur la crète des montagnes qui dominent le volcan.
Nikia
Pour l’anecdote, j’y suis arrivé à vélo, après avoir grimpé les montagnes du centre de l’île, dont certaines côtes atteignent les 15%. Avec mon vélo de 54 kilos, sacoches comprises, et le soleil qui tapait fort, je n’avais qu’une seule envie : m’asseoir à l’ombre, sur la terrasse d’un café et dévaliser le frigo !
Mais pour arriver là, il fallait passer par les petites ruelles du village. Et là, j’ai eu un vrai coup de foudre.
Une ruelle de Nikia
Du coup, je me suis arrêté tous les dix mètres pour photographier et filmer, repoussant à plus tard le moment pourtant tant attendu de me rafraîchir…
Certaines ruelles sont très étroites, ce qui ajoute à leur charme.
La principale attraction de ce petit village, c’est sa place centrale. Elle est pavée d’une mosaïque qui a la réputation, dans toute la Grèce, d’être l’une des plus belles du pays.
Impossible de la photographier en entier le jour de ma venue car elle était en partie remplie de tables de restaurants, mais c’est vrai qu’elle est jolie et surtout, très agréable. Idéale pour prendre un verre et/ou un bon repas…
La fameuse place de Nikia et sa mosaïque de cailloux au sol
Enfin, il faut noter que, depuis le cratère Stefanos, c’est ce petit village blanc que l’on aperçoit tout là-haut, au loin, juché sur la crête de la caldeira. Et à l’inverse, on a une vue plongeante sur le volcan depuis le village.
Pali
Comme Mandraki, Pali est situé sur la côte.
L’église de Pali
Il s’agit d’un petit village de pêcheurs, qui s’anime un peu l’été avec la venue de quelques touristes.
Le port de Pali
Le village est tout petit, il est surtout animé grâce à son port de pêche et de plaisance, et à ses bars et restaurants. Mais c’est également un point de chute parfait pour pouvoir rayonner sur l’île, et sur les plages de sable volcanique noir situées juste à côté.
Mohamed, pêcheur à Pali
Enfin, Pali dispose d’une plage, raison pour laquelle certains visiteurs la préfèrent à Mandraki pour séjourner sur Nisyros.
Emporios
Comme Nikia, Emporios est un petit village situé dans l’intérieur de l’île et sur le rebord de la caldeira. Il a été déserté au fil des années pour ne plus compter aujourd’hui qu’une trentaine d’habitants ! Puisque très peu de touristes s’y rendent, l’avantage, c’est qu’il a su conserver toute son authenticité.
Emporios
A noter que peu avant l’entrée du village, au bord de la route, se trouve une petite grotte qui, grâce à l’activité volcanique du sous-sol de l’île, fait office de sauna naturel pour les visiteurs.
En plus de mes deux nuits en bivouac tout seul dans la caldeira, j’ai dormi au Romantzo Hotel, réservé via Booking. Si vous cherchez un hôtel dans le centre de Mandraki, alors le Romantzo ne vous conviendra peut-être pas car il est légèrement excentré (il suffit néanmoins de 5 à 10 minutes de marche à peine pour s’y rendre). Par contre, si vous cherchez le calme, alors il est parfait.
Le Romantzo Hotel est situé face à la mer
La terrasse des chambres
Les prix sont corrects (37 euros hors saison, début mai, lors de ma venue, petit déj’ inclus), la vue sur la mer est agréable, l’accueil est sympa et le petit déjeuner varié.
Plages volcaniques et montagnes verdoyantes
Les plages
Bien qu’elles vaillent le coup, on ne vient généralement pas à Nisyros pour ses plages.
Une plage volcanique, à l’est de Pali
Les plus réputées d’entre elles sont essentiellement situées sur la côte est, et les plus accessibles pullulent sur la côte nord, juste après le village de Pali (en direction de l’est) : là, elles se succèdent sur des centaines et des centaines de mètres, avec leur sable noir d’origine volcanique.
Une plage à l’est de Pali
Nisyros n’est pas forcément synonyme d’île de rêve pour tout le monde. En effet, certains habitants m’ont expliqué que régulièrement, on trouvait sur les plages de Nisyros des affaires, notamment des vêtements, appartenant à des migrants qui échouent parfois ici avec leur radeau de fortune.
Et en effet, il n’y a pas besoin de chercher bien longtemps pour trouver traces de ces objets gisant sur les plages, qui témoignent du vécu dramatique de ces miraculés de la mer.
Les montagnes
Lorsqu’on s’aventure dans les montagnes de l’île en direction du volcan, on passe par de nombreux points de vues sur la mer.
On croise régulièrement des vaches au milieu de la route, mais aussi des chèvres dans les arbres ! Elles y grimpent avec une agilité de singes pour déguster les feuilles !
Les bus qui emmènent les touristes à la journée visiter le volcan passent par cette route mais ils ne prennent pas le temps de s’arrêter en chemin, alors que les vues successives sur la mer en valent pourtant la peine.
Au final, que vaut Nisyros ?
Dans cet article, je n’ai pas encore répondu à la question posée dans le titre : « Nisyros : la plus belle île de Grèce ?… » Et pour cause : n’ayant pas visité chacune des 9.000 îles que compte le pays, difficile de les comparer !
A l’inverse, beaucoup de blogs et de sites Internet ne s’embarrassent pas autant, et ils nous pondent des classements sur les dix, quinze ou vingt plus belles îles de Grèce (ce qui, en général, correspond tout simplement à la liste plus ou moins longue des quelques îles grecques qu’ils ont eu le temps de visiter !)
C’est ainsi que Nisyros n’apparaît que très rarement dans ces classements des plus belles îles du pays : notre jolie petite île volcanique étant située trop loin pour que les auteurs de ces articles y aient mis les pieds, ils ne la connaissent pas et ne peuvent donc pas la prendre en compte dans leur classement !
Qu’en pensent les grecs ?…
Le signe qui ne trompe pas, c’est l’opinion des locaux, et tous ceux que j’ai rencontrés ont été unanimes : selon eux, Nisyros est une superbe petite île dont ils sont généralement fiers, l’une des plus belles de leur pays selon eux.
Je partage cette opinion : Nisyros est magnifique, c’est même la plus belle île de toutes celles que j’ai visitées en Grèce au fil des années, en cinq voyages au pays d’Aristote.
Avec sa douceur de vivre, sa faible fréquentation touristique, ses vues à couper le souffle et son volcan, c’est réellement une destination à ne pas rater…
Il ne vous reste donc plus qu’à vous y rendre pour vous faire votre propre point de vue…
Chargement…
Une dernière petite salve d’images pour terminer…
Dans la caldeira
Le monastère Panagia Spiliani, à Mandraki
Autoportrait !Les parois du cratère recouvertes de soufreL’un des nombreux points de vues sur la merDans le volcanLe coucher du soleil vu depuis Mandraki
Congé sabbatique pour périple à vélo : de la France à la Grèce…
J’en ai longtemps rêvé, j’ai fini par le faire : prendre un congé sabbatique pour voyager pendant plusieurs mois !
Voici le compte-rendu de ce périple hors-normes, à vélo, en solo et en bivouac, qui m’a emmené dans les coins les plus reculés des Balkans. Pour moi, le but était de fuir les villes pour privilégier au maximum la nature, les lieux à peu près vierges de tourisme et les rencontres avec les habitants.
Ce voyage fut tellement fort émotionnellement qu’une fois arrivé à destination, la Grèce, j’ai décidé de continuer un peu au lieu de faire demi-tour : direction la Turquie !
Le petit village de BakarL’île de Krk sous les nuages.Île de PagTraversée de l’île de PagLe coucher du soleil vu depuis la tente. Île de Pag.
La Bosnie-Herzégovine
Mostar et son fameux pont
Le Monténégro
La baie de KotorTrebinje
L’Albanie
La Grande Mosquée de Tirana, ou mosquée de NamazgâhLe vieux pont suspendu et rouillé de PërmetLe vieux pont ottoman, dans les environs de PërmetA proximité du village de PërmetLa Vjosa, considérée comme le dernier long fleuve sauvage d’Europe (hors Russie)
La Grèce
Dans la caldeira de l’île de Nisyros (Dodécanèse)Athènes
Le petit village de Nikia (île de Nisyros, Dodécanèse)
Vue sur le cratère de Stefanos (île de Nisyros, Dodécanèse)Le cratère de Stefanos (île de Nisyros, Dodécanèse)En route vers le volcan (île de Nisyros, Dodécanèse)Le village de Mandraki (île de Nisyros, Dodécanèse)
La Turquie
Le lac de Milas
Quelques rencontres…
Avec Giuseppe (Italie)
Vanessa, une allemande, son compagnon hollandais Albert et leur fillette de 11 mois Alva (île de Pag, Croatie)
Sofia, une bosniaque, m’offre son délicieux café turc fait maison (île de Pag, Croatie)
Luka, un pèlerin croate qui marche vers la ville de Medjugorje, dans le sud de l’Herzégovine (île de Pag, Croatie)
Danilo remplira gentiment mes gourdes avec l’eau de son puits (Croatie)
A Sinj, pendant mes courses dans une toute petite épicerie, Ana et Milanka m’offrent à manger (Croatie)
Inga, passionnée de pâtisserie, m’offre une part du succulent gâteau qu’elle a préparé… Une tuerie ! (Mostar, Bosnie-Herzégovine)
Novak Djinovik, ex-cycliste professionnel, me fait cadeau de la brève réparation de mon vélo (Bar, Monténégro)
Sur un chantier, des ouvriers m’offrent un soda pendant leur pause de midi (Albanie)
Koula, rencontré pendant une traversée féérique sur la rivière Drin (Albanie)
Un grand-père me complimente sur mon voyage à vélo, avec son fils et son petit-fils, à Fierza (Albanie)
Lorsque je passe à vélo devant lui, Emiliano (ici avec son père et des voisins) m’arrête et m’offre un verre, puis quand je repars, une canette de soda pour la route (Albanie)
A Koman, cette dame, à qui je demande simplement un renseignement, m’offre une part du gâteau qu’elle vient juste de préparer (Albanie)
A Koman (Albanie)
Le monsieur de gauche, curieux sur mon voyage, remplira gentiment mes gourdes d’eau (Albanie)
Ce vendeur de fruits d’une incroyable gentillesse refuse que je paye deux oranges : il me les offre… et ajoute deux pommes (Albanie)
Ces messieurs me bombardent de questions sur mon voyage et me félicitent en boucle (Albanie)
Longue discussion en bord de route avec un berger, devant ses brebis au loin (Albanie)
Ce monsieur me dira les seuls mots qu’il connaît en français : « je t’aime ! » (Albanie)
A court d’eau, assoiffé par l’effort et la chaleur, je me vois offrir deux petites bouteilles d’eau (Grèce)
Rencontre de deux pêcheurs (Grèce)
Chris et son père Alexandros m’offrent le café à Corinthe (Grèce)
Pendant la longue traversée vers Nisyros (20 h), je sympathise avec un couple franco-hollandais, Michelle et Peter (Grèce)…
… et je sympathise également avec Adonis, un skipper grec qui a navigué sur toutes les mers du monde ! (Grèce)
Avec le pope du monastère Panagia Spiliani à Mandraki (île de Nisyros, Grèce)
Mohamed exhibe fièrement une petite partie de sa pêche du jour à Pali (île de Nisyros, Grèce)
Avec Mohamed sur son chalutier (île de Nisyros, Grèce)
Avec Simplet (c’est celui de gauche, je précise…) à Athènes
Avec Sono, un indien Sikh, sur l’île de Kos (Grèce)
Avec Sono et un couple d’allemands, sur l’île de Kos (Grèce)
Au moment de payer un Fanta au patron d’un petit bar-resto à Yatagan, il me l’offre ! (Turquie)
Olgun, un prof d’anglais, devant son collège à Turgut (Turquie)
Fathi se balade tous les dimanches avec son scooter pour admirer les jolis paysages du coin (Turquie)
Patrick, architecte à la retraite, rencontré à Gènes lors de mon retour en France (Italie)
Culminant à 3718 mètres d’altitude, le volcan Teide (qui se prononce Té-i-dé) est non seulement le plus haut sommet des îles Canaries, mais aussi celui de l’Espagne et de tout l’Océan Atlantique. Pourtant, il est loin de figurer parmi les plus hauts volcans du monde. Du moins si l’on mesure leur hauteur par rapport au niveau de la mer.
Car si l’on prend en compte leur hauteur totale, c’est-à-dire depuis leur base située au fond des océans, le Teide devient alors… le troisième volcan le plus haut du monde ! Seuls deux volcans hawaïens le précèdent.
Le volcan Teide domine l’île de Tenerife
Depuis le plancher océanique, la hauteur réelle du Teide dépasse ainsi les 7000 mètres, ce qui en fait une montagne située à mi-chemin entre le Mont Blanc et l’Everest !
On peut faire l’ascension de cette impressionnante montagne volcanique à pied mais aussi en téléphérique. Depuis le sommet, on peut assister à des levers et couchers du soleil majestueux.
Le coucher du soleil depuis le Teide
Mais il y a également de nombreuses randonnées à faire dans les paysages lunaires de la caldeira : soit au milieu des nombreux volcans qu’elle contient, soit à travers une végétation étonnante, ou encore sur des chemins qui descendent tranquillement jusqu’à l’océan…
Bref, c’est tout le parc national du Teide qui est une pure merveille : inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, c’est d’ailleurs le parc le plus visité d’Europe.
Une route unique traverse entièrement le parc national du Teide et mène jusqu’au volcan.
L’unique route qui traverse le parc
Mais elle permet aussi d’observer des panoramas exceptionnels tout au long du chemin. Notamment, il y a des cratères partout, souvent drappés de nuages.
Si vous y allez entre fin mai et début juillet, vous aurez la chance de pouvoir observer l’une des stars des lieux, la vipérine de Tenerife, en pleine floraison.
Une vipérine de Tenerife fanée (en septembre)
C’est à cette époque de l’année que cette magnifique plante herbacée, endémique de l’île et qui peut atteindre les deux à trois mètres de haut, se pare de centaines de petites fleurs couleur rouge corail.
En poursuivant la route vers le Teide, il y a le passage obligé aux Roques de Garcia. Il s’agit de formations rocheuses aux formes tourmentées, derrière lesquelles on aperçoit le volcan, au loin.
Le plus connu de ces rochers, le Roque Cinchado, semble tenir miraculeusement en équilibre au milieu d’un décor de western.
Le Roque Cinchado
Un peu plus loin, c’est la dernière ligne droite vers le maître des lieux : le Teide.
L’ascension du Teide
Le volcan Teide étant un site naturel d’exception, il est victime de son succès. Aussi, pour le préserver du tourisme de masse, les autorités ont instauré l’obligation d’obtenir un permis pour en faire l’ascension.
Le but est forcément noble mais l’inconvénient, c’est que ce permis est assez long obtenir : il faut compter deux à trois mois minimum, et parfois un ou deux mois de plus, notamment en haute saison.
C’est ce qui dissuade bon nombre de touristes de tenter l’expérience car, ne connaissant pas l’existence de ce permis obligatoire, ils en font souvent la demande trop tard par rapport aux dates de leur voyage, alors qu’ils ont déjà réservé l’avion.
Si c’est votre cas, il vous reste quand même trois options pour vous rendre au sommet du géant : faire l’ascension soit de nuit (pour laquelle l’autorisation n’est pas nécessaire), soit en téléphérique, soit avec un tour-opérateur et ses guides officiels.
Coucher de soleil depuis le sommet du Teide
Généralités sur le permis d’ascension
Tout d’abord, il faut savoir que ce permis est gratuit, mais que seuls 200 permis sont délivrés chaque jour (guides officiels compris).
Attention : il est nominatif, ce qui signifie que vous êtes la seule personne à pouvoir en bénéficier. Les contrôles existent réellement (notamment à l’entrée du sentier Telesforo Bravo, c’est-à-dire entre l’arrivée du téléphérique et le sommet du Teide), et il vous faudra présenter à la fois votre permis d’ascension et votre pièce d’identité).
Enfin, il faut savoir que ce permis ne concerne pas toute l’ascension du Teide, mais seulement sa partie finale, qui commence à la Rambleta, c’est-à-dire la partie supérieure du téléphérique, située à 3555 mètres d’altitude, et va jusqu’au sommet. En-dessous, pas besoin de permis.
Voilà pour les généralités.
En résumé, pour obtenir son permis, la règle est simple : il faut préparer son voyage longtemps à l’avance.
La caldeira vue depuis le Teide
L’ascension du Teide avec permis d’ascension obligatoire
Le permis est obligatoire pour grimper au sommet en journée, de 9h00 à 17h00. Avant 9h00 et après 17h00, plus besoin de permis.
La date ainsi que le créneau horaire sont choisis au moment ou l’on fait la demande de permis. Ce qui signifie qu’il y a zéro flexibilité, et qu’il faut espérer qu’il fera beau ce jour-là : c’est le principal inconvénient.
La demande de permis doit être effectuée via le site officiel de réservation des parcs nationaux espagnols : reservasparquesnacionales.es (soyez patients, la connexion est parfois incroyablement longue).
L’ombre du Teide sur la caldeira
L’ascension du Teide sans permis… c’est permis !
Malgré toutes ces contraintes, il est quand même autorisé de grimper sans permis en haut du Teide, avant 9h00 et après 17h00. Ce qui laisse plusieurs options.
Faire l’ascension de nuit
Pour cette option, la règle est d’être au sommet avant 9h00. Il ne faut donc pas hésiter à planifier un départ vers 2h00 du matin.
Le principal avantage, c’est qu’on peut choisir la date de l’ascension un jour où les prévisions météo sont bonnes. Alors qu’avec le permis réservé plusieurs mois à l’avance, on n’a aucune certitude de ce côté-là.
Pour cette ascension de nuit, le départ se fait au parking de la Montaña Blanca (2350 mètres d’altitude).
Du parking de la Montaña Blanca au sommet du Teide
Distance : 8,3 km (16,6 km A/R si vous ne descendez pas en téléphérique) Dénivelé positif : 1368 m Durée : 4 à 6 heures d'ascension en moyenne, voire plus en prenant son temps...
Il ne faut pas négliger le mal des montagnes, qui peut rendre l’ascension pénible et la faire durer beaucoup plus longtemps que prévu. D’où l’importance de prévoir une petite marge afin d’être sûrs d’arriver là-haut avant 9h00…
Faire l’ascension avec une halte d’une nuit au refuge Altavista
L’itinéraire est exactement le même que pour l’ascension de nuit, mais on monte sur deux jours au lieu d’un, en passant la nuit au refuge. On fait donc la première étape, qui va du parking de la Montaña Blanca (2350 mètres d’altitude) au refuge (3260 mètres d’altitude) le premier jour sachant que pour cette étape, le permis n’est pas nécessaire. Puis on fait l’ascension finale tôt le lendemain matin (n’oublions pas que sans permis, il faut être au sommet avant 9h00), après la nuit passée au refuge.
Du coup, pour ceux qui sont sensibles au mal des montagnes, cette option peut être une solution intéressante : elle permet en effet de s’acclimater une nuit entière à 3260 mètres, au lieu d’enchaîner non stop jusqu’au sommet (3718 m).
Du refuge Altavista au sommet du Teide
Distance : 3 km Dénivelé positif : 500 m environ Durée : 1 à 2 heures en moyenne
Attention : le refuge est toujours complet, il faut donc le réserver des semaines à l’avance, et parfois bien plus… Ce qui pose finalement le même problème que pour l’obtention du permis d’ascension, avec d’une part l’obligation de s’organiser longtemps avant le voyage, et d’autre part celle de choisir une date fixe…
Choisir l’ascension clé-en-main, avec un guide officiel
En choisissant cette option, vous n’avez aucune formalité à accomplir pour obtenir le permis, c’est le tour-opérateur qui s’en charge lui-même ! Ainsi, le principal avantage est la très forte diminution du délai pour obtenir le permis : il passe de plusieurs mois si vous faites les formalités vous-même, à quelques jours seulement avec cette option clé-en-main ! Et en plus, vous ne vous occupez de rien…
Avec cette option, en haute saison, on peut en principe réserver seulement 8 à 10 jours à l’avance (faites-le quand même un peu plus tôt si vous pouvez, histoire d’être sûrs d’avoir une place). En basse saison, il arrive même que le délai descende à 2 ou 3 jours !
Pour cette formule d’ascension, la durée annoncée est d’environ 6h00, et le prix de 135 euros par personne.
A peu près tout est inclus : le permis donc, mais aussi l’aller-retour en téléphérique, le guide (en espagnol ou en anglais, mais pas en français)… Il vous reste juste à prévoir de quoi manger et boire.
Faire l’ascension en téléphérique
Attention : avec cette option, on n’atteint pas tout à fait le sommet du Teide car on s’arrête à la Rambleta (la station du haut du téléphérique) située à 3555 mètres d’altitude. C’est-à-dire juste en-dessous du sommet du géant (3718 m).
Tarifs et horaires
Tarifs de l’aller-retour en téléphérique en journée, de 9h00 à 18h00 (l’horaire varie légèrement en fonction de la saison) :
41 euros par adulte
20,50 euros par enfant (moins de 13 ans)
L’accès n’est pas autorisé aux enfants de moins 3 ans, aux femmes enceintes ni aux personnes souffrant de maladies cardiovasculaires.
L’accès aux personnes handicapées serait à l’étude mais n’existe pas à l’heure actuelle.
La station du bas du téléphérique (2556 m)
A noter qu’il ne faut que 8 minutes au téléphérique pour effectuer le trajet.
Même si on n’est pas tout à fait au sommet du volcan, il faut bien avouer que le panorama est exceptionnel là aussi, surtout si l’on choisit l’option du téléphérique au coucher du soleil. Il faut alors réserver quelques jours à l’avance, et c’est l’option que nous avons choisie.
La vue sur la caldeira depuis la Rambleta (la station du haut du téléphérique, à 3555 m)
Le prix n’est pas donné (70 euros par adulte, 49.50 euros par enfant de 8 à 13 ans) mais le spectacle en vaut tellement la peine…
Il faut noter que l’accès n’est pas autorisé aux enfants de moins de 8 ans.
Attention : des vêtements longs (pantalon, veste etc.) sont obligatoires pour l’option téléphérique au coucher du soleil. Si vous avez un short ou un T-shirt, vous ne passerez pas, les agents sont intransigeants sur ce point.
Il se peut en effet qu’il fasse extrêmement froid là-haut, 0°C voire parfois moins, c’est pourquoi cette règle de sécurité est incontournable : ceux qui ne la respectent pas sont refoulés et non remboursés, y compris lorsque la température là-haut est de 10 ou 15°C.
Le cratère d’un volcan, en contrebas
Le seul inconvénient de cette formule, c’est qu’elle est très encadrée. Il y a 90 personnes réparties en trois groupes d’une trentaine de personnes chacun, avec un guide par groupe.
On va au rythme du guide et, pour des raisons écologiques, on n’est pas autorisé à sortir du chemin, l’écosystème tout autour étant fragile. Mais heureusement, le spectacle vaut le coup quand même.
Il existe de nombreuses façons de découvrir les beautés du parc national du Teide, puisqu’il comporte pas moins de 41 itinéraires balisés de randonnées !
Un excellent site décrit dans le détail un grand nombre de ces randonnées : webtenerife.
Distance, dénivelé, altitude, niveau de difficulté, descriptif de l’itinéraire, vidéos, tout y est ! N’hésitez pas à vous y référer pour choisir et planifier vos randos…
Au fond, le Teide
Parmi tous ces sentiers de randonnées, celui qui mène au Chinyero. Ce volcan qui culmine à 1552 mètres d’altitude est notamment connu pour avoir été le dernier en éruption sur toute l’île de Tenerife. C’était en 1909.
Le départ se fait dans le petit village de San Jose de Los Llanos.
Le départ de la rando, à San Jose de Los Llanos
En partant tôt le matin, on aperçoit le soleil se lever au loin, derrière les volcans vers lesquels on se dirige.
Lever du soleil sur les volcans, depuis San Jose de Los Llanos
Très vite, on quitte le village pour s’enfoncer dans une jolie forêt de pins, dans laquelle on va marcher un bon petit moment.
On quitte le village pour la forêt
Le dénivelé montant est modéré, ce qui rend la marche plutôt facile et agréable. Et le sentier est si bien balisé qu’il n’est pas possible de se tromper.
Bonne direction : continuer
Mauvaise direction : faire demi-tour
La sortie de la forêt est mémorable car elle coïncide avec l’arrivée dans la caldeira, face à un joli volcan, le Trevejo.
Son éruption de 1706 ravagea le vieux port de la ville de Garachico, située 8 kilomètres en contrebas. La lave eut beau s’arrêter aux pieds de l’église, l’édifice s’enflamma quand même à cause de l’extrême chaleur due à la proximité de la lave.
Cette éruption, qui amorça le déclin de la ville, fut celle qui eut le plus de conséquences sociales et économiques dans toute l’histoire volcanique de l’île.
Le volcan Trevejo
En arrière-plan du Trevejo, on aperçoit au loin le Teide, majestueux.
Au loin, le Teide
A partir de là, on rejoint le Chinyero en empruntant des chemins de lave sur laquelle prospèrent les pins.
Si vous faites cette rando et qu’au retour, comme nous, vous n’êtes pas encore rassasiés par ces paysages, alors vous pouvez faire une petite bifurcation juste après avoir fait demi-tour au Chinyero.
Une petite extension de 2 kilomètres (donc 4 km aller-retour) en direction des Sables Noirs (Arenas Negras) permet alors de continuer à en prendre plein les yeux dans ces paysages lunaires.
Cela permet de prolonger le plaisir au milieu d’amas de roches volcaniques, dont la noirceur contraste avec le vert des pins omniprésents. Sur cette partie, le dénivelé est un peu plus prononcé que sur le parcours précédent mais la distance de cette extension étant relativement courte, ça passe sans trop de difficulté.
Ensuite, le retour se fait sur le même chemin que l’aller. On repasse donc devant le Trevejo. Il faut noter qu’il est interdit d’en faire l’ascension car il s’agit d’un milieu fragile qui doit être préservé, comme l’indique un gros panneau situé juste devant.
Le Trevejo
Il ne reste plus qu’à traverser la forêt de pins en sens inverse jusqu’à San Jose de Los Llanos.
La petite église de San Jose de Los Llanos
D’un point de vue pratique, il y a un petit parking municipal gratuit juste à côté de l’église, où l’on peut laisser la voiture pendant toute la rando.
La randonnée San Jose de Los Llanos - Volcan Chinyero (A/R)
Distance : 8,6 km aller-retour Dénivelé : 322 m+ et 322 m- (A/R) Durée : 3 à 4 heures (A/R)
L'extension vers Arenas Negras fait 4 km aller-retour et prend +/1 une heure.
Sian Ka’an est une merveille de la nature difficile à résumer en quelques mots. L’Unesco, qui l’a classée réserve de biosphère, la décrit ainsi : « Le vert luxuriant des forêts et les nombreuses nuances de bleu des lagunes et de la mer des Caraïbes, sous un grand ciel, offrent des visions spectaculaires » Et c’est peu de le dire !
En effet, cette superbe réserve comprend notamment des forêts tropicales et des mangroves, des lagunes et des plages de sable fin, et même une partie de la deuxième plus grande barrière de corail du monde.
Les variétés de plantes sont si nombreuses qu’elles n’ont pas encore été toutes répertoriées, et les espèces d’animaux qui y prospèrent sont d’une infinie variété : félins, reptiles, oiseaux, primates, poissons… A croire que Noé a vidé son arche ici !
Et pour parfaire ce tableau idyllique, il n’y a pas forcément beaucoup de visiteurs : lors de notre venue, nous étions quasiment seuls…
Il y a trois façons de visiter la réserve de Sian Ka’an :
L’excursion depuis Muyil en version courte (2 à 3 heures)
L’excursion depuis Muyil en version longue (5 heures)
L’excursion de Sian Ka’an (8 heures).
Vous trouverez les détails de ces trois excursions dans nos infos pratiques, en fin d’article.
A travers la mangrove
Chacun choisit donc son excursion en fonction de ses propres attentes et nous, nous avons choisi la première option : l’excursion courte depuis Muyil.
1/ Les ruines (en h. à g.). 2/ La jungle (au milieu). 3/ Lagune et canaux mayas (à d.)
On commence donc par la visite de l’ancienne petite cité maya de Muyil
On poursuit par une courte mais agréable traversée de la jungle, sous les cris incessants des oiseaux exotiques
Et on termine par une jolie balade en bateau, qui finit par une baignade inoubliable dans les canaux mayas.
Enfin, précisons qu’il est possible de faire cette excursion, au choix, avec ou sans guide. Il faut également noter qu’on peut se rendre directement à l’embarcadère pour prendre le bateau, si l’on veut zapper les deux premières étapes.
Étape 1 : les vestiges mayas de Muyil
Il s’agit d’un site archéologique maya qui n’est pas spécialement impressionnant à première vue, comparé à ceux de Chichen Itza, Uxmal ou Calakmul.
Les ruines mayas de Muyil
Il n’empêche que ce site noyé dans la nature, où les visiteurs ne se bousculent pas, est extrêmement agréable à visiter.
La végétation autour des ruines mayas
Habité très tôt par les Mayas (de l’an – 300 à l’an 900 environ), la position stratégique du site permettait à ses habitants de garder une route commerciale importante.
Aujourd’hui, sa principale attraction archéologique est sa pyramide à degrés, dite El Castillo. C’est aussi sa plus haute structure (17 mètres).
El Castillo, la pyramide à degrés de Muyil
Le chemin qui mène d’une structure à l’autre
A titre indicatif, on peut aussi bien plier la visite des ruines en un quart-d’heure si on n’est pas très curieux, que la faire durer une heure voire plus en mode slow tourisme. Nous, nous avons pris tout notre temps tellement nous l’avons trouvée agréable.
Étape 2 : courte traversée de la jungle
On traverse ensuite une zone de jungle sur un petit chemin en lames de bois très agréable : le sentier Canan Ha.
Le sentier Canan Ha
Le panneau situé à l’entrée présente différents habitants du coin même si, en réalité, il n’est pas très fréquent de pourvoir les observer sur cette portion de jungle. En revanche, le chant des oiseaux exotiques nous chatouille en permanence les oreilles.
Après 10 à 15 minutes de marche, on arrive à une tour d’observation dont le sommet est situé juste au-dessus de la canopée.
La tour d’observation émerge de la jungle
La montée est à peu près aussi abrupte que sur une pyramide maya !
Une fois là-haut, la vue sur la lagune et la jungle vaut le détour.
Au fond, la lagune
Panorama sur la canopée
Il ne reste alors plus qu’un petit bout de chemin (5 minutes) avant d’arriver à l’embarcadère.
L’embarcadère, sur la lagune
Étape 3 : bateau, lagune, mangrove et baignade dans les canaux mayas
Si les deux premières étapes (ruines et jungle) sont déjà très agréables, la troisième laisse carrément un souvenir impérissable. Je l’avais lu avant d’y aller mais j’étais sceptique : à tort, car ce n’est vraiment que du plaisir…
Traversée de la lagune de Muyil
La sortie nautique commence par la traversée de la lagune de Muyil. Peu profonde, son eau translucide prend de multiples couleurs : des tons de verts et de bleus, des bancs de sable blanc, des hauts-fonds marrons…
On arrive ensuite aux fameux canaux mayas, qui sillonnent la mangrove.
Historiquement, ils permettaient aux Mayas de s’approvisionner en eau douce, ce qui était vital pour eux. Aujourd’hui, on s’y baigne !
Avant de se jeter à l’eau, on doit enfiler un gilet de sauvetage, non pas par les bras mais par les jambes : le but est de le porter… comme une couche !
La mise à l’eau
On n’est pas spécialement fier ainsi accoutré mais il faut reconnaître qu’au niveau confort, les sensations dans l’eau sont top. Sa température parfaite fait d’ailleurs un bien fou par rapport à la chaleur ambiante et contribue à rendre le moment magique.
Flottaison dans les canaux mayas
On n’a plus qu’à se laisser porter tranquillement par le courant, sans nager.
La mangrove vue depuis sous l’eau
On serpente lentement à travers une jolie mangrove, dans une eau vert émeraude.
Pour cette balade flottante, le pilote du bateau nous avait annoncé une durée d’environ 45 minutes, mais on peut aussi faire durer le plaisir : nous avons tellement profité du moment qu’elle nous a pris plus d’une heure.
On finit par arriver à un petit ponton perdu dans la végétation, qui marque le terminus. Là, il y a deux possibilités : soit le pilote est venu ici en bateau pour récupérer ses nageurs, soit il est venu à pied par un ponton à travers la végétation, par lequel on retourne avec lui au bateau, toujours amarré à l’endroit où on s’est mis à l’eau.
Retour en bateau…
… ou retour à pied au bateau (10 mn)
Nous sommes revenus par ce sentier pédestre, seuls au milieu de nulle part. Après 10 minutes de marche sous le cagnard, nous récupérons le bateau.
Il ne reste plus qu’une dizaine de minutes de navigation à travers la mangrove et la lagune de Muyil dans de jolis paysages, pour rentrer à l’embarcadère du début de l’étape 3.
La traversée de la lagune Muyil
De là, on peut rejoindre la sortie du site, soit directement (5 minutes à pied), soit en reprenant le chemin de l’aller en sens inverse (traversée de la portion de jungle puis du site archéologique). Nous avons choisi cette deuxième option, histoire de continuer à en profiter au maximum…
Les beautés du Yucatan en 2 mn…
INFOS PRATIQUES
LES 3 FAÇONS DE VISITER LA RÉSERVE DE BIOSPHÈRE DE SIAN KA’AN
L’excursion depuis Muyil en version courte (2 à 3 heures)
C’est celle que nous avons choisie et qui est détaillée dans cet article. Elle comprend la visite du site archéologique maya de Muyil (+/- 30 minutes), puis la traversée d’une portion de jungle à pied (20 minutes), puis la balade en bateau dans la lagune de Muyil puis dans la mangrove, avec nage dans les canaux mayas (1h30 à 2h00).
Tarifs (juillet 2023) : 1120 pesos par personne (environ 60 euros). Le tarif par personne se décline ainsi : 70 pesos pour les ruines, 50 pesos pour la jungle et 1000 pesos la place dans le bateau.
L’excursion depuis Muyil en version longue (5 heures)
Ce tour en version longue va plus loin dans la réserve que celui de la version courte, il comprend donc :
Le tour en version courte.
Une balade supplémentaire en bateau qui permet de traverser une autre lagune (la lagune de Chunyaxché), une autre mangrove et d’autres canaux mayas. On peut y apercevoir des crocodiles et des lamantins depuis le bateau.
Une pause sur une plage de sable blanc idyllique, où l’on peut observer quantité d’oiseaux et parfois, des tortues. La baignade est bien sûr au programme.
Tarifs (juillet 2023) : comme pour la version courte, le tarif par personne est de 70 pesos pour les ruines et de 50 pesos pour la jungle. Pour le bateau, le mode de tarification change : son prix est de 7500 pesos quel que soit le nombre de passagers (maximum : 6 personnes). Ce qui revient par personne à 1250 pesos s’il y a 6 passagers, 1500 pesos s’il y en a 5, 1875 pesos s’il y en a 4, 2500 pesos s’il y en a 3 etc. N’oubliez pas d’ajouter les 120 pesos pour le site archéologique et la jungle.
L’excursion de Sian Ka’an (8 heures)
Son point de départ est situé bien plus au sud, ce qui ne permet pas de faire cette excursion dans la même journée que celles que l’on fait depuis Muyil (même la version courte) : si vous voulez enchaîner les deux (Sian Ka’an et Muyil), il faudra donc prévoir un jour et demi à deux jours en tout.
Cette excursion en bateau permet en principe d’observer : des crocodiles dans la mangrove, de nombreux volatiles sur l’île aux oiseaux, des tortues, lamantins et dauphins dans un lagon (mais depuis le bateau car la baignade est interdite) et enfin, en snorkeling, l’écosystème habituel d’une barrière de corail.
La pause déjeuner a lieu sur une plage en compagnie de tous les autres touristes du jour, et le tour se termine par une visite du village de Punta Allen et de sa communauté maya.
Attention : si vous êtes plongeur/euse habitué/e aux beautés sous-marines, vous risquez d’être déçu/e car la barrière à cet endroit est un peu abîmée et n’a rien d’exceptionnel. Si au contraire vous n’avez jamais mis la tête sous l’eau, vous devriez vous régaler.
Fréquentation touristique
L’excursion de Sian Ka’an est devenue si touristique que des quotas de visiteurs quotidiens ont dû être instaurés afin de préserver un peu mieux la nature.
Le bon plan : pour l’excursion de Muyil, le mieux est d’y aller relativement tôt le matin et si possible, dès l’ouverture. C’est ce que nous avons fait et nous avons eu la bonne surprise de n’y croiser quasiment personne de toute la matinée.
Respecter la nature
L’un des pires ennemis de la réserve de Sian Ka’an, c’est paraît-il la crème solaire !
Il est donc conseillé de jouer le jeu en se protégeant du soleil omniprésent avec du tissu (casquette, T-shirt manches longues, pantalon léger, licra pour la nage, etc.) plutôt qu’avec de la crème solaire. Même les crèmes dites biodégradables (du moins si l’on croit ceux qui nous les vendent) sont néfastes pour les écosystèmes aquatiques de la réserve.
Tous les pilotes de bateaux donnent d’ailleurs le bon exemple.
Comment se rendre à Muyil / Chunyaxché ?
Le site archéologique maya est situé à l’entrée du petit village de Chunyaxché.
En voiture – Depuis Tulum : 25 à 30 minutes. Depuis Playa del Carmen : 1h30. Depuis Cancun : 2h00.
Si vous n’avez pas de voiture, il faut prendre un collectivo qui vous déposera à l’entrée du site.
Enfin, vous pouvez réserver ces tours depuis votre hôtel mais attention à la majoration des prix…
Se restaurer
Juste en face de l’entrée du site archéologique, de l’autre côté de la route 307, il y a un excellent petit resto typique.
La cuisine est bonne, l’hygiène aussi, les prix sont corrects, la famille qui tient le resto est accueillante et la petite terrasse intérieure est particulièrement agréable !
Donc si vous avez un creux en quittant le site archéologique, n’hésitez pas à vous arrêter là…
Cuisine typique à Chunyaxché
Bon à savoir
Si vous optez pour l’excursion de Sian Ka’an (8 heures), alors il vaut mieux la réserver, à cause des quotas de visiteurs qui ont été instaurés. De plus, cela permet d’accéder au site en van, ce qui évite d’abîmer sa voiture de location sur le chemin d’accès qui est complètement défoncé. A tel point que l’excursion est déconseillée aux femmes enceintes.
Disons-le clairement : le tarif des différentes excursions est élevé. Pour certains, ces prix peuvent s’avérer rédhibitoires. Il n’en reste pas moins que l’expérience est inoubliable. Pour nous, famille de quatre, elle a fait l’unanimité et représente même l’un de nos tout meilleurs souvenirs de notre road-trip dans le Yucatan : nous n’avons donc pas regretté d’avoir payé ce prix élevé, au contraire…
Comme indiqué précédemment, la crème solaire est à bannir quand on se baigne dans la réserve, afin de préserver sa nature exceptionnelle. Idéalement, il faut donc prévoir des vêtements longs ainsi que chapeau/casquette. En effet, le soleil tape vraiment fort, surtout lors des excursions longues. Et il faut apporter suffisamment d’eau, évidemment.
Nous avons fait notre excursion sans guide afin d’avoir plus de liberté. Mais si vous voulez des informations détaillées tout au long de votre visite, il faut vous assurer les services d’un guide dès l’entrée du site. En effet, les pilotes de bateaux peuvent bien donner des informations mais il ne sont pas guides. Et si certains d’entre eux sont loquaces, d’autres pas…
Situé en plein cœur de l’île, le Piton des Neiges est un volcan aujourd’hui éteint qui culmine à 3070 m. C’est lui qui, en surgissant des eaux de l’Océan Indien il y a quelques millions d’années, donna naissance à La Réunion.
L’île est partagée en quatre zones naturelles d’exception : les trois cirques (Salazie, Cilaos et Mafate) classés au patrimoine de l’humanité par l’Unesco, et un autre volcan, bien actif celui-là : le bien-nommé Piton de la Fournaise. Sa majestueuse caldeira, qu’on appelle ici « l’enclos », vaut le détour à elle seule.
Cette île où la nature et les sports de plein air sont rois, comprend en son cœur d’innombrables cascades ainsi qu’une végétation luxuriante. Émergeant de récifs coralliens, elle est bordée par quelques lagons de toute beauté.
C’est l’un des endroits les plus humides au monde car il est la cible de précipitations extrêmement élevées. C’est pourquoi il est recouvert d’une végétation luxuriante où le vert règne sans partage.
De même, ce cirque fait le bonheur des nombreuses chutes d’eau qui le parcourent car elles sont alimentées en permanence par ces fortes précipitations. Parmi toutes ces cascades qui dévalent la pente à flancs de rochers, celle du Voile de la Mariée est souvent considérée comme la plus belle de l’île.
La cascade du Voile de la Mariée
Le cirque de Cilaos
Longtemps resté dans l’isolement du haut de ses 1200 mètres d’altitude, le petit village de Cilaos est aujourd’hui accessible grâce à une route construite en 1932, et quelle route ! Elle comporte en effet quelques quatre cents virages sur une trentaine de kilomètres à peine, dont quelques passages particulièrement étroits ainsi que, parfois, des éboulements.
Bref, accéder à Cilaos se mérite mais lorsqu’on y arrive, on peut savourer l’atmosphère particulière qui y règne : car on y retrouve non seulement les conditions d’un village d’altitude, avec ses faux airs de « camp de base » du Piton des Neiges, mais aussi celles d’une commune tropicale, où les records mondiaux de précipitations sont régulièrement approchés !
Cilaos : l’église Notre-Dame-des-Neiges
Les lieux des alentours ont tous reçu des noms plus exotiques les uns que les autres : le canyon de Fleurs Jaunes, le Morne de Gueule Rouge, le sommet du Bonnet de Prêtre à Bras-Sec…
A proximité du village foisonnent les chemins de grande randonnée, les descentes en canyoning et les voies d’escalade.
En haut à droite : les minuscules points de couleurs sont des adeptes du canyoning s’apprêtant à descendre la cascade vertigineuse qui s’ouvre sous leurs pieds…
Le cirque de Mafate
Cet écrin de végétation est cerné de remparts abrupts qui en rendent l’accès difficile : c’est pourquoi on ne peut s’y rendre qu’à pied… ou en hélico ! C’est justement pour ce caractère inhospitalier que nombre d’esclaves y trouvèrent refuge pendant longtemps.
L’inhospitalité d’ailleurs, c’est tout le contraire de ce qui attend aujourd’hui les randonneurs qui se rendent dans ce site d’exception. Car les habitants des lieux ont la réputation de faire preuve d’un sens aigu de l’accueil et de l’hospitalité.
Nous ne sommes pas entrés dans ce cirque mais nous l’avons survolé en ULM.
Des cirques à la mer
Bras-Panon et la côte
En revenant de Salazie, nous traversons la petite commune de Bras-Panon où trône le joli temple hindouiste de l’Union, haut en couleurs et situé non loin de la mer.
Mais le temps tourne étonnamment vite à l’orage, ce qui ne nous change finalement pas trop de toutes les averses que nous avons endurées dans le cirque de Salazie. Cela nous permet d’admirer une autre facette de la Réunion : la côte par temps orageux.
Les chutes de Takamaka
Elles sont situées dans une zone où les pluies tombent en abondance. Elles nourrissent les nombreuses chutes d’eau qui elles-mêmes alimentent la centrale hydroélectrique qui habite les lieux, et grâce à laquelle une bonne partie de l’île reçoit de l’électricité.
De nombreux filets d’eau dégringolent sur la roche à travers une végétation dense, avant de terminer leur course dans de jolies piscines naturelles. Les pics effilés qui les dominent ajoutent à la sauvagerie du paysage.
Les chutes de Takamaka
Ce cadre 100% nature offre des conditions idéales pour la pratique de la randonnée et du canyoning, dont certains spots ont d’ailleurs acquis une renommée internationale.
La cascade Biberon
Elle est située sur le territoire de la commune de La Plaine-des-Palmistes, à l’ouest des cirques de Salazie et Cilaos. Pour la rejoindre, il suffit de faire une courte marche de trois-quarts d’heure à travers la végétation, les rochers et les rivières.
La cascade Biberon
Mais ce sentier est actuellement fermé suite à un éboulis qui a coûté la vie à plusieurs personnes. Un projet est à l’étude afin de permettre la visite de ce site en toute sécurité : on admirerait alors la cascade et son bassin depuis une passerelle. A suivre…
Le Piton de la Fournaise
La route du volcan
Ce volcan réputé est considéré comme l’un des dix plus actifs de la planète. C’est la star incontournable de l’île et s’y rendre permet d’en prendre plein les yeux.
Tout commence à 1600 mètres d’altitude, dans la petite bourgade de Bourg Murat d’où part la route en direction du volcan. Cette route est une attraction à elle seule car les paysages successifs qu’elle traverse sont à la fois jolis et étonnants.
Elle serpente d’abord à travers une belle forêt de conifères où l’on peut pique-niquer dans un cadre agréable. Puis à huit kilomètres de Bourg Murat se trouve le Nez-de-Bœuf (alt. 2065 m) : une aire de stationnement offre un superbe point de vue plongeant sur la rivière des Remparts.
Huit kilomètres plus loin se trouve une nouvelle aire de stationnement qu’il ne faut rater à aucun prix. Bordé par une lande courte, l’endroit ne paye pourtant pas de mine.
Il faut alors suivre le vague sentier qui traverse cette végétation sur 150 à 200 mètres.
Il débouche sur un profond cratère dont on ne soupçonne pas l’existence depuis la route voisine : le cratère de Commerson (alt. 2310 m). L’histoire de ce volcan aujourd’hui éteint, qui végète dans l’ombre du Piton de la Fournaise, est méconnue.
Pourtant, lors de sa dernière éruption il y a très longtemps, les volumes de laves émis furent plusieurs dizaines de fois supérieurs aux quantités de laves expulsées par le Piton de la Fournaise, l’un des volcans les plus actifs au monde, lors de ses éruptions pourtant historiques de 1977 et 1986 !
Le cratère de Commerson
Respect donc pour ce monstre aujourd’hui endormi.
La Plaine des Sables
Puis il faut reprendre la route, laquelle réserve un peu plus loin une surprise de taille : car au détour d’un col anodin, on se retrouve subitement en plein survol … de la Lune !
Au fond : le Piton de la Fournaise
La vue plongeante sur cette immense cuvette de cendres aux tons successivement noirs, rouges et ocres est sidérante. C’est la Plaine des Sables, fièrement dominée par le maître des lieux : le Piton de la Fournaise. Le guide du Routard a trouvé les bons mots pour décrire ce site en le qualifiant de « piste d’atterrissage pour Martiens ».
La descente vers ce paysage de toute beauté est à la fois courte par la distance et longue par le temps, car on a tendance à s’arrêter tous les cent mètres pour admirer et photographier cet étonnant paysage lunaire.
Par endroits, on se demande bien comment la végétation parvient à reprendre ses droits dans un tel lieu.
Le volcan et son enclos
Après la traversée de ce paysage d’un autre monde, on finit par arriver au Pas de Bellecombe (alt. 2311 m).
De là, juché sur le rebord de la caldeira, la vue sur le volcan est imprenable.
Quelques respirations d’air pur plus tard, nous remontons dans la voiture pour effectuer les quelques dernières centaines de mètres qu’il nous reste avant d’arriver au Gîte du Volcan, où nous allons passer la nuit.
Le Gîte du Volcan
Les derniers rayons du soleil rougissent le paysage alors que nous sommes cernés par les montagnes, elles-mêmes englouties par les nuages.
La randonnée du Nez Coupé de Sainte-Rose !
La grande inconnue quand on part randonner sur le Piton de la Fournaise, c’est le temps qu’il va faire. Car depuis hier, en discutant avec les autres randonneurs, nous entendons une multitude de témoignages nous raconter qu’ici, à cette altitude, le temps est plutôt instable et assez souvent bouché. Mais aujourd’hui, la chance est avec nous : le ciel est totalement dégagé et la météo n’annonce une dégradation que pour l’après-midi. Nous devrions donc avoir « le temps » d’en profiter.
Le grand classique consiste à faire la randonnée qui mène jusqu’au rebord du cratère afin d’en admirer les pourtours et le fond. Ils sont recouverts de roches volcaniques rouges, noires ou marrons. Si cette randonnée est plutôt réputée, son chemin est en contrepartie assez fréquenté.
C’est pourquoi nous avons choisi une autre option, qui consiste à marcher sur le rebord de la caldeira pendant deux bonnes heures, jusqu’au lieu-dit du Nez Coupé de Sainte-Rose : on a alors une vue quasi-permanente sur le volcan, ainsi que sur l’enclos recouvert de lave qui s’étale à ses pieds. Et dès le début de la randonnée, les points de vues qui se succèdent sur le petit cratère Formica Leo nous mettent dans l’ambiance.
Cette rando sans difficulté réelle ne prend qu’environ quatre heures aller-retour, aussi avons-nous prévu d’aller voir de plus près ce joli petit cratère lorsque nous reviendrons, puis de terminer la journée en nous baladant dans l’enclos.
Le cratère Formica Leo
Nous reprenons notre marche et traversons une jolie zone arborée, qui sera d’ailleurs la seule de tout le parcours. La présence de toute cette verdure est étonnante, à cette altitude et si près de « la Montagne de Feu », comme on appelait ce volcan au XVIIe siècle.
Notre chemin fend la végétation en nous offrant une vue permanente sur l’enclos dominé par le volcan à notre droite, et sur les remparts au loin à gauche.
Le Nez Coupé de Sainte-Rose (le pic rocheux du fond, qui domine l’enclos)Au loin, les remparts de la caldeira
L’arrivée de la rando est marquée par une petite table d’orientation posée face au volcan, et où il fait forcément bon pique-niquer.
Le retour se fait par le même chemin que l’aller, et nous avons donc la chance de pouvoir profiter doublement de tous ces points de vues uniques. Avec en plus le sentiment d’être seuls au monde puisqu’en quatre heures, nous croiserons en tout et pour tout deux couples.
Peu avant de rejoindre le point de départ, nous bifurquons sur notre gauche pour descendre un très long escalier qui nous mène au fond de la caldeira. Là, nous nous rendons compte que le sol est loin d’être aussi lisse qu’il nous semblait depuis en haut : la lave séchée monte et descend en permanence, elle est striée partout et comporte d’innombrables brèches. De toute évidence, les forces de la nature ont fait un sacré travail ici.
Au fond à gauche, le cratère Formica LeoL’intérieur du Formica Leo
Cette superbe journée sans le moindre nuage est à peine terminée que nous nous régalons déjà rien qu’en pensant à la suivante : le survol de l’île en ULM.
Survol de l’île en ULM
Nous ne l’avions pas prévu à l’avance mais nous avons trouvé l’île tellement belle au fil des quelques jours passés à la visiter, que nous décidons finalement d’alourdir un peu la colonne « dépenses » de notre budget de voyage : nous allons nous offrir un survol des principaux sites en ULM.
Différentes formules sont proposées : survol des cirques et/ou du lagon et/ou du volcan. Nous choisissons celle qui nous emmènera au-dessus des cirques et du lagon. Nous aurions aimé pousser jusqu’au volcan mais il est situé un peu plus loin et c’est donc un peu plus cher.
Vues de là-haut, les arêtes rocheuses sont tellement effilées que leur survol en est impressionnant.
Nous voyons mieux à quel point certaines habitations, cernées par des pics infranchissables, sont isolées et difficiles d’accès.
Après un large tour au-dessus des cirques, nous gagnons la mer.
Bien loin en-dessous de nos ailes, nous apercevons deux baleines. Avec l’altitude, ces deux géantes nous paraissent si petites qu’elles en sont impossibles à photographier.
Plages et lagons
La Réunion est le paradis des amoureux de la nature est des sports de plein air. Et si ses plages n’ont rien d’exceptionnel, elles sont malgré tout très agréables. Nous avons commencé par nous rendre à celle de Boucan Canot, située sur la côte ouest juste au nord de Saint-Gilles. Elle est fortement tributaire de l’état de la mer, laquelle rejette sur le sable blanc une multitude de petits coquillages et morceaux de coraux.
La plage de Boucan Canot
Un peu plus au sud nous attend un premier lagon qui s’étend de Saint-Gilles à La Saline. La plage de l’Hermitage qui le borde n’est pas très éloignée du cliché de la plage tropicale, avec ses eaux turquoises abritant de superbes coraux multicolores dans moins de deux mètres d’eau.
Mais au lieu des traditionnels cocotiers, ce sont de nombreux filaos qui ont poussé là, car c’est l’un des rares arbres tolérants au sel.
Le lieu est assez fréquenté, aussi bien par les touristes que par les habitants : ces derniers y pratiquent le pique-nique familial le week-end et ensuite, c’est dans leur hamac tendu entre deux filaos qu’ils procèdent tranquillement à la digestion. L’ambiance de toute cette zone est très détendue, avec également des petits restos les pieds dans le sable à l’ombre des filaos.
Outre le farniente, l’autre activité phare du site est le snorkeling. Les nombreuses patates de coraux multicolores abritent une faune riche et variée dans une profondeur pourtant très faible (un à deux mètres maximum).
Murène juvénile
Enfin, un peu plus au sud encore se situe le deuxième lagon de l’île, celui de Saint-Leu. Sa plage est située au niveau du centre-ville. Au nord, il faut éviter de s’approcher du port et de l’embouchure de la rivière car les courants peuvent y être assez forts.
Saint-Denis la cosmopolite
Après avoir découvert toutes ces merveilles de la nature dont La Réunion a le secret, nous rejoignons Saint-Denis avant le départ de notre avion. Nous traversons notamment le quartier du Barachois, dont les canons pointés vers le large nous rappellent l’histoire de la ville.
Enfin, après quelques emplettes au marché, nous terminons notre séjour en déambulant dans les rues de cette ville cosmopolite et métissée.
La cathédrale Saint-Denis
La mosquée Noor-e-Islam
Infos pratiques
Transports
→ Le bus: c’est la solution la plus économique. L’île est relativement bien desservie par de nombreuses lignes de bus, dont on peut se procurer la carte auprès des offices de tourisme ou dans les gares routières.
→ La voiture : plus onéreux que le bus, le moyen de transport le plus pratique pour se déplacer sur l’île est la voiture. Au moment de choisir un loueur, on peut privilégier ceux qui bénéficient du label Qualité Tourisme de l’Île de La Réunion (infos label QTIR) : cela permet parfois d’éviter différentes désillusions qu’on peut rencontrer avec des loueurs peu scrupuleux. Ce label s’applique d’ailleurs à toutes les activités liées au tourisme.
→ Le taxi : on peut utiliser ce moyen de transport ponctuellement sachant que les taxis sont à la fois assez rares et plutôt chers…
Hébergements
→ A Cilaos : hôtel** Les Aloes. Petit hôtel de charme de style créole, très agréable et très propre, face aux montagnes.
Le prix : à partir de 60 euros par nuit la chambre double. +262(0)2.62.31.81.00
→ A proximité du volcan : le gîte du volcan. C’est LE site incontournable où il faut dormir si l’on veut optimiser le temps pour les randonnées vers le Piton de la Fournaise ou aux alentours. Cela permet de partir tôt le matin en étant déjà sur place (en réalité à 600 mètres du volcan), alors que si on loge ailleurs, il faut prévoir en plus le temps de trajet jusqu’au volcan qui n’est pas négligeable.
Pour réserver (s’y prendre à l’avance…) : 06 92 85 20 91. Pour les dortoirs, la réservation n’est pas possible : on prend les places qui sont éventuellement libres.
Le prix : à partir de 18 euros par nuit en dortoir avec sanitaires communs.
Bon à savoir : pour les repas, il faut réserver minimum 48 heures à l’avance (restaurant fermé le mercredi).
Activités
→ La cascade du voile de la mariée : pour s’y rendre, peu après la sortie du bourg de Salazie, prendre la route en direction du village de Hell-Bourg. Une courte marche de 1h30 A/R permet de se rendre à la piscine naturelle située aux pieds de la cascade.
→ Les chutes de Takamaka : depuis Bras-Panon, prendre la D53 en direction d’Abondance. Là, la route continue sur une quinzaine de kilomètres. Elle monte à travers une végétation belle et dense et se termine par une impasse devant une station EDF. De là, on a de jolis points de vues sur les chutes au loin.
→ Le Piton de la Fournaise
La randonnée du volcan – Durée : 5 heures A/R – Distance : 11 km – Dénivelé positif : 500 mètres – Altitude max : 2492 m. Depuis le point de départ situé au Pas de Bellecombe c’est-à-dire depuis le rebord de la caldeira (qu’on rejoint en 10 minutes depuis le gîte du volcan situé en léger contrebas), on descend un long escalier pour pénétrer dans l’enclos. On atteint alors le cratère Formica Leo en quelques minutes, qu’on ne résiste généralement pas à escalader. Puis il faut suivre les marquages blancs au sol en direction du Piton de la Fournaise, avant la montée finale qui conduit jusqu’au bord du cratère. A noter qu’après chaque éruption, certains sentiers sont fermés au public.
Le sentier du Nez Coupé de Sainte-Rose – Durée : 4 heures A/R – Distance : 9 km – Dénivelé positif : 350 mètres – Altitude max : 2361 m. Le départ est là aussi situé au niveau du parking du Pas de Bellecombe. Il longe en permanence le rebord de la caldeira et offre de superbes vues sur le petit cratère Formica Leo, les différentes coulées de laves et bien sûr le Piton de la Fournaise en toile de fond.
→ Survol de l’île en ULM : Félix ULM. La base est située au nord-ouest de l’île, c’est-à-dire à proximité des lagons mais à l’opposé du volcan. Félix ULM est le pionnier de l’ULM à La Réunion et nous avons apprécié son sérieux.
La Bolivie constitue la deuxième et dernière partie de notre périple au cœur des Andes, après le Pérou, qui nous a laissé des souvenirs impérissables. A tel point que nous n’imaginons pas pouvoir trouver mieux en Bolivie. Et pourtant, nous ne sommes pas au bout de nos surprises…
Notre séjour bolivien se déroulera en deux étapes :
Pour commencer, les grands espaces naturels du Sud-Bolivie, dont la réputation n’est plus à faire : le Salar d’Uyuni et le Sud Lipez.
Ensuite, brièvement, La Paz puis le site pré-inca de Tiwanaku, situé cinquante kilomètres plus loin.
→ Toutes les infos pratiques sont en fin d’article.
C’est à Puno (Pérou) que nous montons dans un bus en direction de La Paz. Il longe le lac Titicaca un long moment avant de passer un petit poste-frontière perdu quelque part entre le Pérou et la Bolivie.
Un peu plus loin, c’est de manière insolite que nous allons franchir le détroit de Tiquina. Dans un premier temps, le bus s’arrête afin de faire descendre tous les passagers. Et pendant que, en quelques minutes, on nous emmène tous à bord d’un petit bateau jusqu’à la rive d’en face, nous apercevons le bus, au loin dans notre sillage, se faire charger sur une étroite barge. Il y est solidement arrimé pour franchir à son tour le détroit de Tiquina.
Vu l’état de la barge en question, nous ne pouvons nous empêcher de regretter d’avoir laissé nos sacs à dos à bord ! Mais la traversée se passe elle aussi sans encombre et trois quarts-d’heure plus tard, nous pouvons remonter tranquillement dans notre bus et reprendre la route comme si de rien n’était.
Le lac Titicaca, côté Pérou
A Puno, nous avons pris des billets très bon marché. En contrepartie de la poignée de Sols (la monnaie péruvienne) qu’ils nous ont coûté, le bus est évidemment très basique, et son confort s’avère spartiate puisque nous sommes serrés comme du bétail tellement les sièges sont étroits.
Après neuf heures de ce trajet atypique entre les deux pays, nous arrivons enfin à La Paz, où nous allons enchaîner avec un autre bus, de nuit celui-là, pour rejoindre le Sud-Bolivie où se trouvent, paraît-il, quelques-uns des plus beaux paysages de la planète : c’est justement ce que nous sommes venus vérifier…
Des paysages époustouflants : le Sud-Lipez et le Salar d’Uyuni
Le Sud-Lipez
C’est au lever du soleil que nous arrivons enfin dans la petite ville d’Uyuni. C’est le point de départ des excursions en Jeep vers ces fameuses étendues sauvages du Sud Lipez et du Salar d’Uyuni.
Les voyages proposés par les agences, qui pullulent à Uyuni, durent un à trois jours, voire quatre pour ceux qui veulent inclure une ascension de volcan, lesquels culminent souvent entre 5.000 et 6.000 mètres d’altitude. Nous décidons d’en profiter au maximum mais sans ascension, et choisissons donc l’excursion de trois jours.
C’est ainsi que nous nous retrouvons à sept dans une Jeep : quatre voyageurs uruguayens, avec qui nous sympathisons immédiatement, et le chauffeur qui fait aussi office de guide et ponctuellement de cuisinier, Alejandro.
L’église San Cristobal, non loin d’Uyuni
Entre volcans et lagunes
Il n’y a évidemment aucune route sous ces latitudes boliviennes.
La piste (sud-Bolivie)
C’est donc sur des pistes cahoteuses que, pendant trois jours, nous allons arpenter ces fameux paysages typiques de la Bolivie. Perchés entre 4.000 et 6.000 mètres d’altitude et battus par les vents, ils sont éparpillés entre volcans et lagunes multicolores.
Après avoir roulé un bon moment, nous faisons la pause-déjeuner dans un décor de western.
Nous avons beau passer une assez longue partie de la journée dans la Jeep, ce n’est pas un problème : car nous faisons la route le nez collé à la vitre pour ne rien rater des paysages qui défilent. Pourtant, Alejandro nous assure que cette première journée n’est rien comparée à ce qui nous attend les deux jours suivants…
Au loin, la Laguna Blanca
Lorsque nous arrivons en fin de journée à la fameuse Laguna Colorada, le temps est superbe mais le vent glacial qui souffle en permanence nous transperce jusqu’aux os. Alejandro nous explique que nous la reverrons demain matin, à un moment de la journée où ses couleurs seront beaucoup plus vives.
Premier aperçu de la Laguna Colorada
Nous sommes à près de 4300 mètres d’altitude. La région est à la fois désertique, glaciale et grandiose. D’une grande aridité, les paysages sauvages et dépouillés situés aux alentours de la Laguna Colorada valent également le coup d’œil.
Une fois le soleil couché, nous gagnons une habitation dans laquelle nous allons passer la première nuit de notre périple sud-bolivien. Elle a été transformée en dortoir basique pour les voyageurs de passage.
C’est ainsi qu’avec nos nouveaux amis uruguayens, nous nous retrouvons à six dans cette vaste chambre à affronter une température nocturne qui ne dépassera jamais les 5°C ! Nous passons donc la nuit tout habillés, blottis au fond de notre duvet et recouverts par trois épaisses couvertures en alpaga, certes chaudes mais qui pèsent un âne mort.
Sol de Mañana : les geysers
Le lendemain matin, c’est le bout du nez gelé que nous entendons enfin le réveil sonner, à cinq heures. Il faut en effet se lever tôt pour assister aux premiers rayons du soleil sur les geysers de Sol de Mañana (« soleil du matin »).
Lorsque nous arrivons sur place, tout est gris. Mais le soleil en se levant, va vite donner des couleurs à ce site d’exception.
Sol de Mañana
Le sol est parsemé d’une multitude de petits cratères au fond desquels la boue… bout ! La forte chaleur du sous-sol volcanique provoque la formation de colonnes de fumées plus ou moins hautes : ce sont les geysers de Sol de Mañana.
Il faut d’ailleurs faire attention où l’on pose les pieds car le sol est instable. Parfois, il s’effondre sous les pas des visiteurs, qui souffrent alors de brûlures pouvant s’avérer assez graves. Et dans cette vaste région désertique, le premier hôpital n’est pas à côté…
La veille, Alejandro nous a expliqué que le meilleur moment pour découvrir les geysers était le lever du soleil. Mais c’est aussi la période optimale pour admirer la fameuse Laguna Verde (Lagune Verte). Il nous a donc demandé de faire un choix entre les deux, sachant que l’autre site ferait de toute façon partie lui aussi de l’itinéraire, mais plus tard dans la journée, à un moment moins favorable.
Sol de Mañana : le bien nommé « soleil du matin »
Avec l’approbation de nos amis uruguayens, notre choix de lever de soleil s’est finalement porté sur les geysers… et maintenant que nous y sommes, aucun de nous six ne regrette ce choix !
Car ce site est irréel. Partout, la fumée sort des entrailles de la Terre et l’odeur de soufre est omniprésente : la terre bout, vibre, crache, bref elle vit et c’est impressionnant.
Il faut bien dire que le fait de se balader au milieu de ces petits cratères fortement actifs provoque une sorte d’ivresse indescriptible.
Ces geysers sont situés à 5.000 mètres d’altitude, soit sensiblement plus haut que le Mont Blanc par exemple.
Alejandro nous presse de partir car l’heure tourne et il y a d’autres sites à découvrir. Mais nous avons du mal à nous arracher à ce spectacle.
Aguas Thermales : les piscines naturelles
Après avoir fini par nous convaincre de remonter dans la Jeep, Alejandro nous emmène à quelques kilomètres de là, où nous découvrons un autre lieu typique de la région. L’eau qui s’écoule un peu partout provient des geysers voisins d’où nous venons. Elle est donc chaude (38° C environ), alors que la température de l’air peine à atteindre 0° C en ce petit matin.
Une sorte de petite piscine a été aménagée là, en plein air. C’est un vrai plaisir que de se baigner dans ce lieu insolite, et en plus ça réchauffe. Quand on peut joindre l’utile à l’agréable…
Ces eaux chauffées servent donc de jacuzzi naturel non seulement aux humains, mais également aux nombreux oiseaux qui vivent dans ces contrées reculées. Une aubaine pour eux l’hiver lorsque la température de l’air descend à -25° C.
Déserts et lagunes multicolores
La journée ne fait que commencer et pourtant, nous en avons déjà pris plein les yeux. Et ce pays est décidément incroyable puisque ça va continuer ainsi toute la journée. D’abord avec l’Arbol de Piedra et le désert au milieu duquel il joue les équilibristes.
Puis avec les fameuses lagunes colorées, qui pullulent dans la région. Il s’agit de lacs contenant une multitude de micro-éléments d’origine volcanique. Lorsque le vent fait bouger la surface de l’eau, ces éléments microscopiques se mettent également en mouvement, transmettant ainsi leurs couleurs éclatantes à chacune de ces lagunes.
La plus réputée d’entre elles est la Laguna Colorada. Nous l’avons déjà vue hier soir mais ce n’était pas le meilleur moment de la journée pour l’admirer. Ce matin, Alejandro nous y emmène donc une nouvelle fois, en nous promettant que ses couleurs seront beaucoup plus vives qu’hier soir. Et en effet, le spectacle est au rendez-vous.
Nous sommes ébahis par ces paysages de nature inviolée, qui s’avèrent au-delà de ce que nous sommes venus chercher ici, au coeur des Andes.
Ce n’est pas un hasard si cette lagune est si réputée : toisée par les volcans et accompagnée par une colonie de lamas et de flamands roses, ses couleurs presque fluo sont irréelles.
Ces grands espaces sauvages qu’on admire à 360° font un bien fou aux citadins que nous sommes. Ils transpirent le calme et la sérénité. L’air y est pur, le silence règne et il n’y a absolument personne d’autre que nous. Un pur régal.
En quittant ce site que nous ne sommes pas près d’oublier, nous nous disons qu’il constitue sans doute le point culminant de notre périple sud-bolivien car franchement, il sera difficile de trouver mieux. Et pourtant…
En attendant, nous allons voir une autre lagune fameuse, la Laguna Verde. Comme nous l’a dit Alejandro la veille, cette fin de matinée n’est pas le meilleur moment pour l’admirer car à cette heure-là, son vert est terne. Il n’empêche que le site vaut quand même le détour, notamment avec le Licancabur en toile de fond, un volcan dont le sommet frôle les 6.000 mètres d’altitude (5.920 mètres précisément).
La Laguna Verde dominée par le Licancabur
Nous passons le reste de la journée à traverser cette région aride, sans jamais nous lasser de ses paysages uniques.
Et ce ne sont pas quelques menus incidents techniques qui vont nous gâcher ce fabuleux périple.
Alejandro : notre chauffeur-guide-cuisinier… et mécano
Nous croisons de temps en temps quelques-uns des rares quadrupèdes qui s’aventurent encore à cette altitude.
Renard de MagellanViscache
A l’exception des quelques Jeep que nous croisons dans la journée, les signes de présence humaine sont rares dans cette région reculée. Rares mais voyants !
Los Flamencos Eco Hotel
Nous poursuivons notre route de lagune en lagune, avec toujours un ou deux volcans en ligne de mire.
Après quelques heures de piste à travers des paysages toujours aussi fascinants, c’est dans un hôtel de sel que nous allons terminer cette journée de fous qui nous a permis d’en prendre plein les yeux.
Encore une lagune très colorée, jaune celle-là
Et pourtant, nous ne sommes pas au bout de nos surprises car le spectacle n’est pas terminé : demain, nous nous lèverons à nouveau aux aurores pour découvrir dès les premières lueurs du jour la perle du sud-Bolivie : le fameux Salar d’Uyuni.
Le Salar d’Uyuni
Lorsque nous quittons notre charmant hôtel de sel au petit matin, il fait encore nuit. Nous montons dans la Jeep puis nous roulons quelques dizaines de minutes pendant lesquelles nous commençons à apercevoir le Salar sous nos roues, au fur et à mesure que la nuit s’estompe. Puis Alejandro nous arrête au beau milieu de cet immense désert de sel : c’est de là que nous allons guetter l’arrivée du soleil.
Le silence est total, à peine brisé de temps à autre par le crissement du sel sous nos pieds dès que nous faisons quelques pas. Ici, notre sentiment d’être tous les sept à peu près seuls au monde est très fort. L’endroit et le moment sont magiques.
Ce Salar est le plus grand désert de sel du monde (cent cinquante kilomètres de long sur cent de large). Mais surtout, le sous-sol de ce site naturel d’exception renferme, hélas, une richesse inestimable : la plus grande réserve de lithium de la planète. Elle représente à elle seule un tiers des réserves mondiales et attire donc bien des convoitises.
Ce lieu unique semble irréel, et il est plutôt rassurant de savoir que seule une infime partie en est exploitée pour l’extraction du lithium. Pour le moment du moins…
Alejandro
Une quinzaine « d’îles » émergent du Salar, dont la plus connue est Isla Incahuasi.
C’est sur cette dernière que nous nous rendons après avoir pris le temps de savourer le lever du soleil sur le Salar. La petite balade sur cette « île » pour en faire le tour à pied est une étape incontournable.
Sa forme semi-circulaire rappelle qu’il s’agit d’un cratère de volcan éteint, sur lequel la nature locale a depuis longtemps repris ses droits.
Alejandro nous explique qu’ici à l’état sauvage, les cactus poussent au rythme paisible d’un à deux centimètres par an seulement. Or, certains d’entre eux dépassent les quatre mètres de haut, ce qui signifie que leur âge vénérable se compte en siècles…
Pour la balade sur l’île, on ne doit pas sortir d’un petit chemin tracé dans la rocaille, afin de ne pas aller piétiner les jeunes pousses de cette flore, inhabituelle pour les occidentaux que nous sommes.
A cette période de l’année (nous sommes en octobre), nombre de ces cactus sont en fleurs.
Mais il est temps de quitter notre île. Nous remontons dans la Jeep qui va nous faire traverser une dernière fois le Salar à vive allure, jusqu’à la pause du midi : c’est dans un hôtel de sel que nous allons déjeuner, à proximité de divers monuments dédiés au Dakar et sculptés dans le sel.
Nous préférons ne pas trop penser aux nuisances d’un tel rallye sur ce site naturel d’exception…
En repartant, les formes géométriques des dalles de sel disparaissent peu à peu, nous indiquant ainsi que la sortie du Salar est proche.
Notre périple dans le sud de la Bolivie touche à sa fin mais à l’approche du retour à Uyuni, Marie et moi n’avons pas vraiment envie de quitter cette région qui nous a tant éblouis. Nous décidons donc de modifier notre plan de voyage : nous allons rester ici un jour de plus pour profiter encore un peu de ces paysages uniques.
C’est ainsi que le lendemain, après avoir quitté nos amis uruguayens, nous nous retrouvons dans une autre Jeep, avec un autre chauffeur ainsi qu’un couple de français et deux sud-coréennes.
Cette nouvelle journée dans le Salar va commencer par un petit détour dans un cimetière où reposent… des trains ! Ils sont vieux, complètement rouillés et à l’abandon. Ce lieu étrange est situé au milieu de nulle part.
On a tendance à se demander comment tous ces cadavres de trains ont fait pour se retrouver ici.
Mais peu importe, notre principal objectif reste le Salar. Nous allons d’ailleurs en profiter pour sacrifier à la tradition des photos « déjantées » du Salar : il est si vaste qu’en jouant avec les perspectives, on peut produire des effets photographiques plutôt amusants. Je ne suis pas très clair n’est-ce pas ?! Alors regardez plutôt cette très courte vidéo (28 secondes)…
Après avoir passé la journée à revoir un peu les mêmes paysages que la veille mais sans jamais nous en lasser, notre chauffeur-guide nous emmène à l’extrémité du Salar pour admirer le coucher du soleil.
Pourquoi a-t-il choisi de nous conduire tout au bout de ce désert de sel ?… Il faut savoir que des pluies abondantes inondent chaque année le Salar de janvier à mars, et l’immergent alors sous une fine pellicule d’eau.
Plus tard dans l’année, quand la pluie arrête de tomber et que le Salar s’assèche petit à petit, son extrémité reste toutefois imbibée. Car elle est située en léger contrebas et l’eau qui s’y est donc écoulée et accumulée pendant les mois humides, y stagne les mois suivants.
C’est grâce à ça que, lors de notre visite fin octobre, la saison des pluies a beau être terminée depuis longtemps, nous avons quand même l’opportunité nous aussi d’admirer le Salar sous son joli manteau d’eau.
C’est ainsi que ce désert de sel, déjà incroyable quand il est tout sec, se transforme en miroir géant.
Les couleurs du soleil couchant sur ce gigantesque tapis aquatique nous permettent d’avoir encore une nouvelle vision de ce lieu si insolite qu’est le Salar d’Uyuni.
A l’heure du bilan, nous réalisons qu’en quatre jours à peine, nous avons vu un nombre incalculable de paysages à couper le souffle. C’est donc à reculons que demain, nous allons quitter cette magnifique région pour rejoindre La Paz.
La Paz et le site pré-inca de Tiwanaku
La capitale bolivienne : La Paz
La première chose que nous décidons de faire une fois arrivés à La Paz, c’est de prendre de la hauteur afin d’avoir une vue d’ensemble sur la ville. Mais au moment de prendre le téléphérique, nous apprenons qu’il est en panne.
Street art dans les ruelles de La Paz
Nous devons donc nous rabattre sur un taxi et le premier chauffeur que nous croisons nous assure qu’il connaît un point de vue imprenable. Une promesse sans doute destinée à nous faire monter dans sa voiture mais il a l’air tellement sincère que nous acceptons.
Et bien sûr, une fois arrivés là-haut, l’entrée du belvédère dont il nous a vanté la situation, est fermée au public pour cause de travaux ! Mais il ne se démonte pas et réussit à convaincre un membre du chantier de nous laisser entrer… moyennant bien sûr un petit bakchich ! Ce n’est pas bien grave, nous acceptons et nous nous retrouvons tout les quatre rigoureusement seuls à cet endroit.
La Paz
Cette vue urbaine nous change radicalement de tous les paysages sauvages que nous venons d’admirer dans le sud du pays au cours des quatre derniers jours.
Toutefois, ce point de vue sur la plus haute capitale du monde (3.600 mètres) cernée par les montagnes vaut quand même le détour.
Un peu plus haut encore que La Paz est située El Alto, l’une de ses banlieues, qui est quant à elle l’une des plus hautes villes de la planète (4.100 mètres).
El Alto
En nous ramenant en bas dans la ville, le chauffeur nous explique combien La Paz, qui signifie « la paix », porte mal son nom au vu des nombreuses périodes de troubles et de violences qui ont émaillé son histoire.
Le quartier culturel : musées, expositions…
La ville vit d’abord son or pillé par les colons espagnols. Plus tard, le palais présidentiel subit de si nombreuses tentatives plus ou moins réussies d’incendies que tout le monde l’appelle aujourd’hui encore « le palais brûlé » (PalacioQuemado).
Enfin, c’est d’une manière pas naturelle du tout que différents présidents boliviens perdirent la vie pendant l’exercice de leurs fonctions. L’un d’entre eux, Gualbarto Villarroel, fût même pendu haut et court en 1946 face à la foule rassemblée sur la place publique, en plein centre-ville.
Bref, c’est sans transition qu’en descendant du taxi après cette courte mais intéressante leçon d’histoire, nous nous retrouvons dans un quartier démuni. Il grouille de vie, et toutes ses rues sont entièrement dédiées au marché.
Marché typique à La Paz
Un peu plus loin dans un quartier en construction, nous sommes impressionnés par les échafaudages, aussi fragiles en apparence que solides en réalité.
Forêt d’étais 100 % biodégradables…
En déambulant dans les rues du centre-ville, nous nous laissons guider par le son lointain d’une fanfare, jusqu’à ce que nous nous retrouvions au beau milieu d’une énorme fête populaire. Elle réunit plusieurs milliers de personnes.
Les gens sont tous amassés dans les rues, dont certaines sont fermées à la circulation pour l’occasion. Je vivrai là une petite mésaventure sans conséquence en termes d’insécurité (voir les « infos pratiques » en fin d’article).
En tout cas, la fête est belle, les costumes des centaines de personnes qui défilent sont hauts en couleurs, et les fanfares qui se succèdent s’en donnent à cœur joie.
Malgré cette jolie fête, nous n’avons jamais été vraiment emballés par l’atmosphère de la ville. Nous décidons donc d’aller passer notre dernière journée à Tiwanaku, petite ville située à une grosse cinquantaine de kilomètres de La Paz.
Les vestiges pré-incas de Tiwanaku
Il s’agit d’un site archéologique où vivait la civilisation du même nom, bien avant l’avènement des Incas. Le site est classé par l’Unesco au patrimoine de l’humanité.
Les vestiges de Tiwanaku
Ce site est aussi intéressant que méconnu, donc très peu fréquenté. Les vestiges les plus anciens qu’on y découvre ont jusqu’à mille ans de plus que les sites incas les plus récents ! Cette civilisation pré-Inca a vécu du Ve au XIe siècle.
Aucun voyageur transitant par La Paz ne devrait être autorisé à faire l’impasse sur un tel site. Pourtant, tout le monde n’est pas de notre avis puisqu’il est quasiment vide.
En ce qui nous concerne, c’est sur cette petite merveille perdue au fin fond de la Cordillère des Andes que nous terminons ce voyage exceptionnel.
Merci à Routard.com, qui a mis en avant cet article sur la Bolivie en le nommant « COUP DE CŒUR » de la rédaction !
Résumé vidéo (3 mn) : en immersion au cœur des Andes (Pérou et Bolivie)…
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Infos pratiques
Une lagune du Sud Lipez, cernée par les volcans
Voyager en bus
De Puno (Pérou) à La Paz
En bus basique. Durée du trajet : 9h00 (attention au décalage horaire : +1h en Bolivie) : ticketsbolivia.com
→ Le prix: 22 $ par personne.
A noter qu’en chemin, au détroit de Tiquina, les passagers du bus doivent en descendre pour faire une courte traversée du lac Titicaca (une dizaine de minutes) sur un petit bateau à moteur. Il est suivi par une barge sur laquelle a été arrimé le bus, lequel est donc vide de ses passagers.
De La Paz à Uyuni
En bus de nuit semi-cama (sièges inclinables) par Todo Turismo. Durée du trajet : 11h00 : boliviatravelsite.com
Dîner chaud et petit déjeuner compris, film à bord et wi-fi.
→ Le prix: 39 $ par personne.
Nous avons réservé une semaine à l’avance via Internet car quand on achète les billets le jour-même à la gare routière, le bus est souvent déjà complet.
Hébergements
La Paz
Hôtel Avenida : situé en centre-ville à dix minutes à pied de la gare routière. Très bon hôtel.
→ Le prix: 30 $ la chambre pour deux avec salle de bains et petit déj’ inclus.
Tiwanaku
Hôtel Akapana – Manco Kapac Avenue. Petit hôtel sans prétention qui présente l’avantage d’être situé à cent mètres de l’entrée du site pré-Inca de Tiwanaku.
→ Le prix: 35 $ la chambre (minuscule) pour deux personnes avec douche privée. Très bon accueil et très bon resto.
L’hôtel Akapana
(In)sécurité
Petit retour en arrière. Avant le début de notre voyage, beaucoup de gens nous avaient mis en garde contre la forte insécurité qui régnait selon eux en Amérique du Sud, y compris l’une de nos connaissances indirectes : bolivienne, elle nous avait expliqué qu’elle n’avait pas le souvenir d’avoir connu son pays aussi peu sûr qu’aujourd’hui et que, sans tomber dans la parano, il nous faudrait être sans cesse vigilants.
C’est pourquoi, dans les rues de La Paz, c’est sur le ventre que nous avons décidé de porter nos petits sacs à dos (ceux pour la balade, pas les gros sacs à dos de voyage). Mais lorsque j’en ai sorti mon appareil photo, j’ai remis machinalement mon sac à dos… sur mon dos ! A partir de là, il a suffi d’une petite poignée de minutes à peine pour que je sente une légère pression au niveau des omoplates : je me suis retourné immédiatement et me suis retrouvé nez-à-nez avec un type qui faisait semblant de ne pas me voir, l’air de rien.
J’ai immédiatement vérifié mon sac : la fermeture éclair avait été partiellement ouverte, mais il n’avait pas eu le temps d’attraper quoi que ce soit. Un autre homme à trois mètres de nous me faisait discrètement signe que le premier type avait ouvert mon sac.
Conclusion : on peut se faire dépouiller à l’autre bout du monde comme à deux pas de chez soi. Simplement, la moyenne de vols à l’arraché ou dans les bus notamment est élevée en Bolivie, et il convient donc d’être sans cesse vigilant : un voyageur averti en vaut deux.
Ouvrons l’œil !
Agences à Uyuni
Dès la descente du bus de nuit à Uyuni, les rabatteurs se précipitent sur les voyageurs mal réveillés pour leur vendre les services de leur agence. Les tours sont à peu près identiques (un jour ou trois jours pour visiter le fameux Salar d’Uyuni ainsi que le Sud Lipez), mais pas les prix, qui varient du simple au triple.
La Laguna Colorada
Thiago Tours
Deux raisons nous ont fait choisir Thiago Tours. D’une part, nous avions beaucoup lu et entendu parler des accidents de 4×4, régulièrement mortels, souvent dus à l’alcoolémie des chauffeurs. Apparemment, les agences les plus sérieuses dans ce domaine sont aussi les plus chères.
D’autre part, de toutes les agences dont les rabatteurs se sont jetés sur nous, Thiago Tours était la seule à avoir pour règle écrite le remboursement intégral du Tour en cas de simple insatisfaction des clients par rapport aux services du chauffeur, notamment en matière d’alcool.
Pour nous, c’est cet argument qui a fait pencher la balance : si le chauffeur s’alcoolise, l’agence ne le paiera pas. En revanche s’il est bon, nous lui donnerons, c’est le comble… un pourboire !
Quelques heures plus tôt en pleine nuit, sur la route en provenance de La Paz, nous avions vu des touristes se faire évacuer en ambulances, d’un bus gravement accidenté qui gisait sur le flanc en contrebas de la piste. Cela nous avait refroidis et quelques heures plus tard à Uyuni, nous n’avons donc pas hésité longtemps à choisir Thiago Tours pour son apparence de sérieux.
→ Le prix: même si Thiago Tours était la plus chère des agences avec lesquelles nous avons discuté, le package 3 jours/2 nuits nous est revenu à 95 $ par personne tout compris (18 $ par personne le tour d’une journée). Ce qui reste abordable avec la sécurité en plus.
Car de retour à Uyuni après ces trois jours de tour du Sud-Bolivie, le gérant de Thiago Tours a pleinement assumé son engagement initial, puisqu’il a tenu à nous demander si nous étions satisfaits de notre chauffeur ou si nous souhaitions nous faire rembourser.
Au final, Alejandro, notre chauffeur-guide, s’est révélé parfait, et notre séjour dans le Sud-Bolivie constitue à ce jour l’un de nos plus beaux souvenirs de voyages.
N.B. Le bus de nuit de La Paz arrivant à 7h00 et le départ des tours ayant lieu vers 10h00, on a largement le temps de choisir une agence et de trouver un hôtel, entre la descente du bus et le départ du tour.
Le bon plan
Nombreuses sont les Jeep qui partent plus ou moins à la même heure d’Uyuni, puis qui font le même tour et se retrouvent donc en même temps sur les mêmes sites. Pour éviter cette affluence (toute relative car ce n’est pas non plus la grande foule), deux solutions :
→ Depuis Uyuni, demander à l’agence de faire le tour à l’envers. Ainsi, on croise parfois un peu de monde quand même (un peu seulement), mais on est souvent seul ou presque puisque on roule à contresens des autres. Et puis on termine par l’apothéose, le Salar d’Uyuni : le meilleur pour la fin. C’est l’option que nous avons choisie et nous ne l’avons pas regrettée car régulièrement, nous étions absolument seuls sur les sites.
→ Partir de Tupiza. Cette petite ville située à 210 kilomètres d’Uyuni est beaucoup moins fréquentée. Du coup, pendant le tour du Salar et du Sud-Lipez, on rencontre très peu de monde. En revanche, il faut savoir que les voitures ne partent que lorsqu’elles sont pleines, ce qui signifie qu’il n’y a pas forcément un départ tous les jours : il faut parfois attendre un jour de plus. Pour choisir cette option, il ne faut donc pas être pressé par le temps.
La Laguna Colorada
Généralités
Ne pas oublier la crème solaire avec un indice de protection élevé car en altitude (et tout le pays est en altitude !), les rayons du soleil sont particulièrement agressifs.
De même, prévoir les vêtements/duvets adaptés pour le froid mordant de la nuit (et du jour selon la saison), ainsi que le vent souvent glacial.
Tout au long de notre périple en Tanzanie, nous avons arpenté les fabuleux parcs animaliers du nord. Nous avons également été à la rencontre des habitants, notamment d’un peuple mythique : les Masaï.
Afin de préserver sa flore et surtout sa faune exceptionnelles, la Tanzanie a protégé pas moins du tiers de son territoire.
On traverse ces grands espaces naturels en 4×4, dont le chauffeur a reçu une triple formation très poussée : il est chauffeur-mécanicien, guide touristique incollable sur la faune locale, et trilingue. Le nôtre, Babou, nous passionnera du début à la fin du safari avec ses histoires africaines.
Les quatorze parcs nationaux du pays constituent de véritables sanctuaires pour les animaux sauvages de Tanzanie. Nous en avons arpenté quatre : celui du lac Manyara, le fameux Serengeti, le cratère du Ngorongoro et le Tarangire.
Le parc du lac Manyara
Il est relativement petit et ce n’est sans doute pas le plus impressionnant. Mais pour qui vient d’une grande ville occidentale comme nous, le choc est immédiat quand même, car on y croise déjà toutes sortes d’animaux : singes, éléphants, gnous à barbiche etc.
Singe Vervet
Sans compter la principale attraction de ce parc : le lac Manyara et l’importante colonie de flamands roses qui y vivent, du moins à certaines périodes de l’année.
Le parc du Serengeti
C’est l’un des parcs animaliers les plus réputés de toute l’Afrique et quand on le visite, on comprend vite pourquoi.
Aloe Vera dominant l’entrée du Serengeti
→ Les lions
Moins de cinq minutes après avoir passé l’entrée du parc, nous apercevons déjà notre première lionne qui se tapit sur le bord de la piste, à quelques mètres de notre 4×4.
Elle est camouflée dans les herbes hautes de la même couleur que sa robe, les yeux rivés sur le troupeau d’impalas qui broutent un peu plus loin.
Lionne à l’affût
Elle s’apprête à lancer son attaque contre eux, et nous commençons déjà à nous demander comment nous pouvons préparer nos fistons à la boucherie qui s’annonce.
Mais les 4×4 arrivant les uns après les autres, le troupeau d’impalas s’éloigne tranquillement.
Un mal pour un bien apparemment pour notre lionne, puisqu’elle décide finalement de s’affaler au beau milieu de l’étroite piste, ce qui oblige notre chauffeur à faire un écart pour ne pas lui rouler dessus.
Jeune lionne maculée du sang de son dernier repas
C’est au-delà de nos espérances : nous avons tout juste passé l’entrée de ce parc mythique que, non seulement nous n’avons attendu qu’une poignée de minutes avant de pouvoir observer une lionne à l’affût mais en plus, nous passons à une cinquantaine de centimètres d’elle seulement, juste séparés par la vitre du 4×4.
Du coup, ironie du sort, avec mon téléobjectif de 300 mm qui m’a coûté un bras, il m’est impossible de la photographier tellement elle est près !
Heureusement, les autres occasions de tirer le portrait à ce grand félin seront fréquentes dans le Serengeti, car nous en croiserons plusieurs fois par jour.
→ La savane
Dès le début du safari, Babou nous avait expliqué qu’il existait trois types de savanes : herbeuse, arbustive et arborée.
Maman babouin promène son petit
La particularité de celle du Serengeti, c’est qu’elle fait partie de la première catégorie : des plaines entières sont ainsi recouvertes d’herbes plus ou moins hautes et couleur paille vu la saison (nous sommes en juillet).
Jeunes guépards
L’avantage, c’est qu’on peut voir les animaux de très loin, notamment toutes sortes d’antilopes, dont les bonds gracieux ne cessent de nous impressionner.
Un chacal dévore une carcasse d’oiseau
On trouve quand même des zones arborées dans le Serengeti, et les animaux qui vont avec.
La famille éléphants
D’une manière générale, ce qui frappe dans ce parc si réputé, c’est la densité incroyable d’animaux qu’on y rencontre.
Antilope
Une hyène tapie dans les herbes nous observe
Observation des babouins
Il y en a de toutes les sortes, de toutes les dimensions, le spectacle ne s’arrête jamais…
Maman babouin et son bébé
Le cratère du Ngorongoro
Le Ngorongoro est un immense volcan endormi dont la caldeira mesure une vingtaine de kilomètres de diamètre. Au fond, c’est une véritable oasis de vie : toute la faune africaine semble s’être donné rendez-vous dans ce superbe écrin végétal. Les parois de la caldeira sont hautes de cinq cents mètres et forment une barrière naturelle empêchant les animaux d’en sortir.
La densité d’animaux nous avait déjà paru importante dans le Serengeti, car nous ne passions jamais plus de cinq minutes sans en apercevoir. Mais au fond du Ngorongoro, c’est vraiment impressionnant : on a des animaux en ligne de mire en permanence.
Une grue à tête couronnée
→ Scènes de vie quotidienne : le chacal, le faon et les lions…
Les scènes de la vie quotidienne se succèdent : nous apercevons d’abord un chacal, les pattes dans l’eau, qui tente en vain d’intégrer des flamands roses à son menu du jour.
Un chacal vient de mettre en fuite un groupe de flamands roses
Puis un premier moment fort : la mise bas d’une gazelle. Le faon, c’est son nom à lui aussi, doit absolument réussir à se lever dès les premières minutes de sa vie pour aller téter sa mère. En effet, c’est ce premier lait qui lui donnera la force indispensable de marcher afin d’aller se mettre à l’abri des prédateurs.
Hélas, l’équilibre de notre petit faon s’avère très précaire et il ne cesse de s’affaler, pas vraiment aidé par sa mère qui le fait vaciller à plusieurs reprises.
La scène ressemble à s’y méprendre à celle où un autre faon, Bambi, certes plus connu mais pas plus doué, prend gamelle sur gamelle en tentant de marcher sur la glace.
Mais qu’importe, la petite gazelle finit enfin par réussir à téter sa mère et gagner ainsi la première bataille de sa vie. Mais pas la dernière…
Première tétée du nouveau-né
Au fil des virages qu’avale notre 4×4, nous avons l’impression de tourner à une vitesse effrénée les pages de cette encyclopédie à ciel ouvert : lions, antilopes, gnous, flamands, zèbres, tous les animaux de la savane défilent sous nos yeux écarquillés. Un moment magique.
Aigle pêcheur
→ Le Roi de la Jungle dans tous ses ébats…
Pourtant, le moment le plus impressionnant est encore à venir : après avoir repéré l’odeur fétide d’une charogne, Babou roule quelques minutes au ralenti, guidé par son nez. Et il nous dégote rapidement deux couples de lions en train de se reposer autour des restes d’un zèbre, dont seule subsiste une patte arrière qui gît dans les herbes.
L’une des deux lionnes se lève alors et à sa façon de se frotter contre son compagnon, lequel dormait paisiblement jusque-là, nous comprenons vite qu’elle est en chaleur. Le lion en question, bien qu’encore assoupi, ne se fait pas trop prier pour accomplir sa besogne.
Puis le couple se roule par terre et s’amuse un peu avant de se rendormir brièvement en plein soleil.
Babou nous explique alors que lorsqu’une lionne a ses chaleurs, elle a besoin d’avoir un rapport… toutes les dix minutes pendant huit à dix jours ! Puis il ajoute que si le mâle fatigue un peu, la lionne change de partenaire. En tout cas, celle que nous observons a en effet un sacré appétit car nous assisterons à plusieurs accouplements successifs.
Moralité – Manger, dormir, s’accoupler : par ici, la vie des lions a l’air nettement moins rude que celle des zèbres ou des gazelles…
Le parc national du Tarangire
C’est notre quatrième et dernier parc. Même si l’on y croise beaucoup d’animaux, il nous paraît un cran en-dessous des deux merveilles que sont le Serengeti et le Ngorongoro. Mais ce joli parc est à voir quand même, notamment pour ses deux spécialités : les baobabs et les éléphants.
→ Les baobabs
Cet arbre possède un pedigree étonnant : notamment, il peut atteindre l’âge vénérable de mille ans, voire friser les deux mille. Du coup, sa circonférence peut dépasser les douze mètres.
→ Les éléphants
Nous aurons dans ce parc quelques petites palpitations lorsqu’un jeune éléphant prendra un air menaçant en agitant sa trompe dans notre direction, les oreilles dressées. Babou nous explique alors que lorsque quelque chose qu’il ne connaît pas l’intrigue, c’est ainsi que ce pachyderme renifle. Le but : détecter par l’odeur un éventuel danger.
Malgré ce comportement, Babou est zen car il a coupé le moteur. Nous le sommes un peu moins. D’autant moins que les éléphants se rassemblent assez vite autour du jeune renifleur et l’imitent, face à nous. Puis ils finissent par s’approcher avant de traverser la piste au trot derrière notre 4×4. Le gros mâle qui ferme la marche passe en barrissant dans notre direction, en nous défiant du regard.
Nous terminerons notre séjour tanzanien au Tarangire en observant les animaux habituels, mais toujours sans la moindre lassitude.
Les Masaï
La culture Masaï
Ce peuple vit de part et d’autre de la frontière entre la Tanzanie et le Kenya. Semi-nomades, la tradition veut qu’ils soient à la fois éleveurs et guerriers.
Le village masaï. Au fond, l’école.
S’ils sont devenus célèbres dans le monde entier, c’est pour la tradition selon laquelle tout jeune Masaï devait tuer un lion pour pouvoir passer à l’âge adulte. Il s’agirait en fait d’un mythe et pourtant, la frontière avec la réalité reste floue. En effet, de tous temps, les Masaï ont bel et bien tué des lions car cela les couvrait de prestige. Ces temps sont révolus puisque aujourd’hui, tuer cet animal n’est plus autorisé.
Les Masaï se divisent en deux catégories : ceux qui souhaitent conserver leurs traditions, et ceux qui préfèrent se développer par le biais du tourisme. Si les premiers sont à l’écart des chemins touristiques, pas les seconds. Il n’est donc pas trop difficile de trouver l’un de leurs villages sur le bord de la piste et c’est ce que nous avons fait, entre les parcs du Serengeti et du Ngorongoro.
Dès notre arrivée, les femmes Masaï nous arrachent Marie pour l’emmener danser avec elles. Pendant ce temps, un solide guerrier guide nos deux fils, Victor et Arthur, vers le groupe des hommes. Ces derniers ont beau chanter et sauter de manière tout à fait pacifique, nos fistons ne sont qu’à moitié rassurés.
Le village Masaï
Après avoir récupéré Marie, nous faisons le tour du village en compagnie d’un jeune Masaï qui parle à peu près anglais, et qui nous explique leur mode de vie et leurs traditions.
Nous entrons discuter dans sa case, construite en branches et en boue séchée. Elle est également tapissée de bouse de vache (séchée donc non malodorante), qui fait office d’isolant thermique.
Les cases du village masaï
Étonnant mais terriblement efficace, car il fait particulièrement bon à l’intérieur alors que dehors, la chaleur est écrasante.
On nous emmène ensuite dans l’école du village ou une vingtaine d’enfants de tout âge suivent le même enseignement. Nous avons droit à un chant de bienvenue que nos petits hôtes hurlent avec beaucoup d’enthousiasme. Puis Victor et Arthur sont invités à s’asseoir parmi eux, ce qui provoque l’effondrement du banc de fortune, fait de branchages divers. Tous les enfants assis dessus s’affalent par terre à l’exception d’Arthur qui, stoïque, provoque un éclat de rire général.
L’école des petits Masaï
Lorsque vient l’heure de quitter le village, nous nous demandons si les Masaï n’ont pas suivi une formation chez Ikea. En effet, de même que le géant suédois fait suivre à ses clients un chemin précisément tracé pour leur faire visiter l’ensemble du magasin sans en rater le moindre recoin, nos Masaï ont installé sur une barrière de branches, entre l’école et notre 4×4, une multitude de bijoux qu’ils ont confectionnés à base de petites perles. On ne peut donc pas les rater.
Ils nous parent tous les quatre de ces colliers et bracelets faits main. Adeptes que nous sommes du tourisme équitable, nous nous prêtons volontiers à ce petit jeu jusqu’au moment de passer à la caisse : à partir de cinquante dollars le modeste bracelet de perles dont le prix de revient s’élève à une poignée de centimes, le prix nous paraît quand même rédhibitoire. Nous reposons donc poliment nos ornements puis discutons encore quelques instants avec nos hôtes avant de les quitter.
Ce final nous gâche un peu la visite pour laquelle nous avions déjà versé un « droit d’entrée » de cinquante dollars. Avec du recul, nous ne regrettons absolument pas d’avoir passé cette matinée en compagnie de ce peuple mythique. Alors évidemment, cela manque un peu d’authenticité. Mais nos fils ont appris plein de choses à cette occasion, et nous aussi.
La campagne et ses habitants
En quittant le Ngorongoro, nous nous rendons à un lodge situé quelques kilomètres plus loin, où nous avons rendez-vous avec un jeune habitant du coin, James. Il est cuistot dans cet établissement mais arrondit ses fins de mois en faisant visiter la campagne et les villages des alentours aux voyageurs de passage.
Le lodge
La pharmacie de campagne
Avant de nous emmener dans un village perdu au milieu des plantations de café, il tient à nous montrer comment les habitants de la campagne tanzanienne, de même que les Masaï, utilisent la nature généreuse qui les entoure comme une gigantesque pharmacie à ciel ouvert.
Il nous invite tout d’abord à tester le dentifrice local : il s’agit de mâcher des feuilles d’eucalyptus dont les vertus aseptisantes nettoient la bouche. Elles servent plus généralement à désinfecter les plaies.
James ramasse ensuite des espèces de petits cailloux noirs comme du charbon. Il nous explique qu’en cas de morsure de serpent, lesquels pullulent dans la région, il faut frotter ces petits cailloux sur la zone infectée afin de ralentir la progression du venin dans l’organisme. Cela permettrait de gagner du temps pour aller voir un médecin et se faire administrer un antidote.
Puis il cueille de petits fruits appelés « demlèlè », qui ressemblent à une tomate-cerise jaune. Le jus qu’ils contiennent, délayé dans un peu d’eau, fait tout simplement office de savon.
La vie quotidienne
Après une bonne heure d’étude en pharmacologie 100% bio, nous arrivons dans un minuscule hameau où nous sommes accueillis par une habitante, dont le visage respire autant la gentillesse que la pauvreté.
Elle nous invite à la suivre dans un petit abri. Là, juchée pieds nus au sommet d’un énorme tas de bouse de vache qui suinte entre ses orteils, elle nous explique qu’elle passe ses journées à la sortir de l’abri pour la faire sécher au soleil, puis à la rentrer le soir pour qu’elle ne prenne pas l’humidité de la nuit. Comme chez les Masaï, cette bouse de vache, qu’elle malaxe de ses mains une partie de la journée pour l’aider à sécher, est utilisée pour isoler thermiquement les parois des habitations.
En sortant, c’est donc une main maculée de bouse qu’elle tend gentiment à Victor et Arthur. Marie et moi sommes fiers de voir que, bien que pas très ragoûtés, ils la serrent quand même sans hésiter. Nous faisons de même, par politesse et par respect, en n’oubliant pas d’attraper discrètement et dès que possible une lingette désinfectante.
Mais entre-temps, Arthur, qui a déjà oublié ce qu’il a sur les mains, porte machinalement ses doigts à la bouche ! Qu’importe, tels de vrais Masaï, nous nous frottons tous les quatre les mains avec les feuilles du premier eucalyptus venu, et nous en faisons surtout mâcher à Arthur pour qu’il s’aseptise la bouche. La leçon de vie africaine transmise par James un instant plus tôt porte déjà ses fruits.
Avant de prendre congé de cette dame, elle nous montre fièrement toute sa fortune : une vieille chèvre, qui n’en a visiblement plus pour très longtemps. Nous la remercions chaleureusement en lui glissant un billet qui pourra l’aider un peu.
Nous terminons cette visite initiatique en passant devant un puits situé au milieu de nulle part. Il est pourtant vital pour tous les habitants du coin, qui s’y pressent assez nombreux. Certains doivent faire une ou deux heures de marche jusque-là chaque jour pour y puiser l’eau dont a besoin toute leur famille pour vivre.
Victor et Arthur connaissaient déjà la théorie selon laquelle l’eau douce est une ressource précieuse, mais elle prend là tout son sens : ils réalisent ainsi que les maisons du monde entier ne sont pas toutes équipées d’un robinet.
Plus d’images ? → « Autour du monde » en passant par la Tanzanie (vidéo)
Infos pratiques
J’avoue que c’est un peu hors-sujet mais j’ai une belle-mère exceptionnelle : pour son anniversaire, c’est elle qui nous a offert un cadeau, et quel cadeau : un séjour en Tanzanie pour toute la famille ! C’est donc elle qui a réservé le tour, mais je me suis quand même procuré quelques infos pratiques…
Comment organiser son safari ?
L’idéal, mais aussi le plus cher, consiste à réserver le tour avant son départ, a fortiori en haute saison (juin à septembre). Nous sommes passés par Léopard Tours, une grosse agence tanzanienne, très pro, avec d’excellents chauffeurs-guides.
Mais on peut aussi préparer son safari sur place, moyennant toutefois quelques précautions.
D’abord, prendre le temps de bien comparer les offres et ne surtout pas se précipiter, malgré la pression que peuvent mettre les agences et leurs rabatteurs.
Ensuite, pour faire descendre le prix, l’hébergement en tente s’impose : on dort alors en dehors des parcs. Cela signifie qu’on passe forcément un peu plus de temps dans le 4×4, pour rejoindre les parcs le matin et en sortir le soir.
Le prix : il a flambé en quelques années. Alors qu’on pouvait organiser son safari pour moins de 200 euros, par personne et par jour, jusqu’au milieu des années 2010, il faut compter au minimum 250 à 300 euros aujourd’hui pour des prestations similaires (basse saison, petite tente sans sanitaires etc…). A noter que ce prix comprend la fameuse taxe controversée de 18% créée en 2016, et applicable à tous les produits touristiques…
Bon à savoir: pour proposer des prix compétitifs, les agences ont tendance à entasser les clients dans les 4×4, et à limiter repas et boissons, en quantité comme en qualité. A prendre en compte au moment de la négociation.
Attention : le chauffeur-guide est obligatoire à l’intérieur des parcs et réserves.
→ Une alternative : découvrir les parcs du Kenya voisin, moins chers… pour l’instant ! La réputation du Masaï Mara ou d’Amboseli n’est plus à faire. Nous avions visité celui de Tsavo Est il y a quelques années et les prix étaient dérisoires comparé à ce qui se pratique aujourd’hui en Tanzanie. En revanche, la densité d’animaux était très faible et la qualité du safari n’avait rien eu à voir…
Si on n’a pas de contrainte de budget, alors l’idéal consiste à réserver les nuits dans les lodges situés dans les parcs.
D’une manière générale, il ne faut pas négliger la sécurité dans les parcs, y compris dans l’enceinte des lodges. Il y a parfois des accidents mortels avec les animaux : même si c’est rare, ça arrive (attaque mortelle d’un léopard sur un enfant en 2005 dans l’enceinte d’un hôtel du Tarangire).
Zanzibar
Beaucoup de voyageurs prolongent leur safari tanzanien à Zanzibar, petit archipel paradisiaque situé dans l’Océan Indien. Cela permet de se délasser sur de longues plages désertes de sable blanc, après quelques jours de safari passés dans un 4×4 à arpenter des pistes poussiéreuses et bosselées…
Si l’on a choisi un safari organisé par une agence, l’extension de quelques jours à Zanzibar constitue en général un surcoût élevé : les agences en question ont tendance à se faire plaisir.
Toutefois, il est vrai que les hébergements ne sont pas donnés, le camping étant par exemple interdit. Mais en comparant les prix sur les traditionnels sites de réservations en ligne, on parvient vite à trouver de petits hébergements très corrects à des prix très abordables.